C’est dangereux de généraliser à partir de son expérience personnelle. Mais je vais prendre un risque et je parie que dans votre église, vous n’avez jamais entendu parler de la doctrine de l’Union à Christ. C’est bien dommage, car il se trouve que c’est une doctrine précieuse et essentielle. La parution cette semaine d’un article sur le sujet (voir plus bas), m’a donné envie de survoler le sujet, recommander l’article et proposer des ressources pour aller plus loin
Jean Calvin disait que l’union à Christ était une doctrine de première importance:
Je considère donc d’une importance capitale l’union que nous avons avec notre chef, sa présence dans nos cœurs par la foi, l’union sacrée dont nous jouissons avec lui, afin qu’étant nôtre, il nous accorde les biens qu’il possède en abondance de façon parfaite. — IC, III, XI, 10 (668) ¹
C’était aussi la doctrine qui a tout changé dans la vie et ministère du grand missionnaire Hudson Taylor. C’est ce que j’ai découvert en lisant, l’année dernière, son excellente biographie Hudson Taylor: un homme en Christ (sous-titre de la version anglaise).
C’est quoi la doctrine de “l’union avec Christ”?
Honnêtement, l’explication la plus simple que je connaisse, c’est celle de Jean Calvin dans l’Institution chrétienne, qui dit que par notre union à Jésus, “tout ce qu’il a devient nôtre” (p.507). Pour une explication plus complète et un peu plus technique, Michel Bouttier, propose cette explication:
S’il fallait ramasser maintenant en une phrase le sens de in Christo, nous dirions: in Christo évoque l’acte de Dieu par lequel, après avoir été identifiés à Jésus-Christ sur la croix et associés par la grâce à sa résurrection nous sommes inclus en son corps par le Saint-Esprit, afin de participer désormais à sa vie et à son ministère et de communiquer pleinement à tout ce qui est sien, tant dans le ciel que sur la terre, tant dans le présent que dans le Royaume.²
La semaine dernière est paru un article sur le sujet sur le blog d’Évangile 21. L’article est écrit par un étudiant en Master à la Faculté Jean Calvin. Je conseille tout l’article [NB: l’article n’est plus en ligne sur É21], mais voici comment il explique l’union à Christ avec deux mots:
Vous me demanderez alors: “Quel est le rapport avec nous?” Pourtant c’est là que le plan de la rédemption accompli en Jésus-Christ trouve son fondement. Car quel est le rapport entre “notre” justification et la justification du “Christ”, entre notre “vie nouvelle” et la vie de résurrection qui caractérise le Christ qui règne maintenant à la droite de Dieu le Père? La réponse se trouve dans cette formule souvent utilisée par Paul: “En Christ.” Ces deux petits mots constituent la plus courte et la plus puissante description de notre salut. C’est “EN Christ” que nous avons été choisis (Ép 1.4), que nous avons été rachetés (Ép 1.7), vivifiés (Ép 2.4), que nous vivons une nouvelle vie (Rm 6.11, Ga 2.20).
Paul décrit la totalité de notre vie chrétienne comme étant “en Christ”. Cette expression n’est donc pas anodine et ne doit pas être simplement comprise comme un raccourci linguistique pour signifier uniquement “être chrétien”. Elle souligne avec force que toutes les bénédictions dont nous bénéficions aujourd’hui: de la nouvelle naissance à notre future résurrection, en passant par la foi et la joie en Christ, toutes ces choses tirent leur source dans la personne même du Christ. Elles en sont l’expression au sein de notre vie. Ma nouvelle naissance est une expérience dont Dieu est l’auteur. La mort et la résurrection du Christ sont les réalités historiques qui définissent ma nouvelle identité. C’est parce que je suis “mort” en Christ et “ressuscité” avec lui que je suis effectivement “mort au péché” et que je peux “marcher” aujourd’hui dans la foi et la persévérance (Rm 6.3-11). Comme le souligne si justement Richard Gaffin: “Sa résurrection [de Jésus-Christ] est sa justification en tant que dernier Adam, la justification des “prémices”. Ceci n’est rien de moins que le lien entre sa résurrection et notre justification.”.
¹ Calvin en parle à plusieurs autres endroits de son Institution: III, II, 24.; III, XI, 10. (p. 668-669); III, XV, 5. (p. 724-725); IV, XVII, 8.-12. (p. 1288-1293); Voir aussi l’index p. 1481-1482.
² Michel Bouttier, En Christ, étude d’exégèse et de théologie pauliniennes, Paris, Presses Universitaires de France, 1962. MA: Florent Varak pour la source.
NB: cet article a été publié la première fois le 10 février 2014. Je l’ai republié le 25 mai 2019 pour une nouvelle génération de lecteurs (et aussi parce que j’étudie à nouveau le sujet).