J’ai fait mes études à la faculté de théologie avec un ami qui, comme beaucoup d’entre nous, était célibataire. Mais alors que plusieurs de mes camarades de classe et moi-même nous nous sommes progressivement mariés et avons eu des enfants, lui, il est resté célibataire.
Dans une culture d’Église où il n’entrait pas dans le moule en tant qu’homme célibataire, il est devenu insatisfait. Malheureusement, après des années de frustration, non seulement n’est-il pas devenu pasteur, mais il a complètement quitté l’Église, croyant qu’il n’y avait pas de place pour lui. Quelle tragédie que quelqu’un avec tant de formation théologique et de dons puisse se perdre.
Sans justifier ses choix, je me demande ce que l’Église pourrait faire pour éviter de perdre ses célibataires quand ils ne s’intègrent pas facilement.
Les défis particuliers des chrétiens célibataires sont souvent peu connus des pasteurs mariés. La plupart sont "mariés avec enfants" et ont de la difficulté à comprendre les réalités auxquelles sont confrontés les frères et sœurs non mariés parmi eux, qu’ils soient célibataires, divorcés ou veufs.
Puisqu’une si grande partie de la vie de l’Église tourne autour de l’enseignement et des activités ciblant les couples et les parents, ceux qui ne sont pas dans cette tranche démographique se sentent parfois isolés et seuls.
Je ne suis plus célibataire, mais certaines des années les plus formatrices de ma vie adulte ont eu lieu pendant mon célibat. Même après 14 ans de mariage, il m’arrive de faire des rêves la nuit, dans lesquels je suis encore célibataire, et de revivre des moments d’insécurité et de questionnement. Bien que je sois toujours soulagée de me réveiller aux côtés de mon mari fidèle et aimant, ces années de vie de célibat m’ont beaucoup appris sur la vie des personnes seules dans nos assemblées.
J’ai observé quatre stéréotypes courants dans nos Églises:
Certains hommes se comportent comme s’ils devaient éviter tout contact avec des femmes célibataires autre que des conversations superficielles, de peur de créer un lien. Après tout, dit-on, d’innombrables hommes pieux ont fait naufrage dans leur mariage et leur foi à cause d’une liaison.
Ironiquement, bien que certains puissent mal comprendre les femmes non mariées, la Bible ne le fait pas. Dans la Bible, la séductrice, la tentatrice, la femme étrangère, c’est la femme mariée, c’est-à-dire, la femme adultère. C’est quelque chose à garder à l’esprit la prochaine fois qu’on lit le livre des Proverbes. De plus, l’expérience montre qu’autant d’hommes ont des aventures avec des femmes mariées qu’avec des femmes célibataires.
Certains croient que les célibataires devraient pouvoir servir dans l’Église chaque fois qu’il y a un besoin, puisqu’ils n’ont pas à se soucier d’un conjoint et des enfants (1Co 7.34). Que ce soit pour les camps d’enfants, la garderie ou les journées de travaux à l’église, on cherche souvent des bénévoles parmi les célibataires. Bien que nombreux d’entre eux soient heureux de servir le corps de Christ d’une multitude de manières, ils ont aussi des responsabilités dans leurs vies privées et professionnelles. Ils devraient être libres de faire un usage judicieux de leur temps sans servir par culpabilité.
Paul déclare dans 1 Corinthiens 7.6-7 que le célibat est un don. Certains célibataires préfèrent tout simplement se consacrer à Christ et attendre le meilleur moment pour trouver le conjoint le plus approprié. D’autres n’ont peut-être pas un fort désir de se marier. Et peut-être que certains peuvent éprouver des difficultés avec les attirances envers le même sexe. Quelles que soient les raisons qui poussent une personne à rester célibataire, nous devrions choisir de les accepter sans présomption ni jugement.
Bien qu’ils jouissent de la liberté de voyager, de sortir tard le soir et de faire la grasse matinée, ils veulent s’intégrer dans la communauté de foi et non vivre en marge. Les jeunes célibataires veulent apprendre d’autres personnes différentes d’eux, y compris des jeunes couples mariés, des parents d’adolescents, des divorcés, des veuves et des personnes âgées. La ségrégation si fréquente le dimanche matin n’est pas seulement une ségrégation ethnique, mais aussi une ségrégation des âges et des étapes de la vie. Doit-il en être ainsi?
Que nos assemblées soient des lieux où les hommes et les femmes qui ne sont pas encore appelés au mariage se sentent les bienvenus. Nous pouvons rendre cela possible de plusieurs manières.
Premièrement, les prédicateurs peuvent modifier leurs illustrations et leurs applications pour qu’elles n’atteignent pas seulement les auditeurs auxquels ils peuvent facilement s’identifier.
Deuxièmement, les gens mariés peuvent éviter de poser des questions gênantes comme: « Alors, quand est-ce que tu te maries? » ou « Tu t’inquiètes du tic-tac de ton horloge biologique? »
Troisièmement, nous pouvons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour veiller à ce que notre leadership reflète ce groupe démographique de célibataires, afin que les décisions tiennent compte de leurs besoins uniques et pas seulement de ceux des couples mariés.
Enfin et surtout, nous pouvons intégrer les célibataires à notre vie d’Église, à nos groupes d’appartenance et à notre vie familiale. Incluons-les dans nos repas de tous les jours et dans nos célébrations des Fêtes, surtout s’il s’agit d’étudiants universitaires qui vivent loin de leur famille. Invitons-les à prendre un café ou à faire du shopping. Si nous savons qu’ils aiment les enfants et qu’ils veulent passer du temps avec eux, demandons-leur de faire du baby-sitting. Appelons-les juste pour voir comment ils vont. Demandons-leur de participer à un événement qui n’attire normalement que d’autres personnes mariées. S’ils ne sont pas intéressés, demandons-leur pourquoi.
Célibataires & mariés, jeunes & vieux, hommes & femmes, juifs & grecs – nous sommes tous maintenant un en Christ (Ga 3.28). Il faut vivre ainsi!