La clé se trouve dans son contexte Une grande confusion existe autour de la signification de l’expression "le blasphème contre le Saint-Esprit". De nombreux chrétiens sincères craignent d’avoir commis ce péché impardonnable. Un regard plus attentif aux paroles de Jésus, dans leur contexte, nous aidera à comprendre ce que notre Seigneur voulait dire.
En Marc 2, nous découvrons une tension croissante entre Christ et ses adversaires. Le refus de Jésus de se plier aux règles humaines des Pharisiens, notamment en guérissant le jour du sabbat, ne fait qu’accroître cette tension. À la suite d’un tel incident, Marc nous dit: « Les pharisiens sortirent, et aussitôt, ils se consultèrent avec les Hérodiens sur les moyens de le faire périr. » (Mc 3.6).
L’unité littéraire qui suit offre quatre scènes montrant quatre groupes de personnes qui viennent à Jésus, chacun se basant sur sa propre compréhension de l’identité de Jésus.
Dans la première, la multitude vient à Jésus dans l’espoir d’un miracle, car elle le voit avant tout comme un guérisseur (v. 7-12). Jésus est-il un guérisseur? Il l’est, mais il est bien plus encore. Leur compréhension de Jésus est incomplète, limitée.
Dans la deuxième scène, Jésus appelle à lui les douze disciples, qui le rejoignent parce que Jésus veut qu’ils « soient avec lui » (v. 14). Ces hommes accompagneront Jésus jour et nuit pendant environ trois ans, apprenant de lui tout en prêchant et en chassant les démons (v. 15). Pour eux, Jésus est rabbin, maître, seigneur. Et même si leur compréhension de Jésus reste incomplète, ils viennent à lui parce qu’ils ne peuvent pas résister à une telle invitation.
La troisième scène commence alors que la famille de Jésus vient se saisir de lui parce qu’elle le pense fou (v. 21). Pour eux, c’est un fanatique, peut-être un zélote et une source d’embarras. Eux aussi méconnaissent l’identité de Jésus.
Marc interrompt son récit de l’interaction entre Jésus, sa mère et ses frères pour nous parler du quatrième groupe de personnes qui vient à Jésus: les scribes (v. 22-30). Ils viennent pour une seule raison: l’accuser. Ayant été témoins oculaires de son pouvoir de guérison, ils ne peuvent nier la réalité de ses miracles et optent donc pour la seule explication qui s’offre à eux. Ne voulant pas se soumettre à son autorité, ils concluent que Jésus est un faux enseignant qui chasse les démons par le prince des démons (v. 22).
Il leur répond par deux paraboles:
Comment Satan peut-il chasser Satan? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister; et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut subsister. Si donc Satan se révolte contre lui-même, il est divisé, et il ne peut subsister, mais c’en est fait de lui.
v. 23-26
La logique de Jésus est très simple. Nous savons bien que dans l’histoire de l’humanité, les nations qui n’ont pas subsisté ont souvent été marquées par des divisions internes qui les ont menées à la destruction.
Mais les scribes s’accrochent désespérément à n’importe quoi avec cette accusation, et Jésus démontre combien c’est illogique. Jésus n’est pas lié à Satan. Au contraire, notre Seigneur triomphe sur les forces du malin tout au long de son ministère!
Pour illustrer encore ce point, Jésus emploie une deuxième image:
Personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, sans avoir auparavant lié cet homme fort; alors il pillera sa maison.
v. 27
L’homme fort est Satan. La maison est ce monde déchu. Les biens qu’on vient piller sont les âmes des hommes sous la domination du diable. Et qui est celui qui entre dans la maison de l’homme fort? C’est Jésus! Voici son identité! Jésus est celui qui est plus puissant que l’homme fort! Il est celui qui porte secours! Celui qui vient, non pas pour opérer les œuvres du diable, mais pour les détruire (1 Jn 3.8). Il vient pour libérer ceux qui souffrent sous le joug de l’esclavage du malin. Oui, Satan est fort, mais Jésus est plus fort. Oui, Satan est puissant, mais Jésus est le Tout-Puissant!
C’est dans ce contexte que Jésus prononce son célèbre avertissement quant au blasphème contre le Saint-Esprit.
Jésus ouvre ce fameux passage d’avertissement par ces mots: « En vérité, je vous le dis. » Quand Jésus dit ceci, il nous faut bien prêter attention. Dans la langue originale, c’est littéralement « Amen, je vous le dis », et ce n’est que Jésus qui emploie cette expression, car il parle avec autorité divine. Il continue:
Tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les blasphèmes qu’ils auront proférés; mais quiconque blasphémera contre le Saint-Esprit n’obtiendra jamais de pardon: il est coupable d’un péché éternel. Jésus parla ainsi parce qu’ils disaient: Il est possédé d’un esprit impur.
v. 28-30
Qu’est exactement le blasphème contre le Saint-Esprit? Selon les commentateurs, le blasphème contre le Saint-Esprit peut être:
Le pasteur jeunesse qui m’a conduit au Seigneur a raconté un jour que pendant ses études universitaires, sa fiancée l’a laissé pour son meilleur ami. Il a eu une telle crise de foi qu’il s’est mis en colère contre Dieu et lui a même dit: « Dégage! Je ne te veux plus dans ma vie! » Pendant des années, il a craint d’avoir commis le blasphème contre le Saint-Esprit. Après cette crise, il est revenu au Seigneur, et voulait de tout cœur le servir. Mais il était angoissé par la pensée erronée d’avoir commis le péché impardonnable. Maintenant que nous avons regardé ces paroles de Jésus dans leur contexte, est-ce que vous pensez que mon pasteur a commis le blasphème contre le Saint-Esprit? Absolument pas! Avec le temps et la maturité, mon pasteur a bien compris cela. Il a pu servir le Seigneur dans la liberté et la joie, et continue d’avoir un ministère fructueux.
Si jamais vous avez ressenti la même crainte que mon ancien pasteur, sachez ceci: ceux qui se remettent en question par rapport à la possibilité d’avoir commis un tel péché sont les moins susceptibles de l’avoir fait. Sachez aussi que l’œuvre de Jésus sur la croix est suffisante pour pardonner tous vos péchés. Il n’est pas venu pour nous sauver de « petits péchés mignons » comme certains le disent. Il est venu pour nous sauver de tous les péchés, petits et grands. Sa grâce surpasse nos pires péchés. Gloire à Dieu!
Après cette forte réprimande des scribes, Marc revient au récit des membres de la famille de Jésus qui le cherchent (v. 31-35). Quelqu’un informe Jésus de leur arrivée, et Jésus répond par ces mots surprenants:
Et il répondit: Qui est ma mère, et qui sont mes frères? Puis, jetant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui: Voici, dit-il, ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère.
v. 33-35
Voici le contraste entre la famille physique et la famille spirituelle de Jésus, c’est-à-dire, ses disciples: sa famille physique reste dehors; ses disciples sont assis tout autour de lui. Sa famille, donc, est exclue de la communion personnelle avec Jésus; ses disciples sont en communion intime avec lui. Sa famille veut l’arrêter; ses disciples veulent être assis avec lui et l’écouter. Sa famille vient pour faire sa propre volonté; ses disciples viennent pour faire la volonté de Jésus.
Donc, si nous plaçons notre confiance en Jésus et faisons sa volonté, nous aussi, nous sommes ses frères, ses sœurs et sa mère. Voici l’identité de Christ: Il est notre frère!
En tant que croyants, comprendre le contexte dans lequel Jésus a lancé l’avertissement quant au péché impardonnable est essentiel pour l’appliquer à nous-même. Ces quatre scènes, qui forment une seule unité, nous invitent à prendre position. La foule, les disciples, les scribes et la famille de Jésus viennent tous vers lui. Chaque groupe a ses motivations. Et nous? Comment viendrons-nous à Jésus? Viendrons-nous comme la foule, par intérêt personnel? Ou bien comme les scribes, pour l’accuser? Ou encore comme ses parents, pour le juger? Ou viendrons-nous à Jésus comme ses disciples, pour faire sa volonté et être avec lui?
Voici l’invitation que Marc nous lance:
Viens à Jésus pour faire sa volonté, et il sera toujours avec toi.