Une lecture lente et réfléchie de ce livre sera bénéfique pour votre âme et votre ministère. Au moyen d’une controverse historique fascinante, Sinclair Ferguson nous conduit au cœur du rapport entre la loi et la grâce. Il nous montre de quelle manière notre union avec Christ change notre relation avec la loi et nous amène à chérir les commandements divins qui sont saints, justes et bons. Ce livre est profondément pastoral, car il débusque tout esprit légaliste qui se terre dans une adhésion craintive à la loi ou dans une attitude désinvolte à l’égard des exigences morales divines. Ce livre élargira votre compréhension de la gloire de Jésus-Christ et vous aidera à l’annoncer gracieusement à tous.
Extrait de la préface du livre, Trevor Harris1
Imaginez que vous dénichiez un texte ancien qui donne un aperçu intemporel des réalités actuelles. Sa découverte serait d’une valeur inestimable, n’est-ce pas? C’est précisément ce qui s’est passé en 1700 lorsque, au moment d’une visite pastorale, le ministre presbytérien écossais Thomas Boston est tombé par hasard sur un livre intitulé The Marrow of Modern Divinity d’Edward Fisher. Sa première lecture l’a tellement attiré vers son contenu que Boston a acheté le texte de son propriétaire et l’a chéri pour le reste de sa vie. Et pourquoi? Parce que, bien qu’il ait été écrit cinquante-cinq ans auparavant, il abordait avec clarté les problèmes auxquels il était confronté dans son propre ministère. Et pour ceux d’entre nous qui sont engagés dans le ministère de la Parole, ce livre reste pertinent pour les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui.
Le livre serait resté inconnu s’il n’y avait pas eu une controverse à l’époque de Boston. Inspirés par les préceptes énoncés dans le livre, Boston et un groupe de collègues pasteurs, qui devinrent connus sous le nom de « The Marrow Men », ont entrepris de défendre ce qu’ils croyaient être au cœur même de notre foi. En jeu, la nature et le caractère de Dieu tels qu’ils sont révélés dans l’Évangile. Les questions que ce texte obscur abordait concernaient le légalisme, l’antinomianisme2 et la nature de la justification par la foi en Christ seul. Car la personne de Christ était séparée de ses bienfaits. Et il en est ainsi jusqu’à nos jours, selon Ferguson, qui affirme qu’une telle déformation de l’Évangile est récurrente et universelle (p.51).
Voici quelques-unes des questions auxquelles ils étaient confrontés à l’époque et qui interpellent l’Église aujourd’hui:
Que devons-nous dire lorsque nous invitons les gens à suivre Christ? Et qu’est-ce qui leur donne le droit de recevoir Christ? Les réponses à ces questions peuvent sembler simples, mais compte tenu du climat théologique dans lequel elles ont été soulevées, c’est loin d’être le cas. Ferguson a fait la synthèse suivante:
Prémisse majeure: la grâce salvatrice de Dieu en Christ est accordée aux seuls élus.
Prémisse mineure: les élus se reconnaissent à ce qu’ils renoncent au péché.
Conclusion: Par conséquent, le renoncement au péché est un prérequis de la grâce. (p.50)
La conséquence de l’acceptation de cet ensemble de prémisses est que l’Évangile est devenu un « message de grâce à l’intention d’une personne méritante » plutôt qu’une promesse de salut à tout pécheur qui croit. (p.50) À qui présenterions-nous alors le message de Christ si nous croyions que cela était vrai? La conviction du péché chez les auditeurs est-elle une condition pour leur offrir la grâce? Les implications sont énormes si les pasteurs prêchent Christ ainsi guidés:
Cela a eu pour conséquence que les bénéfices rattachés à l’œuvre du Christ se sont vu offerts uniquement à ceux qui pensaient percevoir en eux-mêmes des signes qu’ils faisaient partie des élus. Alors qu’en réalité– comme les Frères du Marrow l’avaient très bien compris, et Boston mieux que quiconque– l’offre de l’Évangile est au contraire Christ lui-même en qui toutes les bénédictions sont comprises.
p.54-55
Lorsque l’Évangile est prêché avec cette optique, son impact va bien au-delà de nos efforts d’évangélisation. Il façonne la vie entière du croyant, et cela dès la conversion. Lorsque je repense au moment où Christ a pris le contrôle de ma vie, est-ce que j’y pense avec confiance dans ma propre sainteté et réceptivité? Ou est-ce que je le fais en reconnaissant humblement le grand péché qui a nécessité un si grand salut? Ferguson compare les problèmes auxquels les Marrow Men ont dû faire face, à ceux que le Seigneur Jésus-Christ a dû affronter avec les Pharisiens. Car ils croyaient en la grâce conditionnelle (p.81), c’est-à-dire que Dieu leur faisait grâce à cause de quelque chose qu’ils avaient fait. Pourtant, en réponse, Jésus leur a prononcé des malédictions pour leur faux enseignement qui a conduit à la ruine de beaucoup (Mt 23.15).
Le légalisme et l’antinomianisme ont souvent été considérés comme les deux extrémités opposées d’un spectre, mais Ferguson affirme plutôt qu’il s’agit des deux faces d’une même pièce. Il définit le légalisme comme suit:
Il est au cœur de toute doctrine qui amoindrit ou distord l’amour généreux de Dieu et la pleine gratuité de sa grâce. Il distord ensuite la miséricorde de Dieu révélée dans sa loi et échoue à voir la loi dans le contexte de l’histoire de la rédemption, comme l’expression de la grâce du Père.
p.109-110
Bien que la discussion sur le rôle de la loi dans la vie du croyant ait fait couler beaucoup d’encre, quelques points ressortent de ce livre. Premièrement, le légaliste déteste la loi, tout comme le fils aîné dans la parabole du fils prodigue. Le fils cadet a été embrassé par la grâce extravagante de son père et a été libéré pour vivre dans une joyeuse obéissance. Son frère aîné, cependant, se percevait comme un esclave plutôt que comme un fils, et considérait l’obéissance comme une corvée plutôt qu’un plaisir. Tout comme les pharisiens à qui Jésus a adressé cette parabole, le légaliste ne reconnaît pas le sens de la loi comme un don de son Père conçu pour son bien. Le légalisme, par essence, sépare la loi de la personne de Christ. (p.182)
De même, au cœur de l’antinomianisme se trouve une incompréhension du but de la loi de Dieu. Certains affirment que la loi n’est plus pertinente, car la venue de Christ a rendu la loi obsolète (Hé 8.13), et que Paul a déclaré que nous ne sommes plus sous la loi (Rm 6.14). Ferguson soutient cependant que Paul ne nie pas la gloire de Dieu présente dans la loi, mais que celle-ci est simplement pâle en comparaison de la gloire de Dieu révélée en Christ (p.171):
L’Ancien Testament peut être comparé à une chambre richement décorée, mais peu éclairée; l’introduction de la lumière n’y amène rien qui n’ait déjà été là; mais elle amène au grand jour ce qui était déjà là, mais qu’on distinguait à peine, voire pas du tout dans la pénombre… Ainsi la révélation de l’Ancien Testament n’est pas corrigée par une révélation plus complète qui lui succède, mais elle est améliorée, étendue et élargie.
p.175
Le danger de rejeter la loi est donc que, ce faisant, nous perdions Christ. Car toute la loi et les prophètes parlent de lui (Lc 23.27). Le croyant de l’Ancien Testament entrevoyait Christ dans la loi (bien que faiblement) parce que sa transgression de la loi et les sacrifices fixés lui indiquaient la voie du pardon. En conséquence, il aimait et glorifiait Dieu pour sa gracieuse provision (p.199). Et en tant que croyants dans la nouvelle alliance, nous aussi, nous contemplons avec joie la loi et son accomplissement en Christ, car « sans Christ, la loi est sans vie »(p.199).
Le seul remède au légalisme et à l’antinomianisme est de comprendre et de goûter à l’union avec Christ, ce qui conduit à un nouvel amour et à une nouvelle obéissance à la loi. Ou, pour le dire autrement, nous ne nous réjouirons de la loi que lorsque nous nous considérerons comme mariés à Celui qui l’a accomplie (p.183).
Devrait-il être normatif pour un croyant de vivre avec l’assurance de son salut? Sur quoi devrait reposer cette assurance? Les Écritures montrent clairement qu’il est possible d’avoir une fausse assurance (Mt 7.21-23, 1Co 13.1-3). Et il est tout aussi possible que les doutes et les craintes harcèlent un vrai croyant (Ps 31.23, 77.3) (p.205). Pourtant, la question de l’assurance est pertinente précisément parce qu’elle affecte notre capacité à jouir dudit salut.
Cette question comporte un élément à la fois subjectif et objectif: la certitude objective que Christ est capable de sauver, et la perception subjective qu’il m’a, en fait, sauvé. L’Institution de Jean Calvin donnent une perspective utile sur cette distinction:
Au niveau de l’expérience, l’Esprit témoigne à nos esprits que nous sommes fils de Dieu, en criant « Abba! Père! » (Rm 8.15-16). Il ne s’agit pas d’un faible murmure de sécurité, mais de l’exclamation viscérale d’un enfant blessé qui crie à l’aide à son père. Une telle réponse instinctive n’est pas présente dans la conscience de l’incroyant (p.223). Si c’est le cas, notre assurance ne repose pas sur notre force, mais sur celle de Christ:
L’assurance dont parle l’Évangile n’est pas retirée aux enfants de Dieu même quand ils montrent des signes de faiblesse. Quel père voudrait que ses enfants ne soient sûrs de son amour que lorsqu’ils ont fait ce qu’il faut pour? Honte à un tel père! Mais quelle tristesse d’attribuer une telle attitude à notre Père céleste.
p.239-240
Comment Le Christ et ses bienfaits parle-t-il à notre génération? En nous invitant à revenir au cœur de notre foi: l’Évangile de la grâce par l’union avec Christ. Tim Keller l’a bien dit (dans la préface du livre):
…l’origine de notre comportement pécheur réside dans notre incapacité à haïr le péché en tant que tel, qui à son tour provient de notre tendance à considérer l’obéissance comme un simple moyen d’éviter le danger et profiter de la vie, et non comme une manière d’aimer et de connaître Jésus pour qui il est. Ainsi, ce n’est pas en renforçant notre croyance en la justification que nous grandirons dans la grâce– même si nous devrions méditer chaque jour sur cette réalité. Dans une perspective plus large, c’est en appliquant le remède de l’Évangile de la grâce aux racines du péché– à savoir au manque de confiance en la bonté de Dieu et à l’amour immodéré de toutes ces choses auxquelles nous attribuons le pouvoir de nous sauver. Lorsque nous contemplons la gloire du Christ dans l’Évangile, et nous nous délectons en lui, nos priorités se remettent en ordre, et tout ce qui avait pouvoir d’asservissement sur nos vies perd son emprise. Le chemin de la sanctification ne consiste pas simplement à se dire que nous sommes acceptés et pardonnés–bien que cela soit fondamental. La sanctification consiste à aller au plus profond de l’Évangile: c’est ce que fait Sinclair Ferguson en nous montrant l’importance de cette démarche pour la pratique pastorale et la prédication.
p.17
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1. Trevor Harris, pasteur de l’Église évangélique internationale (IBC) de Jurbise, Belgique; coresponsable de l’association Prêche la Parole; professeur à l’Institut Biblique de Genève (p.1-2)
2. « Le mot antinomianisme vient de deux mots grecs, anti, qui signifie « contre »; et nomos, qui signifie « loi ». L’antinomianisme signifie « contre la loi ». Théologiquement, l’antinomianisme est la croyance qu’il n’y a pas de lois morales auxquelles Dieu attend que les chrétiens obéissent. L’antinomianisme amène un enseignement biblique à une conclusion non biblique. L’enseignement biblique est que les chrétiens ne sont pas tenus d’observer la loi de l’Ancien Testament comme moyen de salut. Lorsque Jésus-Christ est mort sur la croix, il a accompli la Loi de l’Ancien Testament (Rm 10.4; Ga 3.23-25; Ép 2.15). La conclusion non biblique est qu’il n’y a pas de loi morale à laquelle Dieu attend des chrétiens qu’ils obéissent. » https://www.gotquestions.org/antinomianism.html
webinaire
Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?
Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.
Orateurs
D. Angers