Depuis quelques années, le festival de Cannes a sa Palme Queer pour récompenser les films qui traitent de l’alter-sexualité. J’ai récemment vu Pride, vainqueur de cette palme en 2014. C’est une version romancée d’évènements qui ont eu lieu en Grande-Bretagne sous le gouvernement de Margaret Thatcher. Que vaut donc ce film ?
Le film commence lors d’un jour particulier pour Jonathan: c’est son 20ème anniversaire et en ce jour, il reçoit un appareil photo de qualité. Mais surtout, ce jour est particulier pour lui parce que c’est le jour de sa première Gay Pride.
À son âge, il n’est pas encore considéré comme majeur dans son pays, alors il s’y rend en cachette. Il se cache alors au sein de la manifestation. Dans toute la première partie du film, il est flagrant que Jonathan est honteux et n’assume pas son homosexualité. C’est un adolescent qui ne veut pas décevoir ses parents.
Un an plus tard, c’est un homme changé: l’adolescent honteux est devenu un homme qui assume qui il est. Non seulement il a affronté ses parents, mais en plus, il se retrouve parmi les leaders d’un groupe d’activistes gays et lesbiennes lors de la Gay Pride.
Que s’est-il passé entre les deux? Une rencontre et un projet fou l’ont changé.
Au début du film, un autre personnage se rend à la même Gay Pride que Jonathan: Marc. De son côté, il assume qui il est. C’est même un activiste pour la cause des homosexuels. Mais il se rend à cette Gay Pride avec la volonté de se battre pour une autre cause, celle des mineurs du pays. Ils sont en grève depuis pas mal de temps et Marc se rend compte que les deux communautés, les mineurs et les homosexuels, ont les mêmes ennemis, en particulier le gouvernement de Margaret Thatcher. De plus, les deux communautés sont faibles par rapport à leurs ennemis communs. Marc veut profiter de la Gay Pride pour récolter des fonds afin d’aider les mineurs en grève. Il va même, à l’issue de cette manifestation, créer une association: les LGSM (Lesbiennes et Gays en Soutien aux Mineurs).
L’idée semble bonne mais il y a un problème de taille: les deux communautés ne s’aiment pas. Le film raconte comment chacune des communautés va apprendre à apprécier l’autre. C’est en rencontrant Marc et en intégrant cette association comme photographe que Jonathan va changer et devenir un homme fier de ce qu’il est.
Le premier obstacle pour les LGSM est de taille: les syndicats de mineurs refusent de prendre l’argent d’une association homosexuelle. Les LGSM vont réussir à trouver une communauté de mineurs du Pays de Galles qui acceptera cet argent. Dai, un des responsables, vient donc chercher l’argent.
En venant chercher l’argent, Dai est surpris, il ne savait pas ce que voulait dire LGSM. Mais il ne rejette personne. Il est reconnaissant et va l’exprimer dans un bar gay. Lors de son discours, il est d’abord accueilli très froidement, mais par sa simplicité, son humour et sa gratitude envers ceux qui ont donné, il gagne le cœur de la foule:
Vous qui nous avez donné, vous nous avez donné plus que de l’argent, vous nous avez donné votre amitié. Lorsque l’on est petit contre un ennemi si fort, découvrir que l’on a un ami que l’on ne connaissait pas, c’est le meilleur des sentiments.
Par cette déclaration, il va renverser les sentiments des clients du bar, en particulier un acteur, Jonathan (à ne pas confondre avec le premier Jonathan). C’est ce Jonathan qui aura un rôle particulier pour la seconde étape: faire que les homosexuels gagnent le cœur des mineurs.
Dans un premier temps, Jonathan se retrouve par hasard « conseiller juridique » des mineurs. Il a la particularité de se promener régulièrement en se travestissant dans les rues de Londres. Cela lui a valu des traitements particuliers de la police londonnienne, tant et si bien qu’il est incollable sur tout ce qui concerne les détentions abusives par la police. Grâce à ses connaissances de la loi britannique, il va permettre de faire libérer deux mineurs emprisonnés. Cela va détendre la relation entre les communautés.
Toutefois, si les mineurs rejettent moins les homosexuels, ils ne se mélangent pas non plus à eux. Là encore, l’intervention de Jonathan va être décisive: une danse mémorable sur « Shame, shame, shame » de Shirley & Company va finir de conquérir la communauté des mineurs: à tel point qu’un des mineurs demande à Jonathan de lui apprendre à danser!
Pourtant, d’une certaine manière, le film finit sur deux défaites:
Mais au sein de ces deux défaites une grande victoire est acquise: ces communautés deviennent amies. En effet, la décision du syndicat des mineurs a été obtenu par un vote truqué par une minorité. Lors de la Gay Pride qui finit le film, des mineurs de tout le pays viennent soutenir les homosexuels. De plus, le syndicat des mineurs va jouer un rôle important pour que les syndicats de Grande-Bretagne intègrent les droits des homosexuels dans leurs priorités.
Puisque nous essayons de faire une revue du film sous un angle chrétien, il est important de voir comment le film représente le christianisme.
Le film n’attaque pas directement le christianisme, mais plusieurs personnages secondaires identifiés au catholicisme montre une attitude intolérante. De plus, lors de la première Gay Pride, un figurant affiche un regard haineux en tenant en silence une pancarte affichant: « Allez brûler en enfer. »
Toutefois, la mère d’un des membres des LGSM finit par renouer les contacts avec son fils et la mère de Jonathan ne le rejette pas, même si elle a peur des conséquences si son fils mène une vie ouvertement homosexuelle.
Nous avons regardé ce film dans un but apologétique dans notre Église. Nous avons consacré une soirée à le regarder et une autre à en discuter. Nous avions tous les mêmes sentiments: nous avons été pris par les personnages, nous avions envie de les voir réussir. Le film défend les valeurs de la solidarité, du rejet de l’exclusion de ceux qui nous diffèrent, de l’importance de l’amitié, et nous voulions la réussite de ceux qui défendent ces valeurs.
Comme ce film est basé sur une histoire vraie, certains des personnages ont réellement existé, le film termine donc par un résumé de leur vie. Apprendre que Marc, le leader des LGSM est mort du SIDA à 26 ans, peu de temps après les événements du film nous a attristés.
Comme souvent dans ce type de film ou dans les séries, les personnages qui s’opposent au mouvement gay sont des « têtes à claques » avec qui nous ne voulons pas nous identifier.
De plus, la cause gay est assimilée à la cause des exclus. La seule originalité par rapport à ce qui se fait d’habitude, c’est apparition de la cause des mineurs. D’habitude, c’est plutôt une assimilation à la cause du droit des femmes (qui est présente dans le film) et du droit des noirs qui est faite.
Pour nous qui connaissons ce que la Bible enseigne sur l’homosexualité, nous nous retrouvons dans une situation bizarre. À la fois, nous nous identifions à certains combats, mais en même temps, nous ne pouvons pas approuver certaines valeurs du film (« liberté » sexuelle, homosexualité). De plus, nous comprenons que le film assimile notre position à des comportements qui n’ont rien à voir avec l’Évangile et avec lesquels nous ne voulons rien avoir à faire.
Nous devons donc, de notre côté, prendre une position dont le film ne parle pas. Tous nos amis, nos collègues, les membres de notre famille voient des films ou des épisodes de séries construits de la même manière. Tous nos proches ne sont pas convaincus par des arguments, mais par le lavage de cerveau qu’opère Hollywood et compagnie.
Pour nos amis, il n’existe que deux positions: (1) être pour l’égalité de toutes les minorités, y compris les homosexuels, ou (2) être intolérant. Si nous ne prenons pas de précaution quand nous nous exprimons, nos amis qui ont aimé ce film, ou d’autres comme Philadelphia, vont nous mettre dans la même catégorie que les méchants de ce film.
Nous devons donc clarifier dans notre tête de ce qu’est la véritable liberté. Être libre, ce n’est pas faire ce que je veux, mais faire ce que Dieu veut. Je dois faire tout ce que Dieu commande et je ne suis pas libre de faire ce que Dieu interdit. La « liberté » sexuelle prônée dans ce film est en fait un esclavage.
Aimer quelqu’un, l’aider à être libre, c’est dénoncer son esclavage et l’amener à s’en repentir et à se tourner vers Jésus pour obtenir le pardon et la délivrance. En tant que chrétien, nous croyons que l’homosexualité, comme tout autre péché, cause la mort spirituelle de la personne. De plus, les pratiques homosexuelles, particulièrement masculines, détruisent souvent le corps. Ce corps est utilisé contre-nature: ce qui est fait pour évacuer, reçoit et est détruit à long terme. C’est de l’amour de le dire pour que nos proches évitent de subir les conséquences de leur péché dans leur corps.
Nous devons travailler à annoncer ce que nous avons à dire de telle manière que nous ne ressemblions pas aux caricatures anti-homosexuelles du film. Prions pour que nos Églises qui sont en contact avec des homosexuels les accueillent comme Jésus nous a accueillis. Jésus dénonce le péché, appelle à la repentance, mais ne rompt pas la communication et ne traite pas le pécheur comme s’il avait cessé d’être humain. Il s’est montré plein de respect envers la femme aux cinq maris qui vivaient en concubinage. Que l’Esprit de Dieu nous aide à faire de même.
webinaire
Islam: 7 choses que les chrétiens devraient savoir
Découvre le replay du webinaire de Karim Arezki, enregistré le 6 mars 2017.
Orateurs
K. Arezki