Une personne divorcée peut-elle servir dans l'Église? (Épisode 480)

Est-il judicieux de remettre en question son service dans l’Église après un divorce, même lorsqu’il est permis par les Écritures? Bien que la Bible ne présente aucun exemple concret ou directement comparable au contexte évoqué, Florent répondra en expliquant ce qu’implique un divorce, ce qui devrait rester inchangé pour un serviteur de Christ, et le rôle de l’Église dans notre marche en tant que tel.

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Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t'aide à mieux comprendre la Bible, une question à la fois.

Tu veux poser une question?

Transcription:

La question

Bonjour, je suis divorcé depuis deux ans suite à un adultère. Pour notre réconciliation, nous avons cheminé ensemble sur deux chemins différents. Ma femme a suivi les conseils d'un thérapeute, qui l'a très mal conseillé par rapport à l'enseignement biblique qu'elle avait reçu depuis son enfance. Et moi, je suivais ce que le Seigneur nous enseigne: le pardon et la prière. Je lui avais même proposé d'en parler à notre pasteur, ce qu'elle a refusé. À ce jour, nous sommes divorcés et mon pasteur m'encourage à reprendre l'enseignement des enfants comme je le faisais auparavant. Ma question est: dans ma situation, puis-je reprendre ce service? Merci de m'éclairer.

Merci pour ta question, je suis touché de ta transparence et puis, bien évidemment, avec cette question et ta situation, j'imagine d'énormes souffrances pour toi et tes enfants s'il y en a.

La moralité du divorce

Jésus parle du divorce à plusieurs reprises, de même que la Bible en parle, notamment dans les épîtres. C'est important de considérer l'ensemble des textes bibliques.

Jésus en parle dans Matthieu 19:

Les pharisiens l'abordèrent et lui dire pour l'éprouver: Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour n'importe quel motif?

Il répondit: N'avez-vous pas lu que le Créateur au commencement fit l'homme et la femme et qu'il dit: C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, s'attachera à sa femme, les deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni.

Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il commandé de donner à la femme un acte de divorce et de la répudier?

Il leur dit: C'est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes. Au commencement, il n'en était pas ainsi. Mais je vous dis quiconque répudie sa femme, sauf pour infidélité, et en épouse une autre, commet un adultère.

_{Matthieu 19.3-9}

Que veut dire ce texte? Je ne vais pas faire le rappel de tous les textes que l'on a dans la Bible. Je te renvoie à l'épisode que j'ai évoqué. Et puis je te renvoie aussi au texte de la fondation du counseling biblique que tu retrouveras sous la description de l'autre épisode que j'ai évoqué. C'est un texte théologique assez important, remarquablement bien formulé sur l'ensemble de la question du mariage, du divorce et du remariage.

Dans les grandes options qui existent au sein du christianisme, dans l'interprétation des textes, certains estiment que le divorce n'est jamais permis. Ils partent notamment du passage parallèle dans Marc 10 qui n'a pas de clause d'exception comme nous l'avons lu en Matthieu ou avec Romains 7 qui parle d'être lié dans le mariage "jusqu'à la mort". Pour eux, le "sauf pour infidélité" de Jésus signifie une violation des lois lévitiques, c'est-à-dire que tu es marié, peut-être même heureusement et joyeusement marié, et puis soudainement tu réalises que tu as épousé, on va dire, une demi-sœur. Imaginons, tu es adopté, tu te retrouves devant une violation des lois du mariage et tu aurais le droit de te marier. Évidemment, c'est très problématique de le dire ainsi parce que c'est un peu ésotérique par rapport au contexte de la question et de la réponse de Jésus.

Certains estiment qu'une personne qui est victime d'un adultère a le droit de divorcer. Il n'est donc pas dans une situation immorale dans le divorce et il ne sera pas dans une situation immorale dans le remariage. Il est victime et son chemin peut continuer si le cœur et les circonstances le lui permettent.

Certains estiment qu'avec un divorce légitime, il y a aussi la possibilité d'un remariage et que de nouveau c'est une situation qui n'entraînerait aucun blâme. Et puis dans tous les cas évoqués, le pardon, le changement de cœur et la reconstruction sont toujours préférables, mais ce n'est pas toujours possible parce que la réalité de l'endurcissement des profils psychologiques des uns et des autres sont tels que le divorce est la meilleure solution dans certains cas, ou la solution la moins pire en tout cas dans certains cas.

Généralement les Églises protestantes évangéliques comprennent que le mariage est un engagement solennel pour toute la vie, c'est le cadre moral normal. Qu'il se constitue par des vœux et une confirmation de ces vœux par la relation sexuelle qui en découle. Et généralement au sein de ces Églises, ce lien est rompu par les causes inverses. Le départ du non-croyant ou la personne qui s'affirme non-croyant par son départ du couple, ce serait le rejet des vœux. Ou bien par l'immoralité sexuelle, l'adultère dont tu parles, qui serait une violation de la ratification du mariage par la relation conjugale. Donc mariage engendré par un vœu ratifié par l'acte sexuel, divorce engagé par le rejet de ce vœu et le départ du non-croyant ou bien l'adultère qui serait une forme de violation du cadre du mariage.

Lorsqu'il y a divorce d'un couple qui est membre de l'Église, il me semble important que les anciens écoutent les deux individus pour déterminer si l'un des deux détruit ou a détruit la communauté conjugale. Un homme qui serait abusif – je parle là de violence physique, je ne parle pas de propos malheureux occasionnellement prononcés – doit faire l'objet d'une discipline d'Église selon Matthieu 18, et le refus de se repentir s'apparenterait à une forme d'abandon de son couple. Le divorce de l'individu abusé me paraît légitime bibliquement. Il en va de même de la situation de l'adultère.

Alors, je reprends ta situation que je ne connais pas, mais je vais supposer que tu as été ni abusif ni violent à l'égard de ta femme et de tes enfants. J'imagine bien que tu n'es pas parfait, parce que personne ne l'est, mais qu'il y a une différence entre, casser volontairement et constamment l'unité du couple, et être un pêcheur occasionnel dans son vécu.

Bref, ton épouse se serait tournée, si je comprends bien, vers un autre homme et vous voilà divorcés. De ma perspective, tu es victime d'un divorce que tu n'as pas voulu, même s'il peut tout à fait être reconnu que tu peux avoir eu des torts dans la génération du départ de ton épouse, mais elle a pris une responsabilité majeure en cela.

Le statut d'un divorcé dans l'Église

Quel est ton statut maintenant? Est-ce que tu es marqué: "divorcé", pour ne jamais servir ni être utile au Seigneur?

Je pense que ce serait une grave erreur. Il est possible que certains services te soient impossibles. Encore une fois, je ne connais pas suffisamment ta situation pour le dire, mais si tu es un disciple de Jésus, le Seigneur attend que tu portes du fruit, quel que soit ton passé, quelles que soient tes erreurs, tes péchés, dans la mesure où il y a une repentance et un fruit de repentance dont l'Église peut être le témoin.

Et ça me conduit sur un autre point fondamental par rapport à ce débat. Je l'ai souvent souligné, les blogueurs n'ont aucune autorité sur l'Église. Ils sont au mieux des enseignants plus ou moins pertinents, dans le sens d'Éphésiens 4, et contribuent à l'édification du corps du Christ, mais l'autorité dans une Église est confiée aux anciens collectifs de l'Église. C'est à eux de réfléchir à la situation et de donner une directive morale, spirituelle, juste, au regard de ce qu'ils comprennent et ce qu'ils croient. Eux, rendront des comptes de leur choix et pas moi, donc c'est important de bien cadrer. C'est à ton Église de légiférer sur ce qui est possible ou non de faire. Lorsqu'une Église choisit des évêques, des anciens donc, elle doit veiller à ce qu'ils soient "irréprochables". Je suis conscient qu'être évêque, ce n'est pas enseigner l'école du dimanche, mais on peut en quelque sorte en tirer des principes utiles. Il y a donc une notion d'approbation de l'Église.

Qu'est-ce que ça veut dire "irréprochable"? Ça veut dire que lorsqu'ils exercent un ministère, les gens ne se disent pas: “Bon, il dit ça, mais il vit autre chose…”

L'idée du terme c'est qu'on ne peut pas lui faire de procès. Il est pécheur, comme tout le monde, mais il meurt à lui-même suffisamment pour qu'il ne laisse pas dans son sillage une série de scandales ou de reproches qui mènerait l'opprobre sur l'Évangile ou sur la personne de Christ. Par exemple, un homme qui se mettrait en colère facilement, qui aurait la langue facile pour critiquer ou pour humilier, un homme dont le comportement est ambigu serait disqualifié pour le service, si l'Église pouvait le voir.

En réalité, c'est l'Église qui observe et qui approuve. Donc, si l'Église ne t'accuse pas, si ton pasteur ne t'accuse pas, si tes péchés sont à la lumière de Christ et couverts par son sacrifice, pourquoi laisser au diable la puissance de t'accuser et de t'interdire de servir?

Vois-tu, il y a une grande différence dans ton histoire avec celle que j'entends parfois, avec des gens qui se disent vouloir servir mais leur pasteur ne donne pas son approbation, dans des circonstances, similaires aux tiennes. Là, je me dirais que peut-être le pasteur et les anciens, ce collectif voit des choses que d'autres ne voient pas. Là, tu te trouves dans une situation inverse: tu t'imposes une limite. Peut-être que certaines choses te retiennent dans ta conscience: mets-les en lumière et parle-en avec ton pasteur. Mais si les anciens te disent: “Écoute mon frère, bien sûr tu n'es pas parfait, mais tu es victime”, et qu'ils t'encouragent à un service, je crois qu'il faut que tu réfléchisses d'où vient cette hésitation si tu penses que ta légitimité vient de ta capacité. Parce qu'en réalité, la légitimité vient toujours de la grâce de Christ! Je suis éminemment conscient du privilège qui m'est donné de réaliser ce podcast, mais je ne peux pas dire que c'est grâce à ma piété et à ma sainteté, c'est grâce à la grâce de Christ, qui est agissante dans ma vie et qui couvre mes imperfections, que je peux prétendre être dans cette situation.

Et donc, si l'Église et notamment ton pasteur estiment que tu as toute ta place au service des enfants, je pense qu'il ne faut pas que tu te l'interdisent par principe. L'Église est là pour pouvoir justement valider des éléments qui pourraient être mal compris. Comme toute autre décision de service, tu dois réfléchir à:

• Tes compétences
• La joie de ce service (as-tu du plaisir à le faire?)
• Est-ce que c'est trop tôt?
• Prendre note du conseil des frères
• Se former pour la suite.

Pour ma part, l'encouragement que je te fais, c'est que si jamais tu as ce désir dans ton cœur, ne te limite pas par un passé contenant des douleurs et des violences subies. Et même si tu avais une part plus active, la repentance, le fait de vivre dans la lumière, le fait d'en parler franchement avec les frères anciens de l'Église, responsables de l'Église, et qu'ils te disent qu'ils accueillent ta confession et encouragent la poursuite de ton ministère, tu dois pouvoir l'accueillir.

Conclusion

Nous sommes en réalité tous indignes de servir Christ, c'est vrai. Chaque matin, après une douche et un café, je lis ma Bible, je vais prier, je vais marcher en priant, et chaque matin je suis émerveillé qu'un pécheur comme moi puisse avoir le privilège non seulement de parler à Dieu comme mon propre père en tant que son enfant, mais aussi d'avoir un petit rôle dans son service.

Ce n'est pas la prière d'un homme humble, c'est la prière d'un homme qui se bat et qui ne réussit pas toujours à marcher droit. On ne sert pas Christ parce que l'on est parfait, on sert Christ parce qu'il a agi au-delà de notre passé, au-delà de nos défaillances, et il a couvert de son sang, nous qui marchons dans la lumière, nos fautes. C'est-à-dire que nos désobéissances font l'objet d'une confession à lui, et parfois, quand c'est nécessaire, lorsque les faiblesses sont récurrentes, à des frères et à des sœurs. On aime Jésus fondamentalement en comptant sur son esprit pour grandir en obéissance.

Peut-être que d'autres écoutent cet épisode en se disant qu'ils ont, eux, commis l'adultère, trahi leur conjoint, qu'il n'y a pas suffisamment de larmes pour laver ce dérapage. Ce ne sont pas les larmes ni les regrets qui lavent nos fautes, c'est le sang de Christ.

Certes, il est possible que certains services dans l'Église deviennent impossibles à cause d'une réputation qui est souillée et ternie. Un frère parlait de ça en disant: “Vous savez, notre réputation, c'est une seule cartouche. Une fois qu'elle est partie, c'est difficile de revenir à cette réputation.”

Ça a certainement été un débat dans l'Église primitive par rapport à ceux qui avaient renié Christ dans les temps de persécution. Fallait-il les réintégrer ou non? Est-ce qu'il fallait réintégrer des évêques qui avaient renié Christ dans leur ministère d'évêque? Il y a un long débat là-dessus, donc ce n'est pas un débat récent.

En tout cas, j'espère que nous pouvons être encouragés par ce que l'apôtre Jean dit:

Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous. Si nous confessions nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. Si nous disons que nous n'avons pas péché, nous le faisons menteur et sa parole n'est pas en nous. Mais petits enfants, je vous écris afin que vous ne péchiez pas. Et si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.

_{1 Jean 1.8-2.2}

Quelle grâce! Je reprends cela. Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même victime expiatoire pour nos péchés.

Ça veut dire quoi une victime expiatoire? Ça veut dire bouc émissaire. Ça veut dire celui qui prend la punition qui nous était destinée. C'est celui qui absorbe le jugement dont nous devions être jugés. Jésus, lorsqu'il vient sur terre, devient homme, puis meurt à la croix en sacrifice à notre place. Dieu le Père prend nos péchés, les tiens notamment, et il les place sur Jésus, son propre Fils. La colère que Jésus absorbe en buvant la coupe est une colère qui nous libère de la culpabilité. Lui, a bu la culpabilité.

Celui qui n'a point connu le péché, il l'a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu.

_{2 Corinthiens 5.21}

C'est pourquoi nous pouvons librement venir confesser, c'est-à-dire reconnaître nos péchés, sachant qu'à cause de Christ, par Christ, et pour Christ, pour sa gloire, il nous pardonne. En lui nous sommes adoptés, nous devenons des enfants de Dieu, en sorte que les choses anciennes sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles.

J'espère que tu seras encouragé par ces réalités. Tu peux peut-être faire la liste de ce qui t'accable sur un bout de papier. C'est un exercice que je recommande parfois: faire la liste de tes péchés, de ce qui t'accable, notamment ce qui est vraiment dur à reconnaître, et puis relire Colossiens 2.14, qui nous dit qu'il a effacé l'acte rédigé contre nous dont les ordonnances nous condamnaient. Il l'a effacé en le clouant, il l'a supprimé en le clouant à la croix. Et tu peux prendre ce bout de papier qui te condamne et le brûler si tu crois que Christ est mort pour toi, si tu veux marcher après lui dans ce désir de lui plaire, non pas pour obtenir le salut, mais parce que tu as obtenu le salut. Tu peux avoir cette confiance que tes péchés passés, présents et à venir ont été brûlés.

Jésus est venu en sauveur, pas en sauveur conditionnel. Il nous arrache à nous-mêmes, il nous arrache à nos péchés et à nos faiblesses. Il nous établit en lui, nous sommes adoptés, nous sommes ses enfants et nous sommes dans sa main. Il tient fermement ceux et celles qui sont dans sa main, rien ne pourra les en arracher. Et nous pouvons, tout pécheur que nous sommes, nous offrir à lui en sacrifice vivant pour que nous puissions exercer aussi bien que possible le petit service qu'il nous donne de rendre à son corps. Si tes anciens ne te condamnent pas et t'encouragent à cheminer dans le service, si le Christ ne te condamne pas, si le Saint-Esprit ne te condamne pas, le Père ne te condamne pas, ne te condamne pas toi-même. Tu ferais l'œuvre du diable et ce serait tellement dommage.