Les vocations familiales sont les plus importantes. Dans le monde, nous sommes d’abord des enfants, des frères et sœurs, des époux ou des parents. Notre première responsabilité concerne notre famille.
La famille, c’est la brique avec laquelle est construit l’édifice de la société. Si la brique est fragile ou défectueuse, l’édifice entier menace de s’effondrer. Quand la famille est fragilisée, c’est la société qui est chancelante. Voilà pourquoi le diable s’attaque en premier à la famille. En fragilisant la famille, le diable atteint l’Église et la société.
Dans un récent documentaire, je suis tombé sur cette citation de Betty FRIEDMAN, une féministe qui a écrit The Feminine Mystique.
Chaque ménagère lutte avec cela dans son coin. Alors qu’elle fait les lits, qu’elle fait les courses, qu’elle trie les parures de lit, qu’elle mange des tartines avec ses enfants, qu’elle les emmène à la gym ou au foot, elle s’allonge le soir dans son lit au côté de son mari et a peur de se poser la question: « C’est tout ce qu’il y a? »
Le diable veut nous faire croire que notre quotidien est une prison, dont nous devrions nous échapper pour accéder à une réalisation plus grande. Il veut nous faire croire que nous devrions trouver notre destin ailleurs que dans la famille et dans les responsabilités que Dieu nous confie en tant que parents, enfants, frères ou sœurs.
Dans un monde désenchanté, qui pense que Dieu n’existe pas ou qu’il ne s’intéresse pas à notre quotidien, le quotidien devient vide de sens, monotone et barbant. Il n’y a qu’à regarder les films ou séries de notre temps: la famille "classique" y est présentée comme ennuyeuse, ou pire comme toxique. Dans tous les cas, le modèle biblique est ringardisé.
Maintenant, écoutez ce que Luther dit à propos du père (!) qui change les couches de son enfant. Il commence en imaginant ce que la raison naturelle pourrait dire en considérant sa vocation de père:
Hélas, dois-je bercer le bébé, laver ses couches, faire son lit, sentir sa puanteur, passer des nuits entières avec lui? M’occuper de lui lorsqu'il pleure, soigner ses rougeurs et ses plaies, et en plus m'occuper de ma femme, subvenir à ses besoins, travailler à mon métier, m'occuper de ceci et de cela, faire ceci et cela, endurer ceci et cela, et tout ce que la vie conjugale comporte d'amertume et de corvées? Quoi, devrais-je me faire prisonnier à ce point? Ô pauvre et malheureux, avez-vous pris une femme? Que la misère et l'amertume aillent au diable! Il vaut mieux rester libre et mener une vie paisible et sans soucis; je me ferai prêtre ou religieuse et j'obligerai mes enfants à faire de même.
Luther continue en répondant:
Que répond alors la foi chrétienne? Elle ouvre les yeux, regarde par l'Esprit tous ces devoirs insignifiants, dégoûtants et méprisés, et se rend compte qu'ils sont tous ornés de l'approbation divine comme de l'or et des joyaux les plus précieux. Il dit: “Ô Dieu, puisque je suis certain que tu m'as créé homme et que tu as engendré de mon corps cet enfant, je sais aussi avec certitude qu'il répond à ton parfait plaisir. Je te confesse que je ne suis pas digne de bercer le petit bébé, ni de laver ses couches, ni de me voir confier le soin de l'enfant et de sa mère. Comment se fait-il que, sans aucun mérite, je sois parvenu à cette distinction d'être certain de servir ta créature et ta volonté la plus précieuse? Ô Comme je le ferai volontiers, même si les tâches sont encore plus insignifiantes et méprisées. Ni le gel, ni la chaleur, ni la pénibilité, ni le travail ne m'affligeront ou ne me dissuaderont, car j'ai la certitude que cela est agréable à tes yeux.” L'épouse devrait, elle aussi, considérer ses devoirs sous le même angle, lorsqu'elle allaite l'enfant, le berce, le baigne et prend soin de lui d'autres manières, et lorsqu'elle s'occupe d'autres tâches et qu'elle aide son mari et lui obéit. Ce sont là des œuvres nobles et précieuses.
Luther conclut:
Dieu, avec tous ses anges et toutes ses créatures, sourit, non pas parce que ce père lave des couches, mais parce qu'il le fait dans la foi chrétienne.
Sous le regard de Dieu, un père ou une mère qui s’occupe de son enfant est aussi précieux que l’or ou les joyaux. Dans la présence de Dieu, nos activités, au travail ou à la maison, trouvent leur vrai sens: manifester la présence et la bénédiction de Dieu auprès de ceux à côté desquels il nous a placés.
Dans ma famille, chaque relation est pour moi un appel de Dieu pour bénir ceux qui m’entourent: je suis un enfant et peut-être un frère ou une sœur. Dans le mariage, je suis un mari ou une femme, un père ou une mère.
Dans chacune de ces relations, Dieu m’appelle à faire du bien à l’autre comme il me fait du bien. Dans toutes les circonstances de la vie du foyer, dans les grands comme les petits évènements, Dieu m’appelle à le glorifier en servant les autres.
Voilà comment le monde verra la gloire de Dieu, dans notre quotidien. Voilà notre témoignage à un monde perdu: lui montrer l’éclat et la beauté d’une vie transformée par l’Évangile et d’un foyer qui vit selon les normes de Dieu. Soumis à sa Parole, le foyer chrétien témoigne du royaume de Dieu.
Chaque sacrifice, chaque repas préparé, chaque couche changée, chaque invitation, tout ce qui fait notre quotidien, résonnent dans l’éternité. Notre foyer résonne alors des échos d’Éden et ouvre une fenêtre sur le monde à venir.
webinaire
SOS Parentalité: Comment éduquer à la lumière de l'éternité?
Ce replay du webinaire de Samuel Laurent a été enregistré le 16 juin 2020.
Orateurs
S. Laurent