Pourquoi la résurrection du corps est-elle si importante au point d’être incluse comme l'une des 12 déclarations qui définit la foi chrétienne jusqu'à nos jours? Dans cet article, je tente de répondre à cette question à travers le témoignage de l'Écriture et de l'histoire de l'Église.
Apparemment, un enseignement circulait à Corinthe selon lequel il n’y avait pas de résurrection physique pour le croyant et que la future résurrection serait simplement spirituelle. Une telle idée a persisté aux 2ᵉ et 3ᵉ siècles, si bien que les premiers pères de l’Église ont dû écrire contre elle. Et spécifiquement à l’époque où le Credo a été composé, l’enseignement gnostique concernant le corps était une grande menace pour l’Église.
Les gnostiques avaient une vision erronée du monde matériel, un monde que Dieu avait créé et déclaré bon. Ils croyaient que l’homme était une âme noble qui pouvait excuser son comportement honteux comme les penchants irrésistibles de sa coquille matérielle. Mais l’Écriture enseigne au contraire que l’homme est une unité psycho-physique dont la condition morale est directement exprimée par les choix qu’il fait dans son corps. Parce que les gnostiques croyaient que notre propre corps était une prison pour l’âme, leur objectif était de « retourner au royaume céleste en tant que pur esprit. » Une résurrection physique était donc impensable pour eux.
Dieu a envoyé son Fils sur terre dans un corps humain. Jésus n’a pas été corrompu par le fait d’habiter un corps physique. Au contraire, il a parfaitement obéi à la loi de Dieu tout en acceptant les limites de l’incarnation. Et si le corps lui-même avait été indésirable, Dieu aurait certainement délivré Jésus de sa « prison » lors de sa résurrection. Au contraire, Jésus-Christ est monté et trône à la droite du Père dans un corps physique glorifié. Un érudit a fait remarquer que « la poussière de la terre est assise sur le trône du ciel ». Un être humain est assis à la droite de Dieu!
Justin Martyr, qui a écrit au IIe siècle, nous aide à comprendre l’importance de l’humanité complète et corporelle de Christ dans ce qui suit:
En effet, Dieu appelle également le corps à la résurrection et lui promet la vie éternelle. Lorsqu’il promet de sauver l’homme, il le fait également à la chair. Qu’est-ce que l’homme, sinon un être vivant rationnel composé d’une âme et d’un corps? L’âme est-elle à elle seule un homme? Non, elle n’est que l’âme d’un homme. Le corps peut-il être appelé un homme? Non, il ne peut être appelé que le corps d’un homme. Si donc aucun des deux n’est par lui-même un homme, mais que ce qui est composé des deux ensemble est appelé un homme, et si Dieu a appelé l’homme à la vie et à la résurrection, il n’a pas appelé une partie, mais le tout, qui est l’âme et le corps. — La Résurrection 8 [153]
Une bonne compréhension de la résurrection corporelle est importante parce que, tout simplement, je suis mon corps. Je ne suis pas uniquement mon corps, mais je ne peux pas être séparée de mon corps et être entièrement moi-même. Le lien entre mon corps et mon âme est parfois indiscernable. C’est la raison pour laquelle lorsque je cours, je me sens bien après. Ou quand je mange trop de sucre, je me sens mal. C’est pourquoi, lorsque je ne prends pas soin de mon corps en mangeant, en faisant de l’exercice et en me reposant correctement, mon âme en souffre. Notre âme est intimement liée à notre corps.
Il est important de comprendre la résurrection corporelle à la lumière d’autres philosophies de notre époque. Par exemple, l’islam décrit l’au-delà comme un lieu de récompenses riches et sensuelles, en particulier pour les hommes. Ils attendent un festin de plaisir dans lequel ils seront entourés de vierges qui les serviront pour l’éternité. En réponse à cela, certains chrétiens vivant dans un contexte musulman enseignent à juste titre que notre récompense et nos plus grands plaisirs seront de nature spirituelle et non charnelle. Mais en rejetant l’enseignement erroné de l’Islam sur la vie après la mort, la croyance selon laquelle il n’y a pas de résurrection du corps s’est également introduite chez certains chrétiens. Mon mari Dan a dû faire de grands efforts pour corriger cette erreur lorsqu’il enseignait la théologie systématique au Sénégal.
Cet enseignement aborde une autre vision erronée de la vie après la mort. Beaucoup de gens, y compris certains croyants, s’imaginent que dans l’éternité, nous flotterons sur des nuages, jouerons de la harpe et chanterons toute la journée. Cette perception du paradis semble assez ennuyeuse, pour être honnête. L’implication de la résurrection du corps est que nous vivrons, travaillerons et servirons notre grand Dieu et Roi dans la nouvelle terre de la même manière que nous le faisons aujourd’hui, mais libérés de la souffrance et du péché.
C’est peut-être dans 1 Corinthiens 15 que l’on trouve le traitement le plus complet de la résurrection dans les Écritures. Dans 1 Corinthiens 15.12-19, Paul centre son raisonnement sur ce qui est en jeu s’il n’y a pas de résurrection.
Un peu plus loin dans le chapitre, Paul nous aide à comprendre la nature de la résurrection corporelle qui attend les croyants. Dans 1 Corinthiens 15.42-49, Paul explique que Christ est le premier fruit d’une récolte abondante qui viendra à la fin de l’ère. D’Adam, nous avons hérité des corps humains déchus. Nous avons hérité du péché et de la vulnérabilité aux maladies qui finissent par entraîner la mort. Mais en Christ, le deuxième Adam, nous avons également hérité la promesse de corps glorifiés. Nous suivrons notre frère Jésus dans l’éternité dans des corps glorifiés.
J.I. Packer a décrit les corps qui nous attendent de cette façon:
Mon corps actuel –« frère âne », comme François d’Assise voulait le nommer– est comme le vieux tacot d’un étudiant; je m’en occupe comme je veux, mais il marche de façon précaire et jamais très bien, et il nous déçoit souvent, moi et mon Maître (très frustrant!). Mais mon nouveau corps se sentira et se comportera comme une Rolls-Royce, et alors mon service ne sera plus gâché.
Il peut nous être utile de comprendre la chronologie de ces événements. De 1 Corinthiens 15.50-53, nous concluons que les croyants qui sont morts existent dans un état intermédiaire au ciel comme des êtres désincarnés. Ils sont absents du corps et présents avec le Seigneur (2Co 5.8). Mais voici ce qui est remarquable: Notre salut ne sera pas complet avant le retour du Christ, lorsqu’il réalisera la résurrection de nos nouveaux corps glorieux. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous serons pleinement conformes à l’image de Christ. Une réunion de l’âme et du corps aura lieu. Et pour les croyants qui resteront sur la terre lors de la seconde venue de Christ, leurs corps seront instantanément transformés en corps glorifiés. Pour les uns comme pour les autres, ces corps seront incorruptibles, immortels, glorieux, puissants et contrôlés par l’Esprit.
Un passage qui éclaire cette réalité est 2 Corinthiens 5.1-2:
Nous savons, en effet, que si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme. Aussi gémissons-nous dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste.
Ainsi, Paul décrit nos corps actuels comme des tentes, qui sont des structures temporaires. Et il les oppose à un bâtiment, une maison, une habitation, qui est une structure permanente, et qui est faite par Dieu.
Les paroles de Paul à l’Église de Rome font écho à ce point en Romains 8.22-25.
Ligon Duncan explique bien le lien entre la résurrection du Christ et la nôtre:
Si sa croix est pour nous et si nous la suivons dans cette voie; si sa tombe est pour nous et si nous la suivons dans cette voie; de même, sa montée aux cieux est pour nous et nous l’y suivons. Nous sommes transformés; c’est l’espoir chrétien. Dans nos corps, nous verrons Dieu; c’est l’espoir chrétien. Nous nous verrons les uns les autres dans toute la puissance transformatrice de la grâce de Dieu.
Duncan fait ici allusion à Romains 6.4-5:
Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection.