Qu’est-ce qu’une prédication "trop intellectuelle"?

Doctrine de l'ÉcriturePrédication et enseignement

Malheureusement, certaines prédications ressemblent davantage à des exposés théoriques qu'à des rendez-vous divins...

La prédication textuelle

La prédication dite textuelle ou exégétique (expository preaching) est celle qui s’appuie explicitement sur le texte biblique et qui le met en avant en l’expliquant (en en donnant le sens) et en l’appliquant à la vie des auditeurs. Elle porte souvent (mais pas toujours) sur un texte biblique principal (des textes secondaires pouvant également être évoqués). Elle se présente parfois (mais pas toujours) dans le cadre d’une série de prédications à partir d’un même livre biblique. (J’ai traduit une interview de Bryan Chapell dans laquelle il explique bien ce qu’est la prédication textuelle: retrouvez-la ICI.)

Or on reproche parfois à la prédication textuelle d’être « trop intellectuelle » (ou « trop théorique » ou « trop académique »), de trop ressembler à une simple « étude biblique ». Malheureusement, ce reproche est parfois justifié.

Le problème

Quel est le problème au juste?

David Helm le décrit dans les termes suivants:

La prédication intellectuelle a lieu lorsque l’auditoire original [les premiers destinataires du livre biblique] devient votre préoccupation ultime. C’est ce qui se passe quand vous prenez un texte profondément pertinent pour votre assemblée et que vous faites disparaître toute sa pertinence en rédigeant un sermon qui ressemble à un commentaire académique. Vous effectuez le travail d’exégèse, certes, mais vous n’allez pas plus loin. Le résultat n’est autre qu’un discours ennuyeux, inefficace et bien documenté.

– David Helm, La prédication textuelle. Comment bien communiquer la Parole de Dieu aujourd’hui, p. 76-77

En d’autres termes, le dosage d’explications, d’illustrations et d’applications pratiques est mal calibré: on ne retrouve pratiquement que des explications du texte. Dans le pire des cas, les explications, qu’elles soient fournies en vrac ou « verset par verset », ne sont pas rattachées clairement à l’idée principale du texte. On arrose ainsi les auditeurs d’une pluie d’informations sans les guider pour qu’ils en saisissent la pertinence, et sans leur montrer les implications concrètes de ces multiples observations sur le texte.

Une image

David Helm fait allusion à une belle image employée par Mike Bullmore (mon professeur d’homilétique quand j’étais à la fac aux États-Unis):

J’entends ce genre de prêche en particulier chez les jeunes prédicateurs. Ceux-ci font trop souvent l’erreur de penser que le sermon, comme le dit si bien mon ami Mike Bullmore, est un conteneur leur servant d’entrepôt pour tout ce qu’ils ont appris sur le texte durant la semaine. Ce ne doit pas être le cas. Vous devez simplement éviter de prêcher des sermons trop intellectuels.

– Helm, p. 77-78

Conclusion

La prédication textuelle est-elle trop intellectuelle? En soi, il n’y a aucune raison qu’elle le soit. Mais mal utilisée, elle peut le devenir. En fait, j’hésiterais alors à parler de véritable « prédication textuelle », car l’aspect « prédication/proclamation » est noyé dans une masse de renseignements plus ou moins utiles. Dans cette situation désolante, on a plutôt affaire à une « tentative de prédication textuelle qui a mal tourné »!

Billet publié pour la première fois le 26 juin 2018, remis en avant pour profiter à de nouveaux lecteurs.

Pour aller plus loin:

Dominique Angers

Doyen de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia), Dominique Angers y est aussi professeur de Nouveau Testament et de prédication. Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, “Parle-moi maintenant”. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique et du Commentaire biblique Parle-moi maintenant par Éphésiens. Son prochain commentaire, Parle-moi maintenant par Marc, paraîtra chez BLF.

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