Bonjour tout le monde. Nous continuons notre avancée dans l'histoire de la maladie mentale. Nous quittons le Moyen-âge et l'Antiquité pour se rapprocher un peu plus de nous. Mais nous allons voir que l'évolution va aller d'un extrême à l'autre. L'anthropologie séculière va subir de nombreux changements. Nous verrons ensuite les applications que nous vivons encore aujourd'hui de ses influences.
Le monde va beaucoup changer avec une évolution de la considération de la maladie mentale. Le siècle des lumières va également faire émerger une nouvelle conception de l’être humain et une vision plus positive.
La théorie des humeurs a reculé pour d’autres expérimentations. Elle reviendra dans la Renaissance dans laquelle il y a un regain particulier pour le monde ancien gréco-romain. Cependant, ce qui marque ici un point particulier est la considération des « aliénés ». Michel FOUCAULT retrace cette histoire dans son livre « L’histoire de la folie à l’âge classique ». Il parle d’une date fondatrice qu’est 1656 avec la création d’un hôpital général dans lequel nous internons systématiquement les fous, mais également les pauvres et des criminels. C’est un lieu étrange dans lequel s’entremêle tant la coercition que la bonté. Cette question de l’internement doit être posée dans son contexte culturel, car ce n’était pas nouveau: des lieux d’internement existaient déjà bien avant. En effet, il y avait là une systématisation de cette procédure en tentant de soigner par ce biais.
Le fou était souvent quelqu’un d’errant, rejeté de la société. Ils étaient souvent surveillés, notamment dans leur potentialité de troubler l’ordre public. Il fallait bien en faire quelque chose. Nous voyons ici une mutation progressive de la maladie mentale. Elle prend une dimension sociologique et sociale beaucoup plus présente. On se tourne progressivement vers l’aspect physique et médical des troubles mentaux. Il n’y a pas encore un échange dialogique avec le patient. Il y a tout au plus une tentative de remédiation par des remèdes de « grand-mère » à base de substances et de produits divers (et si possible puants, putréfiés et en provenance de l’intérieur d’animaux). Les avancées scientifiques n’ont pas été impactantes durant cette époque. On notera néanmoins des procédés comme la saignée ou les électrochocs qui ne laisseront pas indemnes certaines personnes, et en tueront un certain nombre.
La Renaissance a été dans la continuité du Moyen-Age avec un développement toujours plus fort de la démonologie, de la sorcellerie et donc de l’Inquisition. Cependant, le siècle des Lumières laisse de côté l’aspect religieux et mystique. La médecine se tourne vers ce qu’ils appellent la raison au travers de la médecine et de la science. Celle-ci reste encore balbutiante à ce sujet.
Ce qui est intéressant, c’est que les religieux eux-mêmes vont être considérés pour certains comme des fous ou des aliénés. Certains baignaient dans la recherche de visions et d’expériences extraordinaires et subjectives. C’est d’ailleurs contre cela que Luther s’érigera contre des révélations postérieures à la Bible avec notamment le « Sola Scriptura »
A noter que se développe également une théologie des émotions, des affections et du cœur extrêmement intéressante et avec une anthropologie très développée. Je pense notamment à l’ouvrage de Jonathan Edwards, Religious affectious qui développe une réflexion anthropologique très pointue et notamment sur le cœur de l’être humain et indirectement sur son corps. La conception de la maladie mentale évolue donc dans le milieu chrétien et particulièrement puritain.
Vous pourrez retrouver ici le premier article sur l’histoire de la maladie mentale.
Vous pourrez lire ici pourquoi je mets tant d’importance sur la théologie en tant que psychologue.
webinaire
Bien ou mal? L’éthique biblique dans un monde compliqué
Ce replay du webinaire du Dr. Vincent Rébeillé-Borgella et de Florent Varak a été enregistré le 27 janvier 2017.
Orateurs
F. Varak et V. Rébeillé-Borgella