Un pasteur vous répond

Comment manifester les dons spirituels? (Épisode 92)

Le Saint-EspritÉpîtres

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Publié le

29 sept. 2017

Dans l'épisode 92, Florent Varak parle des dons spirituels et de leur manifestation. Pour cela Florent commence par dresser une liste de dons que l'on retrouve dans 1 Corinthiens 12, puis en donne un enseignement biblique.

Transcription :

« Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont une aide mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. Cependant, n’hésitez pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance. »

La question est posée : « Comment manifester les dons spirituels, que faire ? » Merci pour ta question, elle est assez ouverte donc, il y aurait beaucoup de choses à dire, et je vais dire beaucoup de choses. Je ne sais pas si je répondrai tellement à ton attente, mais quand on réfléchit à la question des dons spirituels, eh bien il faut se plonger dans 4 listes que nous trouvons dans les Écritures, que je vais citer dans l’ordre de rédaction, et qui correspond aussi à l’ordre de taille de chacune de ces listes.

La première liste se trouve en 1 Corinthiens chapitres 12 à 14, et là tu as deux fois une liste dans le chapitre 12, et ensuite une focalisation plus particulière sur la prophétie par rapport aux langues au chapitre 14; et c’est intéressant : au chapitre 13, il y a tout ce magnifique texte qui parle de l’amour et qui devrait motiver la manière d’utiliser les dons dans une église. Dans le chapitre 12 et la première liste que nous trouvons, il y a 3 groupes qui sont à distinguer par l’utilisation de termes grecs différents quand il est dit « à un autre il est donné […] à un autre il est donné » tel don. Je ne sais pas si c’est un effet stylistique, ou si c’est un effet où Paul voulait qu’on regarde s’il y avait quelques petites distinctions dans la liste qui nous est proposée…

En tous les cas, le premier groupe commence avec une parole de sagesse et une parole de connaissance, le deuxième groupe contient la foi, les dons de guérison, l’opération de miracles, la prophétie, le discernement des esprits, et puis le troisième groupe, diverses sortes de langues et l’interprétation des langues. Donc voilà pour la première liste que nous trouvons. Un petit peu plus loin dans le chapitre 12 il y en a également d’autres qui sont mentionnés avec l’apostolat par exemple, mais c’est la liste la plus importante.

En Romains chapitre 12 versets 6 à 8, nous lisons qu’il y a la prophétie, le service, l’enseignement ou l’exhortation, le don financier, la direction ou la présidence, et puis le secours des malheureux ou la miséricorde. Là dans le livre aux Romains, il n’y a pas de dons miraculeux qui soient mentionnés, uniquement ces dons-là. Il faut savoir que personne, parmi les apôtres, n’était encore allé à Rome. Est-ce-que ça a une incidence sur la liste des dons que l’on trouvait dans l’église ? Je ne sais pas, mais c’est une piste à explorer.

Toujours est-il que dans une première liste plus importante à Corinthe, une deuxième liste moins longue à Rome, et ensuite quelques années plus tard, l’apôtre Paul parle à l’église aux Ephésiens, mais là il parle des hommes donnés à l’église : l’apôtre, le prophète, l’évangéliste, le pasteur et le docteur. Certains rassemblent les deux dernières compétences pour les unir : le pasteur et docteur. Il y a des débats sur ces questions qui occupent théologiens, missionnaires, missiologues et pasteurs.

Voilà les cinq qui sont mentionnés en Ephésiens 4; et puis encore plus tard, à la fin de la période de la rédaction du Nouveau Testament, l’apôtre Pierre mentionne le fait que nous avons tous des dons, ou que chacun, nous ayons des dons, et il parle de deux dons : celui qui parle et celui qui sert. Tu as cette liste en 1Pierre 4 : 10-11. C’est amusant, parce que c’est une distinction très simple : celui qui parle et celui qui sert. Pas de chose plus compliquée que ça.

Alors qu’est ce que c’est que les dons spirituels ? Charisma, Charismata au pluriel vient du terme “charis” : la grâce, et littéralement ce sont des expressions ou des manifestations de la grâce.

Le monde évangélique en général, définit les charismatas, les dons de l’Esprit comme une aptitude que Dieu donne aux croyants. Je te livre la définition de Christian Schwartz qui a écrit un livre sur la question du don spirituel et il dit : « un don spirituel est une capacité particulière que le Saint-Esprit donne, selon la grâce de Dieu à chaque membre du corps du Christ et qui doit être utilisé pour l’édification de l’église. »

Donc là, l’accent est placé sur l’individu qui reçoit une capacité, une compétence, une aptitude à servir le corps du Christ selon un don particulier, chacun aurait un don différent. Je voudrais signaler une autre manière de voir qui nous vient de Sylvain Romerovski qui est un théologien français qui enseigne à Nogent, et il diffère un peu dans sa perspective, il soutient dans un article que tu retrouveras sur le web intitulé ”Les charismatas du Nouveau-Testament, aptitude ou ministère ?” C’est dans la revue de théologie évangélique de 2002. Lui soutient que les dons ne sont pas des aptitudes, mais des activités, des ministères, des services. L’accent est placé sur le résultat et non sur l’individu qui aurait un don.

Par exemple, pour lui les dons de guérison ne seraient pas des gens doués de la capacité de guérir, mais des cadeaux de guérison donnés à certains. Le don de prophétie ne serait pas l’aptitude à prophétiser, mais la prophétie elle-même qui serait le cadeau. Et je crois que sa position est intéressante, et qu’il faut au moins l’intégrer pour atténuer certains problèmes liés à ce sujet quand on cherche trop à centrer le don sur l’individu.

D’abord, parfois, chez certains il y a une recherche effrénée de certains dons. Il faudrait que l’on obtienne ou qu’on possède un don parce qu’il serait plus prisé que les autres, parce qu’il serait plus prometteur d’élévation spirituelle, ou un marqueur plus respecté dans certains milieux.

Deuxièmement, ça évite aussi la paresse dans l’engagement; lorsqu’on ne connaîtrait pas son don, on resterait en arrière en disant : moi je ne sais pas quel est mon don, donc je ne sers pas mon église. Et puis enfin, ça évite une certaine hiérarchisation des dons où certains prennent la grosse tête pour avoir tel ou tel don. Si c’est une capacité de servir, eh bien il suffit d’avoir deux yeux, deux oreilles et puis des bras et de quoi parler, et on répond aux besoins que l’on observe en comptant sur la force que le Saint-Esprit peut accorder pour répondre à ses besoins, ou si on pense en avoir la capacité ou l’appel.

En tout cas, charisma c’est un cadeau de la grâce, c’est-à-dire que c’est un fruit qui accompagne la conversion. La grâce nous permet non seulement d’être sauvé, mais elle nous place aussi dans la possibilité de servir Christ et d’être utile à l’église.

Alors je trouve que c’est formidable, il faut le noter, c’est une belle chose que Dieu nous accorde avec les dons spirituels. Souvent quand on évoque la question, les gens s’interrogent entre ce qui est du naturel et ce qui est du surnaturel. Est-ce-que le don spirituel vient comme quelque chose de surnaturel sur l’individu qui se convertit ? Ou bien, c’est quelque chose qui est en lien avec ses aptitudes personnelles ?

Par exemple, est-ce-que Paul était naturellement un bon enseignant ? Bah quand on lit Actes 3 on réalise qu’il a passé toute sa vie à étudier auprès des grands enseignants de son temps. Peut-être qu’il a eu un peu des deux n’est-ce pas ? Ou est-ce-que Timothée était surnaturellement un bon enseignant, puisque 1Timothée 4 : 14 nous dit qu’il a reçu certains dons par l’imposition des mains du collège des anciens ?

Je lis donc en 1Timothée 4 versets 13 à 16 quelque chose qui nous montre que c’est peut-être un peu entre les deux, ou peut-être que les situations vont varier d’un individu à l’autre, il ne faut pas rejeter ce qui est une compétence naturelle, et il ne faut pas imaginer que c’est parce que l’on a une compétence naturelle que l’on doit forcément servir dans cette compétence au sein de l’église.

Alors je lis 1Timothée : “Jusqu’à ce que je vienne, applique-toi à la lecture, à l’exhortation et à l’enseignement (alors là on se dit bah il doit travailler dessus, ce n’est pas naturel) ne néglige pas le don qui est en toi et qui t’as été donné par la prophétie, avec l’imposition des mains du collège des anciens.” Ah tiens, ne néglige pas le don qui est en toi et qui t’as été donné par la prophétie avec l’imposition des mains, donc il y a quelque chose qui est de l’ordre de ce que Dieu lui a donné, mais le verset continue :” applique-toi et sois tout entier à cette tâche afin que tes progrès soient évidents pour tous. Veille sur toi-même et sur ton enseignement, avec persévérance, car en agissant ainsi, tu sauveras et toi-même et ceux qui t’écoutent”.

Et là nous avons de nouveau cet aspect que oui, Dieu veut, peut nous confier certaines compétences ou certains services, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas travailler pour s’améliorer pour être dans un service plus optimal, et qui permette à l’église d’en être bénie.

Alors comment ça marche ? puisque c’est un peu la question que tu poses. Si on regarde 1Corinthiens 12 : 13-14, quelle synthèse peut-on faire ?

Il y a déjà : que chacun reçoit un don différent, la manifestation de l’Esprit est donnée à chacun de façon différente. Il ne faut jamais chercher le même don, que ce soit les langues, que ce soit l’encouragement, que ce soit l’enseignement, que ce soit la miséricorde, il ne faut jamais chercher le même don puisque l’église est à l’image d’un corps. C’est beau d’être différents, avec des dons différents, avec des complémentarités au sein du corps.

Chacun, deuxièmement doit viser l’utilité de l’autre, un don n’est jamais pour soi, parce que là c’est de l’égoïsme, mais c’est pour son prochain, pour l’édification de l’église.

Troisièmement, chacun doit travailler l’amour. Il n’y a rien de pire qu’un enseignant, je trouve, qui manque d’amour, ou qu’un président qui manque d’amour. Et c’est là qu’il faut mettre tous nos efforts, c’est de revêtir les grâces, la grâce et les manifestations de la grâce qui accompagnent notre salut de tout l’amour du prochain, de tout l’amour de ceux qui nous entourent dans l’église pour permettre l’émergence d’un corps qui soit tout à la gloire de Christ.

Quatrième remarque, chacun doit chercher ce qui édifie l’église et ce qui bâtit son prochain, ce qui le construit, ce qui l’édifie, ce qui le fait grandir, ce qui permet à l’église d’avancer. C’est terrible, parce que beaucoup de gens considèrent que les dons spirituels sont un moyen de progresser socialement en quelque sorte au sein de l’église. Ce n’est pas un moyen de progresser, c’est un moyen de descendre au service des autres et de se démener pour donner le meilleur aux autres, afin que l’église dans son ensemble progresse.

Alors comment savoir quel don, dans quel service s’engager ? Christian Schwartz suggère une liste de points de repères pour répondre à cette question de comment savoir le don que l’on a, ou quel ministère accomplir dans l’église.

Il suggère, et je crois que sa liste est intelligente, d’abord de prier, il faut demander au Seigneur qu’il nous éclaire, qu’il éclaire les autres et il fait qu’il nous donne aussi des opportunités.

Deuxièmement : la disponibilité pratique. J’ai des amis qui ont des travails de fous, qui travaillent entre 60 et 80 heures par semaine, manifestement c’est compliqué pour eux d’avoir des engagements prenants dans l’église. Il faut être réalistes, ils ont aussi par ailleurs des responsabilités familiales qu’ils doivent préserver.

Troisièmement :  l’acquisition de connaissance. Tu as remarqué avec 1Timothée 4 que même s’il a reçu un don par l’imposition des mains du collège des anciens, il faut qu’il fasse des efforts. Et donc, il n’est pas inutile si l’on pense que l’on est évangéliste par exemple, de prendre des cours sur la sotériologie la doctrine du salut, de prendre des cours sur l’apologétique (la manière de défense la foi), de prendre des cours sur l’évangélisation (la manière de présenter l’Évangile à nos contemporains en fonction d’un contexte déterminé).

Donc, avec le don vient aussi une formation et la possibilité de grandir. Je tremble quand je pense à mes premières prédications, je tremble encore de mes prédications actuelles, mais il y a quand même plus de métier, un peu plus de perspective globale, et je sais qu’il y a eu des progrès grâce à Dieu, je trouve que l’église a eu beaucoup de patience à mon égard tout au long de ces années. Il y a une acquisition de connaissance pour fortifier les capacités de service.

Quatrième remarque, le plaisir comme motivation. Je trouve que Dieu nous a câblés pour être au service d’une certaine manière. Et il y a des tâches qui puisent énormément de ressources en nous, et il ne faut pas qu’on  fasse ces tâches, parce que ce n’est pas pour cela que nous avons été forgés. Parfois c’est une obligation, parfois c’est une nécessité. Je dirais que toutes les activités humaines ont des composantes agréables, et des composantes difficiles ou compliquées par rapport à ce que l’on est, mais néanmoins, il doit y avoir le sentiment qu’on est à sa place dans un certain registre de service.

Et voilà, ce n’est pas que certains dons sont supérieurs à d’autres, du tout, c’est que, pour certains, on est vraiment câblés pour ça, et le plaisir doit nous alerter sur le fait : « Tiens ça correspond bien à ce que je suis » et peut être à ce que le Seigneur fait de ma vie pour que je que je puisse être utile dans l’église.

Cinquièmement, de nombreux essais. Je me souviens que Billy Graham, lorsqu’il a donné ses premiers messages d’évangélisation, a parlé tellement vite, un peu comme je le fais dans ce podcast, qu’il a donné quatre messages en 20 minutes. C’était rigolo, mais ça veut dire que son premier essai n’était pas très concluant n’est-ce pas ? Il a dû travailler sa technique, travailler sa capacité pour devenir l’évangéliste qu’on lui reconnaît.  Essayer, grandir, s’améliorer fait partie de ces choses-là. Et ça permet de dire : « Tiens, j’ai essayé ça, franchement c’est pas mon truc. J’ai essayé ça et là franchement, ça correspond, ça percute dans mon propre cœur et dans la manière dont c’est perçu.

Sixièmement la vérification de votre efficacité. Si vous pensez avoir le don de compassion, mais que vous faites pleurer tous ceux qui vous écoutent, c’est que probablement vous ne l’avez pas. Il faut vérifier son efficacité. Si vous pensez être un enseignant, mais personne ne comprend ce que vous dites, ce n’est pas de la persécution, c’est peut-être que vous ne l’êtes pas encore.

Il faut soit persévérer, prendre de nouvelles formations, soit passer à autre chose. Et puis l’avis des autres compte énormément. Moi, je crois vraiment à l’importance d’être entouré de personnes qui peuvent avoir un regard éclairant et qui nous permettent de grandir et de mieux se percevoir. On est souvent aveugle sur ses propres compétences et sur ses propres déficiences, l’avis des autres est en cela très critique.

J’apprécie cette liste et tu peux également trouver des questionnaires en ligne sur internet sur les dons spirituels, il y a en a qui circulent, alors je n’en ai pas repéré partout, je sais que Philippe Viguier, mon collaborateur, qui a pris ma place à l’église de Cusset à Villeurbanne, a créé un questionnaire que tu trouveras sur le site de notre église (www.epevc.org/vie-eglise), là tu as le questionnaire qui t’es proposé. Il vaut ce qu’il vaut, il n’est pas parfait, et il te donnera quelques tendances.

Par où commencer ? Moi j’aime beaucoup la simplicité de 1 Pierre 4.10-11 que je vais lire : Chacun de vous a reçu de Dieu un don particulier, qu’il le mette au service des autres comme un bon gérant de la grâce infiniment variée de Dieu. Que celui qui parle transmette les paroles de Dieu. Que celui qui sert accomplisse sa tâche avec la force que Dieu lui donne, agissez-en toutes ces choses de manière à ce que la gloire revienne à Dieu par Jésus Christ à qui appartiennent la gloire et la puissance pour l’éternité. Amen !

Tu remarques qu’il y a deux grandes catégories de dons, et je pense que c’est là-dessus qu’il faut garder un peu la synthèse des choses : il y a ceux qui parlent, et si jamais ils parlent, ils doivent transmettre les paroles de Dieu, ils doivent être fidèles à la pensée de Dieu.

On n’est pas des inventeurs de révélations; quand on parle, on est des serviteurs de la révélation. Et si l’on sert, on sert avec la force que Dieu donne. On sert selon l’intention que Dieu peut avoir, intention de compassion d’amour pour que le service dans l’église puisse être optimal. Eh bien, commence à parler, commence à servir dans des petites choses. Vois comment tu progresses, comme ça se manifeste, vois bien sûr avec les responsables de ton église ce que tu peux faire pour progresser, avancer.

Si tu cherches à aimer ton prochain, si tu chercher à édifier l’église, si tu vis ton service dans la lumière, c’est-à-dire que les anciens sont informés de tout ça, fonce, et tu verras que tu

es très à l’aise dans certaines choses, et ça va petit à petit profiler vraiment une aptitude plus particulière, et tu seras plus apte à remplir des services et des besoins que l’église peut recenser.