Pour que la lecture personnelle de la Bible ne soit pas une "obligation"

Lecture de la Bible

Le magazine franco-suisse Christianisme Aujourd'hui vient de m’interviewer dans le cadre de la publication d’un article sur le sujet "Pourquoi persévérer dans la lecture de la Bible? Est-ce du légalisme ou un ressourcement? Enquête." Dans ce billet, je vous fais part de l’intégralité de mes réponses aux questions du journaliste Jean Degert, que le magazine a abrégées.

Voici mes réponses plus complètes.

J.D.: Quels sont, selon vous, les bienfaits qu'apportent une lecture régulière de la Bible? Avez-vous un exemple?

Même si nous sommes convaincus que la Bible est la Parole de Dieu, nous pouvons être portés à associer cette pratique uniquement à notre "rapport au Livre". En réalité, c’est de notre "rapport à Dieu", de notre communion avec lui, qu’il est vraiment question. Le plus grand bienfait de la lecture régulière de la Bible, c’est qu’elle permet de cultiver une relation à laquelle Jésus-Christ nous a donné accès. Nous sommes de facto "connectés à notre Père céleste" par l’œuvre de Christ. Mais vivons-nous la richesse de cette "connexion" au quotidien? La lecture de la Bible est un des moyens qui permettent de "profiter" de notre accès à Dieu par pure grâce.

L’une des manifestations concrètes de cette riche communion est le simple constat suivant. De nombreux chrétiens en font l’expérience régulièrement: en lisant le passage biblique du jour, ils reçoivent la parole exacte dont ils avaient le plus grand besoin ce jour-là. Ils méditent le psaume 23, si familier, et la promesse "car tu es avec moi" leur fait un bien fou, car ils se trouvent justement dans l’une des nombreuses "vallées de l’ombre de la mort". La présence du Saint-Esprit est ici indispensable: c’est lui qui "relie" l’Écriture à ce que nous vivons, à nos besoins les plus criants.

J.D.: Comment éviter de confondre la discipline dans la lecture personnelle de la Bible avec une lecture légaliste, par sentiment d'obligation?

Il s’agit simplement, en quelques secondes avant sa lecture, de poser tout à nouveau le "cadre de grâce" essentiel: j’ouvre la Bible en tant qu’enfant de Dieu, racheté gratuitement par mon Sauveur Jésus-Christ. La Parole écrite est un "moyen de grâce": je m’attends, en méditant l’Écriture, à recevoir davantage de grâce – celle qui nourrit, fortifie, équipe pour faire face aux défis du jour.

Mais je ne m’attends pas à "gagner des points" devant Dieu par ma discipline personnelle. Si les circonstances particulières du jour devaient m’empêchent de mettre ce temps à part, ou s’il m’arrive tout simplement de le négliger, pas de panique: ma relation avec Dieu ne vient pas de s’effondrer, et je m’attends à ce que mon Père aimant continue de prendre soin de moi et de me protéger tout au long de la journée.

Si je reviens régulièrement à la lecture de la Bible, c’est surtout parce que l’Esprit met en moi cette envie de me délecter de Dieu et de recevoir de sa part une parole réconfortante et énergisante. Je ne dois jamais l’oublier: ma relation avec Dieu est fondée non pas sur ma discipline personnelle, mais sur la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ!

Or, j’observe ce phénomène: moins je me crois "obligé" de lire ma Bible, plus j’ai envie de la lire et de la méditer, tout simplement parce que j’aime me retrouver en présence de mon Père céleste. Il se trouve que l’un des "langages d’amour" les plus forts de mon Père est justement "la parole". Je serais fou de m’en priver! Méditer la Bible, c’est recevoir de plus en plus d’amour de sa part – de cet amour dont j’ai tant besoin et qui me fait tant de bien!

Dominique Angers

Doyen de la Faculté de Théologie Évangélique à Montréal (Université Acadia), Dominique Angers y est aussi professeur de Nouveau Testament et de prédication. Docteur en théologie de l’Université de Strasbourg, il s’exprime régulièrement sur son podcast vidéo d’enseignement biblique, “Parle-moi maintenant”. Il est l’auteur du livre La méditation biblique à l’ère du numérique et du Commentaire biblique Parle-moi maintenant par Éphésiens. Son prochain commentaire, Parle-moi maintenant par Marc, paraîtra chez BLF.

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