Pardonner ne signifie pas ignorer ce qui a été fait ou coller une étiquette fausse sur un acte mauvais. Cela signifie plutôt que cet acte mauvais cesse d’être un obstacle aux relations. Le pardon est un catalyseur qui crée l’ambiance nécessaire à un nouveau départ et à un recommencement. C’est l’enlèvement d’un poids ou la remise d’une dette.
Les mots « je vous pardonne mais je n’oublierai jamais ce qui vous avez fait » n’expriment jamais la nature réelle du pardon. Il est certain qu’on oublie jamais si cela veut dire effacer totalement de son esprit. Mais si nous pardonnons nous oublions en ce sens que le mal cesse d’être un obstacle mental empêchant des relations nouvelles.
Jamais non plus nous ne pouvons dire : « je vous pardonne mais je ne veux plus rien avoir à faire avec vous. » Pardonner signifie se réconcilier, se retrouver. Sans cela personne ne peut aimer ses ennemis. Le degré de notre aptitude au pardon détermine le degré de notre aptitude à l’amour pour nos ennemis.
Martin Luther King, La force d’aimer, Casterman, Paris, 1965, p. 64-65
MA : Louis Schweitzer pour la citation tirée de Les Béatitudes ou l’hymne à la joie