Le tabernacle et le chrétien (Exode 40)

HerméneutiqueHistoire du SalutThéologie de l’alliance

Si vous êtes un peu comme moi, vous avez probablement lu le livre de l'Exode en prêtant une attention particulière à la première partie de ce livre, alors que se déroule l'histoire de la délivrance des descendants de Jacob de l'Égypte. Mais une fois que le peuple est dans le désert, et que l'Éternel donne des ordres élaborés concernant la loi cérémonielle, il est trop facile de se perdre dans les détails. Quant au tabernacle, avec toutes ses spécificités, j’avoue que j’ai parfois eu de la peine à me concentrer, chapitre après chapitre.

Le message central du livre de l’Exode

Pour comprendre n’importe quel passage d’un livre de la Bible, il est nécessaire de comprendre le fil conducteur du livre. Et pour cela, nous devons comprendre sa structure. En résumé, le livre s’ouvre sur le peuple de Dieu servant un roi impitoyable dans un pays étranger. Il raconte ensuite la délivrance par l’Eternel de son peuple élu, à main forte et à bras étendu. Moïse reçoit ensuite la loi au mont Sinaï, qui comprend les instructions sur la façon de construire le tabernacle. Une interruption désastreuse du récit a lieu lorsque le peuple destiné à construire une demeure pour Dieu, construit à la place un veau d’or. Pourtant, dans sa grâce, l’Éternel épargne la nation, grâce à l’intercession de Moïse, et charge ces mêmes hommes et femmes d’accomplir la tâche à laquelle il les avait appelés. Peu de temps après, le peuple commence à mettre en œuvre le projet de Dieu, ce qui nous amène au chapitre 40.

Le message central du livre de l’Exode est:

Dieu transforme des esclaves en ses enfants et révèle sa gloire afin qu’Israël le connaisse et le serve.

Le chapitre 40 clôture le livre de l’Exode de façon dramatique. Dans les premiers versets, nous lisons des instructions précises pour Moïse sur comment préparer la maison de Dieu pour son emménagement. Ensuite, l’intermédiaire élu exécute ces instructions à la lettre. Enfin, la gloire de l’Éternel descend sur la tente consacrée.¹

Le tabernacle et le chrétien

C’est un récit époustouflant. Mais que faire de cet événement pour nous en tant que chrétiens? Ce n’est qu’après avoir compris la signification de chaque élément du tabernacle pour le peuple qui se tient au pied de la montagne que nous pouvons répondre à cette question. Si vous avez toujours voulu découvrir leur rapport à votre vie, je vous invite à venir avec moi au désert de Sinaï.

Le lieu très saint

L’arche de l’alliance

L’arche de l’alliance et tous les éléments du lieu saint devaient être recouverts d’or pur, un revêtement approprié pour des objets si précieux. Décorée d’anges aux ailes déployées, l’arche de l’alliance évoquait un autre monde. Elle renvoyait au jardin d’Eden, où, après la chute, un ange en gardait l’entrée avec une épée flamboyante. Et, pour nous les chrétiens, cela évoque l’achèvement, c’est-à-dire, lors du retour de Christ, quand la nouvelle création sera pleinement établie. Car les anges joueront un rôle important dans la révélation et l’exécution du plan de Dieu tel qu’il est vu dans l’Apocalypse.

Le voile

S’il y a un élément du tabernacle que nous connaissons bien, c’est le voile. Il a été conçu pour empêcher les personnes d’entrer directement dans la présence de Dieu. L’accès n’était possible que par un intermédiaire, le souverain sacrificateur, et cela, une seule fois par année (Hébreux 9.7). Mais lorsque Christ est mort sur la croix, ce même voile a été déchiré de haut en bas. Lorsque Jésus s’est écrié: « Tout est accompli! », tout ce qui était nécessaire pour apaiser la colère de Dieu contre les pécheurs avait été fait, et Dieu était satisfait. Le paiement a été effectué dans sa totalité une fois pour toutes.

Le lieu saint

Ici, nous trouvons trois éléments:

La table

Au-dessus de la table, on plaçait 12 pains de propositions, pour les 12 tribus d’Israël. Ce pain avait plusieurs fonctions.

  1. Un rappel de la miraculeuse provision de manne dans le désert.
  2. Un rappel de la provision continuelle de Dieu non seulement du pain quotidien, mais aussi de sa provision spirituelle.
  3. Un sacrifice à l’Éternel en réponse à sa provision bienveillante.
  4. Une base de communion autour de la table en présence de Dieu, rappelant le repas partagé par Moïse, Aaron, ses fils Nadab, Abihu et les 70 anciens dans Exode 24.

Et pour nous, en tant que croyants au Messie, ils symbolisent deux choses de plus:

  1. La provision par Jésus de sa propre chair. Car notre Seigneur se sert de cette même image du pain lorsqu’il institue la Sainte Cène.
  2. La provision de l’Écriture, avec laquelle nous nourrissons nos âmes.

Le chandelier

Cette lampe, qui contenait sept bougies, servait à illuminer le lieu saint du tabernacle pour les prêtres qui y travaillaient.² Une partie du travail des prêtres consistait à s’assurer que cette lampe ne s’éteignait jamais. Car elle représentait la présence de Dieu au sein de son peuple, ainsi que la vie éternelle. Pour les croyants de la nouvelle alliance, la lampe pointe vers Christ, qui a déclaré: « Je suis la lumière du monde. » Puis, en Apocalypse, nous voyons une autre image brillante de la lumière qui est Jésus.

Apocalypse 21.23 dit:

La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer; car la gloire de Dieu l’éclaire, et l’Agneau est son flambeau.

L’autel d’or pour le parfum

D’un aspect très pratique, le parfum servait à donner une bonne odeur au tabernacle. Je ne connais pas la fréquence à laquelle les prêtres se baignaient, mais le parfum a sûrement été utile à un groupe de gars transpirant dans une tente dans le désert! Mais cet usage esthétique du parfum/encens était d’une importance mineure par rapport à sa signification spirituelle. Car dans l’histoire de la rédemption, l’encens est utilisé symboliquement pour faire référence aux prières du peuple de Dieu.

Psaumes 141.2 dit:

Que ma prière soit devant ta face comme l’encens.

Tout comme la fumée de l’autel des encens ne devait pas s’éteindre, les sacrificateurs devaient continuellement offrir des prières pour le peuple de Dieu. Là encore, nous voyons sous l’Ancienne Alliance que le peuple dépendait d’un intermédiaire pour obtenir le pardon des péchés et l’accès à Dieu. Dans la Nouvelle Alliance, nous n’avons plus besoin ni d’un tel intermédiaire ni de ses parfums. Parce que Jésus est à la fois notre sacrifice et notre sacrificateur, nous avons un accès direct au trône de la grâce.

Le parvis

Maintenant, nous passons aux éléments qui doivent aller à l’extérieur du tabernacle:

L’autel des holocaustes

Le lieu très saint était le point central de la présence révélée de Dieu. Mais le sacrifice n’y était offert qu’une fois par année, le Jour de l’Expiation. Le reste de l’année, c’était là, sur l’autel des holocaustes, que les sacrificateurs exerçaient leur travail. C’est là qu’ils offraient continuellement des sacrifices pour leurs péchés et pour les péchés du peuple.

Avez-vous remarqué un meuble qui est absent du tabernacle? Des chaises! Il n’y en avait pas une seule. La raison en est que le ministère des sacrifices se poursuivait sans cesse, parce que les péchés du peuple lui-même étaient continuels. C’est pourquoi il est d’autant plus remarquable de lire ceci dans Hébreux 10.12:

[Jésus], après avoir offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu.

Ce que les prêtres lévitiques de l’Ancienne Alliance ne pouvaient pas faire, Christ l’a fait une fois pour toutes pour nous. Et c’est la raison pour laquelle Jésus peut s’asseoir pour toujours!

La cuve

Elle était destinée à être utilisée par Aaron et ses fils, pour qu’ils se lavent les mains et les pieds avant d’entrer dans la tente d’assignation “…afin qu’ils ne meurent pas” (Ex 30.18-19). Le ministère des sacrifices était sanglant et salissant. Il était donc essentiel que les sacrificateurs aient un endroit où se laver avant d’entrer dans la tente d’assignation. Mais la signification spirituelle de cet élément du tabernacle et du rite qui l’accompagnait est claire: la purification précède le service.

Le lavage des mains illustre l’importance de se purifier à l’extérieur comme à l’intérieur. Dans la pensée biblique, les mains représentent la personne: les actions qu’elle accomplit avec ses mains proviennent de son cœur – soit pour bénir et guérir, soit pour verser du sang et commettre le mal.

Le psaume 24.3-4 évoque:

Qui pourra monter à la montagne de l’Éternel? Qui s’élèvera jusqu’à son lieu saint? Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur.

Normalement, nous n’avons pas besoin de nous laver les mains en entrant à l’église (sauf si le gouvernement l’exige durant une pandémie). Si nous avons cru en l’œuvre achevée de Christ, nous avons déjà été purifiés, c’est-à-dire déclarés justes. Les eaux du baptême sont pour le croyant une manifestation extérieure de la réalité intérieure que Jésus a déjà réalisée pour nous.

Éphésiens 5.25-27 dit:

Il [Jésus] s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable.

Maintenant que nous avons exploré ce que chaque élément individuel du tabernacle signifiait pour eux/alors, et pour nous/aujourd’hui, voyons enfin l’étonnante conclusion de l’histoire.

La gloire de l’Eternel dans la nuée

En deux simples versets, Moïse décrit ce glorieux événement:

Alors la nuée couvrit la tente d’assignation, et la gloire de l’Éternel remplit le tabernacle. Moïse ne pouvait pas entrer dans la tente d’assignation, parce que la nuée restait dessus, et que la gloire de l’Éternel remplissait le tabernacle.

Ex 40.34-35

Cette nuée était la manifestation visible du Dieu invisible. C’est la même nuée qui s’était interposée entre eux et l’armée menaçante du Pharaon dans Exode 14. C’est la même nuée qu’ils avaient vue de loin lorsque Moïse a rencontré Dieu au sommet de la montagne dans l’Exode 19. Et c’est la même nuée qui avait indiqué la présence de l’Éternel à l’entrée de la petite tente de rencontre provisoire que Moïse avait dressée à l’extérieur du camp dans l’Exode 33.

Et finalement, en Exode 40, cette nuée est le moyen par lequel l’Éternel montrait à son peuple qu’il était venu conformément à sa promesse. Elle était la preuve que le fossé entre l’Éternel et son peuple avait été complètement comblé grâce à l’amour bienveillant de Dieu pour son peuple et à l’intervention fidèle de Moïse auprès de l’Éternel

Quel tabernacle y a-t-il pour le chrétien?

Nous pouvons retracer le thème de la présence de Dieu auprès de son peuple de la Genèse à l’Apocalypse. Cela a commencé dans le jardin d’Eden, où Dieu marchait et parlait avec Adam et Eve. Cette communion a été détruite lorsque nos premiers parents ont choisi d’être comme Dieu plutôt que de se soumettre à lui et de le servir. Exode 40 marque le retour de la présence de Dieu parmi son peuple pour la première fois depuis le Jardin. Mais, tragiquement, le déroulement de l’histoire de la nation révèle une rébellion continuelle qui mène finalement à la destruction du temple et au départ de la présence de Dieu.

Des centaines d’années de langueur suivent, au cours desquelles ceux du peuple qui étaient restés fidèles, prient et attendent le retour de la présence glorieuse de l’Éternel au milieu d’eux. Et quand enfin elle arrive, elle ne vient pas dans une nuée, mais en chair et en os. Jean 1.14 dit:

Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.

Dans la langue originale, le terme traduit « habiter » est en fait « dresser son tabernacle ». En Jésus-Christ, nous avons un plus grand tabernacle que celui qui est dressé dans le désert. Nous avons vu la gloire de la nuée dans la face de notre précieux Sauveur! Ainsi, alors que nous célébrons son incarnation en cette période de fêtes, rappelons-nous les nombreuses façons dont il a révélé sa glorieuse présence tout au long de l’histoire rédemptrice, et réjouissons-nous de la plus grande gloire de toutes, celle de Jésus, le tabernacle parmi nous.


Angie Velasquez Thornton

En équipe avec son mari Daniel, Angie a servi le Seigneur au Sénégal pendant 10 ans dans la formation des leaders. Installés à Montréal avec leurs 2 filles depuis août 2017, ils servent dans leur Église locale et dans l'AEBEQ. Angie est titulaire d'un MDiv de Moody Theological Seminary. Elle est coanimatrice du podcast Chrétienne avec Aurélie Bricaud, Responsable du ministère féminin de SOLA (TGC Québec), animatrice de sa chaîne YouTube d'enseignement textuel, blogueuse chez TGC Canada et auteure et éditrice du livre Elles ont vu la fidélité de Dieu aux Éditions Clé en partenariat avec TPSG.

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Orateurs

J. Spencer