Un pasteur vous répond

Est-ce que Adam et Ève voyaient vraiment Dieu? (Épisode 182)

Herméneutique

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Publié le

26 juil. 2019

Un pasteur vous répond: le podcast de Florent Varak qui t’aide à mieux comprendre la Bible une question à la fois.

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Si tu as une question adressée à Florent Varak, commence par consulter la liste des podcasts existants ici et si le sujet n’a pas encore été traité, tu peux poser ta question à l’adresse: contact@toutpoursagloire.com.

Transcription:

Cette transcription vous est proposée par les bénévoles de Toutpoursagloire.com. Nous cherchons à garder le style oral des épisodes pour ne pas déformer les propos des intervenants. De même, nous rappelons que ces transcriptions sont mises à disposition mais que les paroles de l’auteur (podcast et vidéo) restent la référence. N’hésitez cependant pas à nous signaler toutes erreurs ou incohérences dans cette transcription. Merci d’avance.

La question est posée:

Bonjour monsieur Varak. Avec ma copine, nous avons débattu sur la question suivante: Est-ce que Adam et Ève voyaient physiquement Dieu ou étaient-ils « simplement « dans sa présence sans le voir? Si vous pouviez en faire un podcast ce serait super sympa! Amitiés.

Alors écoute, l’amitié t’est rendue, merci du petit mot! Et surtout, moi je voudrais te dire que je suis encouragé que tu discutes de théologie avec ta copine, et que j’espère que c’est une habitude que tu garderas, que tu développeras, parce que ces questions nous permettent de nous édifier les uns les autres et puis de maintenir, notamment dans un couple, une préoccupation centrée sur l’Écriture et sur la personne de Dieu. C’est d’autant plus sympa que ta question se pose sur un aspect particulier de la doctrine qu’on appelle la doctrine de la théologie propre, la doctrine de Dieu. Et donc quand on s’intéresse à ce qui est central à la doctrine, la personne même de Dieu, je trouve que ce sont des questions absolument magnifiques, même si elles ne sont pas toujours évidentes

En amont de ta question il y a bien sûr la manière de comprendre Genèse 1 à 3: est-ce que c’est un récit mythique? À ce moment-là, si c’est le cas, Adam et Ève ne sont ou ne seraient que des symboles représentatifs de l’humanité, et ta question n’aurait pas vraiment de sens. Parce que si c’est une histoire simplement pédagogique, si c’est une histoire qui serait un petit peu fondée sur des mythes avec une portée allégorique, ça ne sert à rien de se poser en fait la question.

À titre personnel, moi j’ai beaucoup oscillé sur la question de Adam et Ève: pendant des années, j’étais plutôt indécis et je me suis penché à la faveur d’une lecture de type figurative et pédagogique, mais finalement en y regardant de plus près, je réalise qu’on perd trop d’un côté sans vraiment gagner de l’autre. Parce qu’en fait, chaque fois qu’on formule une théologie c’est-à-dire une représentation de ce que la Bible dit, eh bien après tout ce n’est qu’une théologie, c’est-à-dire c’est une formulation synthétique que nous pouvons avoir de ce que nous découvrons dans l’Écriture, et ce n’est jamais parfait.

La seule chose qui soit parfaite c’est Jésus-Christ et c’est la Bible; notre compréhension de ce sujet sera forcément imparfaite. Et donc quand on parle de Adam et Ève et qu’on essaie de formuler notre compréhension, ben si on va dans le domaine du figuratif: qu’est-ce que l’on gagne? Qu’est-ce que l’on perd? Et si on va dans le domaine du littéral, qu’est-ce que l’on gagne? Qu’est-ce que l’on perd? Et après finalement avoir tergiversé dans mon cœur et dans ma tête, après avoir lu pas mal de bouquins de commentaires, finalement je me suis dit qu’on perdait tellement à adopter une vision figurative et allégorique de Adam et Ève , que je suis devenu en fait assez crédule, assez attaché à la formulation assez simple de l’Écriture, que ce sont vraiment le premier couple de l’humanité et que c’est à partir d’eux que Dieu a peuplé le monde. Je suis conscient que je suis un peu un extraterrestre. En tout cas dans le monde évangélique francophone, on est plus facilement orienté sur les figures de, sur une représentation figurative; faut voir que dans la plupart des pays francophones d’Afrique ou par exemple au Québec, ce n’est pas vraiment une question: tout le monde est assez attaché à l’historicité d’Adam et Ève .

Et je viens d’apprendre qu’il se tiendra un congrès sur la science et la foi, de la perspective que je défends, et ça aura lieu à Mulhouse du 25 au 27 octobre 2019, organisé par un congrès dont tu trouveras les détails sur le site congres-bible-et-science. fr. Voilà!

En tout cas si tu écoutes les podcasts, tu auras deux heures d’enregistrement à te coltiner pour comprendre ces discussions d’arrière-plan avant d’aboutir à ta question. Donc si tu pars en vacances ou si tu as des longs trajets, ça te permettra de meubler l’ennui de la conduite. En tout cas, bonne écoute, bonne réflexion, et que Dieu te dirige!

Maintenant, passons à ta question. Plusieurs textes affirment clairement l’invisibilité de Dieu. C’est d’ailleurs l’un de ses attributs, l’une de ses qualités essentielles:

  • Romains 1.20 dit: « En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. » Romains 1.20 souligne que ce sont les ouvrages de Dieu qui montrent la grandeur de Dieu, un Dieu qui reste invisible;
  • 1 Timothée 1.17, on a cette expression: « Au Roi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu, honneur et gloire aux siècles des siècles! Amen! » Roi des siècles, immortel, invisible donc;
  • Hébreux 11.27: « C’est par la foi qu’il quitta l’Egypte, sans craindre la fureur du roi; car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible. »;
  • Et Exode 33.20 ajoute: « Tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre. », et comprenons là « me voir et vivre dans mon essence, dans ma globalité ». On peut voir des manifestations, des théophanies, de Dieu sans mourir: l’ange de l’Éternel représentant Dieu pendant le temps précédant l’incarnation le révèle. Donc tu as tout à fait raison de te poser cette question, c’est une question qui est très légitime puisque Genèse nous présente un Dieu qui marche au milieu de son peuple.

La réponse la plus simple se trouve en une distinction qui se trouve dans un verset:

  • La distinction concerne l’essence de sa personne. Dieu échappera toujours à une vision complète de son être. Pourquoi? Il est infini, et il est « autre », c’est-à-dire radicalement distinct de la création, dont nous faisons partie. Donc il n’a jamais été possible et il ne sera jamais possible de voir l’entièreté de Dieu parce qu’alors, nous serions Dieu nous-mêmes, capables de sonder les perfections de Dieu, ce que Dieu seul peut réaliser. En d’autres termes, si Dieu est infini et si nous le voyons dans son infinité, nous aurions quelque part un attribut d’infinitude, d’infinité, d’infini, en nous qui nous permettrait de le comprendre. Or la Bible dit que seul le Saint-Esprit, enfin que le Saint-Esprit connaît les profondeurs de Dieu – je ne devrais pas dire seul, parce que le Fils a cette connaissance également – connaît les profondeurs de Dieu et comme cette profondeur est infinie… C’est d’ailleurs un des versets qui peut-être atteste le plus facilement de la divinité de l’Esprit. Donc Adam et Ève ont vu des aspects et des manifestations de Dieu – comme nous le verrons dans l’éternité – mais jamais son essence complète.
  • Colossiens 1.15 nous dit « Il est l’image [Christ est l’image] du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. » L’image du Dieu invisible est vraiment une formule puissante ici. De tout temps, y compris dans l’Ancien Testament, Dieu s’est manifesté par son Fils. Et je te renvoie au podcast 168 (décidément beaucoup de renvois dans celui-ci) « Qui est l’Ange de l’Éternel? » qui t’expliqueras cela, ça le démontre. Jésus affirme: « celui qui m’a vu, a vu le Père », c’est-à-dire qu’il y a dans la personne de Christ tout ce qu’il est nécessaire de connaître pour connaître Dieu. Dans un livre que je te recommande (c’est un gros pavé), « Théologie systématique » de Mayhue et de MacArthur, nous lisons:

Le terme grec traduit par « image » est le terme eikon qui correspond au terme hébreu tselem. Son sens est à la fois celui de « représentation » et de « manifestation ». Dieu est esprit et donc invisible, mais en tant que Dieu-homme, Jésus est l’image du Dieu invisible. De plus, Hébreux 1.3 déclare: « Le Fils est le reflet de sa gloire [celle de Dieu] et l’empreinte de sa personne ». Le vocable grec traduit par « empreinte » fait référence à la marque ou l’image sur une pièce de monnaie ou un timbre. Jésus, le premier Adam, est l’empreinte… le dernier Adam pardon, est l’empreinte ou le cachet parfait de Dieu. Lorsque nous regardons Jésus, nous voyons tout le projet de Dieu pour l’homme. Jésus a déclaré: « Celui qui m’a vu, a vu le Père. » (Jean 14.9)

Dans une autre section de ce bel ouvrage, les auteurs reprennent: « Qu’en est-il de l’espoir de voir Dieu? » (la question qui est posée) Réponse:

L’invisibilité de Dieu semble contredire l’espoir des croyants de voir Dieu après la résurrection (Job 19.26, Psaumes 17.15, Matthieu 5.8, etc). Les chrétiens d’autrefois nommaient cette vision la « vision béatifique ». Comment les humains, même après avoir reçu leurs corps de résurrection, « verront-ils » la « face » de Dieu? La réponse doit tenir compte du fait que, même revêtus de leurs corps de résurrection, les êtres humains resteront humains et auront donc une forme et des capacités finies. Mais dans le ciel, et dans l’état éternel, les croyants n’auront plus la corruption causée par le péché; ils auront donc une conception supérieure de Dieu, parce que leur vision spirituelle sera meilleure. Il faut donc comprendre les déclarations relatives au fait de « voir Dieu » et sa « face » dans le futur comme une vision spirituelle sensiblement meilleure de la révélation que Dieu donne de lui-même, et non comme une contemplation physique de son être. Dans l’état éternel, la perception spirituelle que le croyant aura de Dieu ira bien au-delà de ce que les sens physiques peuvent voir. (À ce propos, voir Jean 14.7-9 où Jésus décrit comment on peut voir Dieu au moyen d’un intermédiaire, sans nécessairement voir chaque aspect de sa personne).

Dans l’Écriture, la « face » de Dieu est un anthropomorphisme pour parler de la médiation extérieure de la présence de Dieu. La « face » de Dieu n’est pas comme son essence.

J’espère que tu as saisi.

Alors qu’est-ce qu’il veut dire par là, si on devait faire un résumé de toutes ces choses? Nul n’a jamais vu l’essence de Dieu, mais Dieu l’a fait connaître en Jésus-Christ, et nous avons vu sa face. Et quelle est sa face? C’est Jésus-Christ. Chaque fois que des hommes et des femmes voient Dieu dans l’Ancien Testament, ils voient la face de Dieu, la manifestation de Dieu, l’image de Dieu. Quelle est cette image? Le Fils de Dieu pré-incarné dans l’Ancien Testament, et bien sûr dans le Nouveau Testament et au-delà du Nouveau Testament, la personne de Christ elle-même. Celui qui a vu le Christ, a vu Dieu. Il y avait une manifestation de sa présence suffisante pour pouvoir tenir cette affirmation.

Alors, est-ce que Adam et Ève ont vu Dieu dans son essence? Jamais! Jamais personne ne l’a vu. Ils ont vu probablement le Christ pré-incarné marcher au milieu de ce premier jardin; comme ça a été le cas ensuite de Moïse qui voit l’Ange de l’Éternel et de tous ceux qui verront des manifestations de Dieu.

Alors par contre il est très probable que pendant toute l’éternité, notre connaissance de Dieu va aller croissante, et comme Dieu est infini, je crois que ce sera une connaissance de Dieu qui sera croissante à l’infini. Cette méditation de qui est Dieu, cet émerveillement de qui est Dieu, nourrira une partie de notre vie, peut-être pas dans le sens où ça va colorer l’ensemble des aspects de notre vie dans le ciel ou sur une nouvelle terre, ce qui n’est pas toujours facile à saisir. On a peu d’affirmations ou d’indications dans ce sens, essentiellement 2 chapitres finalement (Ap 21 et 22). Donc nous ne verrons jamais son essence, mais je crois que nous allons continuer à découvrir cette personne de Dieu. Alors la question est importante sous un autre angle: « La vie éternelle [dit Jésus], c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » Tu as remarqué? « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » La vie éternelle, ce n’est pas une question de faire des œuvres bonnes, la vie éternelle ce n’est pas une question d’être un chrétien engagé dans l’Église, la vie éternelle ce n’est pas d’avoir été baptisé, la vie éternelle c’est de connaître Dieu personnellement, lui qui est le seul vrai Dieu, et celui qu’il a envoyé c’est-à-dire Jésus-Christ. J’espère que tu connais, alors j’imagine que si tu poses la question tu connais Jésus-Christ, mais que ceux qui écoutent ce podcast ont une connaissance personnelle de Jésus-Christ, et qu’ils ont réalisé qu’il était lui, celui que Dieu avait envoyé pour pouvoir nous permettre de connaître Dieu. Et comme le dit 1 Timothée 2, il est vraiment le pont parfait entre Dieu et les hommes, parce qu’il est pleinement homme et parce qu’il est pleinement Dieu.

Et qu’il a été envoyé pour mourir à la croix pour nos péchés et pour nous réparer pleinement de tout ce que nous avions fait et qui nous séparait de Dieu et d’une communion à lui.

Connaître Dieu, c’est ça l’expérience que propose l’Évangile, c’est ça la conversion, c’est venir à la connaissance de Dieu tel que lui s’est présenté en Jésus-Christ, selon les moyens qui permettent de le connaître. Et ces moyens, c’est l’Évangile, la mort de Jésus sur la croix pour nos péchés et l’offre d’une vie nouvelle que l’on ne peut recevoir que par la foi. La vie éternelle est un cadeau que Dieu accorde et qui nous rentre dans une communion à lui. Si jamais tu n’as jamais fait cette expérience, je t’encourage à lire un évangile par toi-même, découvrir qui est ce Jésus qui révèle qui est Dieu, et qu’au terme de ce parcours, tu trouves dans ton cœur cet émerveillement et cette foi qui te feront dire à Dieu: « Je crois que tu es mort pour moi. Je crois que tu es mon Sauveur et mon Seigneur, et je veux vivre à te connaître et à faire de ta personne le centre de mon existence. »