Dernièrement, je lisais le commentaire de John Stott sur l’Épître aux Éphésiens. J’ai été encore une fois émerveillé de la richesse de la Parole et reconnaissant à Dieu pour John Stott et l’instrument qu’il a été dans les mains de Dieu. Ma lecture a été si riche que j’ai décidé de sélectionner parmi les passages qui m’ont le plus marqué pour en faire des articles. Aujourd’hui, Stott nous parle de la place de l’Église dans l’Histoire de Dieu en mettant face à face histoire profane et histoire biblique.
Nous avons tous dû apprendre l’histoire sur les bancs de l’école, retenir la liste rébarbative des rois de France, les dates des grands évènements et des batailles. Mais quel est le but de l’histoire ? Henri Ford avait-il raison d’affirmer en 1919, dans son procès contre le Chicago Tribune, que l’ « histoire n’est que balivernes » ? L’histoire n’est-elle qu’une succession aléatoire d’évènements, chaque effet ayant sa cause et chaque cause son effet, mais dont l’ensemble, ne paraît obéir à aucune loi supérieure ? Serait-elle simplement le développement incohérent de la destinée humaine ? L’analyse dialectique de l’histoire que fait Marx serait-elle donc juste ? Ou y’a-t-il une autre façon d’appréhender l’histoire ?
Contrairement à tous les autres théories, les chrétiens affirment que l’histoire est celle de Dieu. En effet, Dieu est à l’œuvre. Le plan qu’il a conçu dans l’éternité, il le traduit historiquement, en passant par les étapes de sa réalisation et de sa révélation pour le conduire vers son apogée dans le temps de l’histoire, et même au-delà, dans l’éternité. La conception biblique du temps est linéaire. Au centre de ce plan historico-éternel se trouve Jésus-Christ entouré de tous ceux qu’il a rachetés et réconciliés. Il est intéressant de comparer cette vue de l’histoire avec celle des historiens profanes.
L’histoire profane focalise son attention sur les rois et les présidents, les hommes politiques et les généraux, en somme sur les personnes que l’on considère importantes. La Bible, elle, s’intéresse plutôt à ceux qu’elle appelle les « saints », souvent de petites gens, des êtres insignifiants qui sont pourtant le peuple de Dieu, des « inconnus (du monde), quoique bien connus de Dieu » (2 Co 6.9).
L’histoire profane se préoccupe de guerres, de batailles et de traités de paix, suivis d’autres guerres, d’autres batailles et d’autres traités de paix. La Bible insiste sur la guerre qui oppose le bien au mal, la victoire décisive remportée par Jésus-Christ sur les puissances des ténèbres, le traité de paix signé par son sang et la proclamation souveraine d’une amnistie pour tous les rebelles qui se repentent et croient.
L’histoire profane met en relief les changements qui affectent la carte du monde à la suite de la défaite d’une nation et de l’annexion de son territoire, elle observe l’émergence et la disparition des empires. La Bible se préoccupe davantage de la communauté multinationale appelée « Église », qui n’a pas de frontières territoriales, qui ne revendique rien moins que le monde entier pour Christ, et dont l’empire ne connaîtra pas de fin.
C’est peut-être une image trop contrastée des conceptions profane et biblique de l’histoire. La Bible, en effet, fait allusion aux empires babylonien, égyptien, grec et romain ; et une histoire profane honnête ne peut passer sous silence la réalité de l’Église. La différence réside dans la perspective et dans les priorités. Le Dieu vivant est le Dieu de toutes les nations du monde mais, à l’intérieur de la communauté universelle, il s’est choisi un peuple particulier, une société nouvelle fondée par lui et qui lui appartient en propre, les prémices de sa nouvelle création. C’est vis-à-vis de ce peuple qu’il s’est engagé par une promesse solennelle :
« Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. »
— John Stott, Éphésiens, Vers uns nouvelle société, pp. 123-124
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