Le don de la loi engendre une autre conséquence. Lorsque le peuple de Dieu vit sous la loi de Dieu, il n’éprouve pas seulement de la satisfaction. Il montre aussi qui est Dieu à ceux qui ne sont pas son peuple. À travers l’Exode, Dieu fait connaître son nom. Au Sinaï, la nation d’Israël devient le peuple avec lequel Dieu a fait alliance. Elle y reçoit l’appel à continuer à faire connaître son nom aux nations. Dieu entend non seulement se faire connaître à Israël, mais aussi à travers Israël. La loi va encadrer la vie de la nation pour qu’elle fasse connaître le caractère de Dieu. C’est une intention missionnelle.
« Tu ne prendras pas le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain », ordonne le troisième commandement (20.7 – COL). Le verbe « prendre » serait mieux traduit par « porter » ou « transporter » et l’expression « en vain » peut aussi signifier: « faussement ». Obéir à ce commandement ne consiste pas tant que cela à ne pas jurer. Il appelle surtout à ne pas porter atteinte à la renommée de Dieu (c’est notamment le péché dont Paul accuse Israël en Rm 2.24). Paraphrasant Chris Wright, Ross Blackburn décrit Israël comme « les gardiens du nom de l’Éternel ». Cela se voit très bien en Ex 19.3-6, l’avant-propos aux Dix commandements. Ne sous-estimez pas l’importance des versets 1 et 2. Ils décrivent l’accomplissement de la promesse que Dieu fait en 3.12 à un seul homme: faire sortir d’Égypte tout un peuple pour qu’il l’adore au mont Horeb (le mont Sinaï). Ces versets affirment que Dieu tient toujours les promesses qu’il fait à son peuple. Les suivants précisent que Dieu envoie un peuple qui lui appartient dans un monde qui lui appartient. Quelles paroles merveilleuses!
« Vous avez vu vous-mêmes comment j’ai traité les Égyptiens et comment je vous ai portés comme sur des ailes d’aigles pour vous faire venir jusqu’à moi. Maintenant, si vous m’obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un peuple précieux parmi tous les peuples, bien que toute la terre m’appartienne. Mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte ». Ici, Dieu précise trois choses au sujet d’Israël.
Cette expression est utilisée ailleurs pour désigner le trésor privé d’un roi (1 Ch 29.3; Ec 2.8 – COL). Israël est la possession spéciale de Dieu. Israël a été choisi parmi le monde, mais aussi pour le monde.
Le royaume d’Israël, dans son ensemble, exerce une fonction sacerdotale, semblable à celle des prêtres du tabernacle.
Les prêtres représentent l’Éternel.
Les vêtements d’Aaron sont faits de la même étoffe que le rideau du lieu très saint (Ex 26.31; 28.5-6). D’ailleurs, dans ce livre d’Exode, le mot « gloire » n’est réservé qu’à l’Éternel… à l’exception notable des vêtements d’Aaron (Ex 28.2, 40). En ce sens, Aaron porte la gloire de Dieu auprès du peuple. Les Israélites n’ont pas le droit d’entrer dans le lieu très saint pour voir la gloire de Dieu, mais ils peuvent voir Aaron en témoigner.
Les prêtres représentent également Israël.
L’éphod d’Aaron porte des pierres qui symbolisent les tribus d’Israël (Ex 28.6-28). Lorsqu’il se présente devant Dieu, c’est tout Israël qui se présente. Quand Aaron, après avoir offert le sang du sacrifice, obtient le pardon, c’est tout Israël qui l’a offert et qui est pardonné. Par leur présence et leur activité, les prêtres rendent possible une relation entre Dieu et son peuple. De la même manière, Israël, en tant que royaume sacerdotal, rend possible une relation. En tant que royaume de prêtres, Israël doit représenter Dieu auprès du monde par la mission et représenter le monde auprès de Dieu par la prière. Le monde ne pouvait pas voir Dieu, mais il pouvait voir Israël et aurait dû voir la gloire de Dieu en eux. Aujourd’hui, le monde ne peut pas voir Dieu, mais il peut voir l’Église, et devrait contempler la gloire de Dieu à travers elle, c’est-à-dire à travers nous. Que cette vérité nous encourage à prier pour les nations (en fonction de leurs actualités), à prier pour les missionnaires qui portent la gloire de Dieu dans son monde, et à prier pour notre propre témoignage local!
Elle doit se revêtir de la sainteté de Dieu. Si cela ne venait pas de Dieu, il serait bien arrogant, voire blasphématoire, de se déclarer soi-même « nation sainte ». Le mot « saint » est généralement utilisé pour un tabernacle et dans un contexte sacerdotal, ce qui confirme la prêtrise du royaume d’Israël. Autrement dit, le peuple de Dieu, aujourd’hui comme à l’époque, doit, à travers sa vie sainte (mise à part, autre), refléter le caractère saint de Dieu afin de le révéler aux nations. Il doit être une lumière pour les nations.
Ces versets forment l’avant-propos de Dieu aux Dix commandements du chapitre 20. Ce discours introductif inscrit les Dix commandements dans une visée missionnaire. Ils servent à façonner la vie d’Israël afin que, en tant que nation, le peuple manifeste publiquement la bonté de Dieu. Dieu règne avec bonté et il est en train de créer, dans une région du monde, un lieu qui va le manifester. Le peuple d’Israël est son prototype, son modèle sur le terrain, sa validation de principe.
Aujourd’hui, nous sommes son peuple. Pierre va écrire ceci aux chrétiens:
Mais vous, vous êtes une race élue, une communauté de rois-prêtres [autrement dit: un royaume de prêtres], une nation sainte, un peuple que Dieu a libéré pour que vous célébriez bien haut les œuvres merveilleuses de Celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière.
1 Pierre 2.9
De toute évidence, nous retrouvons ici la thématique d’Exode 19. L’identité missionnelle qu’Israël a reçue au mont Sinaï s’accomplit dans l’Église. Elle est le peuple choisi par Dieu pour être ce royaume de prêtres qui le fera connaître au monde. L’Église, écrit Pierre, est la nation qui est sainte comme Dieu est saint afin de manifester publiquement son caractère (1 P 1.14-15). Nous sommes le peuple qui proclame les louanges de Dieu et manifeste sa sainteté aux nations. D’où la nécessité, pour nous, de vivre des vies différentes, « autres » (1 P 2.11). Bien entendu, nous établissons des liens avec notre entourage. Mais n’oublions pas que ce qui rend notre message attractif, ce ne sont pas nos points communs, mais plutôt ce qui nous caractérise en tant que chrétiens. C’est l’impact de l’Évangile dans notre vie d’assemblée qui interpelle les gens et suscite leurs questions (1 P 3.8-16). Ce qui rend curieuses les personnes qui nous entourent, c’est qui nous sommes. Pierre rappelle notre identité en Christ. Or, une caractéristique-clé de cette identité, c’est la nature missionnelle de notre communauté. Pierre en propose ensuite une application:
Ayez une bonne conduite au milieu des païens. Ainsi, dans les domaines mêmes où ils vous calomnient en vous accusant de faire le mal, ils verront vos bonnes actions et loueront Dieu le jour où il interviendra dans leur vie.
1 Pierre 2.12
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Ce replay du webinaire de Raphaël Charrier a été enregistré le 9 octobre 2018. Découvre tous les webinaires TPSG par ici.
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