Second épisode de la série sur les addictions, il apporte des clés essentielles pour tous ceux qui désirent sortir d'une addiction. Que vous soyez-vous même enfermé dans une addiction, où que vous accompagniez une telle personne, ce podcast est pour vous!
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Transcription :
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PVR 205 : comment sortir d’une addiction ?
– Florent : Bonjour, on continue notre série de podcasts sur les addictions, je suis vraiment heureux d’être accompagné d’un ami qui est aussi un spécialiste. Daniel, je vais te demander de te présenter de nouveau ?
– Daniel : Oui, bonjour, je m’appelle Daniel, je suis médecin addictologue et je m’occupe donc de soigner des hommes et des femmes qui sont tombés dans les pièges de l’addiction, souvent à des produits.
– F : D’accord ! Alors le podcast précédent traite de ce que c’est que l’addiction, ça le définit, on a fait un petit peu le contour rapide bien sûr, bien trop rapidement, on n’a que 15 à 20 minutes, mais le sujet de ce podcast va partir de l’idée : on va essayer d’aborder la question de sortir d’une addiction, mais bien entendu, ce serait bien que tu écoutes le podcast précédent avant d’écouter celui-ci, pour te faire une idée.
Alors Daniel je vais te poser une question toute simple, qui fera un peu écho au podcast précédent, c’est : donne-nous ta définition d’une addiction ?
– D : Alors il y en a beaucoup, hein, mais il y en a une qui est particulièrement courte et dense, chaque mot compte : une obligation de satisfaire un besoin nuisible. Tu es obligé, tu cherches une satisfaction qui t’échappe, ça devient un besoin parce que tu le confonds avec d’autres besoins qui sont des vrais besoins par contre, et nuisible parce que ça va avoir un impact négatif sur ta vie, et même ton espérance de vie.
– F : Bien sûr, tout ceci a été développé un petit peu plus longuement dans le podcast précédent, et moi ce qui m’intéresse maintenant, c’est qu’on voie ensemble les racines un peu des addictions. Est-ce que tu as, au travers de ta pratique, au travers des rencontres que tu as eu, est-ce que l’on peut dire qu’il y a un profil type, ou des racines communes, un comportement, ou un comportement d’addiction à des substances, ou bien d’addiction à des comportements sexuels, la pornographie ou des choses comme ceci… Est-ce qu’il y a un profil type, est-ce qu’il y a des causes fréquentes ? Parle-nous un peu de ce que tu vois…
– D : Alors on peut dire que la cause fréquente, ou la cause essentielle de l’addiction, c’est que dans ton cerveau, dans ton circuit du plaisir, tu vas créer une espèce d’autoroute de satisfaction, où tu vas recevoir un shoot de dopamine, à chaque fois que tu fais un comportement, ou que tu prends un produit ; et à un moment donné, qui est variable en fonction du comportement et du produit que tu vas prendre, cet automatisme va se mettre en route, et ton cerveau va garder une mémoire forte de tout cela, il va dire « je veux que tu réinjectes dans mon circuit cette dose de dopamine », et tu dois le refaire…Tu n’es plus libre, puisque ton cerveau devient ton contrôleur. Il te manipule, en te disant : « maintenant je ne te laisse plus libre, je veux que tu me redonnes ma dose ».
– F : Alors ça c’est l’aspect physiologique ; est-ce que l’on est conditionné, c’est-à-dire une personne a tel circuit de façon prédominante, ou est-ce que l’on est dans un comportement acquis, ou dans un circuit que l’on développe soi-même ?
– D : Alors là c’est une très longue question…Et jusqu’aujourd’hui on y travaille. Est-ce que c’est acquis, donc est-ce que ça veut dire que c’est quelque chose qui m’est arrivé, dans ma jeunesse, par rapport à ce que j’ai appris, ou avec les mauvaises fréquentations à l’adolescence ; ou est-ce que c’est génétique, lié à mes ancêtres, etc ? Il y a probablement les deux.
– F : D’accord !
– D : On le voit, hein, on en a parlé déjà dans l’autre podcast, si tu regardes par exemple les Bochimans et les Pygmées, leur dépendance à l’alcool est de l’ordre de 80%, ils sont les champions du monde, et d’ailleurs à tel point que l’espérance de vie est faible dans ces groupes ethniques, et on pense même que leur survie sociétale en tant que groupe est compromise dans les prochaines générations, parce que le produit va les détruire.
– F : A cause de l’alcool ?
-D : A cause de l’alcool. Pourquoi sont-ils aussi sensibles à ce produit, alors que les Bantous qui les entourent, et nous les Européens, on y est beaucoup moins sensibles ? Mais ceux qui sont sensibles vont avoir un gros problème. Mais 92% des Alsaciens… pardon, des Français (je suis Alsacien, je le reconnais, voilà !) 92% des occidentaux ne sont pas dépendants de l’alcool, mais pourtant peuvent en consommer. Pourquoi est-ce que ce produit donne une dépendance à 8% des gens avec une catastrophe derrière, ça c’est une vraie question, qu’on se pose encore aujourd’hui. Ceci étant, on a donc une prédisposition génétique, c’est assez clair, par rapport à des produits, par contre ce qu’on peut dire aussi, c’est qu’il y a un phénomène d’apprentissage, et là tous les addictologues sont d’accord, ils disent que l’adolescence c’est la fabrique à addiction.
– F : OK.
– D : Pendant la période de l’adolescence, on va dire donc de 13 à 20 ans, c’est une période de danger majeur pour devenir addict ; s’il n’y a pas eu de dépendance et d’addiction pendant cette période, d’expérimentation dangereuse, à 20 ans, en général, tu as peu de risques de devenir addict… grosso modo, tu es sorti d’affaire.
– F : Alors de 13 à 20 ans, quels peuvent être les facteurs déclenchants, vers une addiction ?
– D : Alors en général, dans l’adolescence, ce qui va être très important c’est les pairs (pas les pères, papas, c’est les ‘pairs’ p. a. i. r. s) Si tes copains t’entraînent à fumer du cannabis, ou à consommer des produits, ou à jouer à un certain nombre de jeux, si ces gens-là t’entraînent à ça, et bien en fait, tu vas avoir tendance à reproduire ce comportement là, rien que pour pouvoir faire partie du groupe de pairs.
– F : Donc ça c’est une pression sociale…
– D : …sociétale ! C’est clair qu’à l’adolescence il va y avoir une pression sociétale très forte à un moment donné, et c’est toute l’importance aussi de créer (on en revient au spirituel) de créer pour nos jeunes aujourd’hui, des endroits où ils peuvent trouver une interaction avec d’autres jeunes, sans avoir à participer à des groupes ethniques et des groupes de pression qui vont les amener à ça.
– F : Bien choisir ses amis c’est vraiment clé, au moment de l’adolescence, ça c’est le conseil que l’on pourrait donner, et ça ressemble à ce que l’Ecriture nous montre, il faut prendre garde à ces jeunes. Le roi Salomon parlait à ses enfants qui étaient déjà presque des adultes, et il fait état justement de cette situation, « ne te laisse pas entraîner par d’autres », parce que c’est une pression très difficile à gérer.
– D : Tout à fait !
– F : Donc une prédisposition qui peut être génétique, une prédisposition sociale, donc tes copains vont te donner une orientation, il faut que tu fasses gaffe avec ceux avec qui tu traînes… Est-ce qu’iI y a d’autres facteurs, d’autres éléments ?
– D : Oui, il y a un autre facteur, qui est assez prégnant, qu’on retrouve facilement, par exemple, tu vois, dans l’hôpital où je travaille, si on étudie le discours des femmes – je te parle de femmes accros à l’alcool – on se rend compte que 80% des femmes accros à l’alcool dans notre structure, racontent au psychologue des violences sexuelles dans l’adolescence ; et souvent faites par un ascendant…
– F : Des actes de pédophilie ?
– D : Des actes de pédophilie, des choses glauques… et donc quand on regarde ça, on se rend compte que… pour les hommes c’est un peu différent, mais on se rend compte que, s’il y a un facteur prédisposant familial, c’est un environnement familial toxique, avec un papa absent ou violent, ou une maman manipulatrice, ou… Beaucoup de souffrances infantiles sont souvent à la base d’addictions plus tard. Je dirais que si… je vais dire, c’est un mot d’espoir, si vous voulez protéger vos enfants de l’addiction, la meilleure des choses que vous puissiez leur faire c’est de leur donner un foyer, avec un papa et une maman qui s’aiment, qui savent se demander pardon, qui savent reconnaître leurs défauts, qui savent le dire à leurs enfants, et qui leur disent qu’ils les aiment d’une façon inconditionnelle. Franchement, c’est le meilleur vaccin qu’on puisse donner à un enfant ; c’est pas une garantie, hein ! On a toujours des contre-exemples en médecine, mais en général, les enfants qui ont un environnement stable vont être protégés par rapport à l’addiction.
– F : Ouais c’est fascinant ! Alors le cycle de l’addiction, on en parle parfois, c’est quoi les étapes, elles sont balisées un peu ?
– D : Oui, alors d’abord, on va entrer… grosso modo, on va parler de l’usage, et on va parler d’usage qu’on appelle l’usage simple. Moi par exemple, je suis un usager simple de l’alcool, ma femme ça lui plaît pas trop, mais c’est vrai, en fait il y a beaucoup de gens qui sont usagers simples de l’alcool, c’est-à-dire que je peux en boire un peu de temps en temps, et puis pendant quelques jours ça me dérange pas du tout de ne plus en boire, j’en recherche pas. Cet usage simple, il est possible pour un certain nombre de produits, mais pour d’autres, comme par exemple l’héroïne, tu verras très peu de gens qui vont te dire « je suis dans l’usage simple d’héroïne », ça n’existe pas. Soit tu es abstinent d’héroïne, ce que je suis, et je veux bien le rester, soit tu deviens dépendant de l’héroïne. Après l’usage simple, on a ce qu’on appelle l’usage à risque, c’est des gens qui commencent à consommer de façon massive le produit, ou un comportement… Ils sont déjà à la limite, dans une espèce de zone jaune, tu vois, où ça commence à avoir des répercussions sur eux, mais ça se passe bien. En général, ils n’ont pas de gros gros problèmes, mais ils prennent des risques. En fait ils sont déjà – souvent ils ne s’en rendent pas du tout compte, mais ils sont déjà sur une pente descendante.
– F : Est-ce qu’on parle de fascination, c’est pas le terme qui est utilisé ?
– D : On peut l’utiliser, la fascination, mais c’est plutôt la période que nous décrivons comme la période ‘rose’.
– F : Ah, ok…
– D : J’ai une période rose, le produit me donne du plaisir, je pense que je peux le gérer, et je pense que pour moi je suis l’exception, moi je vais pouvoir m’amuser avec ce produit…Tous les autres tombent, mais moi je m’en sors.
– F : Alors tu parles de produit, mais on est bien d’accord que ça peut toucher les comportements ?
– D : Tout à fait, et ensuite on rentre dans la phase qui s’appelle l’usage nocif. C’est-à-dire que là, les gens, en général, commencent déjà à réaliser que le produit leur fait du mal, que le comportement leur fait du mal, mais en même temps, ils commencent à réaliser qu’ils ont des chaînes attachées à leurs poignets, et que de toute façon, arrêter serait tellement compliqué et douloureux, qu’ils se disent – de toute façon, ils s’illusionnent à cette phase – ils se disent : « j’arrêterai plus tard, je le ferai mais le moment venu », etc, et puis là ils sont sur l’autoroute, l’autoroute pour arriver vers la dépendance, qui est alors une chaîne complète, définitive, où finalement leur cerveau est complètement prédisposé, il y a une espèce d’autoroute de distribution de dopamine, uniquement lors du comportement ou lors de la prise du produit. Et donc, là, il n’y a plus de plus de moyens de s’en sortir ; c’est plus quelque chose de raisonnable…
– F : C’est ça… il y a une gouvernance.
– D : C’est quelqu’un qui est addict ! Tu peux pas lui dire : « Ecoute, faudrait que tu arrêtes, ne consomme qu’un gramme d’héro une fois tous les mois, tu verras là c’est pas cher » … Mais c’est pas possible ! Tu peux plus, Il n’y a plus de « raisonnable » à ce moment là. Tu es sous le contrôle d’un orage émotionnel dans ton cerveau, et là tu es clairement esclave.
– F : D’accord… C’est intéressant parce que la manière dont tu m’en parles, c’est comme si le masque tombait. Il y a un sourire au début et puis une grimace à la fin. Et ça me fait penser, nous avions, quand on habitait à Lyon avec mon épouse, une voisine qui était prostituée – mais probablement de haut de gamme – et un jour je suis sorti au moment où elle accueillait un client, et c’était fascinant de voir –bon elle était vêtue de peu, mais ce qui était fascinant de voir c’était le sourire, que j’oublierai jamais, qui était un sourire d’une tendresse à moitié maternelle à moitié séductrice, mais tellement bienveillant ; mais moi et ma femme, on voyait comment elle traitait son fils, en allant à l’école, on voyait sa colère, sa violence, son visage fermé, et le contraste était saisissant ; entre son accueil, et puis ce qu’elle était en réalité. Je mets absolument pas de blâme sur elle, je sais pas quelle a été sa vie, mais c’est intéressant de voir combien à un moment donné ça bascule… c’est plus un sourire, c’est une prison.
– D : Très souvent, dans l’addiction, tu vas avoir une période où les gens vont cacher le problème, et ils vont parfois être très doués, pendant très longtemps ils vont pouvoir – ça dépend du produit – ils vont pouvoir sauver la face, et on va cacher la chose. Par exemple dans l’alcool, parfois ça dure 15 ans, cette phase-là, où on cache les bouteilles, on fait attention, on se brosse les dents, on utilise du ‘pschit’ pour qu’on ne sente pas l’odeur…et en fait on est déjà souvent à 30 verres par jour, et on arrive encore à donner un certain change à l’environnement. Et puis au bout d’un moment, ils n’ont plus le choix, ils sont obligés d’accepter qu’ils sont accros, et là, alors là c’est la descente dans la destruction d’eux-mêmes. En fait ça les blesse profondément, et alors pour supporter cette souffrance supplémentaire, et ben en général ils augmentent leur consommation.
– F : Ok, donc on va imaginer…Alors j’espère que parmi ceux qui nous écoutent, il n’y a pas de personnes qui sont dans cet état, mais peut-être il y en a, ou peut-être il y en a qui ont commencé, ou qui commencent ce chemin, ou peut-être qui sont tristes d’être enchaînés par la pornographie, ou enchaînés par des choses un petit peu plus communes, notamment chez les jeunes, les jeunes adultes en tout cas, le cannabis étant l’une des autres possibilités… Bref, je sais pas dans quel état tu te trouves, peut-être tu as des amis ou des copains qui sont dans cette situation, moi ce que je voudrais qu’on voit maintenant, c’est comment on fait… Quelles sont les étapes nécessaires pour sortir de ce cycle ? De ta perspective professionnelle ? Et puis bien sûr on abordera la question d’une perspective spirituelle.
– D : Alors ce qu’on peut dire, c’est qu’aujourd’hui on commence à soigner les addictions, heureusement. Dans le monde moderne, il y a des addictologues, il y a des centres, il y a ce qu’on appelle des CSAPA en France (des Centres de Soins et d’Accompagnement aux Pathologies Addictives). On peut le dire, on peut aller dans les hôpitaux, c’est gratuit, il y a là une équipe de professionnels qui vous écoutent, avec à la fois des infirmiers, des assistants sociaux, des psychologues, des médecins, qui ont un vrai métier dans ce domaine là.
– F : OK…
– D : Alors comme ça, lors d’un podcast de quelques minutes, qu’est-ce qu’on peut dire ? La première chose qu’on va faire c’est aider les gens – première étape – à sortir du déni. Qu’est-ce que c’est le déni ? C’est le type qui vous dit : « ma mère m’a dit de venir parce que j’ai un problème, mais en fait le problème c’est ma mère ! » Alors tant que les gens sont dans cette phase de déni, en fait on peut très peu faire pour eux, parce que finalement il faudrait plus soigner la maman, si tu vois ce que je veux dire… si tu les écoutes…
– F : Oui, oui, c’est ça…
– D : Mais on va essayer de les aider, à réfléchir ensemble et dire : « Bon, on va arrêter de parler de votre maman, on va parler de vous », et on essaie de réfléchir, par exemple dire « mais, qu’est-ce qu’elle dit, elle parle de ça et de ça ? Mais est-ce que ça vous a quand même coûté quelque chose ? » « Ah ben oui, j’ai arrêté mes études, ah ben oui, mais j’ai pas de boulot, ah ben oui mais… j’ai eu un accident de voiture, ben j’ai plus de permis », etc, etc. Et donc on va essayer dans un premier temps de les aider à sortir du déni, eux-mêmes, parce qu’en fait tu sais, tu vas pas les convaincre par ta propre parole, faut que ça vienne dans leur tête, faut qu’il le comprenne d’eux-mêmes… pour dire : « oui, j’ai payé un prix énorme, qui n’est pas que le prix du produit ou du comportement, j’ai payé un prix énorme de tout ce que j’ai raté » …
– F : C’est la prise de conscience ? C’est le premier…
– D : Première étape, c’est des gens… de passer de l’étape du déni, à dire « j’ai un problème, et je veux me soigner ».
– F : Alors moi ce que je vois parfois, ce sont des gens qui admettent qu’ils ont un problème, alors surtout dans les milieux chrétiens, on est sensible à la réalité de nos vies – pas toujours, mais parfois – mais ils sont tellement découragés d’avoir tout essayé, qu’ils se disent « de toute façon je serai comme ça le reste de ma vie ». Qu’est-ce que toi tu dirais ?
– D : Alors mais ça c’est typiquement le mensonge de l’ennemi, l’ennemi veut les décourager, il va leur dire : de toute façon tu as essayé de tirer sur ta chaîne tellement de fois, tu sais bien qu’elle est toujours là, et donc il va vous dire, il va nous dire… c’est un mensonge, un mensonge de l’ennemi ! C’est normal, c’est le père du mensonge.
– F : D’accord…
– D : Il va nous dire : « de toute façon il n’y a pas de solution pour toi, tu as vérifié ça des dizaines de fois, donc tais-toi, continue et reste comme ça ! » C’est faux. C’est faux. Il y a la libération en Christ, et on en parlera, alors je dirais, on en parlera dans la deuxième partie, je dirais… Continuons à parler encore un petit peu…
– F : Oui !
– D : …des méthodes médicales, on va dire, des méthodes séculaires qui sont là et qui donnent un certain nombre de résultats.
– F : Absolument !
– D : Une fois qu’on est passé… quand on est sorti du déni, la 2e étape, c’est de faire… on propose généralement un suivi psychologique, il faut se dire que les gens sont amenés à déposer leurs valises, et on leur propose à ce moment-là des sevrages. C’est à dire qu’un sevrage, on essaie d’arrêter la prise du produit ou du comportement…
– F : D’accord.
– D : …et cette phase de sevrage elle est parfois violente ; parce que le sevrage, particulièrement l’alcool, ou même à l’héroïne, tu sais, c’est des expériences très douloureuses et très désagréables, et les gens le connaissent tu sais, ils sont passés par le manque donc ils savent d’avance ce qui les attend ; donc du coup, là, ils se retrouvent souvent avec des longues listes de médicaments, des neuroleptiques, des benzodiazépines, enfin, et j’en passe… du coup ils sont parfois assez drogués par le médicament qu’on leur donne, tu vois, c’est pas forcément idéal, mais en tout cas on essaie de les aider à passer cette phase qui dure un certain temps, on va dire en moyenne une quinzaine de jours, 3 semaines… Et après, quand ils ont passé cette phase du sevrage, qu’on appelle le sevrage physique, eh bien on va essayer de les aider à sortir de la dépendance psychologique, c’est-à-dire l’envie d’avoir recours aux produits dès qu’ils auront un problème.
– F : D’accord…
– D : Tu vois, du style, les personnes arrivent, ils ont arrêté par exemple l’héroïne, et ils vont bien, ils sont resocialisés, on leur retrouve un boulot, et ils vont bien. Et puis ils rentrent chez eux après 3 mois de cure et puis ils vont bien ; ils t’envoient même un sms « docteur, tout va bien » …et puis tout à coup, ils découvrent dans leur boîte aux lettres une lettre du percepteur qui leur dit « vous devez 4000€ à la Sécu, vous n’avez pas payé », ils se rendent compte qu’ils ont pas l’argent pour payer, que ça va être très compliqué, et ben qu’est-ce qu’ils font pour se soulager ? Ils vont au bout de la rue, ils vont à la gare, et là on leur vend un rail d’héro ; et c’est basta, ils repassent dedans, et c’est reparti ; et il faudra recommencer, c’est très compliqué après, parce que parfois ils sont partis pour un an, plusieurs années de re-consommation, avant d’avoir de nouveau de l’énergie pour se lancer dans un processus de soin.
– F : Donc ce que j’entends ce qu’il y a une médicalisation de la souffrance en quelque sorte… par les addictions ?
– D : Il faut être humble et reconnaître qu’en matière de résultats, si tu parles en terme de guérison, nous n’avons en tant que – médicalement – que finalement peu de guérisons, on estime qu’une guérison – c’est des chiffres qui sont approximatifs – on ne guérit qu’environ 20% des addicts…
– F : Ok…
– D : Donc finalement aujourd’hui, il vaut mieux avoir un cancer, parce qu’on guérit plus le cancer, on guérit 40% des cancéreux, aujourd’hui finalement tu vois l’addiction, on en guérit 20 ; ça veut dire qu’il y a 80% de gens qu’on peut contrôler un peu, on les prolonge mais on ne les guérit pas.
– F : C’est ça, waouh… Donc alors c’est quoi la prochaine étape, ensuite ?
– D : Eh ben la prochaine étape… et c’est pourquoi j’ai accepté de faire cette vidéo avec toi, Florent, c’est parce que je me rends compte que dans mon métier, on leur propose un certain nombre de soins qui sont pas mauvais, parfois avec beaucoup de médicaments, qu’ils iront plus ressemblant à Michael Jackson après un concert, qu’à des gens « monsieur et madame tout le monde », et en même temps des gens qui… quand je les vois avec tous ces produits je leur dis, « mais vous avez aucune chance de vous réinsérer socialement, vous avez un look endormi » … et quand on enlève tous ces produits, la 1e chose qu’ils veulent, c’est reprendre leur produit à eux, qui les apaisait, qui leur redonnait… et donc les rechutes sont extrêmement fréquentes.
Et donc finalement moi ce que je vois dans mon métier, c’est que finalement je ne peux pas leur parler de Dieu, puisque dans mon métier c’est un milieu séculier, etc. Mais quand je retrouve des personnes à l’extérieur, dans le milieu privé ou dans les églises, je leur dit « mais vous savez, Jésus est venu pour nous libérer ! il m’a libéré moi, il a libéré… il est venu pour libérer… regardez qui c’étaient les hommes qui traînaient après Jésus ? » Tu sais, il y avait des gens de très mauvaise vie qui traînaient après Jésus, il y avait des prostituées, des voleurs, il y avait certainement aussi quelques ivrognes, il y avait certainement aussi des violents, des va-nu-pieds, des types qui savaient même pas lire et écrire, des collaborateurs avec l’ennemi… tu ne trouves pas ? Et d’ailleurs les Pharisiens n’étaient pas du tout contents, d’ailleurs, ils disaient « mais regarde… »
– F : Les Pharisiens qui étaient donc des religieux qui étaient appréciés pour leur standing dans la société.
– D : Voilà ! Ils disaient qu’est-ce ce que ce Jésus fait avec ces gens-là ? S’il était un prophète il saurait que…. Eh bien en fait, c’est génial, c’est que Jésus s’occupait de ces gens-là. Et moi je suis convaincu qu’aujourd’hui, et je l’ai vu, je l’ai vu à l’œuvre, j’ai vu comment le Seigneur guérissait, parfois d’une façon drastique, immédiate, et puis parfois pour d’autres, c’est un chemin long, de plusieurs mois de bagarres, et en même temps de faire confiance au Seigneur… mais je suis convaincu qu’il y a aujourd’hui une porte de sortie spirituelle à toutes les addictions.
– F : OK c’est génial, alors justement on a parlé au début de ces circuits un petit peu que l’on activait dans le cerveau, est-ce que – je sais que à la mode il y a ce terme de plasticité de notre cerveau -, est-ce qu’on peut réorienter cette autoroute du plaisir qui se greffe sur des comportements qui sont addictifs, vers d’autres circuits ? Et en quoi la foi peut nous aider à cela ?
-D : En fait il faut bien comprendre qu’on a créé une espèce d’automatisme dans notre cerveau et qu’il veut une récompense.
– F : D’accord…
– D : Et finalement la guérison de l’addiction, c’est quelqu’un qui est prêt à dire « je vais accepter de vivre ma vie sans chercher des récompenses exceptionnelles de dopamine dans mon cerveau, comme j’ai pris l’habitude de le faire avant ».
– F : Donc une certaine souffrance ?
– D : Et accepter aussi une certaine souffrance, mais au bout d’un moment ils vont se rendre compte qu’ils récupèrent de la vraie vie, de la liberté, et elle est bien meilleure ! Beaucoup de gens qui vous disent : « j’étais abstinent pendant 5 ans, j’ai rechuté, mais qu’est-ce que c’était bien ces 5 ans ! »
– F : Mais oui c’est ça…
– D : Donc je crois qu’aujourd’hui, très clairement, nous devons dire aux gens : la première chose en matière spirituelle pour guérir d’une addiction, c’est comme dans le monde le sortir du déni, c’est la confession. C’est d’être capable de trouver un groupe d’amis, un groupe de frères et de soeurs à qui on est capable d’être vrai, et de dire : « Ecoute, moi j’arrête de jouer le théâtre, j’arrête de faire semblant d’être, je suis accro à la nicotine, je suis accro, je suis un fumeur » … Maintenant, dire que je suis fumeur, c’est facile, mais dire je suis un accro à la nicotine, et tous les jours j’ai besoin de cette nicotine, et en plus j’avale 4000 autres produits de la fumée de tabac qui me détruisent de l’intérieur… et en plus je dois payer une somme finalement assez importante annuellement pour avoir le droit de prendre ma drogue, et dire, « oui je suis accro à la nicotine, s’il te plaît, je le reconnais, aide-moi, prie pour moi, est-ce que le Seigneur peut faire quelque chose pour moi ? » Ca c’est la première étape, c’est la confession, et ensuite une fois qu’on est rentré dans la confession, il va falloir rentrer dans ce qu’on appelle l’abstinence. Parce que, n’oublie pas une chose, c’est que nous allons avoir dans notre cerveau, dans le cerveau de l’addict, nous avons des cellules mémorielles qui sont des automatismes, et qui se souviennent de façon durable du chemin du plaisir, et ces cellules ne meurent pas, elles rentrent dans une espèce de vie ralentie… on peut les affamer, si tu veux, on peut les rendre anorexiques, mais elles ne vont pas mourir, il va en rester…
– F : C’est exactement le langage de Colossiens, d’étouffer les désirs que l’on peut avoir, qui sont mauvais…
– D : Elles vont rester, elles vont rester avec toi, mais en même temps à force de ne plus leur donner à manger, elles vont s’étioler, elles vont rester là ; mais si par malheur tu leur ouvres la porte une seule fois, ces cellules se réveillent dans la minute qui suit, elles te disent : « Ah ! Mais voilà le truc que tu m’avais plus donné depuis si longtemps, mais il m’en faut encore ! » Et là alors ce moment-là, c’est plus une question de raisonnement et tu es reparti pour… Mais en fait, si le Seigneur te libère, tu vas avoir un dégoût de cette chose, tu vas dire : mais comment j’ai pu me vautrer là-dedans, dans le péché addictif, parce que moi j’arrive à dire aujourd’hui clairement que l’addiction c’est un péché, puisque nous avons perdu la liberté originelle que Dieu nous a donnée. Il est écrit « tout m’est permis mais tout n’est pas utile, je ne me laisserais rendre accro de rien », et donc finalement si je me suis laissé rendre accro de quelque chose, c’est que j’ai raté le but, et on sait bien que le péché c’est avoir raté le but ! Donc première chose à dire, c’est de dire est-ce que tu es d’accord pour dire que tu as péché, et là, alors là, Jésus peut intervenir pour dire : voilà tu as tu reconnais que tu a péché, et bien moi je suis venu pour porter le péché.
– F : D’accord… Alors on va arriver sur la fin de ce podcast, on reprendra probablement quelques éléments dans le suivant, mais donc confession, et puis abstinence, dans un contexte relationnel où des gens nous encouragent…
– D : …avec un coach spirituel, ou plusieurs coachs spirituels, qui vont prier pour nous, qui vont prier pour toi, et qui vont te soutenir dans cette démarche, et ensuite bien sûr il va falloir que tu deviennes addict à Dieu…
– F : Alleluia !
– D : On en parlera…
– F : On en parlera ! Je voudrais juste… On va terminer sur un verset qui dit que « Si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et bon pour nous pardonner nos péchés, et nous purifier de toute iniquité » (1Jn.1, 9). Il y a une chose qui est extraordinaire, c’est que la grâce de Dieu est suffisante pour combler nos défaillances, il nous a aimés avant la fondation du monde, et lorsqu’il est mort sur la croix, il a couvert pour l’ensemble de nos péchés, y compris des péchés addictifs ; ça ne veut pas dire qu’on peut continuer de les faire, parce que ça voudrait alors témoigner que l’on n’aime pas vraiment Jésus, mais ça veut dire qu’étant consternés par cette réalité dans nos vies, on peut venir courir à la croix, trouver un secours opportun, et puis cheminer… Merci beaucoup Daniel, pour ces éléments d’espoir.
On va continuer sur cette question avec peut-être 1 ou 2 autres podcasts.