Notre vie est brève. Nos jours sont incertains. Que vaut notre existence face à l’éternité? Dans le psaume 90, Moïse nous enseigne à vivre en tenant compte de notre fin. Il nous invite à dépendre de la grâce de Dieu, à compter nos jours, et à rechercher sa présence au quotidien.
Transcription de la prédication
Cette transcription a été générée automatiquement, n’hésitez pas à nous signaler toute erreur ou incohérence qui nous aurait échappé.
J’aime à croire que ce que je vais vous dire est vrai, parce que je trouve cela génial: la tradition raconte que, lorsqu’un général romain rentrait victorieux dans Rome pour son triomphe — vous imaginez la scène? Il entre sur son char. Derrière lui, tous les esclaves qu’il a faits prisonniers. Les denrées, les trésors qu’il ramène. Et tout le peuple romain est là, rassemblé pour l’acclamer. — Il y avait, debout sur le char, un esclave chargé de lui murmurer : "Memento mori." Cela signifie: "Souviens-toi que tu vas mourir." Ce rappel aidait le général à garder en mémoire qu’il avait peut-être été victorieux, mais que sa vie ne tenait qu’à un fil, et qu’il devait rester humble.
Cette pensée se retrouve également dans les Écritures. Je voudrais vous faire découvrir un psaume qui est peut-être le plus memento mori de toute la Bible. C’est un psaume écrit par Moïse — le seul que nous ayons de lui. Je vous invite à ouvrir vos Bibles au Psaume 90.
Ce psaume a probablement été écrit il y a environ 4000 ans, pendant que Moïse était dans le désert, durant ce long séjour imposé au peuple de Dieu après la sortie d’Égypte. Nous ne connaissons pas précisément les circonstances de sa rédaction, mais il fait sans doute écho à de multiples péchés du peuple. Je vais lire ce psaume en deux temps, en le commentant entre les deux parties. Pour commencer, voici les onze premiers versets.
Prière de Moïse, homme de Dieu Seigneur, tu as été pour nous un refuge, de génération en génération. Avant que les montagnes soient nées, avant que tu aies créé la terre et le monde, d’éternité en éternité, tu es Dieu. Tu fais retourner les hommes à la poussière, et tu dis: "Fils d’Adam, retournez à la terre." Car mille ans sont à tes yeux comme le jour d’hier, quand il n’est plus, et comme une veille dans la nuit. Tu les emportes, semblables à un songe, qui, au matin, passe comme l’herbe: elle fleurit le matin et elle se fane, le soir on la coupe et elle sèche. Nous sommes consumés par ta colère, et ta fureur nous épouvante. Tu mets devant toi nos fautes, et à la lumière de ta face, nos secrets. Tous nos jours disparaissent sous ta colère; nos années s’évanouissent comme un soupir. La durée de notre vie s’élève à 70 ans, et, pour les plus robustes, à 80 ans. Mais l’orgueil qu’ils en tirent n’est que peine et misère, car le temps passe vite, et nous nous envolons. Qui prend garde à la force de ta colère, et à ton courroux, selon la crainte qui t’est due?
J’arrête ici la lecture.
Moïse pose une question. Ces onze premiers versets culminent avec cette interrogation:
Qui prend garde à la force de ta colère, et à ton courroux, selon la crainte qui t’est due?
Pourquoi Moïse craint-il autant la colère de Dieu? Parce que le peuple a oublié sa condition devant Dieu et vit sans le craindre.
La réponse à la question de Moïse est implicite: personne ne prend garde à la force de la colère de Dieu. C’est précisément cela qui est grave à ses yeux, et il veut nous faire prendre conscience de la folie qu’il y a à oublier qui nous sommes devant Dieu.
Dans ce psaume, Moïse nous enseigne, avec une poésie dense et profonde, un contraste puissant: d’un côté, l’éternité de Dieu; de l’autre, la brièveté de notre vie.
Je voudrais m’arrêter d’abord sur l’éternité de Dieu, avant de revenir au contraste avec notre condition.
Dans les Écritures — et il serait trop long de tout démontrer ici, Bible en main —, Dieu nous est révélé comme totalement indépendant de toute chose. Il est le fondement même de son existence. Il est incréé. Il est infini. Il existe de toute éternité. Et son infinité implique une perfection absolue.
Quand nous pensons à l’infinité, nous l’associons souvent à une étendue illimitée. Mais ce n’est pas seulement cela: l’infinité concerne aussi l’intensité. L’intensité de l’amour de Dieu, de sa sainteté, de sa pureté, est infinie. Dieu ne peut pas devenir plus pur qu’il ne l’est. Tout ce qu’il est, il l’est sans limite: sa connaissance, sa puissance, sa bonté. Tout est sans fin.
Cet attribut — l’infinité de Dieu en lien avec le temps —, c’est ce que l’on appelle l’éternité.
Quand nous pensons à l’éternité de Dieu, nous pensons qu’il a toujours existé dans le passé, et qu’il existera toujours dans l’avenir. Cela dépasse notre compréhension, et c’est vrai. Mais l’éternité de Dieu est encore plus insondable que cela. Elle nous pousse à l’émerveillement.
Moïse tente de l’exprimer ainsi:
Avant que tu aies créé la terre et le monde, d’éternité en éternité, tu es Dieu.
D’éternité en éternité, tu es Dieu. Notre vie est structurée en passé, présent, futur. Mais cette distinction n’existe pas en Dieu. Il est l’Éternel, celui qui s’est révélé à Moïse comme étant le Je suis.
Je suis éternel. Je suis celui qui suis.
Moïse affirme, un peu plus loin au verset 4, que mille ans sont à ses yeux comme la journée d’hier. Ils passent comme le quart de la nuit. Imaginez qu’on invente un compteur qui commencerait à égrener les siècles — oui, partons sur les siècles. À partir d’aujourd’hui, ce compteur se mettrait en marche pour l’éternité, sans jamais s’arrêter. Il compterait à rebours les siècles passés, à toute vitesse: 10, 20, 30, 50, 1000, un million, un milliard de siècles… et il continuerait, sans fin. Un chiffre qu’on ne pourrait ni lire, ni écrire dans aucun livre, ni stocker dans la mémoire d’un ordinateur, tant il serait irréel, infini. Et pourtant, Moïse veut nous faire comprendre que pour Dieu, tout cela passe inaperçu. Car Dieu est au-delà du temps. Il n’est pas simplement antérieur au temps, en tant que Créateur: il transcende le temps. Il le dépasse. Il a créé le temps pour la création et pour nous. Il existe indépendamment du temps.
Dire qu’il existait avant le temps est déjà une expression approximative, parce qu’elle suppose un cadre temporel pour parler de ce qui précède le temps lui-même. Cela dépasse notre entendement. Mais Moïse veut précisément nous faire entrevoir ce mystère: qui est ce Dieu éternel, par contraste avec ce que nous sommes.
La perception du temps que Dieu a n’est pas la nôtre. Lui est le Maître du temps, puisqu’il l’a créé. Mais pour l’homme, le temps est une limite. Il est une contrainte. C’est un cadre dans lequel nous sommes enfermés, dont nous sommes esclaves, contre lequel nous ne pouvons rien.
Cela dit, il arrive que notre propre perception du temps varie. Je me disais en montant ici qu’il y a tout de même des moments où le temps semble s’étirer pour nous aussi. Je me souviens, au collège, pendant les cours d’histoire-géo… Il ne pouvait pas y avoir deux heures seulement. C’était forcément un siècle, au minimum!
Mais Moïse, dans ce psaume, multiplie les métaphores pour souligner la brièveté et la fragilité de notre vie. Il dit que l’homme finit en poussière. Il est semblable à un rêve. Vous connaissez cette sensation? On fait un rêve, et déjà, au moment même où l’on tente de s’en souvenir, il s’efface. Les détails disparaissent. Il ne reste rien. C’est immatériel. C’est un souffle, dit Moïse. Ou encore une fleur coupée.
Et au verset 10, il devient plus concret:
La durée de notre vie s’élève à 70 ans, ou pour les plus robustes à 80 ans. Mais le temps passe vite, et nous nous envolons.
Or, cette condition humaine n’était pas notre état originel. Dieu ne nous a pas créés avec une date de péremption, programmés à mourir à 70 ou 80 ans. Moïse rappelle ici l’origine de la mort. Il dit:
Tu fais retourner les hommes à la poussière, et tu leur dis: “Fils d’Adam, retournez à la terre.”
Moïse, qui est aussi l’auteur du livre de la Genèse, utilise ici des expressions familières de ce texte pour nous rappeler que notre condition est liée à un jugement de Dieu. Nous ne mourons pas de causes simplement naturelles: nous mourons pour une raison théologique. Nous mourons parce que notre relation avec Dieu est brisée. Nous mourons à cause du péché.
Ce psaume nous rappelle non seulement que nous allons mourir, mais aussi que cette vie "sous le soleil" — pour reprendre l’expression de l’Ecclésiaste — est vaine, dure, courte et frustrante.
Moïse laisse entendre, entre les lignes, que cette condition humaine devrait nous pousser à la crainte de Dieu, à la dépendance, à placer notre espoir et notre confiance en lui. C’est ainsi qu’il commence son psaume:
Tu as été pour nous un refuge, de génération en génération.
Mais malheureusement, c’est bien souvent l’inverse qui se produit. Et cela révèle la folie du péché en nous, et la puissance de son aveuglement. Au lieu de nous pousser à dépendre de Dieu, notre condition nous conduit à vivre comme si Dieu n’était pas en colère, comme s’il fermait les yeux sur le mal que nous commettons, sur l’injustice que nous tolérons.
Or, Dieu ne tolère pas le mal. Il ne le peut pas, parce qu’il est Dieu. Sa pureté, sa sainteté, sont infinies. Tolérer le mal serait un reniement de ce qu’il est. Ce serait une déformation tragique de sa nature. Un Dieu qui composerait avec le mal, qui chercherait des compromis, ne serait plus le Dieu saint de l’Écriture.
Non, Dieu juge selon ses normes éternelles et pures.
Nous vivons à l’époque des chaînes d’info en continu et des réseaux sociaux, qui nous rapportent en temps réel l’état du monde. Il suffit de passer dix minutes devant BFM TV ou une autre chaîne du même genre pour perdre le moral. À longueur de journée, on nous parle de drames, de mal, d’injustices — et encore, nous ne voyons pas tout.
C’est vrai aussi dans nos vies personnelles. Nos proches nous voient vivre, ils perçoivent le mal que nous faisons… mais pas tout. Loin de là. Sur la terre, bien des péchés sont cachés. Mais du ciel, Moïse dit:
Tu mets devant toi nos fautes, et ta lumière éclaire nos secrets.
Le Dieu infiniment saint, infiniment pur, place devant lui l’ensemble de toutes nos fautes, tous nos péchés. Pas seulement nos actions, mais aussi nos pensées d’adultère, nos critiques, notre méchanceté — même celle que nous n’osons pas exprimer. Il voit tout, et tout le révolte.
La colère de Dieu n’est pas excessive ni injustifiée. C’est une réponse appropriée, juste, à la gravité et à la laideur du péché. Voilà ce que rappelle Moïse: la vie de tout homme est très courte, et un jour, chacun fera face à un Dieu en colère. La mort elle-même est un rappel universel: nous sommes déjà jugés par Dieu, et un jour nous nous tiendrons devant lui.
Mais ce jugement, le peuple l’oublie. C’est ce qui afflige Moïse. Nous vivons comme si nous n’allions jamais mourir, comme si Dieu n’était pas en colère. Nous vivons comme si cette vie était tout ce qui comptait, et nous en faisons n’importe quoi. Nous nous évertuons à combler nos vies avec tout ce que nous avons sous la main — mais pour, en fin de compte, rester frustrés, et demeurer sous sa colère.
Au fond, tout péché est l’expression de l’arrogance humaine: nous vivons en oubliant qui est Dieu, qui est l’Éternel, et en ignorant la juste réaction de Dieu face à notre péché.
Alors, comment répondre? Comment sortir de cette impasse? Comment changer notre regard sur nous-mêmes? Comment retrouver la relation que Dieu attend?
Moïse y répond dans les versets suivants. Il plaide pour le peuple. Il adresse des requêtes à Dieu:
Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que notre cœur parvienne à la sagesse. Reviens, Éternel! Jusqu’à quand? Aie pitié de tes serviteurs. Rassasie-nous chaque matin de ta bonté, et nous serons toute notre vie dans la joie et l’allégresse. Réjouis-nous autant de jours que tu nous as humiliés, autant d’années que nous avons connu le malheur. Que ton œuvre soit visible pour tes serviteurs et ta splendeur pour leurs enfants. Que la grâce de l’Éternel, notre Dieu, soit sur nous! Affermis l’œuvre de nos mains, oui, affermis l’œuvre de nos mains. (Ps 90.12–17)
Dans cette merveilleuse intercession, Moïse formule plusieurs requêtes. Je les regroupe en trois points que nous allons examiner ensemble:
- Réclamer la grâce de Dieu.
- Apprendre à compter nos jours.
- Rechercher quotidiennement sa présence.
1. Réclamer la grâce de Dieu
La Bible nous enseigne une vérité qui est contre-intuitive pour notre nature pécheresse, parce que nous comprenons mal qui est Dieu. Heureusement, Dieu se révèle dans les Écritures. Il nous montre qui il est et ce qu’il attend de nous.
Le Dieu qui est en colère contre notre péché se présente aussi comme celui qui veut être notre refuge — le refuge contre sa propre colère. Dieu nous appelle à crier à lui pour être protégés de lui. Et cela va à l’encontre de notre réflexe naturel, qui nous pousse à penser qu’avant de venir à Dieu, il nous faudrait d’abord nous améliorer. Mais nous ne pouvons rien lui demander sur la base de notre mérite. Nous ne venons à lui qu’en nous appuyant sur sa bonté.
Le péché que nous traînons dans nos vies, et dont nous souffrons, produit en nous une tristesse. Et cette tristesse, si elle est vraie, est sainte. Mais elle doit nous pousser à la repentance, à désirer le changement, à nous tourner vers Dieu. Trop souvent, pourtant, cette tristesse ne me conduit qu’à une introspection malsaine. Je me replie sur moi-même. Je me parle à moi-même. Je rumine ma faute. Je m’apitoie. Je m’autoflagelle intérieurement: "Je suis mauvais, de toute façon…" Et je reste centré sur moi, au lieu de me tourner vers le Dieu qui se révèle à moi.
Le péché doit produire de la peine, je le rappelle, mais une peine qui ne nous arrête pas, qui nous pousse à aller plus loin. Et le problème, c’est que nous restons souvent à cette étape, parce que nous n’avons pas compris que Dieu nous demande de lui réclamer le changement que nous sommes incapables de produire par nous-mêmes. Il nous appelle à plaider, à lui dire : "Seigneur, interviens pour moi. Tu vois mes fautes, tu vois mon péché, change-moi."
Mon problème, c’est que je ne comprends pas encore suffisamment la grâce de Dieu. Et cela, malgré ma lecture de la Parole, malgré ma méditation. C’est un défi constant : laisser la grâce de Dieu se révéler à moi telle qu’elle est, à travers les Écritures, et l’accepter avec foi, en faire l’expérience. Tant que nous comprenons la grâce uniquement de manière intellectuelle, sans nous l’approprier, nous restons dans notre état.
Moïse, dans son intercession, témoigne d’une foi immense. Il sait que Dieu est bon. Et nous, nous vivons de l’autre côté de la croix. Nous avons reçu toute la révélation : nous savons que Christ est mort et ressuscité. Moïse espérait déjà en la bonté de Dieu, cette bonté que Dieu accorderait au nom du Messie à venir. Il disait : "Qui reconnaît la force de la colère de Dieu ? Qui en comprend l’intensité ?" Personne. Et jusqu’à Jésus-Christ, aucun homme ne l’a vraiment expérimentée. Mais lui, il l’a subie à notre place. Qui a connu l’intensité de la colère ? Christ, sur la croix, disait en quelque sorte : "Moi, je sais ce que c’est."
Christ a subi cette colère pour que nous puissions dire à Dieu : "Je suis pécheur, mais à cause de Christ, je suis pardonné." Paul l’énonce magnifiquement en Romains 5.8 :
Mais voici comment Dieu prouve son amour envers nous : alors que nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. Puisque nous sommes maintenant considérés comme justes grâce à son sang, nous serons à bien plus forte raison sauvés par lui de la colère de Dieu. En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu grâce à la mort de son Fils, alors que nous étions ses ennemis, nous serons à bien plus forte raison sauvés par sa vie maintenant que nous sommes réconciliés.
Nous sommes réconciliés avec Dieu par l’œuvre de Christ à la croix. Et une fois que nous avons reconnu notre péché, nous devons nous approcher de Dieu avec foi, en lui disant : "Merci. Je me repens et je veux changer, parce que je sais que je suis pardonné à la croix." Dieu est fidèle envers lui-même : il honore l’œuvre de son Fils. Il est fidèle envers nous : il nous accorde le pardon.
Et en tant que chrétiens, nous devons chaque jour nous approprier cette croix. Si vous n’êtes pas chrétien, cette œuvre est aussi pour vous. Vous ne devez pas vous en priver. Approchez-vous de Dieu, car quiconque reconnaît sa condition, son péché, et demande à Dieu d’en être pardonné, quiconque place sa foi en Jésus pour être sauvé, qui met en lui sa confiance et se place sous son autorité, celui-là est sauvé. Et il peut dire : "Je suis pardonné à la croix."
Deuxième appel de ce texte : apprendre à vivre Memento Mori. Moïse dit au verset 12 :
Enseigne-nous à bien compter nos jours afin que notre cœur parvienne à la sagesse.
Nous devons nous rappeler que nous allons mourir. Nous devons nous dire à nous-mêmes : Memento Mori, "souviens-toi que tu vas mourir".
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Il rappelle qu’autrefois, pendant des siècles, les gens allaient à l’église le matin, et en chemin, ils passaient devant les cimetières. Et cela leur rappelait : "Bientôt, je serai parmi eux." Il y a une église à Mince, dont Jean Kenistraro m’a montré une photo : sur une horloge solaire, il est écrit : "Songe à la dernière heure". Ce message est suivi du calendrier.
Dans une société qui a rejeté Dieu, penser à la mort paraît morbide. Mais dans notre monde du spectacle et du divertissement, tout est fait pour ne pas y penser. Pourtant, penser à la mort nous aide à vivre avec sagesse. Compter nos jours, c’est reconnaître qui nous sommes. Cela nous empêche de vivre comme si cette vie était tout ce qui compte. Cela nous pousse à nourrir notre espérance en Dieu, à vivre sous son regard, à ne pas gâcher notre vie, mais à racheter le temps.
Dit autrement, nous devons comprendre notre vie en prenant sa fin comme point de départ. Cela nous aide à relativiser les choses de ce monde, à vivre à la lumière de l’éternité. À nous rappeler que les réconforts de cette vie — et il y en a, bien sûr, des vrais — sont tous périssables. Cela remet de l’ordre dans nos priorités et nos valeurs. Nous devons vivre en nous rappelant que tout vient de Dieu, que tout lui appartient, que notre temps lui appartient, que nos vies lui appartiennent.
De quoi voulons-nous être fiers sur nos lits de mort ? De quoi voulez-vous être fiers au moment de mourir ? Imaginez que vous ayez le temps de repenser à votre vie. Que voudriez-vous retenir ? Je pense que la plupart d’entre nous, chrétiens, répondrions : avoir vécu pour Dieu. L’avoir glorifié. L’avoir aimé. Avoir aimé notre prochain de tout notre cœur. L’avoir servi. Avoir mené une vie qui ait du sens.
Alors pourquoi, si c’est bien ce que nous désirons, passons-nous autant de temps sur les réseaux sociaux, à regarder des vidéos de chats ou de blagues sur YouTube, des choses si superficielles ? Pourquoi gaspillons-nous nos heures sur nos smartphones ? Pourquoi vivons-nous comme s’il n’y avait rien d’autre, comme si tout dépendait de notre réussite sociale, matérielle, statutaire ? Pourquoi élevons-nous nos enfants comme si leur bonheur et leur sécurité ne dépendaient que de ce qu’ils possèdent ?
Pourquoi ce décalage, cette dichotomie ? Parce que, je crois, nous ne comptons pas assez nos jours. Et la Parole de Dieu nous invite à le faire, précisément pour ne pas nous laisser tromper par les convoitises de notre époque. Ces désirs trompeurs mènent un combat acharné pour occuper la première place dans nos pensées.
Vous avez probablement, comme moi, à l’esprit ces paroles de l’apôtre Paul aux Philippiens, chapitre 3 :
Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix ou atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par le Christ Jésus. Frères, pour moi, je ne pense pas avoir encore saisi le prix, mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.
Paul vivait son présent en prenant la fin comme point de départ. Apprendre à compter nos jours est un point de départ essentiel, mais ce n’est pas tout. Il y a quelque chose d’encore plus profond. Regardez ce que dit Moïse dans ce merveilleux texte :
Rassasie-nous chaque matin de ta bonté, et nous serons toute notre vie dans la joie et l’allégresse.
Ce verset exprime un désir fort de s’appuyer sur la bonté de Dieu, avec la certitude qu’elle produit la joie. Et c’est là le troisième enseignement : Moïse nous montre que Dieu veut nous rassasier chaque jour de sa présence. Il veut remplir nos pensées quotidiennement et nous rappeler que nous avons constamment besoin de lui.
Et cela implique une conséquence directe : dès que nous cessons de penser à Dieu, les tentations affluent, nous oublions qui nous sommes, et notre tendance naturelle à l’autonomie nous éloigne de lui.
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Dans l’une de ces lettres, le démon vétéran écrit :
Les hommes vivent dans le temps, mais notre Ennemi (Dieu) les destine à vivre dans l’éternité. Voilà pourquoi il veut qu’ils se préoccupent essentiellement de deux choses : de l’éternité et du présent. Car c’est uniquement dans le moment présent que les hommes font l’expérience d’une réalité semblable à celle de Dieu. C’est pourquoi Dieu voudrait qu’ils soient sans cesse attentifs soit à l’éternité — ce qui revient à penser à lui — soit au présent, pour obéir à sa volonté aujourd’hui, porter leur croix aujourd’hui, recevoir sa grâce aujourd’hui, et le remercier pour les joies d’aujourd’hui.
Moïse disait : "Rassasie-nous chaque matin."
Dieu n’a pas conçu notre relation avec lui comme une réserve d’énergie spirituelle dans laquelle on puise quand on en a besoin. Ce n’est pas un temps isolé qu’on consacre à Dieu pour être rechargé, comme si ensuite on pouvait continuer sans lui jusqu’à épuisement. Ce n’est pas cela qu’il veut. Nous ne sommes pas des machines. Nous sommes créés à son image, et Dieu désire une relation vivante, quotidienne.
Ce que j’ai découvert de Dieu dans le passé m’est précieux, mais cela ne remplace pas mon besoin de m’approcher de lui aujourd’hui. Ce besoin reste entier chaque jour.
L’été est une période propice. Nous avons plus de temps, les activités de l’Église ralentissent, et souvent les anciens, dans toutes les Églises, expriment la même crainte : que les brebis, en particulier les jeunes, les familles ou les plus fragiles, se relâchent spirituellement pendant les vacances. Cette crainte n’est pas infondée. Mais si, au contraire, nous faisions de cette période un moment favorable pour rechercher Dieu, pour nous nourrir de sa présence chaque matin ?
Dieu nous a donné deux moyens de grâce pour cela : sa Parole et la prière. Mais je crois que nous avons beaucoup de mal à les utiliser, et c’est un combat pour moi le premier. Il y a plusieurs raisons à cela, mais j’en souligne deux.
D’abord, nous ouvrons trop souvent la Bible avec des attentes trop faibles. Nous la lisons comme un devoir ou une habitude religieuse, au lieu de la voir comme un moyen de grâce par lequel Dieu se révèle. Lire la Bible ne sert pas seulement à en apprendre plus sur Dieu, mais à le rencontrer, à être nourri de lui, comme le dit Moïse : "Rassasie-nous." Or nous avons du mal, parce que nous ne venons pas avec ce désir profond d’être émerveillés par ce Dieu qui veut se faire connaître.
Alors, quand nous ouvrons sa Parole, prions pour que l’Esprit nous assiste, demandons-lui :
"Seigneur, illumine-moi, révèle-toi à moi. Nourris-moi de ta personne, remplis-moi pour aujourd’hui, et demain encore, que je revienne."
La seconde raison que je voudrais évoquer, c’est que notre compréhension de la bonté de Dieu est souvent bien trop limitée. Regardez comment Moïse prie : il demande à Dieu une joie durable, il lui demande de manifester son œuvre parmi son peuple, de faire grâce jour après jour, de réjouir son peuple.
Et pourtant, nous pensons parfois que Dieu a déjà été tellement patient avec nous qu’il n’a plus de bonté à déverser, qu’il se lasse peut-être de la manifester. Mais ce n’est pas ainsi qu’il agit. Nous devons continuer à lui demander sa bonté. C’est ainsi que nous le glorifions. C’est aussi ainsi qu’il désire se révéler à nous : comme le Dieu infiniment bon envers ceux qui ne le méritent pas.
Nous devons lui quémander cette bonté. La lui mendier. La réclamer, comme Moïse, pour être rassasiés chaque matin de sa grâce. Et c’est alors que nous ferons l’expérience d’une explosion de grâce, qui nourrira en nous un amour plus profond pour lui, un désir renouvelé de le servir, de servir les autres, et de nous détourner du péché et de nos mauvaises habitudes. Vivre pour lui, en comptant nos jours.
Conclusion
Moïse nous rappelle que c’est notre orgueil qui nous pousse à vivre comme si nos péchés n’étaient finalement pas si graves. Comme s’ils ne suscitaient pas réellement la colère de Dieu.
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Moïse nous rappelle aussi que Dieu veut que nous mesurions l’ampleur de sa colère contre le péché, et ce que cela lui a coûté pour nous faire grâce. Mais il nous rappelle surtout que cette grâce nous a été donnée en Jésus-Christ. Et si nous lui réclamons le pardon, si nous lui demandons le changement qu’il désire produire en nous, alors il le produira. Il nous apprendra à compter nos jours et à rechercher sa présence chaque jour.
Je termine avec quelques lignes de David Mathis que j’ai relues récemment, à propos de la grâce:
La grâce est trop extraordinaire pour nous laisser amoureux de l’iniquité. Elle est trop libre pour nous laisser esclaves du péché. Trop indomptable pour laisser nos convoitises nous asservir. Sa puissance est trop généreuse pour ne pas nous libérer, afin que nous vivions dans le bonheur de la vraie sainteté. La grâce est trop puissante pour nous laisser passifs, trop efficace pour nous laisser nous vautrer dans la boue de nos péchés et de nos faiblesses. “Ma grâce te suffit”, dit Jésus, “car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.” C’est la grâce de Dieu qui nous donne accès aux moyens de la grâce : la lecture de la Parole, la prière, le culte… pour nous permettre de persévérer, de grandir et de nous réjouir déjà ici-bas, en attendant la nouvelle création. Et c’est cette grâce qui inspire et fortifie toutes les disciplines par lesquelles nous recevons ce que Dieu veut déverser dans nos vies.
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