À notre époque où la comm’ d’une part et le désir de réussite d’autre part ont pris une place centrale, il pourrait être difficile d’avaler les paroles de Jésus dans ces 2 paraboles de la graine de moutarde et du levain (Mt13 et Lc13). Vous ont-elles déjà laissés perplexes? Voici 3 pistes de réflexions qui pourraient vous être utiles.
Il nous faut bien sûr relire Mt 13.31-33. Et même si l’utilisation de ce même matériel par les 2 évangélistes semble différent, nous rappeler que Jésus s’est adressé à des foules (Mt13.34; Lc13.10,17). Il a voulu expliquer à ceux qui voient (Mt13.16) la réalité du « royaume » ou « règne de Dieu », cette sphère où un roi (1) (Dieu lui-même) règne sur un peuple (2) habitant le territoire (3) lui appartenant.
Comment définissons-nous ce Royaume? Quelle image utilisons-nous? Quels superlatifs employons-nous pour parler à un ami non-chrétien de notre Église locale (même si elle n’est qu’une infime partie de ce règne)? Le Seigneur, lui, nous a donné 2 comparaisons qui n’ont pas perdu leur pertinence, malgré nos désirs de grandeur, de chiffres et de victoires.
C’est pour calmer les impatients, booster les découragés, et attirer l’attention sur lui-même que Jésus utilise ces 2 paraboles.
La première leçon cruciale de ces 2 images, c’est l’aspect initial du Royaume de Dieu. Le levain et la graine de moutarde ont en commun cette insignifiance qui nous ferait détourner le regard et empêcherait n’importe quel Youtubeur de faire le buzz. Connaître le Royaume de Dieu et sa nature, c’est d’abord accepter et intégrer, jusque dans notre communication, le fait que le Royaume de Dieu n’a aucun intérêt pour le grand public.
« Oui mais la graine, ça, c’était avant. Aujourd’hui, on en est loin, la graine a grandi ». Est-ce que c’est ce que vous vous êtes dit? Posez-vous la question: pourquoi avez-vous ce désir, à tout prix, de détourner les regards de cette petite graine? En auriez-vous honte?
« Le Royaume est vraiment toujours semblable à cette graine de moutarde, n’est-ce pas? (…) Respectez l’infinitude du petit. L’obsession de la taille est obscène ».
(Peter Jones – Studying the parables of Jesus)
À nous tous, amoureux de la grande mission de Dieu, un piège nous est tendu: celui de désirer les grands exploits. Jésus a calmé notre ardeur, nous qui voudrions déjà montrer un arbre.
Deuxième leçon tirée de ces 2 images, tout à fait complémentaire: l’impact et la vision du résultat. Notez-bien que sans la comparaison avec sa forme initiale, cet enseignement perd toute sa puissance.
À tous ceux qui pourraient être découragés en regardant, à vue humaine, l’avancée du règne de Dieu dans leur ville, leur petite assemblée ou peut-être dans leur propre vie, Jésus dit: cela ne durera pas. Le Royaume de Dieu ne restera plus longtemps petit et insignifiant. Il fera bientôt lever toute la pâte à pain. Il sera bientôt cet arbre qui dépasse tous les autres. C’est une promesse du roi!
N’avancez plus sans apercevoir ce résultat qui se fait déjà entendre d’une foule impossible à compter (Gn 15.5; Ap 7.9) qui hurle « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le trône, et à l’Agneau ». Peu importe ce que vos yeux vous disent, ils vous trompent. Fiez-vous à cette vision du produit fini et reprenez courage.
Pour nous éviter de douter de ces 2 caractéristiques complémentaires, c’est évident que le narrateur de ces 2 paraboles est LA pub parfaite pour son message. Il est l’exemple même de cette graine de moutarde, de ce levain. Il n’avait pas l’apparence de celui que certains attendaient. Il n’a pas reçu l’accueil ni la couronne qu’on aurait pu imaginer, parce que son Royaume « n’était pas de ce monde » (Jn 18.36,37). Il fonctionne selon d’autres lois et d’autres critères. Quand on regarde à Jésus, on commence à comprendre le lien qu’il pourrait y avoir entre un petit enfant (Mt2.13) de Nazareth (Jn1.46), un fils de charpentier (Lc4.22) et ce peuple si nombreux qui marche aujourd’hui à sa suite.
Personne ne pourra plus arrêter le rouleau compresseur de celui qui s’est humilié jusqu’à la mort avant que le Père ne l’élève comme Chef de tout et tous.
Une nouvelle journée commence pour laquelle nous avons grand besoin d’accepter et d’intégrer cette vision de la graine de moutarde. De l’aimer comme elle est, elle, mais aussi son avenir, ce qu’elle sera; ainsi et surtout que Celui qui en a été l’expression ultime.