Le Masai Mara. Le grand canyon. La grande barrière de corail. Selon un show américain datant de quelques années, voilà trois endroits à voir absolument avant de mourir. En réalité, ces trois lieux font partie d’une liste de 50 lieux. Le show de la BBC "50 lieux à voir absolument avant de mourir" a été une émission très populaire.
Depuis, des livres portant ce même titre sont devenus des bestsellers.
En fait, il semble que cette émission ait engendré un tout nouveau genre. En plus des choses à voir avant de mourir, il y a une foule d’autres choses à ajouter à notre liste. « 100 choses à faire avant de mourir », une liste qui inclut « se faire tatouer et traire une vache ». « 100 choses à manger avant de mourir » comme un hot-dog (assez facile de s’en procurer un) et du crocodile (un peu plus difficile).
Cette idée est en pleine croissance. Des douzaines de livres et de sites web nous poussent à réaliser leur liste avec des albums à écouter, des films à voir, des sensations à expérimenter. Et la liste continue.
Le fait que ce genre ait tant de succès révèle quelque chose d’important nous concernant. Cela révèle ce qui est devenu la grande préoccupation de bon nombre d’entre nous. Nous voulons expérimenter le meilleur de ce monde avant qu’il ne soit trop tard. C’est une préoccupation de pays riche: pour ceux d’entre nous qui ne se soucient pas d’avoir un toit au-dessus de leur tête et à manger sur leur table, notre plus grande source d’inquiétude semble être d’arriver à la fin de cette liste pour enfin ressentir que l’on en a eu pour notre argent.
Selon un article du New York Times, l’un des principaux coupables est « la convoitise Instagram ».
Le but du site reposant sur le partage d’images, les gens partagent des images magnifiques – ce repas incroyable, cette scène de vacances, ce moment de mignonnerie avec les enfants. L’effet cumulatif de toutes ces images, c’est que nos vies normales nous semblent tout à coup bien ternes en comparaison. On reste sur le sentiment que la vie de tous les autres est bien plus glamour et agréable que la nôtre.
Tout cela nourrit cette pathologie grandissante… La peur de passer à côté de quelque chose! (#FOMO = fear of missing out). Une anxiété assez significative pour devenir le sujet d’étude de groupe de psychologues à l’université d’Oxford.
Nous sommes toujours plus préoccupés par le fait de ne pas rater ce qu’il y a de mieux, et nous sommes tourmentés que cela puisse arriver.