Nos Églises sont nourries par des prédications, semaine après semaine, année après année. Et des bonnes prédications donnent des Églises en bonne santé. Je me réjouis donc de la sortie en français de La prédication textuelle (David Helm). C'est le meilleur petit livre sur la prédication que je connaisse. Une excellente introduction pour jeunes prédicateurs.
Voici un bref survol du contenu du livre et les raisons pour lesquelles je l’ai trouvé excellent. Notamment le premier chapitre qui séduira même les prédicateurs expérimentés.
Ces dernières années, la francophonie a été bénie par la publication de plusieurs excellents livres sur la prédication. Certains sont des manuels d’homilétique (pour apprendre à prêcher), d’autres sont des livres pour nous motiver à persévérer dans la prédication.
Malheureusement, je remarque que les manuels sont gros et pas faciles à lire, alors que les petits livres sont certes motivants, mais n’abordent pas la « méthode » de la prédication.
C’est là que le petit livre de David Helm répond à un besoin. Avec une méthode en trois étapes, La prédication textuelle est clairement un manuel d’homilétique. Mais avec ses 110 pages il est résolument dans la catégorie des petits livres. Écrit simplement, rempli d’anecdotes où l’auteur raconte comment il a appris par ses erreurs, le livre se lit en juste quelques heures.
Helm propose une méthode en trois étapes: 1. Exégèse, 2. Réflexion théologique et 3. Implications pour aujourd’hui. Mais sagement, comme on verra, il introduit sa méthode avec un chapitre d’accroche (le chapitre 1). Son livre est donc divisé en quatre chapitres. Voici les titres:
Prenons ces chapitres brièvement dans l’ordre.
Un super chapitre qui surprend. Habituellement, c’est le dernier chapitre d’un manuel homilétique qui est consacré à la contextualisation, car elle s’intéresse à appliquer le texte biblique à nos vies contemporaines. La contextualisation d’après Helm c’est « communiquer le message de l’Évangile dans des mots qui sont compréhensibles et appropriés pour le contexte culturel des auditeurs. » (p.16)
L’auteur commence par la contextualisation pour dénoncer l’importance qu’elle prend auprès de beaucoup de prédicateurs. Ainsi, beaucoup trop de pasteurs commencent par la contextualisation, alors qu’elle devrait en réalité être la dernière étape de notre préparation homilétique. Le chapitre 1 est donc consacré aux trois pièges de la contextualisation, auxquelles Helm donne des noms énigmatiques: la prédication « impressionniste », la prédication « en état d’ivresse » et la prédication « inspirée ».
Ce premier chapitre est une excellente idée. Il est très convaincant, même pour quelqu’un qui est déjà convaincu que la prédication textuelle est la meilleure façon de prêcher. Je m’attendais à survoler le premier chapitre, étant déjà acquis à la cause. Et bien non, j’en ai pris pour mon grade. Je commets aussi ces péchés de contextualisation.
En bref, Helm nous montre dans son premier chapitre qu’en voulant trop être perçu comme « pertinent », on n’est pas du tout pertinent et qu’on tord le sens du texte biblique. La contextualisation est très importante, mais seulement après les deux premières étapes de la préparation d’un message.
Ce deuxième chapitre explique la première étape de la méthode homilétique du pasteur Helm. Plutôt que de se précipiter pour chercher à être pertinent pour nos auditeurs aujourd’hui, l’exégèse, explique-t-il, cherche à comprendre les premiers auditeurs du texte biblique et l’intention du texte pour ces premiers destinataires.
Riche et facile à mettre en pratique dans sa propre préparation, ce chapitre termine en illustrant le danger de s’arrêter à la première étape. Si nous prêchons des messages qui ne sont qu’une exégèse (piège dans lequel tombent de nombreux étudiants de facs de théologie), nos sermons ne seront que moralisateurs ou qu’un exercice intellectuel. L’antidote, c’est la deuxième étape, celle de la réflexion théologique.
Il s’agit dans cette deuxième étape de méditer sérieusement sur le passage biblique et sur son lien avec le plan de rédemption de Dieu. L’auteur propose toute une palette d’outils pour interpréter un texte de façon christocentrique. Il prend le temps aussi de souligner l’importance de la théologie biblique et systématique pour guider notre réflexion.
Dans ce dernier chapitre, la boucle est bouclée. Éclairés par notre exégèse et par l’Évangile sur le sens du texte, nous avons désormais le droit de réfléchir à la contextualisation du message.
Helm suggère de veiller à trois choses pour prêcher des messages qui soient solides et culturellement pertinents: nos auditeurs, l’agencement de notre message et nos applications. Son développement de ces points est court, mais pertinent.
J’aime le livre et je le recommande. Trois remarques néanmoins:
La prédication textuelle est un excellent petit livre. Ce genre de livre manque en français. Court, simple, bibliquement fidèle et très utile, c’est un livre qui pourrait servir de manuel d’introduction à la prédication dans toutes nos Églises.
Si vous êtes prédicateur, lisez-le. Si vous êtes prédicateur principal dans votre assemblée, recommandez-le à d’autres et voyez s’il ne pourrait pas servir de trame à vos formations. L’éditeur expédie gratuitement le livre dans le monde entier. Alors pourquoi pas l’offrir à des amis prédicateurs?
NOTE du 9/09/2017: À l’occasion de la sortie en français du livre, j’ai republié cet article publié du 10 mars 2016 qui faisait la recension de la version anglaise.
webinaire
Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?
Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.
Orateurs
D. Angers