Après avoir analysé l'ampleur de ce phénomène, Florent explore les motivations sous-jacentes, la perception du travail, ainsi que la question de l'amour de l'argent. Il partage également des réflexions générales et tout aussi précieuses sur la quête du gain facile.
Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible, une question à la fois.
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Transcription:
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Épisode 66 Un chrétien peut-il jouer au loto?
La question est posée:
Bonjour: Un chrétien doit-il jouer au loto? Cordialement.
Alors, certainement, je n’utiliserai pas le verbe devoir, un chrétien n’a aucun devoir de jouer au loto, je suis un peu taquin en le disant ainsi, mais je vais modifier la question en disant: Est-ce qu’un chrétien peut jouer au loto? Et même je vais la préciser davantage: est-ce qu’un chrétien peut jouer au loto régulièrement, c’est-à-dire est-ce que quelqu’un peut vraiment placer son argent régulièrement dans des jeux de hasard?
Je voudrais distinguer cela d’un adolescent qui, pendant les vacances, achète un billet à 2 euros, 4 euros, peu importe, un adolescent ou un adulte, un peu pour le fun d’un moment.
Bon, bref, ce n’est pas la meilleure manière d’utiliser son argent, et il pourrait l’utiliser différemment, mais je pense qu’il y a une différence: quelqu’un qui joue 2, 3, 4 euros dans un loto une fois par an, une fois tous les cinq ans, juste comme ça, et quelqu’un qui, régulièrement, comme c’est souvent le cas de certains français, ou d’autres régions du monde, se mettent à rechercher un enrichissement rapide.
Les motivations sont diverses pour ceux qui jouent au loto; il y en a qui souhaiteraient arrêter de travailler, d’autres, ça serait de changer de travail, d’autres voudraient offrir à leur famille un meilleur avenir, d’autres voudraient profiter de la vie avec une dimension de luxe, et j’ai même entendu des gens qui jouaient au loto pour espérer financer le ministère, et ces motivations peuvent être très diverses. Je regardais les chiffres que je tiens d’un article de Jean-Yves Guérin paru dans le Figaro: « Le loto, 40 ans de succès en chiffres. »
Alors, juste pour que tu te fasses une idée de ce que ça représente: en 2015, 17, 4 millions de personnes ont joué au moins une fois au loto; en moyenne elles ont misé 4 euros. La Française des jeux gagne 1, 5 milliards d’euros par an, c’est énorme. En moyenne un Français joue 52 dollars au loto par an; (c’est rapporté au dollar pour comparer avec d’autres pays); ce qui le place au 51ème rang des budgets consacrés à ce jeu par habitant. Les plus gros joueurs, je ne le savais pas, sont les Australiens, avec 204 dollars par habitant, les Norvégiens, 186 dollars, les Finlandais, 139 dollars ou plus, et je te passe la liste, voilà. Nous sommes à jouer en moyenne 52 dollars par an. Les joueurs de loto, que tu saches, qui s’achètent un billet ont une chance sur 19 millions de remporter. Alors la question se pose: est-ce qu’un chrétien peut jouer régulièrement au loto? Je vais identifier quelques problèmes, à mon sens, avec le fait de jouer régulièrement au loto.
Le premier problème, c’est quand même le problème de la motivation.
La motivation, généralement, c’est de s’enrichir vite, même si c’est pour le bien des autres. Or, qu’est-ce que nous dit la Bible: en Proverbes 13. 11: « Une richesse trop vite acquise se dissipe; amassée peu à peu, elle se multiplie ». C’est intéressant, parce que ce proverbe qui date de millénaires ne savait pas que ceux qui jouaient au loto ont de fortes chances de faire faillite; ceux qui gagnent au loto. Or, je ne sais plus les proportions, je les avais en tête à un moment donné, mais j’ai oublié, les gens qui gagnent de l’argent d’un coup en grande quantité ne sont pas forcément les meilleurs investisseurs ou les meilleurs utilisateurs de cet argent, et il y a beaucoup de faillites qui sont enregistrées suite à, quelques temps après quand même, 1 an, 2 ans, 5 ans, après un gain rapide. Donc, vouloir s’enrichir très vite, ce n’est pas se garantir de devenir riche, parce que peut-être que Dieu est sage de ne pas nous donner ce qu’on est pas toujours capable de gérer.
Deuxième problème: c’est le problème de la place du travail. On considère un peu, et c’est vrai que selon les jobs, certains jobs sont certainement pénibles et difficiles, douloureux. Il y a quelque chose de bon dans le travail. On le voit dès la création; Dieu donne une charge, un travail à faire à Adam et Eve qui doivent gérer la nature correctement, qui doivent gérer ses ressources, dominer sur elle, et bien sûr, ça devient brisé avec le surgissement du péché, de l’égoïsme, et Dieu dit en Genèse 3. 19 « C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans le sol d’où tu as été pris, car tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». Donc, c’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain.
Il y a quelque chose qui est à la fois de l’ordre de la survie, et donc de la nécessité, et à la fois de l’ordre de la difficulté. Donc il y a un -amour-haine -avec le travail, avec tous les déséquilibres que l’on peut connaître; et, justement, en voulant court-circuiter le travail, on court-circuite un aspect rédempteur, c’est que le travail est une bonne chose, c’est un cadeau de Dieu à la création, c’est une difficulté particulière avec la chute et on voit des hommes et des femmes qui s’engagent dans des carrières où ça devient leur vie, ou bien on voit des hommes et des femmes qui rejettent toute notion de responsabilité professionnelle et ne prennent pas soin de leur famille. Il y a vraiment un rapport un peu particulier avec le travail.
Or, je note, en Ecclésiaste 8. 15, que Salomon après avoir tout réussi et tout raté, fait le constat dans sa propre vie qu’il y a quelques clés de vie qui sont positives, et voici l’une d’entre elles: « j’ai donc fait l’éloge de la joie parce qu’il n’y a rien de bon pour l’homme sous le soleil, sous le soleil de plomb dans ces contrées, sinon de manger, de boire et de se réjouir. C’est là ce qui doit l’accompagner dans son travail pendant les jours de la vie que Dieu lui donne sous le soleil ». Et le travail fait partie de ces éléments bénis, où l’homme et la femme peuvent contribuer à une société, contribuer à une famille, à un environnement, et à la fois contribuer à leur propre épanouissement. Donc rechercher à court-circuiter le travail, même si parfois il peut être pénible, par le loto, c’est problématique dans la motivation.
Troisièmement, le problème de l’amour de l’argent, et là on ne peut pas échapper à cette motivation, je ne connais personne qui veut gagner au loto sans considération pour le gain, c’est évidemment pour cette raison que les gens jouent au loto régulièrement. Or la Bible est assez claire là-dessus: 1 Timothée 6. 10: « Car l’amour de l’argent est racine de toutes sortes de maux; pour s’y être abandonné, certains se sont égarés très loin de la foi et se sont infligés beaucoup de tourments. » L’amour de l’argent est la racine de toutes sortes de maux, et c’est difficile de voir dans son cœur si on a un amour de l’argent, mais je pense que si on pense qu’on ne l’a pas, on est en danger de se séduire soi-même par rapport à ses propres motivations, si on joue régulièrement au loto. Hébreux 13. 5 nous dit même davantage: « Que votre conduite ne soit pas guidée par l’amour de l’argent ». Il me semble que jouer au loto régulièrement, c’est être conduit par l’amour de l’argent. Et utiliser des ressources que Dieu nous donne et les placer pour en avoir plus, de manière rapide, sans travail, sans que ce soit la source de nos biens, et l’auteur de l’épître aux Hébreux ajoute: « Contentez-vous de ce que vous avez présentement car Dieu lui-même a dit: Je ne te délaisserai pas, non, je ne t’abandonnerai jamais ».
Il y a donc un problème avec ce manque de contentement avec la situation que nous avons et qu’il faut régler dans son cœur. C’est jamais facile; je constate d’ailleurs que les témoignages de gens qui sont riches, célèbres dans le monde, leur richesse ne leur a pas donné la satisfaction et le contentement que nous-mêmes penserions qu’ils devraient avoir avec ce qu’ils ont; ce n’est pas le cas. Le contentement est une question de cœur, pas une question de richesses; et Jésus ajoute, et ça doit être une mise en garde très sérieuse: « Nul ne peut en même temps être au service de deux maîtres, car ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien sera dévoué au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir en même temps Dieu et l’argent ». Servir l’agent, c’est forcément se couper d’un attachement à Dieu, d’un respect de Dieu, et c’est quelque chose qu’il faut considérer, que la recherche, l’amour de l’argent ne peut pas être une motivation sans que cela coupe notre amour pour Dieu.
Quatrième problème: le problème des amis. Alors, ça va te surprendre, mais Ecclésiaste 5.10 nous dit: « Plus on possède de biens, plus se multiplient les profiteurs, et quel avantage en tire leurs possesseurs si ce n’est le spectacle qu’ils lui offrent ». Ça, c’est écrit; de fines observations. Imagine, tu gagnes je ne sais pas moi, un million, deux millions d’euros, tu auras beaucoup d’amis, mais tu n’auras pas toujours la possibilité de distinguer ceux qui sont tes amis de ceux qui sont des profiteurs, et ta seule satisfaction c’est de voir le ballet des gens qui vont t’embrasser la main.
Alors bon… c’est pas nécessairement le cas, ce n’est pas forcément le cas, mais ça va créer et engendrer des rapports difficiles avec les autres. Je me souviens d’avoir lu le témoignage d’un homme d’affaires; je crois qu’il était Allemand ou Suisse-Allemand, qui, parvenu à la fin de sa vie après divorce et tout un tas de situations vraiment difficiles, a décidé de tout lâcher, tout vendre, et de se retirer dans une petite maison, et de vivre avec très peu, et il dit, c’est un témoignage succulent, il dit qu’il vit les plus belles années de sa vie, parce que maintenant il a des amis pour qui il est, et pas des amis pour ce que pouvait lui offrir son poste avec un ascenseur social ou son argent. Donc, problème avec ça.
Cinquièmement, le modèle de contentement. Tu as peut-être déjà entendu dans des prédications Proverbe 38; tu as lu: « Éloigne de moi la vanité et la parole mensongère; ne me donne ni pauvreté ni richesses; accorde-moi le pain qui m’est nécessaire ». C’est une prière qui est pleine de bon sens; ni pauvreté ni richesses, parce qu’avec la pauvreté on a le danger de voler, de convoiter, de se mettre dans des situations de jalousie vis-à-vis d’autres; ni richesses, parce que justement on risque de dépasser ce contentement. Juste ce que Dieu nous donne et que l’on est capable de gérer. Et je dois dire que j’ai vu des gens riches vraiment être équilibrés. C’est pas la richesse qui est le problème, c’est l’amour de la richesse. J’ai vu des hommes riches vraiment équilibrés, j’ai vu des gens avec des revenus très moyens, très modestes, être profondément satisfaits également, et c’est magnifique, c’est quelque chose qui est à rechercher que d’être satisfaits de la providence que Dieu nous donne.
Et puis, sixièmement, la beauté du don qui coûte. Tu te souviens de Jésus face à la veuve; elle donne de son nécessaire; elle ne donne pas grand’chose, elle donne quelques centimes, mais elle donne de son nécessaire. Et j’entends parfois des gens qui veulent soutenir l’oeuvre de Dieu… s’ils gagnaient au loto! Et moi, je me suis fait cette remarque: pas uniquement au loto, je ne joue pas au loto, enfin ça m’est arrivé peut-être deux ou trois fois dans ma vie, enfin j’ai pas de…, c’est pas un problème, en tout cas d’addiction ou quoi que ce soit; je peux concevoir que ce soit un problème pour certains d’ailleurs, je le comprends, et que ça soit une lutte pour eux; mais je me suis parfois dit – parce que mes pensées pour échapper à ma situation, c’est souvent dans des perspectives de business ou autres –: ah, si je pouvais avoir plus d’argent, je soutiendrais mieux l’oeuvre de Dieu. Pas certain, et en plus Dieu n’a pas besoin de cet argent parce que pour lui, ce qui compte, ce n’est pas tellement le montant parce qu’Il saura le susciter comme Il veut, mais c’est le cœur consacré qui donne, qui donne en fonction de son besoin parfois et ça, ça a de la valeur à Ses yeux. Et donc, ce n’est pas le montant qui compte.
Et enfin, dernière raison qui est plus pragmatique qu’autre chose, c’est l’opportunité de l’économie. Un billet qui coûte de 2 à 3 euros selon comment on le configure, et puis la moyenne est de 6 euros par semaine, et j’ai fait le calcul; quelqu’un qui payerait 6 euros par semaine pendant dix ans, c’est trois mille euros d’économisés, sans compter les intérêts. On peut faire de belles vacances, hein, pour ça. Et donc pour ces 7 euros, j’ai de la peine à me dire qu’un disciple de Christ puisse régulièrement jouer au loto; et je ne sais pas si tu seras d’accord avec ça, mais tu as besoin de trouver de meilleures raisons pour jouer, qui pourraient contrer celles que je viens d’évoquer pour ne pas jouer régulièrement. Voilà, j’espère que c’est une perspective.
J’ajoute et je termine là-dessus, si tu es peut-être sensible à ces jeux de hasard, cette forme d’adrénaline de tout perdre ou de tout gagner, et probablement avec des jeux plus graves, roulette ou autre, et bien, écoute, ne reste pas seul, parles-en avec des frères qui peuvent t’entourer, qui peuvent t’encourager notamment dans les moments d’isolement, de faiblesse où tu risques de menacer la santé financière de ta famille ou de ta propre vie, et puis bien sûr, il y a toujours en Christ un avocat, quelqu’un qui nous accueille dans notre faiblesse, dans notre péché, qui nous pardonne alors que nous venons à lui, transparents, c’est-à-dire en réalisant que l’on est faibles, que l’on est parfois prompts à déraper.
On a besoin de sa grâce, non seulement pour devenir un disciple de Christ, on a besoin de sa grâce, on vient tel que l’on est, les mains sales, mais aussi pour demeurer en Christ, on a besoin de venir avec l’honnêteté… des difficultés que l’on peut rencontrer, et si c’est un problème, vraiment, ne reste pas seul, entoure-toi d’hommes, de femmes, selon qui tu es; ils pourront marcher avec toi, te tenir la main, t’encourager, te fortifier non seulement dans la grâce, mais aussi dans une satisfaction plus profonde dans ce que tu as, et dans une autre manière, de rechercher l’adrénaline et une autre raison de vivre que de tout perdre ou de tout gagner, parce qu’en Christ on a tout et c’est suffisant et largement supérieur à tout ce que tu pourrais obtenir.