As-tu déjà entendu qu’il fallait vivre une vie centrée sur l’Évangile? Le concept sonne bien, n’est-ce pas? Mais concrètement, ça donne quoi?
Peut-on changer la couche de son enfant de manière centrée sur l’Évangile? Existe-il une façon centrée sur l’Évangile de vivre la maladie et la souffrance? Le but de cet article est de regarder 5 exemples concrets d’une vie centrée sur l’Évangile.
Je comptais répondre à de telles questions dans ma dernière prédication sur La vie centrée sur l’Évangile. Mais une chose qu’on m’a reprochée à la fin du message, c’était justement de ne pas avoir pris assez de temps pour développer des exemples pratiques (on a passé 5 minutes sur un seul exemple). Cet article est donc ma façon d’essayer de répondre à ce manque. On va regarder plusieurs situations de la vie courante et essayer de montrer comment un regard centré sur l’Évangile change notre perspective.
Parler d’une vie centrée sur l’Évangile veut généralement dire que tout ce que le chrétien vit et tout ce qu’il fait peuvent et doivent être vécus et faits à la lumière de la Bonne Nouvelle de Jésus. Car l’Évangile change tout dans notre vie. L’Évangile n’est pas juste la porte d’entrée par laquelle le pécheur entre pour être sauvé. L’Évangile, c’est la maison dans laquelle le chrétien vit toute sa vie. On ne cesse jamais d’avoir besoin de l’Évangile.
Dieu nous dit des choses qui changent radicalement notre façon de vivre une journée type. Dieu dit que si tu es né de nouveau, tout change. Tu es une nouvelle créature (2 Co 5.17). Dieu ne voit plus ton péché, mais il voit la perfection de son Fils bien-aimé (Lc 3.22), qui te couvre parfaitement et te rend agréable à Dieu (2 Co 5.21).
Dans chaque situation de la vie courante, on va réfléchir à comment réagit le chrétien qui applique l’Évangile à sa vie. On pourrait certainement regarder beaucoup d’angles, mais on va se limiter à l’impact de l’Évangile sur quatre points: qui je suis (identité), ce que je fais (performances), ce qui m’arrive (circonstances) et ce qui va m’arriver (conséquences).
Voici des idées (parfois que des pistes) pour réagir de façon centrée sur l’Évangile quand on reçoit une mauvaise note, quand on tombe gravement malade, quand on a une belle occasion de témoigner, quand on doit changer la couche du bébé (et on a l’impression qu’on a passé notre journée à faire ça) et enfin, quand on vit une journée pas productive. On passera plus de temps sur le premier exemple et une fois que le principe est compris, on ira plus vite avec les autres. J’ai essayé de fournir de nombreuses références bibliques, mais le chrétien n’a pas besoin de connaître la référence pour se prêcher l’Évangile!
Peut-être que la mauvaise note était méritée. Dans ce cas, le chrétien se repent de son péché de fainéantise. Mais peut-être que ce n’était pas mérité. Peu importe.
La tentation est de se demander « pourquoi moi? » et de se révolter de l’injustice de sa situation ou alors de culpabiliser et de chercher un péché qui serait la cause de cette maladie (les amis de Job ne sont jamais loin de notre cœur face à la maladie et la difficulté).
Cette situation est particulière, puisque positive. Les opportunités de parler de Jésus sont formidables. Mais elles peuvent aussi être un moment de tentation d’être orgueilleux et de déguiser l’annonce de ses exploits en sujets de prière.
Le chrétien évite plusieurs réactions naturelles. Il ne s’attend pas à tout moment à être frappé de la foudre divine pour son improductivité. Il refuse aussi le réflexe de vouloir se racheter en prenant la résolution de faire plus d’efforts demain.
Le chrétien sait qu’il n’est pas sauvé par ses œuvres (Ép 2.9), sait que Dieu l’aime déjà parfaitement en Jésus (identité), mais il sait aussi qu’il est sauvé “pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance”. Il se repent donc de sa mauvaise journée, de ses mauvaises priorités, mais il ne se sent pas rejeté de Dieu (conséquences), ne ressent pas le besoin de redoubler d’efforts demain (performance). Il se rappelle qu’il ne peut rien faire pour que Dieu l’aime plus qu’il ne l’aime déjà. Il prie simplement que demain Dieu l’aide à vivre une journée à sa gloire. Il rentre et passe une bonne soirée avec sa famille, garde la joie malgré la mauvaise journée (circonstances).
Plutôt que de changer la couche par devoir ou de cultiver l’amertume en comptant combien de couches il a changées aujourd’hui (et comparer ce chiffre avec le nombre de couches que son mari/épouse a changées), le chrétien se rappelle que son identité et sa valeur ne se trouvent pas dans ce qu’il fait, mais en la croix de Jésus. Tu n’es pas un changeur de couches: Dieu, en Jésus, t’a donné le statut d’enfant adoptif (Ga 4.5).
Derrière notre insatisfaction d’une journée passée à changer des couches (et nettoyer du vomi, et ramasser derrière ses enfants, etc.), se cachent nos anciennes échelles de valeur. Le chrétien se rappelle qu’il n’est pas déclaré juste sur la base de ce qu’il fait, mais sur la base de ce que Jésus a fait (performances).
Le chrétien se souvient que sa joie ne dépend pas des circonstances, mais de la personne de Dieu. Peu importe qu’on soit seul sur le sommet d’une montagne ou devant la table à langer avec un bébé qui hurle, on a le même accès auprès du Père par Jésus (Ép 2.18) et l’Esprit est en nous pour que nous portions du fruit, dont la joie (Ga 5.22).
On pourrait naturellement continuer la liste. Mais j’espère que ces quelques pistes de plus seront utiles pour apprendre toujours mieux à se prêcher l’Évangile tous les jours dans toutes nos circonstances.
PS. Puisque la prédication était sur le texte de Luc 15 et le Père et ses fils (le fils prodigue), on avait aussi regardé comment les profils « fils ainé » et « fils cadet » réagissaient face à chaque circonstance. Par un souci de place et de temps, cet article ne développe pas cet aspect. Mais brièvement, Jésus montre dans Luc 15 que les deux fils représentent ses deux publics et ce sont aussi deux façons d’être loin de Dieu. Tim Keller a beaucoup enseigné sur ce texte. Je suis sûr de m’être inspiré de lui pour mes applications sur Luc 15, bien que je n’aie pas relu son livre en préparant ma prédication et cet article. Je suis très reconnaissant à Dieu pour le prédicateur de l’Évangile qu’est Tim Keller. Cf. ma recension de son livre: Le Dieu Prodigue.
N’hésitez pas à partager d’autres cas concrets et comment vous vous prêchez l’Évangile!
Article publié la première fois le 22 décembre 2014. Republié le 11 août 2018
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