Dans notre monde occidental, il est très répandu de croire que nous méritons tous une vie tranquille et sans souffrance. Mais lorsque nous expérimentons le contraire, nous pensons encore être en droit de jeter la faute sur quelqu’un ou quelque chose (en général, un système), et de nous apitoyer sur notre sort. Ou bien, nous nous dévouons entièrement à essayer de nous en sortir, si bien que nous n’avons plus de temps ni d’énergie pour servir les autres.
Cette pensée de la vie tranquille place nos vies sur une trajectoire quasi universelle: il faut s’éloigner du stress pour se diriger vers le confort, la sécurité et l’apaisement. Dans cette direction qui devient presque naturelle, certains commencent à envisager le service pour Dieu à la lumière de cette recherche du bonheur personnel. Certaines Églises sont influencées par ce système de pensée. Il paraît alors presque impossible d’accepter qu’un choix puisse impliquer de la précarité, du stress ou la mise en danger. On aura du mal à considérer ce choix comme étant normal et biblique.
Pour certains chrétiens, c’est une évidence: il faut éviter toute prise de risque, pour soi ou sa famille. La recherche de la sécurité et du confort sont des absolus que personne ne peut remettre en question. Or, le réveil pourra être difficile pour les chrétiens du 21ᵉ siècle, au vu des exigences que comporte la vie de disciple. Il est nécessaire de s’affranchir de telles convictions.
Alors que nous avons de la peine à nous engager volontairement sur le chemin du Calvaire, Dieu pourrait bien nous y faire catapulter, comme il l’a fait pour les croyants en Actes 11.19:
Ceux qui avaient été dispersés par la persécution survenue à l’occasion d’Étienne allèrent jusqu’en Phénicie, dans l’île de Chypre, et à Antioche, annonçant la parole seulement aux Juifs.
cite>Actes 11.19
D’une façon ou d’une autre, Christ conduira son Église à réaliser qu’elle aura des tribulations dans le monde (Jn 16.33), que tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés (2Tm 3.12). Nous sommes appelés à prendre part aux souffrances pour l'Évangile, par la puissance de Dieu (2Tm 1.8); nous gémissons intérieurement, attendant avec impatience l’adoption, la rédemption de notre corps (Rm 8.23). Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de Christ et de la bonne nouvelle la sauvera (Mc 8.35). C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu (Ac 14.22).
Si nous ne sommes pas prêts à prendre notre croix et suivre Jésus (Mc 8.34) sur le chemin du Calvaire, nous devrions nous inquiéter. Il vaut mieux entendre les avertissements dès maintenant et nous laisser toucher à nouveau par la vérité des Écritures. Notre existence dans ce monde déchu ne passera pas à côté de toutes sortes de souffrances et d’épreuves. Il y aura des soupirs à cause de notre condition limitée et marquée par le péché (Rm 8.23). Il y aura des afflictions à cause de notre appel (Ps 34.19). La frustration est normale, la déception est normale, la maladie est normale. Les conflits, les persécutions, les dangers, le stress… tout cela, c’est normal! La pensée qui nous éloigne de ces choses, nous éloigne en même temps de la réalité de la vie; elle éloigne de Christ. Le parcours de Christ vers Golgotha n’était pas une simple promenade autour de Jérusalem.
Pour l’apôtre Paul, suivre le Christ c’est porter les marques de ses souffrances.
Étant regardés comme imposteurs, quoique véridiques; comme inconnus, quoique bien connus; comme mourants, et voici, nous vivons; comme châtiés, quoique non mis à mort; comme attristés, et nous sommes toujours joyeux; comme pauvres, et nous en enrichissons plusieurs; comme n’ayant rien, et nous possédons toutes choses.
2 Corinthiens 6.8-10
Être chrétien devrait réorienter notre trajectoire vers la dépendance, sans nous laisser impressionner par le danger, l’insécurité ou le stress. Autrement-dit, les décisions du chrétien se caractérisent par des choix de vie qui le placeront, lui et sa famille, dans des dangers temporels, alors qu’il vise la sécurité éternelle.
Tout ceci soulève la question de la persévérance. Comment continuer à aimer et à servir les gens quand la vie nous apporte tant de déconvenues et d’opposition? Quelles sont les racines de la persévérance?
Ce thème est si important dans notre vie de tous les jours; c’est pourquoi il occupe une grande place dans le Nouveau Testament. Ce sujet biblique primordial pourrait être résumé avec les mots d’Hébreux 10.36: “Vous avez besoin de persévérance.” Ou avec ceux d’Apocalypse 14.12: “C’est ici la persévérance des saints.”
Il ne s’agit pas d’un sujet secondaire! Jésus a dit: “Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.” (Mt 24.13). Paul disait: “Si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui.” (2Tm 2.12) et l’auteur de la lettre aux Hébreux écrivait: “Nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement.” (Hé 3.14). Sans cesse, il nous est demandé de "tenir ferme" face à l’opposition qui pourrait nous mettre à terre ou nous tenter d’abandonner.
Prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté.
Éphésiens 6.13
Demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, mes bien-aimés!
Philippiens 4.1
Demeurez fermes, et retenez les instructions que vous avez reçues.
2 Thessaloniciens 2.15
Nous sommes prévenus: Ne nous lassons pas de faire le bien (2Th 3.13). Demeurons dans les choses que nous avons apprises, et reconnues certaines (2Tm 3.14). Retenons fermement la profession de notre espérance (Hé 10.23). Ce que nous avons, retenons-le jusqu’à ce que Jésus vienne (Ap 2.25). Il y a une bénédiction pour celui qui tient bon dans l’épreuve.
Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment.
Jacques 1.12
Ce que tous ces textes sous-entendent, c’est que la vie chrétienne est difficile.
Étroite est la porte, resserré le chemin qui mène à la vie.
Matthieu 7.14
La parole de Dieu peut se laisser étouffer par les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie (Lc 8.14). Notre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera (1P 5.8), et les adversaires sont nombreux (1Co 16.9). Par conséquent, le danger est réel pour les chrétiens de se lasser de faire le bien (Ga 6.9), de négliger de veiller sur soi-même (1Tm 4.16) et sur les autres (Hé 3.13,10.24-25), d’être emportés loin de la vie (Hé 2.1), de perdre de vue qu’il y a bel et bien un combat à mener, et une course à remporter (1Tm 6.12, 2Tm 4.7).
webinaire
Est-ce que ma vie chrétienne est "normale"?
Ce replay du webinaire de Dominique Angers a été enregistré le 21 Octobre 2021.
Orateurs
D. Angers