Jésus avait-il besoin de l’Esprit pour agir? (Épisode 481)

Chronologiquement, il semble que la Bible ne rapporte les miracles de Jésus qu’à partir de son baptême dans le Jourdain. Le récit de cet événement mentionne également la venue du Saint-Esprit sur Jésus, sous la forme d’une colombe. Jésus avait-il donc besoin d’un "baptême de l’Esprit" pour accomplir ces miracles? N’est-ce pas là le paralogisme de la cigogne ("post hoc, ergo propter hoc")? Dans cet épisode Florent mettra d’abord en évidence les graves implications en chaîne d’un tel raisonnement, puis il fera la lumière sur les rôles du Saint-Esprit.

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Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible, une question à la fois.

Tu veux poser une question?

Transcription:

La question

Bonjour Florent, suite à ton livre sur le Saint-Esprit, je me pose une question sur le rôle de l’Esprit saint dans le ministère de Jésus. Quand je lis les évangiles, Jésus ne commence à faire des miracles qu’après avoir été baptisé du Saint-Esprit (Luc 3.22). Cela prouve qu’il ne pouvait rien faire sans l’Esprit, non? Et cela prouve aussi que nous ne pouvons faire comme lui que si le Saint-Esprit nous baptise ou descend sur nous. N’est-ce pas la preuve que par le baptême de l’Esprit, nous pouvons faire des œuvres plus grandes que lui? Jésus en simple homme ne pouvait rien faire. Et quand l’Esprit vient, il fait des miracles. C’est comme nous. Nous, en simple croyant, nous ne pouvons rien faire. Mais quand nous sommes baptisés de l’Esprit, alors nous pouvons faire comme lui.

Écoute, c’est une question magnifique car elle nous plonge dans les relations entre le Fils de Dieu et l’Esprit de Dieu. Et c’est juste beau. La doctrine de Dieu, c’est ce qui doit nous intéresser le plus. Nous aimons Dieu et nous voulons le connaître tel qu’il est. Il y a beaucoup de tiroirs dans ta question et je vais focaliser mon attention sur les rapports entre l’Esprit et Jésus. Pour les autres aspects de ta question, je te renvoie aux épisodes suivants:

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Tu vois, tu as de quoi écouter.

Alors, dans notre émission, nous allons voir:

1. le problème en lien avec ta question,
2. la réponse (en quelque sorte),
3. le rôle de l’Esprit dans la vie du Christ (on fera un survol),
4. la distinction de la vie de l’Esprit dans nos vies par rapport à la vie de Christ.

Le problème

Je commence par le problème. La réponse à ta question a en fait d’énormes conséquences sur la doctrine de Dieu et tu ne l’as probablement pas perçu. Ta compréhension peut vite amener à des formes d’hérésie grave. Alors, si tu suis mon podcast, tu sais que j’utilise rarement de tels mots. Mais en les évoquant, j’espère que tu mesures qu’on parle de choses super, super sérieuses.

Deux problèmes principaux.

Le premier, c’est que Jésus est Dieu de toute éternité, avant, pendant et après son incarnation. Si tu suggères que Jésus n’était pas Dieu dans son incarnation, tu as un vrai problème. Si tu penses, pour reprendre ton expression, que “Jésus n’était qu’un simple homme sans être Dieu”, tu nies sa divinité en fait. Or, Jésus ne cesse jamais d’être Dieu, y compris dans son incarnation. Jésus n’est pas une coquille humaine vide qui serait divinisée par la présence de l’Esprit. Et en fait, ça se rapproche d’une théorie qu’on appelle kénotique: où le Fils est vécu ou vu comme celui qui se serait vidé de sa divinité. Ça provient d’une mauvaise compréhension de Philippiens 2, où nous lisons que Jésus s’est "dépouillé", d’où vient l’expression kénose ou la perspective kénotiste. Mais Jésus ne se dépouille pas de sa divinité, uniquement de sa gloire, c’est-à-dire, de la visibilité de sa divinité. La théologie kénotique est une hérésie. D’ailleurs, Grudem, qui est un théologien charismatique, la dénonce fermement. L’expression raccourcie appropriée, ce serait: tout en restant ce qu’il était, Jésus est également devenu ce qu’il n’était pas précédemment. C’est-à-dire qu’il est devenu homme, il a ajouté à sa personne son humanité.

Alors il y a plein de questions sous-jacentes à cela que j’ai déjà traité dans plusieurs épisodes. Si Jésus est Dieu, pourquoi il ne connaît pas l’ordre de son retour, etc. Tu pourras regarder cela sur la table des matières. Donc si tu imagines un Christ intrinsèquement moins puissant, ou moins sage, ou moins capable sans l’Esprit, tu as en réalité porté atteinte à la divinité de Christ et à son union, en tant qu’homme et en tant que Dieu. Et en cela, tu entres dans la condamnation de l’apôtre Jean qui écrit:

Qui est le menteur sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antichrist qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père. Celui qui confesse le Fils a aussi le Père.

- 1 Jean 2.22.

Alors c’est certain, la question est complexe et je ne veux pas la minimiser dans sa complexité. Dans son humanité, Jésus pouvait exprimer les qualités de sa divinité comme il le voulait, ou ne pas les exprimer. Par exemple, il pouvait changer l’eau en vin, marcher sur les eaux, et à d’autres moments, avoir faim, être fatigué… Il connaissait les pensées des gens, c’était clairement l’omniscience, mais il a choisi de restreindre son omniscience en refusant de connaître, par exemple, le jour et l’heure de son retour pendant son pèlerinage terrestre.

Le second problème, c’est que tu viens de détruire l’unité de la Trinité. La Trinité, en réalité, est indissociable: il y a bien un seul Dieu et notre Dieu est unique et il est tout autant trois personnes. Ce n’est pas une contradiction, c’est un paradoxe. On ne peut pas vraiment se le représenter pleinement parce que Dieu est fondamentalement distinct de nous. Il est infini et nous, nous sommes finis. Il dépasse en cela toute représentation que nous pourrions faire. Imaginez un instant que le Fils de Dieu, devenu homme, se serait coupé de la communion de l’une ou l’autre personne de la Trinité. Eh bien, ce serait briser l’unité de Dieu. Or, il n’y a jamais eu un moment où Dieu se sépare de Dieu. Il n’y a jamais eu un moment où le Fils se serait coupé du Père ou de l’Esprit. Les rapports entre chaque personne changent, mais pas l’unité fondamentale des personnes. Alors, si tu imagines une Trinité en morceaux séparés, un peu comme un gâteau coupé en trois parts, même égal, tu as nié l’unité de Dieu. C’est juste impossible que le Fils se sépare de l’Esprit quand il devient homme. Dieu n’est pas morcelable. Et dans les deux cas, c’est super sérieux.

Et il est tristement vrai que les évangéliques ont une doctrine de Dieu souvent assez pauvre. Il est marquant de constater que la théologie des trois premiers siècles de notre ère s’est essentiellement attelée à la doctrine de Dieu. Et nous, au XXIᵉ siècle, on chante des chansons avec des fumigènes et des spots de lumière et on ne sait pas parler de la gloire de Dieu, de sa personne en Trinité. On ne sait pas comment articuler ces vérités sur Dieu. Et pour le coup, les théologiens catholiques ont, sur ce point-là, de vraies longueurs d’avance. Le théologien Grudem écrit, et c’est important pour ta question que je souligne qu’il soit charismatique:

Quelles sont donc les différences entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit? Il n’y a aucune différence en ce qui concerne leurs attributs. La seule différence qui existe entre eux est la façon dont ils entretiennent des relations mutuelles et avec la création. La qualité particulière du Père réside dans la façon dont il entretient des relations en tant que Père avec le Fils et le Saint-Esprit. La qualité particulière du Fils réside dans la façon dont il entretient des relations en tant que Fils. Et la qualité particulière du Saint-Esprit réside dans la façon dont il entretient des relations en tant qu’Esprit. Il y a trois personnes distinctes et l’être de chaque personne est égal à l’être entier de Dieu.

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Et j’avoue que je suis en souci avec la manière dont certains cercles décrivent effectivement la vie et le ministère de l’Esprit saint dans une forme de séparation du Père et du Fils, ou une centralisation de l’attention sur le Saint-Esprit, est en fait étrangère au rôle de l’Esprit.

Alors, d’où vient cette idée? Je l’ai retrouvé récemment dans une citation proprement effrayante de Rebecca Greenwood qui est une collaboratrice de Peter Wagner. Ils écrivent ensemble un chapitre sur le livre Comprendre le combat spirituel qui regroupe différents avis, différentes perspectives sur ce thème. Et elle écrit:

Notre Seigneur l’a confirmé: “En vérité je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais. Il en fera aussi de plus grandes parce que je m’en vais vers le Père.” Comme Wagner l’explique succinctement, le Saint-Esprit était la source de toute la puissance de Jésus pendant son ministère terrestre. Jésus n’a exercé aucune puissance de lui-même ou par lui-même. Nous pouvons faire la même chose ou des choses plus grandes encore que Jésus parce que nous avons accès à la même source de puissance.

Cet homme, Peter Wagner, dont s’inspire cette femme, est l’artisan de ce que l’on appelle la nouvelle réforme apostolique conduite par des gens comme Bill Johnson et toute la troupe de leaders dont les actions et les conceptions ont vraiment parfois d’étranges goûts de magie. Alors ce n’est pas mon sujet, je ne vais pas m’étendre là-dessus, mais clairement, ce n’est pas comme ça que la Bible en parle.

La réponse: l’action conjointe

Alors quelle est la solution? Eh bien, c’est mon deuxième point. La solution à ce problème, c’est l’action conjointe. Quand on considère la vie de Christ, on remarque que l’Esprit saint est son compagnon constant. Il est présent, effectivement, dans toutes les phases de sa vie et de sa mission. Se demander s’il aurait pu agir sans l’Esprit, c’est comme se demander si on peut être aspergé d’eau sans être mouillé.

Père, Fils et Esprit sont en mission conjointement pour accomplir l’œuvre rédemptrice extraordinaire dont nous profitons. Mais il y a bien sûr des appropriations, c’est-à-dire des rôles discernables, mais qui ne sont jamais indépendants. Corrélation ne veut pas dire causation. Les anges sont présents dès le début de sa vie, de la conception à son ascension, et ils ne sont pas la cause de sa vie et de son œuvre. Jésus, homme, n’a jamais péché avant ou après la venue de l’Esprit sur lui. Et pourtant, on voit que l’Esprit, dès sa venue sur Jésus, le conduit dans le désert pour être tenté par le diable. Ce n’est pas parce que l’Esprit est maintenant sur lui qu’il résiste à la tentation. Il a résisté à la tentation tout au long de sa vie et dès l’enfance. Il a résisté à se battre avec ses frères et sœurs. Il a résisté à la tentation de manquer de respect à ses parents. Il a résisté à la tentation de flirter égoïstement. Il a résisté à la tentation de manifester du mépris vis-à-vis de l’envahisseur romain ou vis-à-vis des hypocrites religieux. Mais dès que l’Esprit descend sur lui, l’Esprit le conduit dans le désert pour qu’il soit tenté par le diable, ouvrant une nouvelle page de sa vie terrestre. La résistance à la tentation, et je le cite là simplement en exemple, a lieu avant et après la venue de l’Esprit sur lui.

Alors, quand on parle d’action conjointe, parfois représentative du caractère unique de sa mission, parfois représentative de notre humanité, c’est une meilleure réponse à la concomitance de l’Esprit et des miracles dans la vie de Jésus. Dans un article de la revue Chochmah, Henri Blocher écrit:

La tendance actuelle qui me paraît saine consiste à affirmer l’implication active des "Trois", dans toute œuvre externe, mais avec une nette différenciation des rôles.

Irénée, qui a bercé dans la théologie asiatique, et qui deviendra orthodoxe quelques siècles plus tard, parle des deux mains du Père pour tenter d’illustrer le Père envoyant Fils et Esprit réaliser l’œuvre du salut. Tu vois qu’on n’est pas dans la cause filioque, Jésus dira:

Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu parce que Dieu donne l’Esprit sans mesure.

– Jean 3.34

Le théologien réformé, Keith Johnson, donne l’exemple de la création comme une œuvre conjointe d’un Dieu trinitaire:

Lorsque les chrétiens parlent de l’œuvre des personnes divines, ils répartissent souvent les actions entre les personnes. Par exemple: le Père crée, le Fils rachète, l’Esprit sanctifie. Les Écritures, cependant, présentent un récit plus nuancé de l’action du Dieu trinitaire. Prenons l’exemple de la création. Est-ce qu’une seule personne divine, par exemple le Père, a créé toute chose? En aucun cas, car les Écritures affirment que les trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ont créé les cieux et la terre (Genèse 1, Psaumes 33.6, Romain 11.36). Parce que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu, ils agissent toujours à l’unisson. Aucune action n’est jamais accomplie par une seule personne divine sans la participation des deux autres.

Pour exprimer l’enseignement scripturaire concernant l’action des personnes divines, les théologiens chrétiens ont historiquement enseigné que le Fils et le Saint-Esprit agissent de manière inséparable. Une action inséparable signifie que toutes les personnes divines sont impliquées dans chaque acte de création, de providence et de rédemption. Et que le Père, le Fils et l’Esprit partagent une seule volonté et exercent un seul pouvoir. L’action inséparable est une implication directe et une expression économique de l’unité intratrinitaire, c’est-à-dire le monothéisme.

La citation est un peu compliquée peut-être, mais qu’est-ce qu’il veut dire? Il veut dire qu’il n’y a pas de séparation possible entre les œuvres de Dieu.

Je vais prendre un autre exemple.

Qui a ressuscité Jésus d’entre les morts? L’Esprit? Le Fils lui-même? Le Père?

• C’est clairement le Père, selon Galate 1.1:

Le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts.

• C’est aussi clairement le Fils qui s’est lui-même ressuscité, Jean 2.19-21:

Détruisez ce temple et en trois jours, je le relèverai.

• C’est clairement l’Esprit, selon 1 Pierre 3.18:

Mise à mort selon la chair, il a été rendu vivant selon l’Esprit.

Tu vois, c’est un exemple absolument merveilleux de ce que j’essaye de souligner ici.

Le rôle de l’Esprit dans la vie du Christ

Je suis conscient que c’est un peu compliqué, mais regardons spécifiquement ce que l’Esprit a réalisé pour ou à travers le Christ.

Puisque l’Esprit a inspiré les auteurs de la Bible, il a déjà prophétisé ce que Jésus ferait, donc il était très au courant.

Deuxièmement, il a rendu possible sa conception au sein d’une vierge.

Troisièmement, il est descendu sur lui à son baptême. Il n’a pas été baptisé de l’Esprit, on y reviendra dans un instant.

Quatrièmement, il l’a conduit pour être tenté dans le désert.

Il l’a qualifié pour prophétiser. Il l’a revêtu de puissance. Il l’a fait se réjouir de la volonté du Père. Il l’a soutenu dans sa mort expiatoire. Il l’a ressuscité d’entre les morts. Il l’a fait se réjouir de la volonté du Père. Il l’a soutenu dans sa mort expiatoire. Il l’a ressuscité d’entre les morts.

Par contre, donc comme je l’ai dit, contrairement à ta question, Jésus n’a pas été baptisé de l’Esprit saint. Je cite ici le théologien Graham Cole:

Il n’y a aucune suggestion dans tout le Nouveau Testament que Jésus ait été baptisé de l’Esprit dans le Jourdain.

Il note que le langage est d’une autre catégorie. L’Esprit "demeure" sur lui ou il "descend" sur lui. En fait, plusieurs théologiens ont souligné à juste titre que l’Esprit est Seigneur et qu’il exerce cette seigneurie en conduisant le Christ qui accomplit les œuvres que le Père l’envoie réaliser.

Maintenant qu’on a fait cette liste courte, non exhaustive, que peut-on dire de cette action conjointe de l’Esprit et du Fils?

Johnson le précise:

Dans l’œuvre des personnes divines, nous observons un schéma récurrent. Les actions divines émanent du Père, à travers le Fils et par le Saint-Esprit. Ainsi, une explication scripturaire de l’action divine doit inclure ces deux éléments: d’une part, l’action du Père, du Fils et du Saint-Esprit est l’œuvre indivise ou indivisible des trois. Et d’autre part, en exerçant une seule action causale, les personnes divines agissent d’une manière qui reflète leur mode de subsistance éternelle. Le Père agit de manière inséparable avec le Fils et l’Esprit, selon son mode d’être sans origine, non engendré. Le Fils agit de manière inséparable avec le Père et l’Esprit, selon son mode d’être ‘du’ Père, c’est la génération. L’Esprit agit de manière inséparable avec le Père et le Fils, selon son mode d’être ‘du’ Père et ‘du’ Fils, on parle de procession.

Alors, est-ce que le Fils aurait pu agir sans l’Esprit? Quelque part, c’est aussi incongru que de se demander si le Fils aurait pu agir sans le Père. Jean 5.19 le dit:

En vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire par lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père. Et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait également.

On pourrait citer Jean 10.28-30 également, ou bien Jean 14.10:

Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis ne viennent pas de moi-même. Le Père qui demeure en moi accomplit ses œuvres.

Et donc, Jean 16.13-15 nous montre l’imbrication du Père, de l’Esprit et du Fils, et que c’est complet: c’est cela la vie divine trinitaire.

Il y a un théologien juif messianique, Arnold Fruchtenbaum, qui écrit un livre qui s’appelle "Ruach HaKodesh", en hébreu: "Dieu le Saint-Esprit". Il dit:

Il est clair que le Messie était revêtu de puissance par le Saint-Esprit pour réaliser les miracles. Ceci dit, il doit être noté que tous les miracles que Yeshua a réalisés n’étaient pas dus à la puissance manifeste du Saint-Esprit et qu’il a réalisé un certain nombre de miracles de sa propre initiative et de son propre pouvoir.

Je lisais dans mon culte personnel, Luc chapitre 9 lorsque Jésus dit lors de la multiplication des pains:

Donnez-leur vous-même à manger.

– Luc 9.13

Il n’y a rien qui indique l’action de l’Esprit en cela. Soudainement, les pains sont apparus dans les paniers. On voit Jésus qui réalise de façon très discrète et puissante quelque chose qui atteste de sa divinité, qui est le fruit, la signature, qu’il voulait laisser par ses miracles. Il est vraiment celui en qui on peut avoir confiance pour le pardon de nos péchés. Donc, de la même manière que le Père envoie le Fils en mission et que le Fils veut réaliser cette mission, ainsi en est-il de l’Esprit que le Père envoie pour soutenir, accompagner, réaliser conjointement ce chef-d’œuvre de la rédemption.

Comment, dès lors, se représenter l’œuvre de l’Esprit dans la vie du Fils? Peut-être que l’idée la plus simple c’est de se souvenir de ceci. Les actions divines émanent du Père à travers le Fils et par le Saint-Esprit. Henri Blocher que j’ai cité se dit:

Il vaudrait la peine d’explorer les appropriations parallèles du Fils et de l’Esprit, très souvent des mêmes attributs et des mêmes œuvres mais différemment.

Si tu veux aller plus loin, je suis conscient que je suis allé vite, que j’ai survolé. Tu peux lire le livre de Ferguson sur le Saint-Esprit, celui de Sproul également assez simple, et celui un petit peu plus technique de Romerowski pour aller plus loin.

J’espère en tout cas que tu vois que l’Esprit vient assister le Fils dans la réalisation de la mission de Dieu sans pour autant que ce soit de même nature que nous.

L’Esprit dans nos vie et dans celle de Christ

J’espère que tu as pu le voir, il y a quelque chose d’unique entre le Christ et l’Esprit qui n’est pas imitable ou transférable. Jésus n’a pas été baptisé de l’Esprit comme nous l’avons été à notre conversion, ça je l’ai déjà établi. Jésus est l’unique Messie d’Israël et Sauveur du monde. Il est conduit par l’esprit pour réaliser cette œuvre rédemptrice magnifique. Et cela me fait penser au rapport unique entre le Père et le Fils. Par exemple, par rapport à nous, en Jean 20.17 nous lisons des lèvres de Jésus:

Ne me touche pas car je ne suis pas encore monté vers mon Père, mais va vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.

Ce n’est pas une formulation étrange ça? C’est une formulation étrange, mais elle est nécessaire, parce que Jésus distingue clairement la relation que lui a avec son Père et le type de relation que nous avons avec notre Père. Il y a bien sûr des ponts et des parallèles dans la compréhension de ce que ça signifie, mais le rapport du Fils au Père est unique et ne correspond pas à notre rapport avec le Père.

Il en va de même dans notre rapport à l’Esprit. La relation éternelle du Fils et de l’Esprit est unique et distincte de celle que nous avons avec l’Esprit. Comme je l’ai dit, il y a des ponts. Lorsque Dieu dit qu’il nous adopte, il fait de nous des cohéritiers de son Fils et il nous élève à un statut qui n’est pas sans affinité avec le Fils face au Père. Lorsque Dieu nous envoie son Esprit, ce n’est pas sans affinité avec l’Esprit qui accompagne le Fils dans sa mission. Mais il ne faut pas se tromper de catégorie et il ne faut pas s’approprier ni les œuvres du Christ ni les œuvres de l’Esprit. Il y a un rapport ténu d’exemple qu’il faudrait creuser. On n’est pas tout à fait dans le même monde. Le Christ est venu une fois pour toutes et l’Esprit l’a accompagné faire des miracles uniques qui ont révélé qu’il était Dieu fait homme. Dieu peut certainement répondre à nos prières, il peut certainement réaliser des miracles, mais même les nôtres seront d’une nature différente.

Je ne sais pas si tu te souviens du moment où Jésus guérit au milieu d’une synagogue et il dit:

Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés, je te le dis, lève-toi et marche.

Les miracles de Christ, les miracles que l’Esprit réalise avec Christ sont des attestations qu’il y a en Jésus quelque chose de bien différent que tout ce que le monde a connu.

Conclusion

Lorsque le Fils de Dieu devient homme, il ne se sépare pas du Père et du Fils. Et il en est de même de l’Esprit, il ne rejoint pas le Fils à son baptême pour des retrouvailles joyeuses après un temps de séparation où le Saint-Esprit vient en disant:

C’est trop bien de te revoir Jésus.

Ça n’a jamais été le cas, il n’a jamais été séparé de l’Esprit. Les œuvres externes de la Trinité sont indivises, indivisibles. Ainsi, chaque œuvre divine d’une personne est l’œuvre de Dieu. L’ordre est ce qui préserve la distinction des œuvres. Le Père agit en ce qu’il ne provient de personne. Le Fils en tant que ‘engendré’ éternellement. Et l’Esprit agit comme celui qui procède éternellement du Père et du Fils, en sorte qu’il y a prééminence, mais non œuvre indépendante et unique. Quand on parle des personnes de la Trinité, on parle en quelque sorte d’une manière d’être en relation.

On a parcouru des concepts compliqués, j’espère que cela t’émerveille au moins un peu. Garde en tête les actions divines émanant du Père à travers le Fils et par le Saint-Esprit.

Et puis un dernier mot. J’ai terminé cette semaine la lecture d’un livre de théologie de plusieurs centaines de pages sur le Saint-Esprit de Graham Colt, je l’ai apprécié. Et je te lis le dernier paragraphe et je crois instructif:

Paradoxalement cependant, dans un monde d’autopromotion, la magnificence de l’Esprit se fonde non pas dans une mise en avant, mais dans une forme d’auto-abnégation. Un nombre de plus en plus élevé de théologiens contemporains ont décrit cela comme la kynose, l’auto dépouillement de l’Esprit. Je préfère l’auto-effacement ou encore le puisement de l’Esprit. Je préfère l’auto-effacement ou encore le décentrage divin de soi-même. Pour cette raison, les chrétiens sont appelés à juste titre chrétiens et non pneumien, de pneuma "esprit".

Et il continue, c’est moi qui ajoute, méfie-toi de ne pas centrer ta vie sur l’Esprit de manière erronée. Le véritable Esprit saint est un projecteur puissant de Christ. Tout centrage exagéré sur l’Esprit est au mieux une erreur de priorité ou au pire une orientation sur d’autres esprits. L’apôtre Paul conclut sa seconde lettre aux Corinthiens:

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous.

– Corinthiens 13.13.

C’est un Dieu trinitaire qui s’est impliqué pour nous racheter et nous sortir de la boue de notre péché. J’espère que nous apprécions cet immense engagement de Dieu à notre secours pour nous sauver et que ça nourrit notre amour pour son nom.

Merci pour ta question, j’espère y avoir répondu.