Dans le monde francophone, tributaire de son héritage catholique romain, plus personne ne s’étonne des scandales liés aux abus sexuels des prêtres, régulièrement relayés par la presse. Par contre, la découverte récente d’abus sexuels perpétrés par des pasteurs évangéliques en a surpris plus d’un.
Malheureusement, les pasteurs incriminés n’appartiennent ni à des groupes marginaux ni à des sectes. Ce sont des responsables issus de la Southern Baptist Convention (SBC) des États-Unis, un regroupement d’Églises chrétiennes baptistes auquel appartiennent de grands noms de la mouvance évangélique comme Albert Mohler, Matt Chandler, David Platt, Jen Wilkin et bien d’autres encore que nous admirons tous.
Le mouvement #MeToo, né à la suite de la révélation d’abus sexuels commis par de notoires figures hollywoodiennes, a encouragé les victimes de tout horizons à dénoncer les abus qu’elles ont subis. Le hashtag associé à la récente et honteuse révélation des exactions révélées dans nos milieux évangéliques est #ChurchToo.
Les récits de ces abus dramatiques révèlent que les accusations d’inconduite sexuelle commise par des pasteurs ont été adressées aux dirigeants des Églises, au lieu d’être signalées aux autorités judiciaires. Les pasteurs en faute ont été discrètement mutés dans d’autres Églises de la SBC où ils ont pu continuer à sévir en toute impunité, tandis que leurs victimes étaient ignorées, humiliées ou réduites au silence. Les Églises concernées, plus soucieuses de leur réputation et de leur survie que du respect des femmes et des enfants abusés, ont porté des accusations mensongères et redoublé d’arguments abjects pour alimenter leur défense.
Malheureusement, la révélation de ces terribles maltraitances a jeté le discrédit sur le nom de Jésus-Christ et sur l’Évangile. Elle a également provoqué une remise en question de l’autorité des Écritures, notamment de l’enseignement biblique sur la sexualité et les rôles respectifs de l’homme et de la femme. Les détracteurs soutiennent que “la domination masculine couplée à la soumission féminine, la culture de la pureté, le culte de la personnalité évangélique, la carence en matière d’éducation sexuelle et le manque de pertinence scientifique des enseignements donnés, l’homophobie et la suprématie des blancs américains sont à l’origine des maux de l’Église et des drames relatés avec #ChurchToo”.
Les évangéliques et plus encore, les complémentaristes, devraient être de fervents défenseurs des victimes d’abus sexuels au sein de l’Église. Leurs bourreaux sont des loups féroces déguisés en bergers qui n’ont aucune pitié pour le troupeau.
Notre fidèle connaissance de l’Écriture devrait nous contraindre à parler au nom de ceux qui n’ont pas de voix. Nous devrions nous souvenir de l’avertissement sévère de notre Seigneur:
Mais, si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspende à son cou une meule de moulin, et qu’on le jette au fond de la mer.
Matthieu 18.6
Nos convictions complémentaristes ne doivent en aucun cas nous empêcher de croire et de protéger les femmes et les enfants victimes de maltraitance.
Concrètement:
Ne considérons pas simplement #ChurchToo comme une nouvelle mode dans notre culture évangélique, mais bel et bien comme un mouvement de Dieu pour purifier et protéger son Épouse, c’est-à-dire son Église. Ne cachons plus les choses honteuses dans les ténèbres. Christ nous appelle à tout mettre en lumière. Réduisons les pervers sexuels au silence une fois pour toutes. Je plaide pour que toujours plus de pasteurs et de leaders d’Églises se prononcent publiquement sur la question des abus sexuels. Faisons en sorte que nos Églises soient des endroits où les femmes et les enfants se sentent en sécurité. Et que, sur ses bancs ou derrière la chaire, les prédateurs tremblent, certains qu’ils seront dénoncés aux autorités et sanctionnés sans ménagement par la loi.
webinaire
Comment vivre la pureté au siècle de la pornographie?
Ce replay du webinaire de Raphaël Charrier a été enregistré le 9 octobre 2018. Découvre tous les webinaires TPSG par ici.
Orateurs
R. Charrier