Florent Varak répond à cette question en relevant 2 enseignements sur la volonté de Dieu pour les chrétiens face au mal, puis donne 2 exemples dans l’Écriture qui nous montrent que la souveraineté de Dieu est compatible avec la responsabilité de l’Homme.
Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.
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Transcription :
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La question est posée:
Si je fais du mal à quelqu’un, est-ce que cela peut être la volonté de Dieu qui souhaite punir cette personne à travers moi?
La question est fascinante, merci de l’avoir posée. En fait, je ne sais pas comment la traiter parce qu’elle a beaucoup de facettes. Je ne sais pas non plus dans quelle perspective elle est posée, c’est-à-dire, est-ce que c’est déjà quelque chose qui est fait, est-ce que c’est quelque chose que tu envisages de faire, ou bien est-ce que plutôt, tu es victime de quelque chose, ou est-ce que tu es témoin de cela, ce qui me permet peut-être plus librement de répondre de façon très générale et c’est probablement mieux ainsi. Pour répondre de façon assez brève, NON on ne peut pas faire le mal à quelqu’un en se pensant justicier de la vengeance ou de la volonté punitive de Dieu. On va regarder quelques textes.
Première chose : l’intentionnalité de faire du mal pour du mal est impossible. Tu ne peux pas avoir, au regard de l’Ecriture, cette volonté de répondre au mal que tu subis par le mal.
Romains 12. 17-21 dit la chose suivante :
Ne rendez à personne le mal pour le mal. Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes. S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. Ne vous vengez pas vous-même, bien-aimés, mais laissez agir la colère ; car il est écrit : A moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras sur sa tête. Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainqueur du mal par le bien.
Ce texte est limpide par rapport à la question qui nous est adressée.
Premièrement, la prescription, la volonté de Dieu, c’est de ne pas rendre le mal pour le mal. On ne pourra jamais se dire: « Tiens, il m’a fait ce mal, donc je vais faire ce mal là pour lui rendre la pareille », ce n’est pas une possibilité d’un disciple authentique de Christ.
Deuxième remarque que je ferais dans ce texte : je dois même aller au-delà, je dois chercher le bien de mes ennemis et je te concède que c’est super difficile ; quand il y a des gens qui nous ont fait du mal, c’est difficile de se réveiller sans y penser, c’est difficile de s’endormir sans y penser, qu’il y ait une démarche probablement de pardon à avoir dans son cœur vis-à-vis d’eux parce que c’est quelque chose qui peut vraiment empoisonner la vie. Mais Dieu nous demande d’aller au-delà et de chercher le bien des relations qui sont difficiles. On doit même tout faire pour être en paix avec tous les hommes, tout faire de ce qui est de notre ressort, de notre possible. Ce n’est pas toujours possible : il y a des personnes qui rejettent cette volonté-là, mais au moins il faut qu’on fasse ce qu’on peut pour essayer de maintenir une certaine paix.
Explicitement de nouveau au verset 19, nous ne pouvons pas nous venger nous-mêmes, mais laisser agir la colère. Laquelle colère ? Celle de Dieu.
Ce qui me conduit à réfléchir sur le processus de justice. Dans l’Écriture, lorsque quelqu’un nous fait du mal :
Si c’est quelqu’un de l’Église…, Jésus a institué en Matthieu 18 un processus par lequel je puis essayer de résoudre la question. Il nous est dit : « Si ton frère a péché, va et reprends-le seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère ». La question est réglée. « Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la parole de deux ou trois témoins. » Et les deux ou trois témoins ont l’avantage de pouvoir être des juges plus distants. Ils peuvent réfléchir : soit c’est l’un qui fait du cinéma, soit c’est l’autre qui vraiment a été offensé ; ils peuvent juger de la situation. Et là encore l’idée c’est qu’un conseil puisse être verbalisé, donné, et que le conflit puisse être résolu. « S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Eglise ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Eglise, qu’il soit pour toi comme un païen et un péager. » C’est-à-dire qu’on exclut l’individu qui a fait du mal de la communauté des croyants. Alors on ne le déteste pas, on l’aime, mais néanmoins, il y a un processus de jugement, un jugement qui peut être difficile parfois à vivre si on aime Jésus-Christ, si on aime l’Eglise, ce sont des choses sérieuses. Et Jésus enchaîne : « Lorsque deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Ce n’est pas une promesse de sa présence pour les réunions de prière où il n’y a personne, c’est une promesse de sa présence lorsque deux ou trois témoins disent « Tu as péché et nous t’excluons de l’église ». C’est donc une perspective assez solennelle à avoir sur ce processus de discipline au sein de l’église. Donc la justice de Dieu est véhiculée par des institutions : l’église lorsqu’il s’agit de croyants qui ont un différend entre eux, mais lorsque ce différend va sur des thématiques qui sont graves, qui sont une offense à l’état, la Bible nous dit que Dieu a instauré des gouvernements pour pouvoir exercer la justice. Romains 13. 4 nous dit que les gouvernants sont au service de Dieu pour montrer sa vengeance et sa colère à celui qui pratique le mal. Si quelqu’un t’a volé, si quelqu’un t’a blessé, si quelqu’un a fait des choses graves à ton encontre, tu es totalement en droit de faire appel à César en quelque sorte, de faire appel au jugement de l’état pour pouvoir te protéger ou faire valoir tes droits. On n’est pas obligé de le faire dans certains cas, dans d’autres on est obligé de le faire. Je prends l’exemple de la pédophilie ou autres : en aucun cas, si tu es témoin de ce genre de choses, tu n’as pas le droit de cacher ces événements, la loi te l’interdit. Je pense aussi que la conscience doit te l’interdire. Tu dois dénoncer ces faits pour protéger d’autres enfants et pour permettre à ceux qui en ont été victimes de se rétablir du traumatisme qui a été vécu.
Donc tu ne peux pas avoir comme intentionnalité de faire du mal en réponse au mal. Mais si un mal t’a été fait, tu as tout à fait le droit de faire appel aux autorités de l’église lorsqu’il s’agit d’un conflit ou d’un péché que tu as subi, qui reste proportionné en quelque sorte, à des situations relationnelles de vie classique, mais si ça touche des problèmes graves comme ceux que je viens de citer, tu peux tout à fait faire appel, peut-être même tu dois faire appel à la justice.
Et le texte de Romains 12 continue en disant de faire le bien, de ne pas être vaincu par le mal, mais être vainqueur du mal par le bien. C’est quelque chose bien sûr d’assez difficile à réaliser, mais montrer la manière généreuse de traiter le mal, c’est souvent un beau parti pour un chrétien. La Bible dit que l’amour couvre une multitude de péchés et donc nous devons couvrir la multitude de péchés des autres dans une église. Une église rassemble des pécheurs, certes justifiés, mais des pécheurs encore : on va souvent se blesser, se faire du mal, parfois volontairement, parfois involontairement. Et l’amour couvre une multitude de péchés, donc je vais essayer de ne pas compter les fautes, je vais au contraire essayer d’être généreux dans mon pardon sachant aussi que Dieu est tellement généreux à mon égard.
Je voudrais aussi remarquer : il y a un événement assez surprenant dans le livre de Jérémie. Peut-être que tu connais l’histoire d’Israël, mais après David, après Salomon, le royaume se sépare en deux, le royaume du Nord et le royaume du Sud. Le royaume du Nord et le royaume du Sud vont aller de bien en mal, enfin le royaume du Nord, ça va être quasiment que catastrophique : les armées assyriennes vont venir l’emporter en captivité en 722 av. JC. Et les armées babyloniennes vont venir prendre en captivité à partir de 605-586 les populations du royaume du Sud, et c’est le roi de Babylone qui va se charger de cette tâche. Nebucadnetsar était un grand roi, un grand dictateur, un peu sanguinaire comme tous les dictateurs souvent d’ailleurs. C’est ça qui est extraordinaire, c’est Dieu qui utilise cet homme pour exercer le jugement qu’il voudrait réaliser. Ecoute bien ce que nous lisons en Jérémie 51. 20-23, c’est fascinant : Dieu parle à Nebucadnetsar, ce roi dictateur de Babylone qui va emporter les juifs du royaume du Sud en captivité en Babylonie pour 70 ans, tel que le prophète Jérémie l’avait annoncé. Voici ce que Dieu dit à cet homme : « Tu as été pour moi un marteau, des armes de guerre. J’ai martelé par toi des nations, j’ai détruit par toi des royaumes. Par toi j’ai martelé le cheval et son cavalier ; par toi j’ai martelé le char et celui qui le monte. Par toi j’ai martelé l’homme et la femme ; par toi j’ai martelé le vieillard et l’enfant ; par toi j’ai martelé le jeune homme et la jeune fille. Par toi j’ai martelé le berger et son troupeau ; par toi j’ai martelé le laboureur et son attelage ; par toi j’ai martelé les gouverneurs et les magistrats. » La répétition nous permet de voir que Nebucadnetsar a fait une œuvre atroce, mais que Dieu a utilisé cet homme pour réaliser en cela son propre jugement. C’est incroyable cette compatibilité entre la souveraineté de Dieu et la responsabilité des hommes. Et voilà comment se termine cette section avec le verset 24 : « Je rendrai à Babylone et à tous les habitants de Chaldée tout le mal qu’ils ont fait à Sion sous vos yeux. » Tu ne trouves pas ça étrange ? D’un côté Dieu est souverain, il exerce son jugement par Nebucadnetsar, mais d’un autre côté, Nebucadnetsar ne s’est pas fait prier pour exercer ce jugement. En fait, il a agi selon les désirs naturels de son cœur pour faire du mal, pour piller, pour tuer, pour emporter en captivité et Dieu lui dit « Je te tiens pour responsable de ça ». Ce qui nous permet de voir que la souveraineté de Dieu est complète, même sur les méchants, mais que ceux qui font la méchanceté ne sont pas pour autant dédouanés de leurs responsabilités. Je ne sais pas comment ça marche parce que dans ma tête on est soit pantin, soit on est libre. Mais dans la pensée de Dieu on n’est ni l’un ni l’autre : Dieu est souverain et donc il conduit, y compris les dictateurs ; Dieu est souverain mais en même temps il rend pleinement responsables ceux et celles qui agissent.
Et cette situation est exemplifiée avec Judas, non pas la tribu de Juda, mais le personnage Judas dans les évangiles. Qu’est-ce qui a conduit Judas à trahir Christ ? On ne connaît pas ses motivations intérieures, on ne connaît pas non plus tous les facteurs spirituels, puisqu’à un moment donné, Satan rentre en lui.
Mais ce que je remarque, c’est ce que nous dit Actes 4. 27-28 : « Car en vérité, contre ton saint serviteur Jésus, à qui tu as donné l’onction, Hérode et Ponce Pilate se sont ligués, dans cette ville, avec les nations et avec les peuples d’Israël, … » Qui s’est lié contre Jésus ? D’abord Judas, ce n’est pas dans le texte mais c’était le premier ; Hérode ; Ponce Pilate ; et « avec les nations et avec les peuples d’Israël ». Toutes les nations se sont opposées à Jésus-Christ. Elles l’ont fait librement, volontairement, elles n’ont pas aimé Jésus qui menaçait leur indépendance et leur autonomie, leurs traditions, leur pouvoir et leur autorité. Elles se sont, ensemble, opposées comme l’annonçait le Psaumes 2 : toutes les nations se sont montées contre le Messie. Mais regarde le verset 28 « …pour faire tout ce que ta main et ton conseil avaient déterminé d’avance. » C’est extraordinaire ! Dieu n’est jamais surpris par ce qui se passe, les événements internationaux, les événements individuels, les vengeances personnelles, les situations méchantes et dures. On ne voit pas, on ne comprend pas toujours ce qui se passe, mais Dieu reste souverain.
En résumé et pour terminer ce podcast, ne te fais pas justice, ne fais pas le mal. Ça c’est une prescription de Dieu. Tu ne peux pas faire du mal pour penser accomplir un jugement de Dieu, tu n’es pas mandaté pour cela.
Deuxièmement, utilise les institutions que Dieu a mis en place pour pouvoir faire état du mal que tu as subi, que ce soit par l’église et ses responsables, ou que ce soit par les institutions civiles, porter plainte, la police, l’armée dans certains cas, pour pouvoir réaliser un acte de justice dans ta situation.
Et troisièmement, fais quand même confiance en Dieu parce qu’il reste souverain sur tout ce qui se passe. Et que de toute façon, à la fin du chemin, nous pourrons voir que Dieu a été parfait dans sa gestion des événements et qu’il apportera la justice de façon admirable sans que personne ne puisse contester en disant « mais non, c’est injuste ça ». Sa justice sera parfaite. Et pour les non-croyants qui nous ont fait du mal, finalement il n’y a que deux choix : soit leurs actes tombent sur les épaules de Jésus-Christ par la condamnation à la croix, et ils sont sauvés, et leurs péchés s’envolent comme nos péchés se sont envolés, soit ils restent en dehors de la grâce de Christ et recevront dans le jugement de l’enfer quelque chose d’assez terrible. Dieu fera justice.
Et pour nous qui sommes chrétiens et pour les blessures que nous infligeons parfois les uns aux autres, nous passerons tous devant le tribunal de Christ avant de profiter de l’éternité. C’est un tribunal de récompense, c’est un tribunal aussi je pense de réalisation de ce qui s’est passé, ce n’est pas un tribunal qui envoie en enfer ou pas, ça c’est réglé à la croix.
Et je pense qu’il n’y aura pas de situation non réglée avant que nous profitions pour l’éternité du ciel, ce qui doit nous donner confiance et nous donner la capacité d’être généreux les uns avec les autres.