Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi tant de gens refusaient de suivre Jésus pendant son ministère terrestre, ne cherchez pas plus loin que ces versets.
« Vous avez entendu qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi » a dit Jésus dans son célèbre sermon sur la montagne. « Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. Alors, vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5.43-45)
De nos jours, nous avons tellement édulcoré le terme « ennemi » que ce commandement a perdu beaucoup de son effet-choc. Aujourd’hui, « ennemi » est surtout utilisé pour les gens qui sont impolis envers nous ou qui ne nous considèrent pas avec respect. Les anglophones utilisent même le mot-valise « frenemy » (friend + enemy) pour parler des personnes qui prétendent être nos amies, ou celles qui sont peut-être de vrais amis, mais qui sont aussi nos concurrents.
Toutefois, au temps de Jésus, les Juifs en Israël avaient de vrais ennemis. Durant leur existence entière en tant que peuple, ils ont eu à combattre des ennemis – depuis leur esclavage en Égypte, jusqu’à l’occupation de leur territoire par leur ennemi du moment, l’Empire romain. Leur ordonner d’aimer et de prier pour leurs ennemis revenait au même que de demander aux chrétiens d’Irak d’aimer et de prier pour DAECH (l’organisation de l’État islamique).
Et pourtant, c’est exactement ce que Jésus était en train de dire. Quand Jésus a donné ce commandement d’aimer et de prier pour nos ennemis, il savait que ça impliquerait de prier pour les groupes islamiques extrémistes comme DAECH et Al-Qaïda, qui assassineraient un jour son Épouse. Jésus était en train de dire que quand nous pensons à ces personnes, nous ne les considérons plus comme des ennemis. Comme l’explique John MacArthur, « nous ne devons pas être les ennemis de ceux qui pourraient être nos ennemis. Pour eux, nous sommes leurs ennemis; de notre point de vue, ils doivent être nos prochains. »
Mais comment faire? Comment prier pour ces prochains qui veulent assassiner les membres de notre famille? Cette tâche est difficile, mais il existe trois manières spécifiques de prier pour ceux qui sont engagés dans la persécution des chrétiens.
Il existe deux principales raisons pour lesquelles nous ne prions pas pour la conversion des extrémistes islamiques. La première est que nous croyons que c’est absurde de penser qu’ils pourraient devenir chrétiens. La seconde est que nous avons peur qu’ils se convertissent réellement.
La première raison est plus répandue, puisque prier que des terroristes se convertissent semble être une cause perdue. Nous reconnaissons la vérité théologique que Dieu peut faire pour eux ce qu’il a fait pour nous: accorder sa grâce pour qu’ils puissent être sauvés (Ép 2.8). Mais nous regardons la situation de manière « réaliste », et nous nous disons que la probabilité d’une réelle conversion est si proche de zéro que ça serait une perte de temps (pour nous et pour Dieu) de devoir même s’embêter à demander.
Il est certain qu’une telle conversion est peu probable et rare. Mais nous devrions quand même prier pour leur conversion. Si nous aimons vraiment nos ennemis, comment ne pouvons-nous pas au moins les remettre à Dieu dans nos prières?
Une autre raison, moins fréquente, pour laquelle nous ne prions pas pour la conversion des terroristes, c’est parce que nous avons peur qu’ils se repentent vraiment. Comme Jonas à Ninive, nous voulons que nos ennemis reçoivent leur juste châtiment, sans possibilité de miséricorde ou de pardon. Pensez à tous les chrétiens qui ont consciencieusement prié pour les nazis. Comment auraient-ils réagi s’ils avaient découvert que Hitler, juste avant sa mort, s’était réellement repenti de ses péchés et avait été pardonné par Dieu? Beaucoup de ces chrétiens se seraient sentis lésés, comme si ce n’était pas juste pour Dieu de lui pardonner ses crimes horribles. Ils voudraient certainement se plaindre, comme Jonas l’a fait quand Dieu a épargné les Ninivites:
Je savais que tu es un Dieu qui fais grâce et qui es compatissant, lent à la colère et riche en bienveillance, et qui regrettes le mal.
Jon 4.2
Mais c’est exactement à cause de la grâce et de la compassion de Dieu que nous devons prier pour la conversion de nos ennemis. Comment pouvons-nous ne pas demander à Dieu de faire preuve de la même grâce que celle qu’il nous a accordée?
Il n’y a pas de contradiction entre le fait de prier pour le bien de nos ennemis et prier pour que les conséquences de leurs mauvaises actions soient réduites. Il est avantageux pour eux autant que pour nous qu’ils soient empêchés de commettre plus d’atrocités. Pour ceux qui ont endurci leur cœur contre Dieu, il serait même préférable que leur vie soit écourtée plutôt qu’ils continuent à persécuter ses enfants.
La protection des innocents contre leur massacre peut obliger les gouvernements humains à intervenir militairement contre les extrémistes islamistes. Il est justifié que nous soutenions l’usage juste de la force pour restreindre de telles horreurs. Mais nous devons nous souvenir que même si la mort des terroristes est peut-être la seule manière efficace de restreindre leurs actions, nous ne devons jamais nous réjouir de leurs souffrances ou de leur mort (Pr 24.17).
De même que nous recherchons la justice sur terre de la part de nos autorités dûment établies, nous pouvons rechercher la justice divine de la part de notre Dieu saint. Comme le dit l’auteur John N. Day:
L’amour et la bénédiction sont l’éthique caractéristique des croyants des deux Testaments, mais maudire et en appeler à la vengeance divine sont leur éthique extrême qui peut se révéler dans les circonstances extrêmes, contre les pécheurs endurcis, trompeurs, violents, immoraux et injustes.
En demandant à ce que la justice divine soit faite, nous devons veiller à nos motivations. Prier pour la justice divine peut être une manière de contourner notre devoir d’aimer nos ennemis. Alors que nous devons laisser à Dieu la vengeance, nous ne devons pas oublier ce qui nous est ordonné. Comme l’écrit Paul dans l’épître aux Romains:
Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère, car il est écrit: « à moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s’il a soif, donne-lui à boire; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras sur sa tête ». Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainqueur du mal par le bien.
Romains 12.19-21
Dans l’ordre de nos prières, demander la justice divine devrait être considéré comme une possibilité de « dernier recours », une requête pour faire ce qui est nécessaire pour ceux qui ne vont ni se tourner vers Dieu ni se détourner du mal.
En tant qu’anciens ennemis de Dieu, nous devons être bienveillants et reconnaissants que nous ayons la chance de prier pour nos ennemis actuels, certains que Jésus nous écoutera. Nous devons être tellement reconnaissants pour la grâce de Dieu que nous voudrions que même nos ennemis la reçoivent. Mais s’ils refusent et endurcissent leur cœur contre celui qui les épargnera, nous devons demander qu’ils reçoivent la divine rétribution réservée à tous ceux qui sont en dehors de la justice de Christ.
Dans les discussions sur le thème de la prière pour nos ennemis, il est important de considérer le rôle et la pertinence des prières imprécatoires dans la Bible. Le sujet était trop complexe pour en faire le tour dans ce court article. Pour aller plus loin sur le sujet, je recommande donc l’article suivant (en anglais) de Sam Storm: Imprecations in the Psalms.
webinaire
Comment trouver la volonté de Dieu?
Ce replay du webinaire de John Glass a été enregistré le 2 novembre 2017.
Orateurs
J. Glass