8 critères d’évaluation d'une prédication textuelle

Prédication et enseignement

Nous ne pouvons écouter une prédication sans l’évaluer. Il est donc important de le faire selon de bons critères. Je vous propose les 8 que nous utilisons dans mon Église locale à Grenoble.

De nombreux modèles d’évaluation suivent la chronologie du message. Sont évalués: l’introduction, puis chaque partie du message et enfin la conclusion.

Je trouve que cette manière de faire a plusieurs faiblesses puisqu’elle repose sur la forme du message. Elle risque donc de laisser plusieurs éléments importants de côté.

Selon moi, une évaluation transversale et synthétique fait mieux ressortir les critères importants de la prédication.

À l’ECE Grenoble nous avons défini 8 critères importants qui doivent être évalués dans chaque prédication textuelle.

Pour élaborer cette liste de 8 critères, j’ai pioché dans mon TOP 10 des livres d’homilétique (communiquer la Bible aux gens), mais également dans ce très bon livre de Stuart Olyott, commenté sur leboncombat.fr.

Pour chacun des 8 critères, j’ai mis des exemples de questions (sous forme de liste) que nous devons nous poser. Bien sûr, il ne s’agit pas de toutes les appliquer à chaque prédication, mais elles illustrent ce que nous recherchons dans une prédication.

Ces 8 critères permettent de ne rien oublier autant dans la préparation que dans l’évaluation.

1. L’interprétation du texte

  • Est-ce que la prédication expose clairement, simplement et fidèlement le passage?
  • Est-ce que le passage est interprété dans son contexte historique et biblique?
  • Est-ce que l’intention de l’auteur biblique est respectée?
  • Les versets complexes sont-ils expliqués ou évités?
  • Est-ce que la prédication ne va pas au-delà de ce que dit le texte (texte prétexte)?
  • Est-ce que la prédication respecte la structure du texte?
  • L’interprétation respecte-t-elle les procédés rhétoriques et le genre littéraire du texte?

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2. Le contenu doctrinal

  • Les doctrines présentes dans le texte sont-elles clairement exposées?
  • Les affirmations ou applications qui en découlent sont-elles justifiées et présentées avec sagesse et humilité?
  • Le message met-il en avant l’espérance liée à la grâce?

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3. La christocentricité

  • Quels enseignements la prédication contient-elle sur Christ et sur son œuvre?
  • De quelle manière le texte prêché annonce, reflète, prépare, illustre Christ et son Évangile?
  • Est-ce que la prédication met en avant une religion moraliste ou l’Évangile? (Un rabbin, un mormon ou un musulman aurait-il pu prêcher ce message?)
  • Comment la prédication réfute-t-elle: l’irreligion (laxisme ou athéisme), la religion (moralisme/pharisianisme) en faveur de l’Évangile comme seul moyen de vivre devant Dieu?

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4. La structure de la prédication

  • A-t-elle une proposition centrale (PC) identifiable et mémorisable?
  • A-t-elle une structure/plan clair(e)?
  • L’introduction l’amène-t-elle avec pertinence?
  • A-t-elle une conclusion convaincante avec un challenge pour la vie chrétienne?
  • La conclusion est-elle bien en lien avec la PC? (y répond-elle, la rappelle-t-elle?)

5. Les illustrations

  • Est-ce que la prédication contient suffisamment d’illustrations?
  • Y a-t-il des illustrations contemporaines, et pas seulement des illustrations issues du passé?
  • Étaient-elles compréhensibles pour les chrétiens comme pour les non-chrétiens?
  • Les apports audiovisuels sont-ils à propos? Est-ce que ça manquait, ou était-ce inutile? Étaient-ils maîtrisés?

6. Les applications

  • La prédication appelle-t-elle à une réponse de l’auditeur?
  • Sont-elles à la hauteur des vérités dont elles découlent?
  • Sont-elles concrètes et en lien avec la nature du texte?
  • Sont-elles rédemptrices ou moralisatrices? Les exemples célèbrent-ils la repentance ou la bonne moralité?
  • Les applications sont-elles faites tout au long du sermon ou laissées à la fin?
  • À quel type d’action invitent-elles (foi, évangélisation, repentance, service…)?
  • Comment le passage parle-t-il au non-croyant?
  • Quelle est la grande application du texte pour les non-chrétiens?

7. L’exercice de la prédication

  • Le message est-il accessible à tout public: le langage et le vocabulaire sont-ils adaptés à l’auditoire?
  • Le temps imparti était-il respecté?
  • Est-ce que la vitesse du débit de parole rend le sermon facile à suivre?
  • Le volume et la projection de la voix? L’intonation de la lecture de la Bible?
  • Le ton général du prédicateur: se calque-t-il sur celui du texte?
  • Met-il les émotions du texte en avant?
  • Le ton de la voix: a-t-il besoin d’être plus tendre, pastoral, amical, sévère?
  • Les mots plus difficiles/techniques sont-ils nécessaires et expliqués?
  • Le discours est-il parasité par des tics corporels ou de langage, ou de fautes de grammaire à répétition?
  • Est-ce que le contact visuel est suffisant?
  • Est-ce que l’attitude du prédicateur met en avant la Parole de Dieu ou lui-même?
  • Les notes sont-elles maîtrisées et bien utilisées?

8. La puissance et l’urgence de la prédication

C’est, selon moi, l’élément manquant dans beaucoup de bonnes prédications

  • La prédication est-elle juste informative ou est-elle « une démonstration d’Esprit et de puissance »?
  • Peut-on affirmer que les personnes absentes ont vraiment raté quelque chose d’important?
  • Le but ultime recherché est-il l’exhaltation de Christ au travers de l’exposition des écritures?
  • Est-ce que le prédicateur croit manifestement en la puissance et l’autorité de la Parole de Dieu?
  • Est-ce qu’il semble convaincu de l’assistance du Saint-Esprit et passionné par Dieu?

Raphaël Charrier

À 17 ans, Raphaël s’engage dans l’armée dont il est renvoyé moins de deux ans après. Il reprend alors l’école et obtient le bac à 23 ans. C’est à ce moment qu’il découvre la personne et l’œuvre de Jésus-Christ et place sa foi en lui pour être sauvé. Il poursuit ses études et devient Éducateur Spécialisé. Il s’oriente ensuite vers des études de théologie à l’Institut Biblique de Genève, puis à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-Sur-Seine, afin de se consacrer au service de l’Évangile.

Après un premier poste pastoral à plein temps à l’ECE de Grenoble pendant 9 ans, il partage aujourd'hui son ministère entre une charge pastorale à Sola Gratia, l'enseignement dans des institutions de formation théologique, l’écriture et le blogging. Il est marié à Marion et ils ont deux enfants. Il est auteur de plusieurs livres, dont Vivre pour Jésus qui a pour objectif d'aider les chrétiens à poser les bons fondements de la vie chrétienne.

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webinaire

Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?

Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.

Orateurs

D. Angers