J'ai la joie aujourd'hui d'avoir mon ami Jonathan Meyer sur le blog pour nous enseigner comment bien prêcher l'épître aux Hébreux.
Jonathan: Je m’appelle Jonathan Meyer, j’ai 33 ans, je suis marié à Marielle, nous avons trois filles, Lina 4 ans, Ella 2 ans et Louise 1 mois. J’ai étudié à l’Institut Biblique de Genève. Je suis pasteur d’une église membre de l’association “Action Biblique” à Genève.
D’ailleurs je veux mentionner ici que M. Étienne Koning, qui a écrit l’article Comment prêcher l’Évangile selon Marc, était mon formateur deux ans dans le cadre de cette formation à l’IBG. Si vous percevez des similitudes entre ces deux articles, ce n’est pas parce que je l’ai copié, mais c’est plutôt parce qu’Étienne m’a forgé comme prédicateur et que je lui dois beaucoup.
Jonathan: J’ai eu l’occasion de prêcher Hébreux depuis le dimanche 15 avril jusqu’au dimanche 15 juillet 2018 à Genève. Et j’ai aussi eu l’occasion de revenir sur cette épître de façon plus concise lors d’un weekend d’église en région parisienne et d’un weekend de jeunes en Suisse.
Jonathan: Je crois que la lettre aux Hébreux est probablement le texte qui explique le mieux le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
J’ai pour principe d’essayer d’équilibrer la prédication de livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais il me semble que les membres de mon église ne comprennent pas toujours bien le lien entre ces deux parties de la révélation de Dieu.
L’épître aux Hébreux nous montre que l’Ancien Testament n’est jamais opposé au Nouveau Testament. Bien au contraire, l’Ancien Testament contient l’ombre des choses à venir, il prépare le point culminant de l’action de Dieu dans le monde, à savoir la venue de Jésus-Christ. Dieu ne compose pas l’histoire au fur et à mesure, il a un plan défini d’avance. Le but de ce plan est sa gloire. Le cœur de son plan est une croix et une résurrection. Les bénéficiaires de son plan sont des créatures, corrompues par le péché, telles que nous.
Jonathan: Jésus plus que tout. C’est le titre que j’avais donné à la série. L’auteur de l’épître aux Hébreux nous dit, encore et encore, que Jésus est plus que tout. Il est la quintessence de tout ce qui existe. Une chose intéressante est à noter: l’épître aux Hébreux est probablement, parmi les 27 textes du Nouveau Testament, celui dont l’auteur est le plus mystérieux. Comme si Dieu avait permis, dans sa souveraineté, que l’auteur de ce texte disparaisse pour que Jésus-Christ ressorte encore plus à la lecture de ces mots.
Jonathan: J’ai consacré 8 prédications à cette série. Cela m’a amené à prêcher des textes assez longs. Mais, en réalité, je crois que pour rendre justice à ce texte. Pour bien en saisir la portée, il faut le prêcher en longues sections.
Voici de quelle manière j’ai prêché Hébreux:
Toutes les prédications sur Hébreux sont disponibles sur notre site web d’Église: https://ab-servette.net. Les prédications sont en cours de migration. Il faut aller dans les archives de l’ancien site trouver la série sur Hébreux.
Jonathan: Je suis pasteur depuis quatre ans et je dirais que cette série de prédications dans Hébreux est la plus difficile que j’ai eu l’occasion de faire jusqu’ici. Le Seigneur m’a travaillé par ce texte. J’ai souvent trouvé les sujets redondants et même ennuyeux. Et j’ai dû me repentir de la dureté de mon cœur. L’auteur de l’épître aux Hébreux dit “Jésus est plus que tout” et moi je répond “qu’est-ce que cela m’ennuie”. Voici l’état de mon cœur.
Par rapport à l’assemblée, je crois que prêcher la toute suffisance de Christ n’est jamais de trop. La tendance humaine est de constamment ajouter quelque chose à l’œuvre de Christ et nous avons besoin, encore et encore, de nous repentir de cette tendance, de revenir à Christ seul et de trouver notre joie en lui.
Il y a deux choses que nous avons faites, en marge de la série, qui pourraient intéresser d’autres prédicateurs:
Jonathan: Lors de la première prédication de la série, j’ai introduit l’épître aux Hébreux en parlant du thème de l’épître, puis j’ai mentionné quatre difficultés que j’ai rencontrées lors de la préparation générale. Ces quatre difficultés sont les suivantes:
Jonathan: Étant donné que j’ai prêché de longues et parfois très longues sections, il me semble qu’on pourrait donner un carnet aux auditeurs en début de série avec les textes prêchés et quelques questions de réflexion qu’ils pourraient méditer avant les prédications afin de mieux entrer dans le texte.
Jonathan: Comme je l’ai déjà dit, j’ai choisi de prêcher de longues sections. J’ai même prêché les chapitres 4 à 7 en une fois. Je dois l’avouer, pour cette prédication-là, je n’ai pas lu tout le texte à l’assemblée, mais j’ai résumé certaines parties et lu d’autres. Ce n’est pas mon habitude, mais pour cette prédication je l’ai fait. Car l’auteur de l’épître aux Hébreux fait un long développement sur le thème « Jésus plus qu’un prêtre » et je voulais donner aux auditeurs une vision claire de cette notion.
Donc je ne conseille pas de prêcher de plus longues sections, mais éventuellement de plus courtes. J’ai été quelques fois frustré de ne pas pouvoir entrer dans le détail de certains passages.
De manière générale, j’aime alterner entre des prédications « rapides » et des prédications « lentes. » Nous avons besoin d’avoir à la fois une vision d’ensemble de la Bible et une vision détaillée du texte. Nous avons besoin de prêcher tout le conseil de Dieu en étendue et en profondeur. Cette série s’inscrivait plutôt dans la catégorie « prédications rapides. »
Jonathan: J’utilise généralement deux types de commentaires à deux moments différents lors de ma préparation.
Premièrement, j’utilise un commentaire introductif (la plupart du temps je lis l’Introduction au Nouveau Testament de Donald Carson et Douglas Moo ou l’Introduction à l’Ancien Testament de Tremper Longman et Raymond Dillard) très tôt dans ma préparation. Souvent je lis ces commentaires avant même d’entrer dans le texte. Ces commentaires synthétisent les données concernant l’auteur et les premiers destinataires du texte. Ils parlent aussi de la structure générale des écrits, mais sans entrer dans le détail. Cette lecture permet d’entrer dans le monde du texte en évitant de lire le texte biblique comme s’adressant à nous directement. Bien entendu, le texte biblique s’adresse à nous, mais la plupart du temps pas directement.
Deuxièmement, je consulte des commentaires textuels, mais je les utilise très tard dans la préparation. En réalité, j’essaie de ne pas lire d’autres commentaires avant d’avoir écrit ma prédication. J’étudie le texte, j’essaie de comprendre l’intention de l’auteur (humain et divin), j’essaie de comprendre la logique du texte, j’essaie de comprendre les implications du texte pour aujourd’hui et finalement j’écris la prédication telle que je la donnerai. Et une fois toutes ces étapes passées, je lis un commentaire textuel ou deux pour vérifier si je ne suis pas passé à côté d’un élément important. Si c’est le cas, j’ai encore l’occasion de revenir sur la prédication. Mais je crois en la clarté de la Bible. La Bible est compréhensible, et il est important que nous fassions l’effort de la comprendre nous-même avant de lire des commentaires.
Jonathan: Je suis moi-même un jeune prédicateur. Aussi je ne donnerai qu’un seul conseil à d’autre jeunes prédicateurs comme moi: Arrêtons d’être les enseignants de nos Églises. Cette formule peut choquer, c’est à dessein.
Il y a deux manières de comprendre la prédication: Première manière, je suis l’enseignant, la Bible est l’outil. Deuxième manière, la Bible est l’enseignant, je suis l’outil. Dieu veut parler à son peuple, il veut lui parler par sa Parole. Le but ultime du prédicateur est de s’effacer pour que le texte biblique ressorte dans l’âme des auditeurs. Arrêtons d’être les enseignants de nos Églises et laissons Dieu nous enseigner tous. Soyons les outils de Dieu pour le laisser enseigner son peuple. Que toute la gloire lui revienne.
webinaire
Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?
Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.
Orateurs
D. Angers