Il y a des versets qui sont faciles à comprendre, mais difficiles à vivre. Le verset de 1 Pi 3.9 fait partie de ceux-là: « Ne rendez pas mal pour mal, ni insulte pour insulte; au contraire, bénissez. » C’est dur parce que notre premier réflexe, c’est de nous défendre. En plus, nous sommes cablés pour la justice. Notre Dieu est un Dieu de justice et nous sommes faits pour vivre la justice. C’est normal d’être révolté contre l’injustice. Mais quand cette injustice nous touche, c’est encore pire. À la douleur s’ajoute un sentiment d’injustice. C’est une chose de supporter l’injustice, mais de là à bénir ceux qui nous font du mal ou prier pour nos ennemis… c’est impensable! Pourtant c’est ce que Dieu nous demande. Dieu nous demande de dire du bien et de faire du bien à ceux qui nous font du mal. Mais pourquoi, et comment?
Dieu nous donne les raisons et les moyens de le faire.
Le verset 9 continue: « car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction. »
Nous avons été appelés à cela. Cela fait partie de notre vocation. Déjà au passage précédent, Pierre avait utilisé cet argument. En parlant aux serviteurs qui devaient être soumis à leur maitres, même les mauvais, il avait dit:
Quelle gloire, en effet, y a-t-il à supporter de mauvais traitements pour avoir péché? Mais si, tout en faisant le bien, vous supportez la souffrance, c’est une grâce devant Dieu. C’est à cela, en effet, que vous avez été appelés, parce que Christ lui aussi a souffert pour vous et vous a laissé un exemple, afin que vous suiviez ses traces.
1 Pi 2.20–21
Nous avons été appelés à imiter notre Seigneur. Notre appel à suivre Christ est un appel à souffrir l’injustice comme lui a supporté l’injustice. C’est un appel à bénir ceux qui nous font du mal.
En fait, notre conduite doit refléter ce que Dieu fait.
C’est parce que nous sommes au bénéfice de cette grâce que nous avons les raisons de bénir ceux qui nous font du mal.
Non seulement Dieu nous donne les raisons de bénir ceux qui nous font du mal, mais il nous en rend capables.
Un peu plus tôt dans la lettre, nous lisons:
Nous sommes morts au péché et vivants pour la justice. Aimer nos ennemis est impossible pour ceux qui n’ont pas l’Esprit de Dieu. Mais Christ nous a donné une nouvelle vie. Et ce qui nous était impossible est maintenant possible, par son Esprit. Il est possible d’aimer nos ennemis. Mais possible ne veut pas dire facile.
Pierre nous donne des raisons supplémentaires pour bénir ceux qui nous font du mal.
Quand nous vivons l’injustice, nous avons parfois l’impression que Dieu n’est pas là. Nous avons parfois l’impression que Dieu nous a abandonnés, et qu’il s’est détourné de nous. Mais il ne s’est pas détourné de nous, de la même manière qu’il ne s’est pas détourné de son Fils à la croix.
Pierre cite à nouveau le Ps 34 (1 Pi 3.10-12), qu’il avait déjà cité dans sa lettre. Dans ce Psaume, David parle de la délivrance de Dieu au milieu de l’épreuve. À la fin du Psaume, il proclame: « De nombreux malheurs (atteignent) le juste, mais de tous, l’Éternel le délivre. » (Ps 34.20) Au milieu de la détresse, David aurait pu douter de Dieu. Mais il a confiance que Dieu le délivrera. Et il veut s’éloigner du mal et faire le bien parce que « les yeux de l’Éternel sont sur les justes, et ses oreilles (sont attentives) à leurs cris. » (Ps 34.16)
Quand on nous fait du mal, Dieu entend nos prières, il entend nos cris (1 Pi 3.12a). Il entend notre détresse. Il sait que nous vivons l’injustice. Ses yeux sont sur nous. Un peu plus loin dans le même Psaume, David dit que « L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement. » (Ps 34.19) Peut-être que ce matin, certains vivent une injustice au travail, ou à la maison, ou à l’école. Certains sont peut-être victime de calomnies, de fausses rumeurs ou de méchancetés gratuites. Certains sont peut-être insultés ou raillés pour leur foi. Prenez courage, Dieu entend vos prières. Ses yeux sont sur vous. Il ne vous a pas abandonnés. Il vous entend et il vous soutient.
Quand nous vivons l’injustice, nous pouvons nous appuyer sur Dieu, qui est notre Père céleste. C’est ce que dit Pierre plus tard dans sa lettre.
Pierre donne encore une raison qui nous aide à bénir ceux qui nous font du mal.
On l’a dit, la justice fait partie de notre ADN. La justice fait aussi partie des attributs de Dieu. Cette justice doit être un encouragement pour nous à faire le bien. Au premier chapitre, Pierre disait: « Et si vous invoquez comme Père celui qui, sans considération de personnes, juge chacun selon ses œuvres, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour (sur terre) » (1 Pi 1.17)
Notre Dieu est juste. Et parce qu’il est juste, il punira le mal (12b). Mais pas maintenant, pas encore. Un jour, tous ceux qui auront fait du mal auront à rendre des comptes devant lui. Mais cette justice lui appartient. Et nous devons nous reposer sur l’assurance qu’un jour, Dieu fera justice. Jésus a supporté l’injustice en sachant que Dieu allait faire justice: « lui qui, insulté, ne rendait pas l’insulte; souffrant, ne faisait pas de menaces, mais s’en remettait à Celui qui juge justement. » (1 Pi 2.23)
Paul dit la même chose dans sa lettre aux Romains:
Ne rendez à personne le mal pour le mal. Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes. (…) Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère, car il est écrit: À moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai.
Rm 12.17, 19
Dieu fera justice, soyez-en sûrs. La méchanceté ne restera pas impunie. Nous sommes sensibles à l’injustice, mais Dieu voit le péché avec plus d’horreur que nous. Et un jour, il le jugera. Dieu fera justice, en attendant, il nous demande de faire grâce; en nous remettant à lui.