Ces dernières années, j’ai eu le privilège de participer aux travaux de révision de la Bible en français courant. Retour sur mon expérience de réviseur, et présentation de la Bible Nouvelle Français courant (NFC), lancée à Paris le 3 octobre 2019.
Nous, francophones, sommes particulièrement bénis par la variété des traductions sérieuses de la Bible qui sont mises à notre disposition. Personnellement, je préconise, lorsque cela est possible, l’usage et la comparaison de quelques versions différentes.
Comme l’explique Sylvain Romerowski:
On peut distinguer deux approches de la traduction. La méthode littérale vise à calquer, autant que possible, la forme des langues originales (hébreu et grec) dans la langue d’arrivée (ici le français). L’approche de l’équivalence dynamique vise à rendre le sens des textes originaux comme on l’exprime dans la langue d’arrivée. Par exemple, une traduction littérale s’efforce de rendre toujours le même mot hébreu ou grec par le même mot français. Une traduction dynamique tiendra compte du fait qu’un mot hébreu ou grec prend des sens différents suivant les contextes, qui se traduisent par des mots différents.
Comme beaucoup le savent, la Bible Nouvelle Français courant a recours à l’approche de l’équivalence dynamique.
Notons que les deux approches sont complémentaires. Ainsi, j’aime bien manier côte à côte la version du Semeur 2015 (qui privilégie l’équivalence dynamique) et la Nouvelle Bible Segond (approche littérale) ou, parfois, la plus ancienne Colombe (également littérale).
La Bible en français courant (l’ancienne édition, désormais désuette), c’était un peu la Bible de mon enfance, l’une des premières que j’avais lues, dans laquelle j’avais surligné des versets qui m’avaient touché.
Ce que j’apprécie de cette Bible, c’est aussi le fait qu’elle est répandue bien au-delà du protestantisme évangélique. Ainsi, quand je parle de la Bible avec des amis qui ne partagent pas forcément mes convictions (notamment ceux qui ont un arrière-plan catholique), ils connaissent mieux la Bible en français courant que les traductions réalisées par des équipes protestantes évangéliques. Cette version sert donc de passerelle pour des échanges sur la foi chrétienne avec des personnes issues d’autres milieux.
C’est donc avec beaucoup de gratitude que je remercie Valérie Duval-Poujol, coordinatrice du projet, de m’avoir sollicité, en mars 2016, pour prendre part à cette grande aventure. La révision d’un livre du Nouveau Testament m’a été confiée. J’ai beaucoup appris tout au long du long processus de révision.
Quand j’étais en fac de théologie aux Etats-Unis, mon professeur d’exégèse du Nouveau Testament, Douglas Moo, nous parlait souvent de traduction biblique (il a chapeauté les travaux de révision de la New International Version). Il nous disait même que si notre exégèse de certains textes le convainquait, nos propositions de traduction risquaient de se retrouver dans la nouvelle NIV! Il ne s’agissait là pour moi que d’une « mise en bouche ». Le fait de vivre un projet de traduction d’envergure « de l’intérieur » (dans une faible mesure certes, car j’étais loin d’être l’une des personnes les plus impliquées), en francophonie, fut extrêmement stimulant.
Quelques données sur ce travail d’équipe. Le comité de référence était composé (avec Valérie) de Roselyne Dupont-Roc et Thierry Legrand. La responsabilité de l’élaboration et de l’application d’un cahier des charges bien précis est revenue à un comité de révision, qui a évalué les propositions et pris les décisions finales.
Quant aux nombreux réviseurs (dont je suis), une soixantaine de biblistes de nombreux pays francophones (Suisse, France, Belgique, Canada, plusieurs pays africains) et de toutes les confessions chrétiennes (les protestants, les catholiques et les orthodoxes étaient représentés), leur rôle consistait à faire des propositions de modification par rapport à la Bible en français courant (édition 1997).
Dans la mesure où la Bible en français courant est l’une des Bibles en français les plus répandues dans le monde, la NFC a sans doute un bel avenir devant elle.
Pour se faire une idée de cette traduction, le mieux est sans doute de visiter la page du site de l’Alliance biblique française qui lui est consacrée.
On notera qu’avec cette révision, des mots théologiques classiques tels que « alliance », « ressusciter » et « bénédiction » sont de retour!
Je reproduis ici la liste des grandes étapes historiques de cette traduction de la Bible:
1971 : 1republication du Nouveau Testament en français courant
1982 : 1republication de la Bible entière
1997 : 1rerévision
2016 : début de la 2derévision
2019 : sortie de la NFC
En gros (sans entrer dans tous les détails), il s’agissait de partir du texte de la Bible en français courant (édition 1997) et de proposer des changements en suivant un cahier des charges précis permettant d’harmoniser les différentes contributions. Étaient pris en compte: a) les recherches récentes en sciences bibliques; b) l’évolution de la langue française au cours des vingt dernières années.
C’est ensuite le comité de référence qui a analysé les propositions, harmonisé les travaux des réviseurs et pris les décisions finales.
Je suis reconnaissant pour l’ouverture du comité qui, jusqu’à la toute fin, m’a demandé mon avis sur certaines de ses contre-propositions (faites en réponse au texte que j’avais envoyé).
Je ne peux me prononcer pour l’heure, car je n’ai pas encore vu le résultat final – y compris pour le livre du Nouveau Testament sur lequel j’ai travaillé. Suspens…
webinaire
La Bible est-elle sans erreur?
Ce replay du webinaire de Florent Varak a été enregistré le 11 juin 2019.
Orateurs
F. Varak