Voici notre échange et ses conseils précieux.
Quel honneur d’avoir Dominique Angers sur mon blog aujourd’hui! Il m’a accordé quelques minutes en plein lancement de son nouveau livre Parle-moi maintenant par Éphésiens. J’ai pu lui poser mes questions pour apprendre comment prêcher Éphésiens, une épître qu’il aime tout particulièrement et qu’il étudie depuis plus de 15 ans.
Dominique Angers: Je suis marié à Laura, et nous avons trois garçons (deux ados et un pré-ado). Originaire du Québec, j’ai d’abord étudié en enseignement de l’anglais à l’Université McGill à Montréal (linguistique, littérature et pédagogie), avant de faire deux masters en théologie à la Trinity International University (près de Chicago), et mon doctorat en Nouveau Testament à l’Université de Strasbourg.
J’ai été pasteur cinq ans en Alsace (je rédigeais ma thèse en parallèle), puis prof à l’Institut Biblique de Genève pendant huit ans. Depuis 2016, j’enseigne à la Faculté de Théologie Évangélique (Montréal), où je sers également comme doyen depuis 2020.
Photo de la famille Angers, juin 2021
Bizarrement, et malgré mon amour intense pour cette épître, je n’ai jamais prêché l’ensemble du livre dans une Église! Néanmoins, j’ai apporté plusieurs sermons sur Éphésiens quand j’étais pasteur, et je continue de le faire quand j’interviens dans mon Église locale ou dans d’autres Églises.
Cela dit, j’ai entamé mon podcast « Parle-moi maintenant » avec une série de 20 épisodes sur Éphésiens. Comme je propose chaque fois un « message central », un découpage du texte avec des points principaux, et des pistes d’application, on est assez proche d’une série de sermons. Pour transformer les épisodes du podcast en prédications, j’y ajouterais des illustrations, et je développerais beaucoup plus les applications. Mais pour l’explication du texte, je ne changerais pas grand-chose.
Ce que j’aime quand je prêche un texte d’Éphésiens dans une Église, c’est que j’ai l’impression d’aborder des sujets connus (le salut, la vie chrétienne, la méditation biblique, la prière) mais sous des angles assez différents de ce à quoi on a l’habitude. En effet, Paul traite de sujets riches qu’il ne développe pas autant ailleurs (la réconciliation future de l’univers, la nouvelle création, le combat spirituel, et ainsi de suite).
À mon avis (je suis en cela plusieurs exégètes reconnus), Paul le donne lui-même en Éphésiens 1.10: bientôt, Dieu réunira harmonieusement, en Christ, tout ce qui est au ciel et tout ce qui est sur la terre. C’est pour cela que le thème de l’unité ressort autant de cette épître: puisque l’histoire progresse vers la réconciliation cosmique, vivons déjà l’unité autour de Christ, en particulier dans l’Église!
Je conseille de consacrer au moins un sermon par péricope de l’épître.
Dans une Église, je referais le même découpage que dans mon podcast « Parle-moi maintenant » sur Éphésiens, tel qu’il apparaît dans ce « plan interactif » de la lettre.
Ce qui me frappe le plus, c’est le regard de Dieu sur l’Église. Nous sommes portés à nous focaliser sur les imperfections de notre Église locale, mais quand on considère « l’Église céleste » (l’Église déjà réunie et assise avec Christ dans le monde céleste), cela nous motive à retrousser nos manches et à œuvrer pour le maintien de l’unité et la croissance spirituelle du corps.
À différentes occasions, j’ai aussi vu Dieu utiliser les prières de Paul (Éphésiens 1.15-23 et 3.14-21) pour nous « recentrer » sur l’essentiel et nous encourager à pratiquer davantage la méditation biblique et la prière.
Bien sûr, comme tout livre biblique, il y a certains défis. Mais je ne perçois pas de difficulté majeure d’interprétation, et c’est la raison pour laquelle je recommande souvent aux jeunes prédicateurs de commencer par des textes d’Éphésiens.
Un petit point de vigilance peut-être: quand on prêche les textes plus pratiques de la seconde moitié de l’épître, prenons soins de les relier aux grandes doctrines exposées dans les chapitres 1 à 3! Mais Paul nous aide souvent à faire cela, car il renvoie lui-même constamment à la doctrine. Ainsi, les passages pratiques (chapitres 4 à 6) ne sont pas uniquement des applications, mais ils contiennent des perles de grand prix au plan doctrinal!
Comme certains thèmes reviennent, on doit se garder de tout dire la première fois qu’ils apparaissent ! Par exemple, quand on prêche la première prière de Paul (Éphésiens 1.15-23), n’oublions pas qu’on aura l’occasion d’ajouter des éléments pratiques sur la prière autour d’Éphésiens 3.14-21.
Comme l’épître est composée de deux grandes parties, l’une plus doctrinale (chapitres 1-3) et l’autre plus pratique (chapitres 4-6), je conseillerais de consacrer au moins quelques sermons à chacune de ces parties. Mais encore une fois, quand c’est possible, c’est le genre d’épître qu’il vaut le peine de prêcher en entier tant ses implications pratiques sont nombreuses dans la vie d’une Église.
J’ai écrit un petit billet sur cette question ici.
Quand vous prêchez Éphésiens, donnez-vous suffisamment de temps de méditation. N’enseignez pas un dimanche matin un passage « découvert » (en profondeur) le vendredi précédent. La lettre aux Éphésiens mérite qu’on y consacre de longues heures de méditation, alors prévoyez votre série bien à l’avance. Ainsi, vos auditeurs « sentiront » que vous avez laissé Dieu faire son œuvre en vous à travers sa Parole, et cela aura un impact spirituel important sur eux.
Merci beaucoup Dominique d’avoir joué le jeu de l’interview. Je rappelle aux lecteurs que ton nouveau commentaire Parle-moi maintenant par Éphésiens est disponible ici.
Voici mes autres interviews pour apprendre à mieux prêcher des livres de la Bible:
webinaire
Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?
Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.
Orateurs
D. Angers