J'ai récemment eu le privilège de suivre un séminaire avancé intitulé "La prédication rédemptrice: prêcher la grâce de l'Évangile dans tous les textes bibliques". SEMBEQ l'avait planifié depuis plus d'un an et craignait une annulation à cause du COVID. C'est donc avec grand plaisir qu'un groupe de 30 étudiants enthousiastes se sont réunis à l'Église de l'Espoir pour bénéficier d'un enseignement en direct de nul autre que Bryan Chapell, le parrain de la prédication Christo-centrique.
Pendant trois jours bien remplis, nous avons appris aux pieds d’un homme qui nous a fait profiter non seulement de son expertise technique et théorique, mais aussi de sa sagesse acquise au cours de plusieurs années de ministère pastoral. À mon tour, j’ai l’intention de partager certaines de ces leçons dans une série d’articles qui, je l’espère, seront utiles non seulement pour les pasteurs, mais aussi pour les enseignants de l’école de dimanche, les responsables de petits groupes, les sœurs qui enseignent dans le cadre du ministère féminin, et les parents alors qu’ils font de leurs enfants des disciples.
Si vous avez étudié la rhétorique, vous connaissez peut-être les trois modes de persuasion d’Aristote: logos, pathos et ethos. Ils ont une influence considérable sur notre façon de communiquer les vérités bibliques.
Le logos concerne le contenu verbal de notre message, et il est lié non seulement aux mots que nous choisissons, mais aussi à la logique qui les sous-tend. Pour être efficace, notre contenu verbal doit être compréhensible. Nous, enseignants de la Bible, avons tendance à accorder beaucoup d’attention à cet aspect de la préparation, car nous sommes convaincus qu’il est essentiel que notre message soit fidèle au contexte, à l’intention de l’auteur, à la structure littéraire, etc.
Le pathos désigne le contenu émotionnel qui va de pair avec le contenu verbal. Cela inclut le langage corporel, le ton, le volume, les expressions faciales, les pauses, etc. Chapell l’explique clairement:
Si l’attitude contredit le message, c’est l’attitude qui sera crue.
Dans la culture occidentale, nous avons tendance à nous méfier des discours émotifs, car ils peuvent sembler manipulateurs pour beaucoup d’entre nous. Mais notre attitude doit témoigner de la vérité de ce que nous disons. Si mon attitude n’est pas cohérente avec mon message, je compromets la crédibilité de ce dernier. Par exemple, si j’enseigne sur la résurrection de Christ ou sur les gloires du ciel, mais que je le fais d’une manière sèche et monotone, je communique à mes auditeurs que je n’ai pas été saisie par l’émerveillement de ces réalités. Un autre élément du pathos est l’authenticité, qui est devenue une valeur culturelle importante à notre époque. Cependant, une authenticité qui apporte un réel bénéfice ne signifie pas qu’il faille utiliser une opportunité d’enseignement comme un confessionnal où je révèle mon linge sale. Cela signifie plutôt que je parle avec honnêteté de la manière dont la Bible me soutient dans mes combats. Parce que si je ne suis pas prête à être vulnérable, à admettre que je n’ai pas toutes les réponses, mon public en général, et la nouvelle génération en particulier, ne m’écoutera pas, parce qu’ils pensent que je suis imperméable.
L’ethos parle du caractère perçu. Pour que mon message soit reçu, je dois faire preuve non seulement de logos et de pathos mais aussi d’ethos. Cela peut être un défi, car ce que les gens perçoivent de moi peut être faux. Toutefois, l’évaluation du message sera faite à travers moi. Chapell donne un exemple auquel nous pouvons tous nous identifier: nous rendons visite à des parents en vacances. Ils nous ont répété à quel point leur pasteur était merveilleux. Puis nous allons à l’église avec eux et écoutons le sermon, qui est au mieux médiocre. Mais ils aiment leur pasteur parce qu’il se soucie d’eux et de la Parole de Dieu. L’ethos est une combinaison de crédibilité, de soin et de compassion. On peut les comprendre par le genre de questions que nos auditeurs se posent sur le messager.
Est-ce que je crois que vous êtes un expert dans ce dont vous parlez? Faites-vous preuve de compétence dans le domaine que vous abordez? Connaissez-vous votre monde?
Comprenez-vous ce qui me préoccupe? Communiquez-vous avec moi d’une manière qui démontre que vous vous souciez de moi? Avez-vous de l’aide à m’offrir? Connaissez-vous mon monde? Chapell donne un autre exemple cette fois d’un pasteur qui passe 20 minutes à expliquer ce que signifie le terme kenosis dans Philippiens 2. Mais pendant ce temps, un père anxieux est assis dans la salle de l’église en train de se dire: « Vous rendez vous compte que ma fille n’est pas rentrée à la maison hier soir pour le troisième week-end consécutif? ». Ou encore, une mère célibataire désespérée se demande si elle aura un emploi la semaine suivante. Notre enseignement, quoi qu’il soutienne, doit être plus qu’un transfert d’informations. Il doit donner de l’espoir à nos auditeurs au milieu de leurs épreuves.
La compassion est une combinaison de deux choses:
Est-ce que vous vous souciez de moi? Ou parlez-vous au-dessus de ma tête? Connaissez-vous ma réalité? Ou est-ce que tout est resté dans les plaines de Judée il y a 4000 ans?
Dites-vous seulement des choses que vous pensez que je veux entendre, ou êtes-vous prêt à prendre des risques pour les autres? En d’autres termes, êtes-vous prêt à me faire aller au-delà de mes limites, de mes préjugés, de mes peurs en me disant ce que dit la Parole de Dieu? Parce que si vous ne prenez jamais de risques pour moi, si vous évitez tout sujet qui me confronte, je m’en apercevrai et je finirai par ne plus vous faire confiance. Notre message doit donc pénétrer le logos, le pathos et l’ethos. Il doit être en confrontation avec le cœur de l’orateur et de l’auditeur.
Il va sans dire que Christ a parfaitement personnifié l’essence du logos, du pathos et de l’ethos dans son ministère terrestre. Non seulement il était le logos incarné, mais il nous a également montré comment dire la vérité dans différents contextes, avec des émotions variées. Avec ses adversaires, il était direct et parfois même indigné à juste titre. Avec ses disciples, il était patient mais n’hésitait pas à les corriger quand c’était nécessaire. Avec ceux qui souffraient, il était doux et humble et les invitait à trouver le repos en lui. Et à travers tout cela, il a manifesté son amour, sa compassion et sa sollicitude de la manière la plus crédible qui soit, avec pour ultime démonstration la croix.
1 Thessaloniciens 2 donne un aperçu du cœur de Paul en tant que berger. Au verset 7, il décrit sa douceur au milieu d’eux, « de même qu’une nourrice prend un tendre soin de ses enfants ». Quelques versets plus loin, il exhorte, console, et conjure comme un père avec ses enfants (v. 11). Et dans son introduction de l’épître, Paul indique comment il a mis en pratique les trois modes de persuasion d’Aristote:
Notre Évangile ne vous a pas été prêché en paroles seulement (logos), mais avec puissance, avec l’Esprit-Saint, et avec une pleine persuasion (pathos); car vous n’ignorez pas que nous nous sommes montrés ainsi parmi vous, à cause de vous (ethos). (1 Th 1.5)
Je n’ai pas encore assimilé toutes les leçons que j’ai apprises pendant ce cours. Elles me parlent en tant qu’enseignante de la Bible, en tant que coach auprès des femmes, mais aussi en tant que parent. J’aspire à communiquer l’Évangile à tous, en commençant par mes enfants, avec clarté, passion et authenticité. Je veux les persuader de croire puisque, par ma propre faiblesse, j’ai prouvé mon besoin du Sauveur. Alors que nous continuons à grandir en tant qu’enseignants de la Bible efficaces, que le Seigneur nous accorde la grâce non seulement d’étudier le texte avec diligence, mais aussi d’exprimer ces vérités avec l’émotion appropriée et avec un soin authentique pour nos auditeurs.
webinaire
Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?
Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.
Orateurs
D. Angers