Dieu, la science et sa création (Genèse 1 & 2)

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Les deux premiers chapitres de la Bible ont suscité de nombreux débats depuis deux siècles. La question est de savoir comment harmoniser le texte de Genèse 1 et 2 avec les théories scientifiques. Cette question est réelle et mérite d’être discutée (d’ailleurs, je le ferai brièvement en fin d’article), mais je déplore le fait qu’elle occulte d’autres aspects importants de ces deux chapitres. Voici donc neuf points de réflexion qui me semblent importants.

Dieu se présente

Le premier constat, qu’on oublie parfois tant on a l’impression de connaître le texte, est que Dieu se présente. Dieu est l’auteur du livre de la Genèse et il commence avec les mots "au commencement Dieu". À aucun moment Dieu ne cherche à justifier son existence, il souhaite se présenter à nous, il établit une relation, il se révèle. Nous allons voir qu’il le fait en agissant dans la création, ce qui nous permet de savoir qui il est. Je vous invite à découvrir cinq aspects de Dieu visibles en Genèse 1 et 2.

Dieu est un Dieu créateur

Ce qui saute d’emblée aux yeux est le fait que Dieu soit créateur. Il crée à partir de rien. Il crée par sa parole. Cela nous renseigne sur sa puissance et sa gloire. De plus, l’acte créateur engendre un lien entre Dieu et la création. Celle-ci n’aurait pas existé sans l’action de Dieu. Ainsi, la création (nous en particulier) est redevable à Dieu du fait de son existence même. Nous ne pourrons jamais être autonomes, car nous sommes des créatures.

Dieu est un Dieu d’ordre

Durant les trois premiers jours de sa création, Dieu commence par mettre de l’ordre. Il crée des catégories (le jour et la nuit, le ciel et la surface de la planète, la terre et la mer). Cet aspect de Dieu reviendra dans toute la Bible. Il est un Dieu d’ordre. On pourrait dire qu’il est l’opposé du chaos.

Dieu est un Dieu d’abondance

Durant les trois jours suivants, Dieu remplit les espaces qu’il a ordonnés. Il remplit le jour et la nuit par des astres. Il remplit le ciel et l’eau par des animaux volants et les animaux marins. Il remplit la terre par les animaux terrestres et par l’être humain. Dieu montre qu’il est un Dieu d’abondance. Il n’a pas créé qu’une seule plante, qu’un seul animal ou qu’un seul astre, mais des multitudes. Il crée un univers vaste, plein de nombreuses et merveilleuses formes et couleurs. Dieu montre sa créativité. On le voit aussi lorsque Dieu plante le jardin en Éden, il ne place pas seulement deux arbres (l’arbre de vie et celui de la connaissance du bien et du mal), il en plante de toutes sortes et en grande quantité.

Dieu est un Dieu bon

Le refrain revient tout au long du processus créateur: il vit que c’était bon. La création révèle la nature du créateur. Ce monde bon nous renseigne sur l'essence de Dieu. Il est bon. Dieu aurait pu ne pas être bon. Cela aurait été une très mauvaise nouvelle pour nous, car nous aurions été dépendants d’un dieu mauvais. Mais Genèse 1 et 2 contiennent cette merveilleuse nouvelle: Dieu est bon, il promeut le bien. C’est aussi visible en Genèse 2 lorsque Dieu constate qu’il n’est pas bon que l’homme soit seul. Ce constat provoquera la création d’une épouse pour Adam.

Dieu est un Dieu de relations

Finalement, on voit que Dieu entre en relation avec l’être humain. Il établit une relation personnelle (c’est-à-dire de personne à personne). Dieu a d’abord parlé pour créer, ensuite, il a parlé pour communiquer. Mais ce n’est pas tout, il va mettre en place un cadre relationnel avec l’être humain en lui donnant une vocation, une bénédiction et une loi. La vocation consiste en deux choses: se multiplier et dominer. Les deux vont dans le même sens d’ailleurs, car c’est en se multipliant que l’être humain pourra dominer. La bénédiction consiste en un droit de jouir de la création (qui se concrétise en la possibilité de manger les végétaux).

La loi consiste en un commandement: ne pas manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. On a beaucoup écrit sur le sens de ce fruit. Je crois qu’en un sens, le fruit est ce qui rend possible l’adoration du créateur. Car c’est en acceptant la domination du créateur qu’Adam et Ève seront amenés à obéir au commandement et à prendre leur place de créatures. C’est précisément ce qui est grave lorsqu’ils mangent le fruit défendu: ils refusent d’adorer le créateur et préfèrent adorer la créature. Dieu établit donc un cadre pour que puisse se développer cette relation d’adoration entre le créateur et la créature.

Genèse 1 et 2 ont ainsi beaucoup à dire au sujet de Dieu. Mais ces deux chapitres ont aussi beaucoup à dire à propos de l’être humain, puisque l’être humain est l’objet privilégié de la relation que Dieu veut mettre en place. Voyons trois choses que nous apprenons sur l’être humain dans ces chapitres.

L’être humain est une créature

Puisque Dieu est créateur, cela signifie que l’être humain est créature. Du fait de notre existence, nous sommes dépendants de la volonté de Dieu de nous créer. Cela signifie que nous devons tout à notre créateur (de plus, nous devons tout à Dieu pour la rédemption, mais limitons-nous ici à la création). Cette considération redéfinit la notion de liberté. La liberté ne consiste pas à être son propre maître, car c’est impossible. Nous ne pourrons jamais être totalement autonomes, puisque nous avons un créateur. Nous ne pouvons qu’être soumis ou rebelles au créateur. La liberté, c’est de se soumettre à Dieu, parce que sans cela, nous sommes en guerre contre le créateur.

Ici, j’aimerais faire un aparté: depuis deux siècles, le fait que l’être humain soit une créature est de plus en plus rejetée (en tout cas en occident). Aujourd’hui, même les chrétiens ont tendance à penser que c’est une question secondaire. Je crois qu’en réalité, rejeter cette réalité manifeste une opposition sérieuse à Dieu, car notre statut de créature est un lien profond avec notre créateur. Vouloir s’en affranchir révèle une dureté de cœur importante.

L’être humain est un lieutenant

En ce qui concerne l’être humain, il y a un détail important à noter: il est créé à l’image de Dieu. Cela signifie que Dieu a placé son image en Adam et Ève. Autrement dit, le rôle d’Adam et d’Ève était de se multiplier pour couvrir la terre de l’image de Dieu. Ils devaient refléter la gloire de Dieu auprès de toute la création. De plus, Dieu leur donne l’ordre de dominer. Cet ordre deviendra une réalité tangible lorsque Adam aura pour mission de nommer les animaux. L’être humain est donc un lieutenant de Dieu. Lieutenant signifie "celui qui tient lieu de…". Les êtres humains devaient tenir lieu de Dieu dans la création. Cette réalité a plusieurs effets.

  1. Cela fonde une distinction nette entre l’humanité et le reste du monde animal.
  2. Cela établit la responsabilité de l’homme: prendre soin de la création en tant que créature déléguée à cette tâche. D’ailleurs, Adam sera jardinier de métier.
  3. Cela définit le rôle d’adorateur de l’Homme. Étant donné qu’il est l’image de Dieu, l’être humain est soumis à ce Dieu et le reflète comme adorateur. Quatrièmement, cela affirme la dignité humaine. L’être humain a toujours de la valeur, car il est image de Dieu. Cette valeur ne se trouve pas en lui-même, mais en celui qu’il reflète.

L’être humain est homme et femme

L’être humain existait avant la Chute, comme homme et femme. La distinction des genres est une réalité créationnelle. De plus, la complémentarité de rôle entre homme et femme est gravée dès la création de l’humanité. Il existe un lien profond entre homme et femme dès l’origine qui est visible dans le processus de création d’Ève (prise d’une côte d’Adam). Genèse 2 fonde le mariage comme cadre dans lequel pourra être vécue la vocation humaine de se multiplier et de dominer.

Et la science dans tout ça?

J’ai écrit en introduction que le désir d’harmoniser Genèse 1 et 2 avec les théories scientifiques occultait d’autres aspects du texte. J’ai donc abordé quelques-uns de ces aspects. Mais je termine tout de même en évoquant brièvement la question de l’harmonisation avec les théories scientifiques. Il existe classiquement trois réponses que les chrétiens ont apportées à cette question. La première s’appelle "l’évolutionnisme théiste". Cette hypothèse estime que le récit de Genèse 1 et 2 n’est pas historique, mais symbolique. Elle émet l’idée que Dieu a tout créé, mais qu’il a créé au travers du processus de l’évolution. La deuxième s’appelle "le concordisme". Cette option essaie de faire concorder les phases de création admises par les théories scientifiques avec les jours de Genèse 1. Cette théorie estime que le mot "jour" n’est pas à prendre au sens littéral, mais qu’il s’agit plutôt de longues périodes. La troisième s’appelle "le créationnisme littéral". Cette hypothèse part du principe que le récit de Genèse 1 et 2 est historique.

Personnellement, je suis un créationniste littéral décomplexé. J’entends par là qu’il ne s’agit pas pour moi d’un sujet de division. Il se peut très bien que, lorsque je poserai la question à Dieu face à face, il me réponde que j’avais tort. Je suis loin d’être un expert des questions scientifiques, mais je crois que l’hypothèse du créationnisme littéral est la plus vraisemblable à cause de trois raisons:

  1. À cause du genre littéraire du livre de la Genèse. La Genèse est essentiellement un récit narratif historique. Il semblerait étonnant que les deux premiers chapitres soient symboliques et que la suite soit historique.
  2. À cause de la révélation. Dieu nous a offert un récit créationnel en Genèse 1 et 2. Les théories scientifiques actuelles nous propose un autre récit. Lequel a le plus de chances d’être vrai? Si Dieu est bien à l’origine de la révélation, il semble logique de préférer l’option biblique plutôt que d’essayer de l’harmoniser avec les théories scientifiques.
  3. En raison de la méthode scientifique qui consiste en quatre étapes: l’observation d’un phénomène, sa modélisation, la prédiction et la reproduction du phénomène en vue, si nécessaire, d’adapter le modèle (méthode qui s’affinera à chaque passage). La méthode scientifique est généralement bonne, mais peine à être crédible quand il s’agit du passé lointain, car l’observation est impossible. On part du principe que les phénomènes ont suivi un cours constant depuis des millions d’années, mais en réalité, il n’est pas possible de le vérifier. Je ne suis en rien opposé à la recherche scientifique (bien au contraire en réalité), mais je crois que la méthode scientifique a ses limites. Une de ces limites est le passage du temps, elle a du mal à comprendre le passé lointain et à anticiper l’avenir.

Vous avez le droit d’avoir un autre point de vue sur cette question tout en étant un chrétien authentique (un bien meilleur chrétien que moi probablement). Seulement, au lieu de nous concentrer uniquement sur cette dernière question, je crois que nous ferions bien de nous souvenir aussi des neuf réflexions qui l’ont précédée et qui sont fondamentales pour tout chrétien.


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Jonathan Meyer

Jonathan Meyer est pasteur à l’Église de l’Action Biblique de la Servette à Genève. Il est marié et père de 4 enfants. Passionné par la lecture de la Parole, Jonathan a créé un plan de lecture de la Bible en 3 ans à suivre avec son Église locale.

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