Kevin DeYoung, pasteur aux États-Unis, a récemment publié, Croire DIEU sur PAROLE, une introduction à la Bible qui s’avérera utile tant aux chrétiens qu’aux non-chrétiens. Son précédent livre, Vie de fou, a été primé, et je pense que Croire DIEU sur PAROLE sera un document ressource dans toutes les conversations à venir concernant l’autorité de la Bible. Mon équipe et moi avons eu l’occasion de lui poser quelques questions à propos de l’ouvrage. Vous trouverez ci-dessous le résultat de notre entrevue.
Vous expliquez que le Psaume 119 décrit comment nous devrions nous sentir vis-à-vis de la Parole de Dieu: en faisant d’elle nos délices et en la désirant toujours plus. Comment cela se manifeste-t-il de manière pratique dans notre quotidien?
Kevin DeYoung: De prime abord, il existe un élément affectif. Nous devrions être enthousiastes à l’idée d’étudier le texte. Nous devrions aspirer à de bonnes prédications. Nous devrions aimer chanter la Bible et l’enfouir dans notre cœur. Le moyen le plus sûr de mesurer le plaisir et le désir que nous procure la Parole consiste à regarder ce que nous faisons réellement avec elle. La lisons-nous régulièrement? Acceptons-nous avec joie ses réprimandes et ses instructions? Sommes-nous blessés lorsque la Bible est négligée, voire outragée, par les autres et par nous-mêmes? Peut-on dire avec le Psalmiste qu’il est bon d’être affligé, afin que nous apprenions les statuts de Dieu?
Le deuxième chapitre de votre livre commence par le témoignage d’un homme qui prétend avoir entendu de manière audible la voix de Dieu. Vous faites valoir que par la Bible, Dieu nous parle personnellement. En pratique, comment un chrétien peut-il recevoir la Parole de Dieu de manière personnelle, sans la tordre pour en faire une sorte d’horoscope ou un livre de développement personnel?
La Bible devrait être vécue de manière personnelle. C’est la parole vivante et efficace de Dieu (Hé 4.12). L’auteur de l’épître aux Hébreux cite l’Ancien Testament par ces termes: « selon ce que dit le Saint-Esprit » (Hé 3.7). Dieu parle encore aujourd’hui par les mots qu’il a inspirés. En pratique, il y a un certain nombre de choses que nous pouvons faire pour vivre la Bible de manière personnelle : prier les Écritures (en utilisant le moyen mnémotechnique: « réjouissance, repentance, requête »), lire les Psaumes, chercher les promesses et les mettre à la première personne du singulier. Mais bien sûr, avant de nous dire que la Bible nous parle, nous devons comprendre ce que les auteurs originaux avaient l’intention de dire et ce que le texte signifiait pour les premiers destinataires.
Vous soulignez l’importance du petit mot « est » dans la phrase « la Bible est la Parole de Dieu. » Pourquoi ?
Concernant la doctrine de l’Écriture, les déviances sont subtiles, mais significatives. Certains chrétiens sont heureux d’affirmer que la Bible contient la Parole de Dieu ou devient la Parole de Dieu. Ils parleront volontiers de l’autorité de l’Écriture. Mais l’inspiration ne réside alors pas tant dans le texte que dans l’Esprit qui parle à travers le texte. Cela rend l’autorité subjective au lieu d’être objective. La Bible n’est du coup plus la Parole de Dieu. Karl Barth et les théologiens de la nouvelle orthodoxie ont vanté l’importance de la Bible, mais ils n’ont pas suivi la vision traditionnelle réformée de l’inspiration et de l’autorité des Écritures. Il est fréquent de trouver aujourd’hui des chrétiens évangéliques qui suivent la même (mauvaise) voie.
Vous écrivez que l’un des principaux facteurs de différences de point de vue dans le domaine théologique dépend de l’endroit où l’on place l’autorité ultime: la Bible, l’Église, notre propre opinion ou autre chose. De quelle manière voyez-vous concrètement cela dans notre société occidentale aujourd’hui?
Dans l’Église, la question de l’autorité ultime est ce qui divise catholiques, libéraux et évangéliques. Qui ou quoi a le dernier mot? Est-ce le magistère (la Bible et la Tradition), notre expérience personnelle ou l’Écriture seule? Dans notre culture au sens large, nous voyons, sans surprise, qu’un grand nombre de nos différences ramènent à cette question de l’autorité ultime. Nous donnons tous le dernier mot à une personne ou à une institution (la science, nos parents, nos impressions, notre expérience, notre gouvernement, l’examen par les pairs, etc.). La tâche qui incombe à l’Église est d’être inlassablement biblique, et ce de manière attrayante. Nous ne pouvons pas nous contenter de slogans. Nous devons ouvrir notre Bible et examiner attentivement chaque chapitre et chaque verset. Si nous voulons que le monde trouve la vérité, cela commence par le fait d’être toujours plus comme les chrétiens de Bérée.
Comment se protéger de la « bibliolâtrie », du fait de faire de la Bible un dieu, tout en continuant de tenir en haute estime la Parole? Est-ce une préoccupation? Si oui, pourquoi?
Franchement, ce n’est pas un grand sujet de préoccupation. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui vénère plus la Bible que Jésus l’a fait. Bien sûr, on peut approcher l’Écriture sans amour, sans humilité et sans autre chose que le désir de nous sentir grands et puissants. Mais ce n’est pas de la bibliolâtrie. C’est plutôt le signe de notre vieil orgueil.
En une phrase, quel est l’intérêt pour un lecteur de Croire DIEU sur PAROLE?
Dieu a écrit la Bible. Si Dieu est tout à fait juste et totalement sans erreur, je peux avoir confiance que tout ce qu’enseigne l’Écriture est vrai, beau et pour mon bien.
Ed Stetzer, l’auteur de l’interview, est rédacteur du journal Christianity Today. Il est l’un des directeurs du Billy Graham Center for Evangelism. Il a implanté, revitalisé et dirigé plusieurs Églises, a formé des pasteurs et des implanteurs sur six continents, possède deux doctorats et a rédigé plusieurs ouvrages. Article traduit avec autorisation. Merci à David Steinmetz pour la traduction.
webinaire
La Bible est-elle sans erreur?
Ce replay du webinaire de Florent Varak a été enregistré le 11 juin 2019.
Orateurs
F. Varak