La foi n'est pas une puissance pour déclarer ce que notre cœur veut

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Peut-on déclarer le succès, la réussite, et la protection sur nos vies, par la foi? Nous continuons notre série sur l'évangile de la prospérité en analysant la définition de la foi que donne l'évangile de la prospérité.

(Articles précédents de la série: premier, deuxième, troisième)

Le mouvement de la prospérité met beaucoup d’emphase sur le pouvoir des mots, dans la lignée de la pensée positive. C’est souvent ainsi que sera comprise la foi.

Joël Osteen en donne un des exemples le plus explicite, dans sa prédication intitulée « The Power of I Am » (source). Il y affirme que les paroles « qui suivent ces deux simples mots [je suis] vont déterminer le type de vie que vous allez vivre ». Selon lui, « les ‘je suis’ qui sortent de votre bouche apporteront soit le succès, soit l’échec ». En somme, ce que vous déclarez sur vous-même va réellement se passer dans votre vie, que ça soit en déclarant « je suis talentueux », « je suis beau », ou en déclarant « je suis maladroit », « je suis vieux ». Vous devez donc simplement déclarer avec foi « je suis béni, fort et en bonne santé », et cela deviendra réalité dans votre vie.

L’exemple de Joël Osteen semble extrême, mais l’on voit cette pensée de la « puissance de la déclaration » répandue un peu partout sur YouTube et Instagram. « Déclare le succès dans ta vie, et il viendra à ta rencontre. » « Déclare ce que tu veux voir s’accomplir, et Dieu le fera. »

Celui qui appelle ce qui n’est pas à l’existence

Ce principe repose sur le présupposé que nous, chrétiens, pouvons « appeler à l’existence ce qui n’est pas ». Mais dans Romains 4.17, souvent cité pour justifier ce point de vue, c’est Dieu qui « appelle ce qui n’existe pas à l’existence ». Alors qu’Abraham était vieux et sans enfant (v.19), Dieu promet de faire de lui le « père d’un grand nombre de nations » (v.17). La situation semblait impossible, et totalement désespérée. Mais Dieu a agi, faisant venir ce qui n’existait pas à l’existence. Paul écrit ici pour souligner la puissance de Dieu, pas celle de l’homme.

Il est vrai qu’il y est question de la foi d’Abraham: « [Abraham] avait la pleine conviction que ce que Dieu promet, il peut aussi l’accomplir » (v.21). Mais nous voyons que cette foi est basée sur ce que Dieu lui a promis. Nous ne pouvons donc pas trouver dans ce verset une justification pour déclarer ce que nous voulons, afin de le voir arriver dans notre vie. De plus, le contexte de Romains 4 nous aide à comprendre que cette foi d’Abraham est mise en avant comme l’exemple de quelqu’un qui a été déclaré juste, sur la base de la foi seulement. Ce verset n’a donc rien à voir avec notre santé, notre succès et notre prospérité. Il a tout à voir avec Dieu, son salut et ses promesses dans la vie d’Abraham.

Comme le souligne très justement cet ouvrage collectif du CNEF:

Parler de la « puissance créatrice de la parole » à propos de notre parole, c’est– malgré la sonorité biblique de la formule– attribuer à la créature ce qui appartient au seul Créateur… une forme moderne d’idolâtrie (Rm 1:25)! Imaginer que, par définition, la puissance de Dieu est déclenchée par notre parole de foi, c’est instrumentaliser le Seigneur, tentation que Jésus, tout Fils qu’il était, a démasquée et refusée (Mt 4.1-7).

Collectif. La Théologie de la prospérité. Les textes du CNEF. Marpent: BLF Europe, 2012. (p. 9-10) – MA Stéphane Kapitaniuk

La foi se confie dans les promesses de Dieu

Qu’est-ce donc que la foi biblique? Hébreux 11.1 nous enseigne: « Or la foi, c’est la ferme assurance des choses qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas. »

Quand il est question ici de « choses qu’on espère », il ne s’agit pas d’espérer le plus fort possible que quelque chose ait lieu, et si l’on a assez de foi, alors on le verra s’accomplir. Ces choses que l’on espère, ces choses que l’on ne voit pas, et pour lesquelles on a une ferme assurance qu’elles vont arriver, ce sont les promesses de Dieu. C’est tout le but de Hébreux 11 de nous montrer cela! Tous ces « héros de la foi » sont des êtres humains qui ont eu confiance dans ce que Dieu leur avait promis, même s’ils ne l’ont pas vu accompli de leur vivant.

La foi biblique n’est pas une puissance de déclarer ce que notre cœur désire, mais une confiance dans ce que Dieu a promis d’accomplir. Nous ne sommes pas appelés à « déclarer » ce que l’ont veut, mais à nous confier en Dieu. Se confier humblement et fermement dans ce que Dieu a promis: voilà la vraie foi, qui honore Dieu.

Notre foi n’est pas puissante en elle-même

Kenneth Copeland, prédicateur de la prospérité, écrit: « La foi est une force spirituelle, une énergie spirituelle, une puissance spirituelle. C’est cette force de la foi qui fait fonctionner les lois du monde de l’esprit » (The Laws of Prosperity, merci à GB pour la citation)

Dans la théologie de la prospérité, la foi devient une force, une puissance en elle-même. Alors que dans la perspective biblique, ce qui est la force et la puissance, ce n’est pas la foi elle-même, mais ce en quoi nous plaçons notre foi. Une foi « forte » placée au mauvais endroit ne sert à rien. Ce qui compte ultimement ce n’est pas l’intensité de la foi mais ce en quoi on place notre foi: la parole de Dieu, et les promesses de Dieu.

Nous en avons un bon exemple en Marc 9, lorsque le père d’un enfant possédé l’amène à Jésus pour être guéri. Alors que Jésus l’appelle à avoir foi en lui (v.23), le père de l’enfant déclare en larmes: « Je crois, Seigneur, viens au secours de mon incrédulité! » (Marc 9.24) Ce père n’a pas prononcé avec arrogance « je déclare la santé sur mon garçon », ou autre affirmation de ce genre. Plutôt, il a reconnu humblement la faiblesse de sa foi, tout en confessant la puissance du Seigneur souverain. La foi véritable est celle qui est placée au bon endroit.

Vivons avec foi

Bien sûr que nous sommes appelés à prier avec foi, et à vivre avec foi. Mais nous devons nous assurer: 1) de bien comprendre ce que signifie la foi; 2) de placer notre foi au bon endroit, dans ce que Dieu a réellement promis dans sa parole, et non pas dans les désirs égoïstes de nos cœurs. C’est une leçon que nous avons tous besoin d’apprendre, chaque jour…

Je termine en citant à nouveau l’ouvrage collectif du CNEF:

« La foi n’a de sens et d’efficacité que lorsqu’elle nous met au diapason avec Dieu. Là où cette harmonie existe, la foi peut se déployer, ferme et assurée, conquérante et victorieuse, en restant cependant toujours ouverte à la liberté de Dieu quant à la façon dont il honorera ses promesses envers nous. Tout exaucement n’est que pure grâce. »

Collectif. La Théologie de la prospérité. Les textes du CNEF. Marpent: BLF Europe, 2012. (p. 9-10)

Rendez-vous jeudi prochain sur mon blog pour un nouvel article (abonnez-vous par mail ci-dessous). En attendant, voici quelques ressources sur le sujet:

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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