Peut-on compter sur l’IA pour annoncer l’Évangile en ligne? L’intelligence artificielle attire en promettant une plus grande efficacité. Revenir à la racine de ce qu’est l’évangélisation devrait pourtant nous mettre en garde.
Il y a quelques semaines, je publiais un article pour exprimer mes réticences vis-à-vis de l’IA. Je tiens à préciser à nouveau que ces réticences concernent essentiellement l’utilisation de l’IA générative en lien avec la foi chrétienne. Je les partage dans le but d’encourager les discussions chrétiennes autour de l’intelligence artificielle, alors que je continue à réfléchir sur le sujet.
Dans l’article du jour, j’aimerais vous soumettre une réflexion en ce qui concerne l’utilisation de l’IA pour l’annonce de l’Évangile. C’est essentiellement une mise en garde, qui vise à nous rendre prudents avant d’aller trop loin, trop vite.
Il serait facile de penser que l’IA est une belle opportunité pour l’évangélisation: cela nous permettrait d’être plus efficaces, de toucher plus de monde, et donc de faire connaître la bonne nouvelle plus rapidement dans le monde entier.
Le désir de faire connaître l’Évangile est bon, mais nous devrions nous méfier lorsque nous abordons l’évangélisation en termes de résultat, d’efficacité ou de rapidité.
Dans les conversations sur l’évangélisation et la technologie, j’ai l’impression que l’on réduit facilement l’évangélisation à un simple partage d’information. Il y a ces X vérités que l’on doit partager, et on veut le faire le plus efficacement possible. Cependant, l’évangélisation implique beaucoup plus que cela. Oui, nous voulons partager l’Évangile à tous ceux qui veulent l’entendre! Mais nous voulons le faire en nous assurant qu’ils le comprennent. Cela demande plus qu’une simple annonce rapide et superficielle. Il s’agit d’entrer en conversation avec ceux qui nous entourent pour les persuader, comme Paul le faisait (Actes 17.17; Actes 18.4), de la vérité de l’Évangile.
Autrement dit, nous avons tort si nous pensons que l’évangélisation pourrait se résumer à donner des flyers au plus de personnes possible, ou à afficher des pubs sur internet au plus de monde possible, qui partageraient certaines informations sur Jésus. Si c’était le cas, alors on pourrait facilement multiplier le partage d’information en se servant de la technologie. Mais l’évangélisation est bien plus que ça.
Ce n’est pas mauvais de distribuer des flyers et d’utiliser la technologie pour faire connaître l’Évangile, mais nous ne devrions certainement pas nous en arrêter là. Si nous voulons vraiment que ceux qui nous entourent comprennent des notions telles que notre culpabilité devant Dieu, le péché, la croix, le salut en Jésus, la repentance… alors nous allons devoir mettre de côté les solutions faciles qui promettent l’efficacité et les résultats, et rester attachés aux méthodes plus lentes, mais plus fidèles.
En d’autres mots, l’efficacité ne devrait pas être le seul critère, ni même le critère déterminant, dans nos approches d’évangélisation.
Quelqu’un pourrait dire que l’IA est une opportunité pour l’évangélisation, car elle nous permet de personnaliser l’annonce de l’Évangile à chacun. Là encore, ce désir est bon: l’Évangile est le même pour tous, mais nous voulons l’annoncer d’une manière qui prend en compte notre auditeur. Par exemple, c’est ce que nous voyons Paul faire dans Actes 17.
Cependant, l’autre domaine de réflexion qu’il ne faut pas oublier concerne l’aspect humain de l’évangélisation. Il ne s’agit pas d’un simple transfert d’information (si c’était le cas, une machine pourrait faire cela bien mieux que nous). Il s’agit de communiquer une bonne nouvelle dans laquelle on croit, par laquelle Dieu a agi dans notre vie. Il y a un aspect personnel (c’est-à-dire qui concerne la personne, une personne humaine) à l’évangélisation.
Sans le développer ici, la Bible établit un lien entre nos paroles et notre conduite (voir par exemple 1 Pierre). Notre manière de vivre selon Dieu met en lumière nos paroles, leur donne une certaine crédibilité, et peut amener ceux qui rejettent Dieu à se poser des questions et nous écouter plus attentivement. Cet aspect est essentiel dans l’évangélisation, mais c’est précisément ce que l’intelligence artificielle n’a pas et ne pourra jamais avoir. Nous voulons vivre parmi ceux qui nous entourent, car c’est dans ce cadre-là que l’Évangile pourra être partagé à des gens qui écoutent.
De plus, attention à ne pas déléguer trop vite ce qui est notre privilège, à nous, êtres humains. C’est à nous que Dieu a confié l’annonce de la bonne nouvelle du salut (Romains 10.14), salut dans lequel nous avons goûté nous-mêmes. Cette tâche de partager l’Évangile autour de nous est une belle tâche (voir Romains 10.15).
En écrivant cela, je ne vise pas à bannir définitivement l’IA des Églises. Bien sûr que non. L’intelligence artificielle peut probablement aider à partager certaines vérités chrétiennes dans un monde digital qui a un criant besoin de voir la lumière. Mais ne nous reposons pas sur l’IA pour accomplir ce que nous avons le privilège unique de faire, en tant qu’êtres humains et en tant que chrétiens: faire connaître la bonne nouvelle de la grâce de Dieu, par nos propres mots, par notre propre vie, à tous ceux que nous rencontrons.
Je vais continuer à écrire sur l’IA. La semaine prochaine, je publierai probablement sur le sujet: "Est-ce que l’IA peut enseigner la Bible?"
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Comment communiquer l’Évangile à nos contemporains?
Découvre le replay de cette série de 3 webinaires de Franck Segonne, enregistrée en mars 2018.
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