Vous souvenez-vous de votre brusque retour à la réalité concernant le Père Noël? Le choc d'apprendre qu'une légende est fausse, c'est quelque chose. Mais découvrir que ce qu'on pensait être un conte est en réalité réel, ça, c'est renversant.
Noël, c’est de l’Histoire, un récit historique. Noël n’est pas un conte pour enfants. En voici 10 preuves.
Avant de commencer le récit du premier Noël, l’auteur (Lc 2.1-7) prend bien soin d’insérer son récit dans une époque précise. Il indique un moment précis et surtout réel; un peu comme on dirait « sous la Ve république, durant le mandat de M. Chirac ». L’empereur Auguste (Gaius Octavius) est assez célèbre pour ne pas être un personnage imaginaire. On sait qu’il a été successeur de Jules César de 27 av. J-C à 14 ap. J-C. C’est de l’Histoire, pas une histoire.
On aurait pu coupler cette preuve avec la précédente, mais avec les fonctions de « César » et « gouverneur », ici, l’auteur prend des risques. Sans une réelle connaissance historique, ces détails peuvent mettre en évidence ou pas la véracité du récit. Sir William Mitchell Ramsay, l’archéologue écossais et spécialiste du Nouveau Testament qui a dédié toute sa vie à l’étude des anciennes villes et des documents d’Asie Mineure en est venu à la conclusion suivante « Vous pourriez presser les mots de Luc, plus encore que pour aucun autre historien. Ils resteraient intacts parce qu’ils peuvent supporter l’examen le plus scrupuleux et les traitements les plus durs ». Il pensait aussi que Luc avait une connaissance remarquable des fonctions qui sont notre 2e preuve.
C’est le même principe pour des événements comme le « recensement de toute la terre ». Un événement pareil laisse des traces, de même que les données récoltées. Si Luc avait voulu trouver une excuse pour que Joseph et sa fiancée Marie se retrouvent à Bethléem, il aurait pu trouver quelque chose d’un peu moins gros.
Vous souvenez-vous de cette super conférence de P. Williams? Rien que la mention de simples prénoms se révèle être un argument en béton en faveur de la véracité de ce récit. Tout simplement parce que, d’abord, la fréquence des prénoms change avec le temps. Imaginez que vous ayez à écrire une histoire qui a eu lieu il y a une trentaine d’années. Quels prénoms utiliseriez-vous?
Maintenant, imaginez le même exercice, mais votre intrigue se déroule dans un autre pays et une autre culture que la vôtre. C’est ce qui arrive à Luc, notre auteur qui écrit depuis Antioche, d’après la tradition, à près de 6H de vol (et les avions n’existaient pas).
De plus, les proportions de prénoms de la Bible et ceux enregistrés dans l’Histoire sont aussi une preuve flagrante de la véracité de ce récit de Noël. Enfin, les prénoms, c’est ce qu’on oublie le plus rapidement et la preuve que l’auteur a écrit ces mots en pleine connaissance récente des évènements décrits. Les prénoms, c’est une des preuves les plus fiables que le témoignage que nous avons sous les yeux est un récit de 1e main d’un témoin fiable.
On vient de le dire, Luc écrit à Antioche. Connaissez-vous la probabilité de chance de décrire précisément la météo, la géographie, les noms de ville d’un endroit qui se trouve à 700km de chez vous? Si je peux vous parler de Genève, c’est que j’y ai séjourné 1 année complète. Ce qu’on m’en a dit ne suffirait pas pour vous expliquer les détails que je peux vous en livrer.
J’appelle cette 6ème preuve « l’anti-mythe ». Avez-vous déjà eu un doute, dès les premières lignes d’une histoire, sur le héro principal? Ça ne choque plus trop à notre époque mais la « fiancée » du v.5 est aussi « enceinte »! Elle n’est pas encore mariée, mais elle a déjà un enfant à naître!! Et personne ne tente de cacher ce genre de vérité embarrassante. Notre récit n’est pas une histoire pour les enfants, c’est un compte-rendu fidèle et détaillé de ce qui s’est réellement passé, quitte à ce que même les personnages principaux apparaissent dans leur situation la plus embarrassante.
Avez-vous déjà inventé un mensonge énorme? Je ne veux pas vous y encourager, mais une erreur à ne pas faire, c’est de s’aventurer dans les liens entre les protagonistes de votre mensonge. Si vous racontez que le chien de votre grand-mère a mangé votre devoir mais que votre grand-mère n’a jamais eu de chien, c’est déjà foutu pour vous. Ici, Joseph, ses ascendants et ses descendants sont mentionnés. Luc prend à nouveau des risques. Des risques calculés, puisqu’il a vérifié l’authenticité des faits qu’il met par écrit.
D’ailleurs, c’est la somme de tous ces risques encourus par Luc qui lui fait gagner cette 8e preuve. Le principe de base lors d’une garde-à-vue c’est de donner le moins de détails possibles et d’éviter les liens précédents. Le job des enquêteurs est justement le contraire: faire parler pour que vous vous emmêliez les pinceaux dans vos détails saugrenus. Luc garde la tête froide, sa plume ne tremble pas sous le poids des détails qui s’accumulent. Il dit la vérité. Mieux encore, il accumule les détails. L’effet est fantastique parce qu’une accumulation de preuves indirectes est encore plus efficace qu’une preuve directe.
Luc, notre auteur, n’est pas un romancier. C’est un médecin (Col 4.14). Et ça, c’est une aubaine pour notre époque où ceux qui détiennent la vérité ne sont pas avant tout les penseurs mais les logiques, les scientifiques. Il a utilisé une méthode bien précise pour collecter ses informations de première main des témoins oculaires (sans cacher qu’il ne l’est pas lui-même) et après étude de documents écrits. Luc agit comme un historien lorsqu’il écrit. Il applique la même rigueur dans sa rédaction que dans son métier. C’est un logique.
10ème et dernière preuve, le but clairement explicité du (des) livres que Luc a écrit:
Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et qui sont devenus des serviteurs de la parole. Il m’a donc paru bon à moi aussi, qui me suis soigneusement informé sur toutes ces choses dès l’origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. – Lc 1.1-4
Vous remarquerez que ces 10 preuves sont essentiellement tirées des 7 premiers versets du chapitre 2 de l’Évangile selon Luc. Imaginez un peu si on avait étendu le spectre!
[1] Les connaisseurs remarqueront que le crux interpretum du v.2 n’est pas abordé dans cet article. Il n’est pas, à mon sens, contradictoire avec le sens de l’article.
Cet article a été publié une première fois le 14 décembre 2017.
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K. Arezki