Lorsque j’enseigne sur le sujet, je propose un petit jeu à mon auditoire. Je leur demande de contrer rapidement les mots que j’énonce par leur opposé… Au mot "chaud", ils doivent répondre "froid"; quand je dis "gauche", ils s’exclament "droite". Quand ils sont lancés, je prononce "Dieu" et, immanquablement, un certain nombre tombent dans le panneau et s’écrient "Satan"! Erreur amusante qui les prépare à réaliser que Dieu n’a pas d’opposé. Il est distinct de la création et souverainement élevé au-dessus d’elle.
Paul souligne:
En lui [Christ], tout a été créé dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et ce qui est invisible, trônes, souverainetés, principautés, pouvoirs. Tout a été créé par lui et pour lui.
Colossiens 1.16
La vision du monde que nous propose la Bible n’est pas dualiste. Dieu règne en monarque absolu dès avant tous les siècles, maintenant et pour tous les siècles (Ps 145.13).
Dieu est le seul maître et Satan doit quémander son autorisation pour agir (cf. 1R 22, Jb 1-3, cp. 1Ch 21.1 et 27.24). Dieu n’est pas en lutte avec le diable comme les dieux grecs se battaient entre eux. Les démons ne se battent pas non plus entre eux, menaçant par là même l’ordre des humains.
D’une manière mystérieuse à nos yeux, Dieu accomplit son plan sans être gêné par ces esprits déchus. Quand Satan est entré dans Judas (Lc 22.3, Jn 13.27), il a réalisé la pire des trahisons et des injustices. Pensant éliminer le prince de la vie, il n’a fait que se condamner lui-même. Il a accompli les prophéties qui annonçaient sa fin, dont la première est dans Genèse 3.15), et “tout ce que [la] main [de Dieu] et [son] conseil avaient déterminé d’avance” (Ac 4.28). C’est par la mort de Christ qu’il est écrasé (Hé 2.14). La croix, tant désirée par le diable, est le triomphe du Christ sur lui (Col 2.15)!
La confession de foi dite de La Rochelle (1571) souligne admirablement cette autorité de Dieu:
Ainsi, en confessant que rien ne se fait sans la providence de Dieu, nous adorons avec humilité les secrets qui nous sont cachés, sans nous poser de questions qui nous dépassent. Au contraire, nous appliquons à notre usage personnel ce que l’Écriture sainte nous enseigne pour être en repos et en sécurité; car Dieu, à qui toutes choses sont soumises, veille sur nous d’un soin si paternel qu’il ne tombera pas un cheveu de notre tête sans faire sa volonté. Ce faisant, il tient en bride les démons et tous nos ennemis, de sorte qu’ils ne peuvent nous faire le moindre mal sans sa permission.
La victoire du Christ sur le diable est absolue. Par l’Esprit, le Père envoie le Fils s’incarner dans le sein d’une vierge pour reprendre les rênes de l’humanité. Il vient “afin de détruire les œuvres du diable” (1Jn 3.8).
Le diable n’aura de cesse de vouloir le tuer (à sa naissance ou après sa première prédication), de vouloir le corrompre (de sa tentation initiale au déchirement de Gethsémané), ou de vouloir lui éviter la croix (de la fausse intronisation de Jean 6.15 au mauvais conseil de Pierre dans Marc 8.33). Jésus est le Fils parfaitement loyal au Père (Jn 8.46), l’Agneau “sans défaut et sans tache” (1P 1.19).
Pendant son ministère, il a délivré quantité de démoniaques (Mt 8.32; 9.33; 15.28; 17.18, Mc 1.26, 34, Lc 8.2) de différentes manières. Aucune technique n’est discernable. Son autorité ne souffre d’aucune contestation. C’est une démonstration de puissance inégalée que l’on retrouve à chaque confrontation1. Mais là où la victoire est décisive, c’est à la croix. Le diable a conduit les hommes à leur indépendance et à leur mort par leur transgression (Rm 3.23; 5.23).
Le Christ accomplit un sauvetage en payant leurs dettes. En cela, le diable perd tous ses droits sur les humains qui pouvaient jusqu’ici compter comme associés.
Il faut relire avec confiance et adoration ces affirmations:
Il a dépouillé les principautés et les pouvoirs et les a publiquement livrés en spectacle, en triomphant d’eux par la croix.
Colossiens 2.15
Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, lui aussi d’une manière semblable y a participé afin d’écraser par sa mort celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable.
Hébreux 2.14
Comment le dire plus explicitement? Christ est vainqueur – Christus Victor! Ressuscité et élevé dans les cieux, “le prince de ce monde est jugé” (Jn 16.11). Sa session (c’est-à-dire son règne à la droite du Père) ne souffre d’aucune contestation.
Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre.
Matthieu 28.18
Il est assis à la droite du Père, “dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, autorité, puissance, souveraineté, au-dessus de tout nom qui peut se nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. [Dieu] a tout mis sous ses pieds et l’a donné pour chef suprême à l’Église, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous” (Ép 1.20-23, cf. Hé 1.3-4).
Aux Philippiens Paul écrit:
Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
Philippiens 2.9-11
Le Christ est tel que “monté au ciel [il] est à la droite de Dieu” et c’est à lui que “les anges, les pouvoirs et les puissances ont été soumis” (1P 3.22). Même dans les pires moments de l’Histoire, lorsque les bêtes terribles oppriment ou opprimeront le monde, leurs capacités sont toujours présentées comme des permissions temporaires: "il lui fut donné…" (Ap 13.5, 7, 15).
Accepteriez-vous de jouer de nouveau au jeu des opposés?! Nous devons bien comprendre ce que Jacques affirme:
Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien: les démons le croient aussi, et ils tremblent.
Jacques 2.19
La peur a changé de camp.
Avec le Christ, le débarquement a eu lieu. La guerre a été gagnée. C’est le privilège de l’Église de participer à ce grand drame de la rédemption en libérant les captifs, pour le compte du Sauveur.
Les principautés elles-mêmes découvrent en cela “la sagesse de Dieu dans sa grande diversité” (Ép 3.10).
Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir aboli toute principauté, tout pouvoir et toute puissance.
1 Corinthiens 15.24
Si la vision du monde que je viens de présenter est correcte, le combat spirituel est avant tout une question de loyauté entre Satan et le Christ. Ce point sera fondamental quand nous traiterons [dans le livre] du thème de la délivrance.
webinaire
Comment survivre à la dépression spirituelle?
Tu es probablement déjà passé(e) par des phases de découragement spirituel, où tu as l’impression de t’éloigner de Dieu, de perdre la foi ou de faire marche arrière… Il s’agit peut-être d’une dépression spirituelle. Comment la comprendre et l’affronter quand on est chrétien?
Orateurs
P. Denault