On ne peut pas faire semblant de ne pas voir l’évidence: nos sociétés sont traversées par des courants de radicalisation, de populisme et de polarisation. Mais voici notre question: comment l’Évangile nous permet-il de nager au milieu de ces eaux tumultueuses?
Dans un monde où la politique et la société semblent de plus en plus divisées, et où les croyances se radicalisent même au niveau religieux, il est crucial de prendre du recul et d'analyser ces phénomènes à la lumière des enseignements bibliques.
Voici une réflexion qui fait suite au webinaire "Tous radicaux?" de Christel, Jean-Christophe et Léa, l’équipe du podcast Sagesse et Mojito.
Nos sociétés sont de plus en plus marquées par une perte de confiance envers les élites et les institutions dont on doute des capacités à répondre aux problèmes de chômage, d’inflation ou d’insécurité. Le fossé croissant entre les gouvernants et les gouvernés bouleverse le paysage politique traditionnel. Les classes sociales redeviennent tout à coup des acteurs politiques, alors qu’on considérait la lutte des classes comme un concept du passé.
Avec cette perte de confiance généralisée survient la montée du populisme, un phénomène politique qui remplace l’axe horizontal gauche-droite par une opposition verticale entre "le peuple" et "l’élite". Ainsi, il existe tant un populisme de gauche qu’un populisme de droite.
Par exemple, l'émergence de personnalités politiques populaires sur les réseaux sociaux, telles que Matteo Salvini et Giorgia Meloni en Italie, ainsi que le mouvement des Gilets jaunes en France, illustre ce phénomène.
En parallèle, on observe un phénomène de radicalisation. Que les croyances soient d’ordre politique, religieux ou encore philosophique, la radicalisation pouvait impliquer au départ juste un rapprochement des racines de ses croyances — autrement-dit, un enracinement. Pourtant, elle prend une nouvelle forme: des citoyens sont de plus en plus convaincus par des systèmes de croyances politiques ou religieuses extrémistes, au point parfois d’être prêts à s’engager dans de l’action politique illégale et violente. Or, des études montrent que la radicalisation des opinions peut être attribuée à des sentiments d'isolement et d'aliénation. Ces sentiments, grandissants parmi les citoyens des pays développés, conduisent à des formes d'extrémisme qui peuvent mettre en péril la cohésion sociale et politique.
Comment répondre à la division sociale, à l'extrémisme et aux sentiments de désespoir et d’isolement qui les provoquent avec la lumière de l’Évangile?
Cependant, ces phénomènes ne se limitent pas exclusivement au domaine politique; le domaine religieux est également touché. Au sein du protestantisme évangélique, quelques exemples de populisme et de radicalisation ont fait la Une des journaux ces dernières années.
On a pu parler du soutien sans borne, presque idolâtre, apporté aux présidents Trump et Bolsonaro, ou encore de certaines réactions extrêmes face à la pandémie de Covid-19. Même si ces phénomènes ne représentent pas l’évangélisme dans son essence, certaines franges du mouvement aux États-Unis ou au Brésil ont régulièrement soulevé des questions sur le rapport entre religiosité, foi et politique. Est-ce que l’on a affaire ici à une exploitation du politique par le religieux… ou l’inverse?
Car, si la pensée évangélique accorde une place importante au peuple, à ceux qui sont laissés de côté par les élites, elle ne l’enferme pas pour autant dans les catégories présentées par le populisme.
Toutefois, lorsque l’Église est vue par les entrepreneurs politiques principalement comme un électorat à séduire et à mobiliser, c’est elle qui risque alors d’être instrumentalisée à des fins politiques. C’est ce que souligne le journaliste américain et fils de pasteur, Tim Alberta, dans son livre intitulé The Kingdom, the Power, and the Glory: American Evangelicals in an Age of Extremism, où il dresse un portrait sombre d’une Église américaine dévastée par une guerre politique qui s’est faufilée jusque dans le sanctuaire. Aux États-Unis, des dizaines de millions de dollars sont constamment dépensés par les partis politiques pour mobiliser les électeurs religieux, et pour pousser les Églises à parler davantage de politique que de l’Évangile.
Sommes-nous, nous qui vivons en francophonie, aussi susceptibles de vivre cette subversion politique du religieux?
Comment mon rapport au texte biblique influence-t-il ma vision du monde, de la société, de la politique? Dans mon propre enracinement, quelles sont les croyances que je mets au centre?
En tant que chrétiens évangéliques engagés, nous sommes appelés à être des agents de changement dans nos sociétés. Toutefois, nous pensons que ces changements sociaux sont fondés sur des changements de cœur, ce que seul Dieu peut accomplir, ainsi qu’un renouvellement de notre intelligence qui rend honneur à l’entièreté de la sagesse biblique, avec toutes ses nuances, ses complexités, ses remises en question de nos a priori. De même, nous sommes appelés à répandre la lumière de l'Évangile dans les ténèbres de la division sociétale, politique et même religieuse. Nous sommes appelés à nous laisser confronter incessamment par la Parole de Dieu.
Comment ces textes (et d’autres!) peuvent-ils nous inspirer pour réagir face aux mécanismes de la radicalisation, du populisme et de la polarisation, à l'œuvre dans la société… et dans nos cœurs?
Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire et lui dit: “Je te donnerai tout cela, si tu te prosternes pour m'adorer.” Jésus lui dit alors: “Retire-toi, Satan! En effet, il est écrit: C’est le Seigneur, ton Dieu, que tu adoreras et c’est lui seul que tu serviras.” Alors le diable le laissa. Et voici que des anges s'approchèrent de Jésus et le servirent.
Matthieu 4.8-11
Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, car le royaume des cieux leur appartient! Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés! Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés! Heureux ceux qui font preuve de bonté, car on aura de la bonté pour eux! Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient! Heureux serez-vous lorsqu'on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande au ciel. En effet, c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
Matthieu 5.3-12
Jésus répondit: Mon royaume n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne sois pas livré aux Juifs; mais en réalité, mon royaume n'est pas d'ici-bas.
Jean 18.36
Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi. Contre de telles attitudes, il n’y a pas de loi.
Galates 5.22-23
Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, toi le Saint, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance, car tu as créé toutes choses et c'est par ta volonté qu'elles ont été créées et qu'elles existent.
Apocalypse 4.11