Il y a de mauvaises manières de réagir à la culture qui nous entoure, lorsque celle-ci rejette Dieu. L'attitude de Paul dans Actes 17 nous montre une meilleure manière de réagir, qui vise à amener les gens à la connaissance de la vérité.
Nous vivons dans une culture qui rejette Dieu. Peu croient en son existence, ou vivent en tout cas comme si cela changeait quelque chose. Son nom est pris à la légère, et ses exigences pour les humains sont largement mises de côté. Plutôt que d’être tourné vers le seul vrai Dieu, le cœur des humains est tourné vers toutes sortes d’autres choses. Comment réagir à une telle culture?
La réaction de Paul à Athènes dans Actes 17 peut nous aider. Paul se retrouve dans la grande ville d’Athènes, au milieu d’une culture qui rejette Dieu. Voilà ce qu’il nous est rapporté.
Comme Paul les attendait à Athènes, il avait en lui-même l'esprit exaspéré en contemplant cette ville vouée aux idoles.
Actes 17.16 (version Colombe)
La ville d’Athènes était remplie d’autels consacrés aux différents "dieux". C’était une culture pluraliste, plein de "dieux" coexistaient, où des visions différentes de la spiritualité vivaient côte à côte… C’était une culture où il n’y avait aucune connaissance du vrai Dieu. Le cœur des gens était tourné, non pas vers le seul vrai Dieu, mais vers des idoles.
Comment est-ce que Paul réagit? Il a l’esprit "exaspéré" face aux idoles (v. 16). Il est indigné que le vrai Dieu soit ignoré, mis de côté, et que l’adoration qui doit lui revenir soit donnée à des idoles que les humains ont créées. Sa réaction montre sa priorité: il désire la gloire de Dieu avant toute chose.
Cependant, cela ne s’arrête pas là. Cette indignation n’amène pas Paul à fuir dans une autre ville, mais plutôt à rester pour échanger avec les gens de la ville, afin de les amener à la connaissance du seul vrai Dieu. Regardez le verset 17 (en particulier le "donc"):
Il s'entretenait donc dans la synagogue avec les Juifs et ceux qui craignaient (Dieu), et sur la place publique, chaque jour, avec ceux qui s'y rencontraient.
Actes 17.17 (version Colombe)
Paul discute avec les Juifs dans la synagogue, comme à son habitude. Mais il échange aussi avec ceux qui se trouvent sur la place publique, avec tous ceux qu’il rencontre. Même avec ces gens qui adorent des idoles et rejettent le vrai Dieu. Le fait d’être indigné par les idoles ne l’amène pas à dénigrer les gens de la ville, à les aborder avec mépris. Cela le motive plutôt à vouloir entrer en conversation avec eux, pour les amener à la connaissance du vrai Dieu.
Cette réaction de Paul nous offre des leçons précieuses. Beaucoup plus pourrait probablement être dit1. Ce qui suit, ce sont quelques réflexions adaptées d’une prédication sur Actes 17.16-34.
Nous voyons d’abord qu’il y a de mauvaises réactions que l’on peut avoir, et que l’on doit éviter, face à une culture qui ignore Dieu et rejette les valeurs chrétiennes. J’en mentionne trois.
1. Se laisser aller avec le courant de la culture. Il s’agit de prendre peu à peu la couleur du monde qui nous entoure. Nous adoptons la mode de pensée pluraliste, où chacun peut avoir sa vérité, et où c’est intolérant de dire à quelqu’un qu’il a tort. Cela nous amène à ne jamais oser déclarer certaines vérités de la Bible, par peur que cela heurte les sensibilités, ou par peur que l’on soit mal compris.
2. Fuir la culture. Nous pouvons être indignés, mais sans que cela nous pousse à nous engager pour interagir avec la culture. Nous sommes plutôt indignés, mais pas prêts à payer le coût de vivre au sein de cette culture qui rejette Dieu, où ça serait un peu inconfortable d’être différent… Alors, nous fuyons. Nous ne fuyons peut-être pas physiquement, mais nous élevons des murs si grands autour de nous, que nous vivons dans notre bulle chrétienne, notre "ghetto" chrétien, sans jamais plus échanger avec ceux qui pensent différemment de nous.
3. Interagir, mais pas de la bonne manière. Nous pouvons entrer en discussion avec la culture qui nous entoure, mais le faire avec un ton rempli de haine, de mépris, de supériorité… Nous pouvons le faire sans chercher à comprendre ce que les gens pensent, sans chercher à les amener à la vérité avec compassion. Cela ne provoque que de plus en plus de distance entre nous et eux…
À quoi donc ressemble la bonne réaction à une culture qui rejette Dieu? Voici quelques principes tirés de Actes 17.16-34, ce qui inclut non seulement la réaction de Paul mentionnée en début d’article, mais aussi son discours devant l’Aréopage.
1. S’indigner. Il est juste de s’indigner, comme Paul l’a fait (v. 16), parce que la gloire de Dieu est en jeu. En regardant le monde qui nous entoure, en voyant à quel point le nom de Dieu est pris à la légère, à quel point le cœur des humains est tourné vers toutes sortes de choses autres que leur Créateur, nous devrions ressentir quelque chose au-dedans de nous… parce que Dieu mérite toute la gloire. Dieu mérite tout l’honneur. Il y a un Dieu qui existe, il est le seul vrai Dieu, et il est le Créateur (voir v. 22-30). C’est une aberration qu’il soit mis de côté à ce point-là.
2. Rester. Paul est indigné, mais il ne fuit pas. Au contraire, nous voyons qu’il engage la discussion avec ceux qu’il rencontre, afin de les amener à la vérité (v. 17) en leur partageant la bonne nouvelle de Jésus (v. 18). Résistons à la tentation de fuir, physiquement ou émotionnellement.
3. Comprendre. Le discours de Paul devant l’Aréopage (v. 22-30) montre qu’il a pris le temps de comprendre la culture qui l’entourait. Il ne s’est pas lancé dans un monologue avant d’avoir écouté. Il est au courant de ce que croient les gens qui l’entourent, de ce qu’ils lisent, de ce qui façonne leur pensée… et il est conscient de la manière dont cela est similaire ou différent de la foi chrétienne.
Ce que l’on veut, c’est comprendre la "vision du monde" de ceux qui nous entourent, c’est-à-dire leur manière de répondre aux grandes questions de la vie. On ne doit pas juste partager tout notre langage chrétien à la première occasion en pensant qu’ils vont nous comprendre. Nous avons d’abord besoin de les comprendre, pour pouvoir interagir de la bonne manière.
4. S’adapter. Dans son discours, Paul utilise des mots et concepts que ses auditeurs peuvent comprendre. Il part de la réalité de ce que ses auditeurs connaissent et croient. C’est frappant de comparer le discours de Paul à Athènes avec les autres discours que Paul adresse aux Juifs, par exemple, où il aura une approche différente (Actes 13.16-41). C’est le même message – un message qui mène à la bonne nouvelle de Jésus – mais il partage ce message de manière adaptée.
5. Ne rien cacher. Oui, Paul est indigné, et cela l’amène à interagir avec ceux qui l’entourent de manière adaptée. Il prend en compte la culture et essaie de trouver au maximum des points de recoupement. Il s’adapte! Et pourtant… Paul ne cache pas la vérité. Il ne va pas mettre de côté les vérités avec lesquelles la culture ne sera pas d’accord. Il n’arrondit pas les angles.
On le voit en particulier avec la conclusion du discours: l’appel à la repentance, la mention du jugement. C’est là où tout son discours mène. C’est ça qu’il vise: les amener à faire demi-tour et se confier en Jésus. On le voit aussi avec la mention de la résurrection, qui n’était pas acceptée dans la culture de l’époque, et qui vaut à Paul d’être interrompu (v. 32).
Autrement dit, il est possible de mal comprendre l’approche de Paul dans Actes 17, en pensant qu’il nous faut retirer de notre discours tout ce qui risquerait d’offenser la culture. Certains suivent ce chemin en enlevant de leur annonce de l’Évangile toute mention de concepts tels que le péché ou la repentance. Ce n’est pas le chemin que Paul a pris.
Il faut plutôt prêcher la bonne nouvelle, toute la bonne nouvelle, y compris ce qui gêne. Car notre but, comme Paul, est d’amener les gens à la connaissance de la vérité, pour que leurs cœurs soient tournés vers le seul vrai Dieu.
1. Pour un article similaire qui tire quelques principes de Actes 17, voir cet article de Matt Giralt. ↩
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