En cette nouvelle année 2021, j'aimerais aborder avec vous la question des biais cognitifs. Le biais cognitif est une altération du traitement cognitif d'une information. Il en existe plusieurs dizaines, qui sont principalement là pour accélérer nos réflexions, ou pour atténuer la consommation d'énergie de notre cerveau.
Pratique, me direz-vous. Cependant, nos cerveaux sont avant tout de grands statisticiens et ils vont établir des normes et des règles selon des probabilités basées principalement sur nos connaissances et notre expérience. Cerveau déchu dans un monde déchu, nos statistiques le sont également. Si les biais cognitifs sont presque automatiques, notre cœur peut en revanche faire la différence. Seulement, nous devons prendre conscience de ces mécanismes automatiques de notre cerveau pour nous entraîner à les rectifier.
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Sans même réfléchir, vous allez obtenir une réponse (la bonne réponse sera en fin d’article). Cette réponse sera presque toujours fausse. Même si vous avez finalement la bonne réponse, il y a de grandes chances que la mauvaise réponse soit quand même apparue dans votre mental.
C’est tout à fait normal, mais cela reste faux. Pourquoi? Parce que la réflexion semble à priori si élémentaire que nous restons sur un niveau de traitement plutôt superficiel avec une pensée automatique (que nous appelons un heuristique).
Moi, la sagesse, j’ai pour demeure le discernement, et je possède la science de la réflexion. (Pr 8.12)
Si cet exercice simple peut nous tromper facilement, alors nous devons prendre conscience que parfois, nous traitons superficiellement des problématiques qui devraient être réfléchies plus en profondeur. Fort heureusement, des heuristiques de ce type nous aident très souvent, mais parfois, notre empressement peut nous induire en erreur.
Nous faisons tous des erreurs. Nous avons un exemple de ces erreurs dont parfois les conséquences sont malheureuses dans 2 Samuel 4. La première erreur est la précipitation de la nourrice qui a eu pour conséquence le handicap à vie de Mephiboscheth. La seconde n’est pas explicite, mais se situe dans l’absence de portier ou de garde dans la maison d’Isch Boscheth (faisait-il une sieste ou une course? cela reste une hypothèse, mais il aurait été plus que surprenant que cette maison ne soit pas gardée).
Dieu nous demande de ne pas nous conduire comme des insensés. Est-ce que nous pouvons supprimer ce biais? Tant que nous aurons ce cerveau renouvelé, absolument pas. Mais nous pouvons l’atténuer, en prenant plus de temps dans la réflexion et l’évaluation d’un problème avant de prendre une décision.
C’est un biais de psychologie sociale qui a commencé à être étudié dans les années 60 par Lerner (1966). Il a observé l’existence d’une croyance très répandue dans le monde, menant les gens à considérer que chaque action a des conséquences visibles et appropriées. C’est une croyance avant tout fonctionnelle qui donne une sensation de contrôle et d’anticipation sur ce que nous faisons et sur les conséquences de nos actions (et celles des autres). C’est un biais qui est en lien avec celui d’autocomplaisance (on considère, par notre orgueil, que la réussite de nos actions est davantage la conséquence de nos qualités propres).
Nous observons cela dans le livre de Job dans lequel ses amis considèrent que ses malheurs proviennent de son péché (Jb 22.4-11).
En tant que chrétien, nous pouvons prendre un peu de temps pour étudier cette notion. La justice de Dieu est claire quant au salaire du péché: la mort. Aucun être humain n’échappe à ce jugement décrété par Dieu. À ce titre, Dieu est juste et ses créatures ne sauraient échapper à sa justice, si ce n’est par le salut en Jésus-Christ.
Nous pouvons également affirmer que la souffrance existe depuis l’entrée du péché dans le monde. Mais le biais dont nous parlons nous influence sur la question de son origine. Nous avons de nombreux points communs avec les amis de Job. Je suis sûr que nous pouvons tous confesser (moi le premier) que nous attribuons parfois au mal la souffrance des autres, ou la nôtre.
À l’inverse, nous avons tendance à considérer que ce qui nous arrive de bon vient forcément des conséquences de nos propres actions. Dieu nous rappelle à juste titre, dans sa Parole, que tout vient de lui. Notre orgueil est par conséquent particulièrement nourri par ce biais si nous n’y prenons pas garde.
Cette question du monde juste est très intéressante, car elle nie le péché et l’injustice qui y est liée. Nous subissons parfois des souffrances dont nous ne sommes pas responsables ou qui sont injustes. Dieu ne nous demande pas de rétablir la justice par nous-mêmes au risque de ne plus être intègres vis-à-vis de lui. Il ne veut pas non plus que nous soyons dans la recherche frénétique d’explications et de causalités. Il veut que nous soyons des disciples qui grandissent en foi et en sainteté.
Ces deux exemples mettent en valeur des mécanismes de notre cerveau qui peuvent nous tromper dans notre vision du monde. Cependant, nous restons les seuls responsables de ces interprétations. Notre cerveau peut avoir une influence néfaste. Reste que Dieu nous donne sa Parole, son Esprit et des frères et sœurs pour nous épauler dans cette marche sainte. Nous vivrons avec des biais cognitifs jusqu’à la fin de notre existence. Les fruits de l’Esprit que l’on trouve dans Galates 5.22 nous invitent à les combattre pour manifester la sagesse divine dans nos pensées et nos actions. Sachons les entretenir.
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Ce replay du webinaire de Raphaël Charrier a été enregistré le 9 octobre 2018. Découvre tous les webinaires TPSG par ici.
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R. Charrier