Dans cet épisode, Florent Varak nous parle de l’œcuménisme. Après avoir défini ce terme, il replace dans un contexte biblique les origines de la violence et de la persécution. Avant de terminer, il souligne le fait que le christianisme est unique en s’appuyant notamment sur Jean 14 verset 6 ainsi qu’en mettant en avant les différences avec les autres religions.
Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.
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Transcription:
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La question est posée : « Bonjour, une réponse de votre part pour aider une amie catholique. Suite à la mort du prêtre par Daesh, elle trouve bien que catholiques, protestants, musulmans se rapprochent et s’unissent. J’aimerais bien avoir votre réponse sur ce sujet, je lui ai donné mon opinion qui bien sûr ne lui convient pas. Je lui ai répondu simplement que je ne suis pas d’accord avec ce rapprochement inter-religieux et œcuménique, que nous n’avons pas le même dieu avec les musulmans et que c’est la porte ouverte à une religion mondiale qui se prépare, au nom de l’amour mais au détriment de la vérité. Fraternellement. »
Question intéressante sur la question de l’œcuménisme et c’est sûr que pour beaucoup de personnes, l’œcuménisme semble être la solution aux divisions entre les religions. Je me dis que c’est intéressant de le considérer ainsi, je ne le crois pas, mais j’aimerais donner quelques réponses sur cette perspective.
Premièrement, de façon positive, le dialogue entre les hommes est toujours une belle chose et en ce sens ce n’est pas une question de religion, c’est juste une question de dialogue entre les hommes. Proverbes 15.1 nous dit que « une réponse douce calme la fureur » et je me dis que lorsque des chrétiens, et je suis dans un pays où les chrétiens ont été persécutés à plusieurs reprises, et parfois certains d’entre eux se sont vengés, mais la plupart jouent l’apaisement (je suis en République centrafricaine en ce moment) et j’ai vu des pasteurs vraiment jouer l’apaisement, aller parler avec les musulmans, aller parler avec les anti-balakas qui étaient des groupes armés parois issus des églises, pas toujours, mais qui sont en tout cas revenus à l’animisme pour se venger de ce qu’ils avaient subi des Selekas, des groupes armés musulmans. Et moi j’ai vu ces hommes, ces pasteurs, parler pour la paix et pour faciliter un dialogue qui apaise, qui permet de comprendre l’origine de la colère, l’origine de la fureur des uns et des autres. En ce sens, c’est toujours une très bonne chose. Mais je ne pense pas que ce soit la question d’un dialogue inter-religieux, c’est une question de dialogue entre les êtres humains sensés et capables de se respecter dans leurs différences. Dans le cas précis de la Centrafrique, l’équivalent du président du CNEF sur place s’est déplacé régulièrement avec un imam, avec un évêque, pour discuter avec les factions armées et pour essayer d’amener un dialogue qui apaise cela. Donc moi je pense, et c’est d’ailleurs le cas dans les entreprises, on essaye de créer un dialogue, c’est le cas dans toutes les situations, le dialogue est toujours une bonne chose et il faut le favoriser.
L’œcuménisme est une autre démarche. C’est une démarche qui dit que ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise. Or je crois que c’est une erreur, une erreur assez fondamentale, et je vais en parler.
Mais tout d’abord, imaginer que l’œcuménisme soit la réponse à la violence, c’est mal comprendre l’origine de la violence. C’est un peu une illusion cruelle, comme si on se disait « Les Nations Unies empêchent les guerres » Non les Nations Unies n’empêchent pas les guerres, elles tempèrent un tant soit peu, mais ce n’est pas le sentimentalisme qui donne la paix au peuple. Tous les traités de paix de tous les temps ont tous été violés, hélas. Jésus d’ailleurs dit que ce n’est pas le manque de dialogue ou le manque d’œcuménisme qui suscite la violence : en Matthieu 15.19 il dit « car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les prostitutions, les vols, les faux témoignages et les blasphèmes », c’est de notre cœur. Et donc, le fait de penser que l’œcuménisme va changer le cœur, c’est mal comprendre le fonctionnement du cœur, c’est mal comprendre ce qui est à l’intérieur du cœur humain dans sa violence naturelle, ou sa violence qui est prête à s’exprimer lorsque les conditions deviennent difficiles ou adverses.
Autre remarque, c’est mal comprendre l’origine de la persécution. J’ai un ami qui fait partie de ces réfugiés qui ont fui leur pays, il s’appelle Walid, il aime Jésus. Dans son pays musulman, un jour il a été confronté à quelqu’un qui a braqué sa mitraillette devant lui en disant « Tu es chrétien, je vais te tuer » et lui a répondu d’une voix assez calme, et j’admire le sens de la mesure, « OK, tu peux me tuer, mais avant j’aimerais te lire une phrase de la Bible qui montre qu’on parle de toi ». Alors la curiosité a toujours raison de l’impatience et cet homme a dit « Montre-moi ». Il a ouvert la Bible en Jean 16.1-3 où Jésus dit « Je vous ai parlé ainsi pour que vous ne soyez pas scandalisés, ils vous excluront des synagogues et même l’heure vient où quiconque vous fera mourir pensera offrir un culte à Dieu, et ils feront cela car ils n’ont connu ni le Père, ni moi ». De tout temps, dans tout l’histoire humaine, enfin chrétienne en tout cas à partir de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, les chrétiens ont été persécutés. Et ils ont été persécutés par ce qu’il y a un combat qui semble difficile à comprendre pour nous occidentaux qui ne voyons pas les choses avec la part du spirituel dans la violence des peuples et des nations, mais il y a un combat qui fait que, curieusement, ceux qui sont disciples de Christ sont souvent pris pour cible et sont souvent attaqués parce qu’ils sont disciples de Christ. Jésus est très clair, le temps vient où les gens seront mis à mort et ceux qui les mettront à mort penseront rendre un culte à Dieu, et c’est totalement le cas de ces musulmans de Daesh, c’est totalement le cas de tous ceux qui persécutent Christ au nom de la religion. Ce n’est pas l’œcuménisme qui va changer cela, parce qu’il y a une opposition fondamentale entre l’attachement et l’adhésion de ces disciples de Christ à Jésus et la revendication de ces gens qui estiment qu’il faut les tuer, parce qu’ils ne suivent pas correctement Dieu ou parce qu’en eux il y a cette haine qui vient d’ailleurs. Je rappelle ce que Jésus dit, ils le font parce qu’ils ne connaissent pas Dieu donc s’il faut faire quelque chose c’est leur parler de Dieu bien sûr, je vais venir sur la question, je ne crois pas que nous ayons le même dieu. Pour finir avec l’histoire de Walid, cet homme a été tellement surpris qu’il a dit « Allez, va pour cette fois » ou quelque chose comme ça et il a pu finalement rejoindre la France où il a rejoint notre église. Apocalypse 2.10 nous dit que Jésus parle de la violence qui vient du diable et qui fait qu’il y a une persécution des chrétiens.
Quatrièmement c’est mal connaître les religions du monde. L’œcuménisme dit fondamentalement que toutes les religions se valent, qu’elles sont toutes des expressions de notre humanité, qu’on a tous le même dieu, avec un chemin différent mais qui mène au même endroit. Mais c’est vraiment faux. Certes, tous les hommes et toutes les femmes se valent. Nous sommes tous créés à l’image de Dieu et nous n’avons absolument pas à imaginer que nous serions meilleurs en tant que êtres humains, comme ça spontanément, parce que nous serions chrétiens. Tous les hommes se valent. Mais il y a vraiment une grande différence, de grandes différences entre les religions. Prenons par exemple la Bible, qui est la source qui fait autorité pour les chrétiens. La Bible est un ensemble de soixante-six livres qui rassemblent une quarantaine d’auteurs rédigés sur seize siècles. C’est intéressant parce qu’un livre écrit par tant d’auteurs sur tant de temps offre la possibilité de se contredire ou de ne pas avoir le même fil conducteur. On a toujours le même fil conducteur dans l’ensemble de ces livres et sur seize siècles, c’est unique, je ne connais pas ce phénomène dans d’autres livres sacrés.
D’ailleurs l’islam, c’est un homme qui rédige un livre, qui donne une religion; donc l’appui, n’est-ce pas, est différent. Et quand on lit ce que le Coran dit par rapport à ce que la Bible dit, et je respecte mes amis musulmans, chacun est libre de croire comme il l’entend, néanmoins le dieu qui est décrit dans l’islam n’est pas le même dieu dans son essence, ce n’est pas parce qu’il porte le même titre de « Dieu », dans son essence il n’a pas les mêmes qualités, c’est-à-dire les mêmes attributs.
Je suppose que ton amie catholique est consciente que la Bible parle d’un dieu trinitaire – Père, Fils et Saint-Esprit – qui existe de toute éternité en tant que Dieu, et c’est bien sûr pour nos amis musulmans un blasphème qu’ils rejettent fondamentalement comme étant un polythéisme. Rien que là, on a une différence fondamentale. Pour nous, ce qui est central et qui nous permet d’être sauvés – cette manière d’être sauvés est très très importante – c’est que Jésus-Christ meurt sur la croix et ressuscité pour accorder à tous ceux et toutes celles qui se confient en lui un salut qui est gratuit, complet et éternel.
Dans l’islam, si je ne m’abuse, il faut pratiquer les cinq piliers de la foi et on est sauvé « Inch Allah », si Dieu le veut, si Dieu le permet, on n’est jamais sûr d’avoir fait suffisamment. Dans toutes les religions d’ailleurs, l’homme mérite son salut par ses propres œuvres. Dans toutes les religions, il cherche à obtenir quelque chose de Dieu, comme le pardon, et dans le christianisme biblique, il ne fait que recevoir gratuitement le pardon qui lui est accordé. Tu peux regarder, j’ai signé un podcast sur la question du salut et du rôle de la foi et des œuvres, ça te donnera une perspective sur ce que la Bible dit. D’ailleurs on rapporte que C. S. Lewis qui était un professeur universitaire à Oxford se promenait dans les salles de bureau des professeurs et ses collègues étaient en train de discuter pour savoir s’il y a avait une originalité particulière avec le christianisme. Et comme ils n’arrivaient pas à trouver cette originalité, ils se disaient cette même question : « Est-ce que toutes les religions finalement ne se valent pas ? », ils ont vu C. S. Lewis passer, qui était un chrétien, et ils lui ont dit : « C. S. vient nous dire ce que tu en penses : est-ce qu’il existe un trait unique au christianisme biblique? ». Il a répondu immédiatement, sans même réfléchir : « Mais bien entendu, la grâce! ».
La grâce, c’est-à-dire le fait que Dieu accorde sa bienveillance gratuitement parce qu’il a payé lui-même le prix de nos péchés à la croix. Cette grâce permet aux êtres humains d’être sauvés, et on est dans un schéma inverse dans toutes les spiritualités que je connais. Que ce soit par la souffrance dans le contexte du karma, que ce soit par les bonnes œuvres dans le contexte parfois même du catholicisme un peu traditionnel, que ce soit par les cinq piliers de l’islam, c’est l’homme qui devient l’architecte de son salut alors que dans le christianisme biblique il reçoit son salut.
Et enfin c’est mal comprendre le caractère unique du christianisme. Lorsque Jean ouvre son évangile, il dit en Jean 1.13 « Au commencement était la Parole. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été sans elle. » et verset 14 « La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. » et enfin verset 18 « Personne n’a jamais vu Dieu; Dieu le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui l’a fait connaître ».
Ce que l’on voit ici c’est que Jésus n’est pas le simple prophète, équivalent d’un autre qui peut avoir marqué l’histoire ou même que nous aurions dans les prophètes de l’Ancien Testament. Jésus c’est Dieu le Fils qui s’incarne, c’est-à-dire qu’il ajoute à sa personne une nature humaine et il est à jamais maintenant le Dieu-homme, l’homme-Dieu. Il s’incarne et prend notre nature et cela rend le christianisme totalement unique. Alors ça je sais que c’est choquant pour un certain nombre de personnes, mais c’est comme ça que la Bible le dit. « Dieu » décrit un Dieu trinitaire qui aime tellement les hommes qu’il vient lui-même en Jésus-Christ. Jésus qui marche sur terre, c’est pas seulement un petit prophète qui parle de Dieu, c’est Dieu qui parle de Dieu, c’est le Dieu incarné qui parle de Dieu.
En Jean 14.1-11 nous lisons, et ce sera le dernier texte que je vais lire, Jésus essaie de rassurer ses disciples à qui il a annoncé qu’il va partir et qui sont un peu inquiets, et Jésus leur dit « Que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père, sinon je vous l’aurais dit, car je vais vous préparer une place. Donc si je m’en vais vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi afin que, là où je suis, vous y soyez aussi. Et où je vais, vous en savez le chemin. » Et j’imagine Jésus faire une pause, il a lancé l’hameçon « Thomas lui dit : « Seigneur nous ne savons pas où tu vas. Comment en saurions-nous le chemin? ». Jésus lui répond : « Je suis le chemin, la vérité, la vie. Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu ». Je sais pas si tu as entendu cette déclaration majeure : « Moi je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » Le christianisme ne se présente pas comme une religion parmi d’autre, équivalente à d’autres, elle se présente comme une révélation de Dieu exclusive d’autres révélations. On ne vient à Dieu que par Jésus-Christ, parce qu’il est notre prêtre, parce qu’il est notre prophète, parce qu’il est notre roi, parce qu’il est le pont parfait entre Dieu et les hommes, c’est comme ça que l’apôtre Paul en parle en 1 Timothée 2.
Il n’y a vraiment pas d’autre moyen d’être sauvé que de passer par Jésus-Christ. C’est lui, le seul, qui a fait le pont avec nous. Jésus continue : « Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu. Philippe lui dit: « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » Jésus lui dit : « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne m’as pas connu, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment dis-tu : ‘Montre-nous le Père’ ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis ne viennent pas de moi-même; le Père qui demeure en moi accomplit ces œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père et le Père est en moi. Sinon, croyez à cause de ces œuvres! »
Et tu vois là, Jésus a vraiment préparé le contexte pour pouvoir tenir ces propos et il souligne à quel point il est la révélation du Père. Celui qui a vu Jésus, dans son humilité, dans sa puissance, dans sa sagesse, dans sa tendresse, dans sa compassion, dans les propos parfois aussi durs qu’il peut tenir, a vu le Père. Il y a une révélation du Père en la personne de Christ.
Alors ça doit vraiment nous montrer que d’une perspective biblique, le christianisme se présente comme un seul chemin. L’œcuménisme dans sa version actuelle, qui cherche à gommer toutes les différences, ne rend service à personne parce qu’il vaut mieux avoir du respect pour des gens avec qui on a des différences marquées plutôt que d’essayer de gommer toutes les différences. Ça ne rime à rien et c’est une trahison de ce qu’est le christianisme biblique. Ceci dit, il faut vraiment que les chrétiens que nous sommes apprennent à prendre le risque d’aimer, aimer son voisin musulman, aimer son voisin bouddhiste, taoïste, son voisin athée, etc. Apprendre à le connaître et reconnaître qu’il est aussi une créature créée de Dieu avec la possibilité que Dieu touche son cœur pour qu’il vienne à la connaissance de Jésus-Christ.
Voilà, j’espère que ça a permis de donner quelques repères sur ce qu’est un mauvais œcuménisme et puis que ça nous donne aussi un repère sur le rôle que l’on peut jouer pour apaiser les tensions en étant des hommes et des femmes de dialogue et d’amour du prochain, de manière à ce qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur le fait qu’on cherche à apporter la paix humaine, même si la vraie paix humaine viendra lorsque Christ reviendra régner sur terre avec les siens. En attendant notre rôle principal est de proclamer Jésus, l’incarnation de Dieu pour le salut des hommes et qui invite tous les hommes à se repentir et à placer leur confiance en lui, une confiance exclusive en lui seul, il est lui « le chemin, la vérité et la vie », nul ne vient au Père que par lui, c’était Jean 14.6.