Prédications TPSG

La généalogie du Messie (Matthieu 1.1-17)

Textes difficilesDoctrine du ChristHistoire du SalutPrédication

Nous n’avons pas d’autorisation de votre part pour l’utilisation de services tiers (YouTube, Spotify, SoundCloud, ConvertKit, …) depuis toutpoursagloire.com. Cette autorisation est nécessaire pour une expérience complète sur notre site. Vous pouvez les accepter en appuyant sur le bouton ci-dessous

Accepter

Publié le

11 déc. 2024

Pourquoi Matthieu introduit-il son évangile avec la généalogie de Jésus? C’est généralement le passage que personne n’aime lire, et que l’on zappe très rapidement. Pourtant, cette généalogie est extrêmement riche en enseignement, et nous aide à contempler la fidélité de Dieu et la place de Christ dans son plan rédempteur.

La plupart des blogueurs ToutPourSaGloire.com sont également pasteurs. Aujourd’hui, tu peux toi aussi bénéficier de leurs enseignements grâce à notre nouveau podcast Prédications TPSG. Ces prédications, qui se veulent résolument textuelles et christocentriques, te feront redécouvrir le sens profond des Écritures et nourriront ta foi en Christ.


Transcription de la prédication

Cette transcription a été générée automatiquement, n’hésitez pas à nous signaler toute erreur ou incohérence qui nous aurait échappé.

En préparant cette prédication, je me suis souvenu d'une période lointaine où j'allais au cinéma. C'était dans une vie sans virus et sans enfants (il n'y a aucun rapport entre les deux, bien sûr). Je me souviens que, bien souvent, je me retrouvais seul à la fin du film.

J'aime bien rester jusqu'à la fin, quand le générique défile. Cela me permet de redescendre, de reprendre un peu mon souffle, surtout si le film a été intense. Cela me permet aussi de regarder les noms de ceux qui ont travaillé sur le film. Parfois, il y a des noms amusants, ou des métiers du cinéma que je ne connais pas.

En regardant cette liste de noms, je me dis que chaque personne mentionnée a travaillé sur ce film. Chaque personne a contribué, par son métier et son rôle, grand ou petit, à ce que le film soit ce que je viens de voir.

Mais, comme je l'ai dit, je me retrouvais souvent seul dans la salle. J'imagine qu'il y a peu de gens qui trouvent un intérêt particulier à rester plusieurs minutes devant une liste de noms qui défile.

J'imagine que c'est un peu la même chose avec le type de texte que nous allons aborder ce matin. Nous allons lire une généalogie. Et, pour beaucoup, les généalogies, c'est un peu comme les génériques de fin de film: on passe avant que ça finisse. On lit rapidement: "Machin engendra Bidule..." et on se dit: "Ah, l'action reprend ici."

Mais ce matin, je vous propose qu'on s'arrête sur cette première généalogie de l'Évangile selon Matthieu.

Nous allons la lire ensemble. Si vous voulez bien, ouvrez vos Bibles dans le premier chapitre de l'Évangile selon Matthieu. Si vous avez les mêmes Bibles que moi, c'est à la page 617. Nous allons lire ce matin les 17 premiers versets:

Voici la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.

Abraham eut pour fils Isaac; Isaac eut Jacob; Jacob eut Judas et ses frères; Judas eut Pharès et Zara de Tamar; Pharès eut Esrom; Esrom eut Aram; Aram eut Aminadab; Aminadab eut Naasson; Naasson eut Salmon; Salmon eut Boaz de Rahab; Boaz eut Obed de Ruth; Obed eut Isaï; Isaï eut David, le roi.

David eut Salomon, de la femme d’Urie; Salomon eut Roboam; Roboam eut Abija; Abija eut Asa; Asa eut Josaphat; Josaphat eut Joram; Joram eut Ozias; Ozias eut Joatham; Joatham eut Achaz; Achaz eut Ézéchias; Ézéchias eut Manassé; Manassé eut Amon; Amon eut Josias; Josias eut Jéconias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone.

Après la déportation à Babylone, Jéconias eut Salathiel; Salathiel eut Zorobabel; Zorobabel eut Abioud; Abioud eut Éliakim; Éliakim eut Azor; Azor eut Sadok; Sadok eut Achim; Achim eut Élioud; Élioud eut Éléazar; Éléazar eut Matthan; Matthan eut Jacob; Jacob eut Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qu’on appelle le Christ.

Il y a donc en tout 14 générations depuis Abraham jusqu’à David, 14 générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, et 14 générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ.

En fait, cette généalogie n'est pas un générique de fin, c'est plutôt un générique de début. Parfois, vous savez, sur certaines plateformes de streaming (dont je tairai le nom), il y a un petit bouton "ignorer l'introduction" qui permet de zapper le générique de début pour passer directement au film. Ici, c'est un peu pareil.

Cette généalogie sert de générique de début de l'Évangile selon Matthieu, juste avant le vrai début de l'histoire. C'était courant, à l'époque, que les biographies commencent par une généalogie. Ce n'est pas exactement une biographie, un Évangile, mais ça s'en rapproche.

Dans le monde antique, débuter par une généalogie permettait de montrer un peu le pédigrée de la personne dont on allait parler. Et si vous avez l'habitude de lire la Bible, notamment l'Ancien Testament, vous avez sûrement remarqué qu'il y a beaucoup de généalogies.

Les généalogies étaient très importantes, car elles permettaient de savoir qui appartenait au peuple de Dieu. On voit déjà cette importance lors du partage du pays promis, après la conquête de Canaan. Ce partage se faisait par tribu, et il fallait savoir à quelle tribu chacun appartenait pour déterminer où il allait vivre, lui et sa famille.

Plus tard, les généalogies servaient à vérifier que les rois venaient bien de la lignée de David. Encore plus tard, après la déportation à Babylone, lorsque le peuple est revenu dans le pays, nous lisons dans le livre d'Esdras que certains, qui prétendaient être de la lignée des sacrificateurs, devaient prouver leur ascendance avec des documents. Ne pouvant pas les présenter, ils furent exclus du sacerdoce, c'est-à-dire de la fonction de prêtre.

On comprend donc que les généalogies tenaient une place importante pour identifier qui faisait partie du peuple. Alors, la question qu'on doit se poser ce matin, c'est: Que veut nous dire Matthieu avec cette généalogie? Pourquoi est-elle là? Pourquoi ouvre-t-il son évangile avec elle?

Je vous propose que la réponse se trouve au verset 1:

Voici la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.

Matthieu veut nous montrer que Jésus est le Christ, le Messie. Si vous devez retenir une chose ce matin, c'est celle-là: Matthieu utilise cette généalogie pour nous dire que Jésus est le Christ.

D'ailleurs, on le voit au début et à la fin:

  • Au début: "Voici la généalogie de Jésus-Christ."
  • À la fin: "... jusqu’au Christ."

Peut-être que c'est la première fois que vous entendez le mot "Christ". J’en doute, car on l’entend souvent. Mais peut-être ne savez-vous pas ce que cela signifie. "Christ" est le mot grec pour traduire l’hébreu Messie. Quand on parle de "Christ" et de "Messie", on parle de la même chose.

Que signifie ce mot? De manière générale, cela désigne celui qui a été oint. Dans l'Ancien Testament, l'onction était une pratique courante. On versait de l’huile sur la tête de ceux qui accédaient à une fonction particulière, en particulier les rois.

C'était une façon de les désigner publiquement, mais aussi de symboliser que la puissance de Dieu reposait sur eux et qu’ils étaient équipés par Dieu pour accomplir leur mission.

Ainsi, de manière générale, le Christ, c’est l’Oint. Mais le Christ avec un grand "C", ou le Messie avec un grand "M", désigne une figure particulière: l’Oint par excellence, le roi par excellence, celui qui avait été promis.

Donc, quand Matthieu nous parle de Jésus comme étant le Christ, il associe ce titre de Messie à Jésus. Il ouvre son évangile en disant: "L’Évangile de Jésus-Christ, Jésus le Messie." Et il nous dit clairement: Tout ce que vous allez lire dans cet évangile montre que Jésus est le Messie.

Quand Matthieu écrit que Jésus est fils de David et fils d’Abraham, il précise que Jésus est le Messie promis, en qui toutes les nations sont bénies.

C’est ce que Matthieu veut souligner: Jésus est le Messie promis, en qui toutes les nations sont bénies.

D’ailleurs, la manière dont j’ai lu la généalogie, avec des pauses, était pour en souligner la structure. On voit d’ailleurs cette structure: c’est Matthieu lui-même qui la donne. Au verset 17, il découpe la généalogie en trois groupes de 14:

  • 14 générations d’Abraham à David,
  • 14 générations de David à la déportation à Babylone,
  • et 14 générations de la déportation à Babylone jusqu’au Christ.

Quand il est question de 14 générations, il s’agit d’un résumé symbolique, d’un résumé théologique. Il y a en réalité plus de 14 générations. Si on calcule les années qui séparent ces différentes périodes, on se rend compte qu’il y a bien plus de générations. Et si on compare cette liste avec celles de l’Ancien Testament (dont Matthieu s’est inspiré pour composer cette généalogie), on voit que certains noms ont été omis.

Donc, 14 générations est un chiffre symbolique choisi par Matthieu.

Une autre chose à noter: lorsque Matthieu écrit "un tel eut pour fils un tel", cela signifie plutôt "un tel fut l’ancêtre de". Je me souviens, quand j’étais petit, mon grand-père m’appelait "fils". Je protestais avec véhémence: "Non, je ne suis pas ton fils, je suis ton petit-fils!" C’est un peu ce que fait Matthieu ici. Dans la Bible, "eut pour fils" veut souvent dire "fut l’ancêtre de".

Mais pourquoi 14? Pourquoi ce chiffre plutôt qu’un autre?

Il y a plusieurs explications possibles. Je vais vous en donner deux qui sont intéressantes:

  1. Souligner que Jésus est le Fils de David En hébreu, il existe un système qui attribue une valeur numérique aux lettres de l’alphabet. Ce n’est pas un code secret, mais une pratique courante. Si on additionne les valeurs des lettres qui composent le nom "David", on obtient 14. Beaucoup de commentateurs pensent que Matthieu a voulu souligner, avec ce chiffre, le lien entre Jésus et David, pour insister sur le fait que Jésus est véritablement le Fils de David.
  2. Montrer que Jésus est l’accomplissement parfait Certains commentateurs soulignent que 3 x 14, ou 6 x 7, pointe vers Jésus comme le 7e "7". Si cela vous rappelle de mauvais souvenirs des tables de multiplication, pas d’inquiétude! 6 x 7 = 42, mais ici l’idée est symbolique: Jésus est le "7e 7", c’est-à-dire la plénitude, celui par qui l’histoire trouve son accomplissement.

Il n’y a rien qui permette d’affirmer ces interprétations avec certitude, mais ce sont des observations anciennes et intéressantes.

Matthieu découpe également l’histoire d’Israël en quatre grandes étapes:

  1. La promesse faite à Abraham,
  2. La royauté de David,
  3. La déportation à Babylone,
  4. La naissance du Messie.

Avec cette structure, Matthieu nous montre que Jésus s’inscrit dans l’histoire d’Israël. Mais il veut aussi souligner que Jésus est le point culminant de cette histoire.

Le Nouveau Testament s’ouvre avec l’évangile de Matthieu. Et l’évangile de Matthieu commence par cette affirmation: Tout ce qui a été lu jusqu’ici dans l’Ancien Testament – la Loi, les Psaumes, et les Prophètes – trouve son accomplissement en Jésus-Christ.

Matthieu nous dit: "Je vais vous raconter l’histoire de Jésus de Nazareth, qu’on appelle le Christ."

Voilà le but de cette généalogie: Montrer que Jésus est le Messie promis, en qui toutes les nations sont bénies.

Ce que je vous propose maintenant, ce n’est pas de prendre chaque nom et de faire la biographie de chaque personne qui compose cette liste. Ce serait intéressant, mais il nous faudrait un peu plus longtemps!

Ce que je vous propose, c’est de voir deux points. Deux points que souligne cette généalogie, deux points qui se dégagent aussi de la manière dont elle est agencée. Et je crois que ce sont deux points qui nous parlent particulièrement aujourd’hui, dans cette période de Noël:

  1. la naissance de Jésus nous rappelle que Dieu est le Roi de l’histoire
  2. la naissance de Jésus nous rappelle que Dieu est le Roi de la terre

Dieu est le Roi de l’histoire, et Dieu est le Roi de la terre. Et je crois que ces deux vérités donnent une saveur particulière à Noël.

1. La naissance de Jésus nous rappelle que Dieu est le Roi de l’histoire

La généalogie commence avec une naissance miraculeuse, et elle finit avec une naissance miraculeuse. Elle commence avec la naissance d’Isaac, donné à Abraham et Sarah alors qu’ils n’étaient plus en âge de concevoir. Et elle finit avec la naissance de Jésus, un miracle bien plus grand: le miracle que nous verrons la semaine prochaine avec la suite du récit, le miracle de Dieu qui conçoit, d’une vierge, par le Saint-Esprit, Jésus, son Fils.

Et au milieu de ces deux miracles, il y a toute cette généalogie, tous ces noms qui nous montrent que Dieu est le Roi de l’Histoire. C’est toute cette généalogie qui nous montre que Dieu conduit les circonstances pour que s’accomplisse son plan.

Si on regarde de plus près, on voit la souveraineté de Dieu comme un fil conducteur à travers toute la généalogie. Regardez au verset 3: il est question de Juda.

Juda, c’est l’un des fils de Jacob, que Dieu a renommé Israël. Mais Juda n’était ni le premier-né d’Israël – c’était Ruben, ni celui qui avait le plus réussi dans sa carrière – ça, c’était Joseph. Joseph a eu un départ difficile, mais il est devenu le directeur général du pays le plus puissant de l’époque: l’Égypte. Juda n’était pas non plus le petit dernier, Benjamin, qui avait une place particulière dans le cœur de son père.

Pourtant, c’est lui qui a été choisi pour être l’ancêtre des rois. Quand Jacob bénit ses fils, il bénit Juda d’une manière particulière et lui dit:

Le sceptre ne s’éloignera pas de toi.

La première série de 14 générations finit avec un point culminant: Dieu suscite David, que l’Éternel décrit comme un homme selon son cœur. Là encore, on voit l’intervention de Dieu: Saül avait été désigné roi, mais il a été écarté, et David a été choisi par Dieu.

Souvenez-vous de ces paroles:

L’Éternel ne regarde pas ce qui frappe les yeux. L’homme regarde à l’apparence, mais l’Éternel regarde au cœur.

Parmi tous ses frères, bien plus costauds, expérimentés et, à vue humaine, plus qualifiés pour être roi, c’est David, un jeune berger, que Dieu a choisi.

Dieu conduit l’histoire. Et c’est à David que Dieu a promis qu’un roi issu de sa lignée aurait un règne éternel. Dans 2 Samuel, chapitre 7, il est écrit:

Quand tes jours seront accomplis, que tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai ta descendance après toi, celui qui sera sorti de tes entrailles, et j’affermirai son règne. Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom, et j’affermirai pour toujours son trône royal. Moi-même, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils.

Le problème, c’est que quand on lit la deuxième liste de noms, qui commence par Salomon, on se rend compte que Salomon n’est pas ce fils de David dont Dieu parlait dans sa promesse. Ce n’est pas Salomon qui a un trône éternel. Ce n’est pas lui qui a un règne universel.

Et à la fin de cette seconde liste, on lit que le peuple a été déporté à Babylone. Même si on regarde attentivement l’histoire d’Israël, on se rend compte qu’après Salomon, c’est le début de la fin.

En fait, c’est même pire que cela: On se rend compte que dès David, dès le vrai premier roi désigné par Dieu, dès ce grand roi d’Israël, c’est déjà le début de la fin.

Nous lisons dans 1 Rois, chapitre 11, l'Éternel qui s’adresse à Salomon et qui dit:

Puisque tu as agi de cette manière et que tu n’as pas observé mon alliance et mes prescriptions que je t’avais ordonnées, je vais certainement déchirer le royaume pour te l’ôter et je le donnerai à ton serviteur. Seulement, je ne le ferai pas pendant ta vie, à cause de ton père David. C’est de la main de ton fils que je l’arracherai.

Et donc, dès le règne du fils de Salomon, le royaume est divisé. Après Salomon, les rois s’enchaînent. Si on lit l’histoire des rois, on voit que certains sont bons, mais beaucoup sont mauvais.

Dans cette liste que Matthieu nous donne, on lit des noms associés à des hommes vertueux, comme Josias. La Bible nous dit de Josias:

Il fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel et qu’il marcha dans toute la voie de David, son père. Il ne s’en écarta ni à droite ni à gauche.

Mais Matthieu mentionne également des noms comme Abija, duquel on apprend:

Il se livra à tous les péchés que son père avait commis avant lui, et que son cœur ne fut pas tout entier à l’Éternel, son Dieu, comme l’avait été le cœur de David, son père.

Ou encore le nom de Manassé, au verset 10, qui a commis des horreurs. Il a fait pire que tous ceux qui étaient venus avant lui. Dieu dit même qu’il a fait pire que les Amoréens – un peuple étranger – parce qu’il a entraîné le peuple dans l’idolâtrie.

Finalement, le trône est vide. La première liste des noms de Matthieu finit avec David, à qui Dieu promet un règne éternel. Et la seconde liste de Matthieu finit avec la déportation du peuple.

Le trône est vide. Le roi est écarté. Et, à vue humaine, c’est absolument catastrophique. Catastrophique pour deux raisons:

D’abord, parce que le peuple est déporté dans un pays étranger et qu’il doit vivre dans une culture idolâtre. Ensuite, parce qu’en l’absence de roi, une question cruciale se pose: d’où viendra le Messie? S’il n’y a plus de roi, d’où viendra celui qui devait libérer le peuple? S’il n’y a plus de roi, qui sera celui autour duquel s’attachent toutes les promesses de Dieu depuis le début de son peuple?

Qui sera celui qui va les délivrer, les sauver de leurs ennemis? Mais surtout, qui sera celui qui va les purifier, les ramener à Dieu, leur faire retrouver leur communion et leur relation avec lui?

Voilà le vrai malheur de la déportation.

Matthieu insiste sur le fil des rois, le fil de la monarchie en Israël. On voit David, le premier roi, et Jéconias, le dernier roi de Juda.

La question que l’on se pose à la fin de cette deuxième liste de noms est: "Qui sera le prochain roi après Jéconias? Y en aura-t-il un?"

Mais on voit la providence de Dieu qui conduit les événements.

Si on lit l’histoire de Jéconias, on se rend compte qu’il a été rétabli d’une certaine manière après la déportation. Son règne a été défait lors de la déportation, mais il a acquis un statut particulier.

Ce texte nous laisse entrevoir une lueur d’espoir.

Dans tous ces noms, et dans la manière dont Matthieu nous les décrit, on voit la providence de Dieu. Parce que nous avons lu le texte jusqu’au verset 17, nous voyons que Dieu a conduit les événements jusqu’à Christ.

Dans sa providence, il s’est servi de ces rois, même les plus désobéissants, pour accomplir son plan. Il s’est servi de tous ces rois, même les plus mauvais, pour maintenir la lignée de David. Il s’est servi de tous ces rois, même les plus mauvais, pour que vienne son Messie promis.

Et on se rend compte que, dans sa providence, Dieu se sert d’hommes mauvais pour accomplir sa volonté. Mes amis, ne tombons pas dans le piège de croire que la réalité se résume à ce que nous voyons. Ne tombons pas dans le désespoir lorsque nous regardons autour de nous et que nous voyons des circonstances si peu favorables.

Dieu est en train de conduire l’histoire. De la même manière qu’il a conduit la naissance du Messie à travers tous ces rois mauvais, il est en train de conduire l’histoire à travers ces circonstances mauvaises pour l’accomplissement de son plan.

Jésus nous l’a dit: les temps sont mauvais.

Si vous vous sentez peut-être mal dans cette période, pour diverses raisons – peut-être aussi après des mois et des mois de lassitude avec cette pandémie et toutes les circonstances qui lui sont attachées, ou à cause de ce que vous avez vécu de manière personnelle, ou encore de tout ce que nous lisons et entendons dans les journaux – et que cela vous donne un sentiment de malaise, prenez courage: Dieu règne, et Dieu conduit l’histoire.

Ce qui va s’accomplir, ce n’est pas ce qui pourrait se produire de manière vraisemblable au vu des événements, mais ce que Dieu a décrété souverainement.

C’est son plan qui s’accomplit.

L’histoire de l’humanité, c’est l’histoire du plan de Dieu qui se déroule. Et les circonstances, dans le mystère de sa providence, s’agencent pour accomplir sa volonté.

Parfois, nous ne comprenons pas. Et j’aimerais dire: même le plus souvent, nous ne comprenons pas.

Mais nous avons l’assurance que l’histoire du monde n’est pas déterminée par ce que nous voyons, mais par ce que Dieu est en train de faire.

C’est pour cela que c’est par la foi que les patriarches ont pu marcher en s’accrochant aux promesses de Dieu, vers la cité qu’il leur avait promise, même s’ils n’ont rien vu de leur vivant ou seulement salué de loin.

Dieu conduit ce qui est mauvais pour l’accomplissement de ses plans parfaits

Il y a une autre leçon qui se dégage du texte. Nous avons dit que certains rois étaient bons, mais que beaucoup étaient mauvais. Beaucoup des rois décrits ici sont mauvais – nous le lisons par ailleurs dans l’histoire du peuple.

Mais nous devons aussi voir en filigrane que même les meilleurs qui sont cités ici sont imparfaits. Même les rois bons sont imparfaits.

Prenons l’exemple de Judas. Judas a été choisi par son père pour être l’ancêtre des rois, pour être l’ancêtre du Messie. Quand on lit l’histoire de Judas, elle est terrible. Son péché est horrible.

Judas a eu des relations avec sa belle-fille, Tamar, dans des circonstances bien sombres.

David, le grand roi d’Israël, celui dont Dieu dit qu’il est un homme selon son cœur, a fait tuer Urie, un de ses soldats, parce qu’il avait commis un adultère avec sa femme, Bath-Shéba.

D’ailleurs, et c’est peut-être pour cela que Matthieu l’évoque ainsi, il est écrit: « Le roi David eut Salomon de la femme d’Urie. » Clin d’œil. Il cite celui que David a fait tuer.

Noël, c’est aussi l’occasion de se rappeler que Dieu se sert d’hommes imparfaits pour accomplir sa volonté. Bonne nouvelle pour nous, les amis!

Bonne nouvelle, en tout cas, pour la plupart d’entre nous. Je sais que certains ici ne se sentent pas concernés, mais pour les autres, ceux qui sont imparfaits: c’est une bonne nouvelle!

Dieu se sert d’hommes et de femmes imparfaits pour accomplir sa volonté

Personne ici ne peut dire: « Je ne suis pas assez bon. Je ne suis pas arrivé à tel ou tel niveau de connaissance ou de maturité dans ma vie chrétienne. Dieu ne peut pas m’employer. » Dieu, dans sa grâce, emploie toujours des hommes et des femmes imparfaits pour faire sa volonté.

Parce que si nous étions parfaits, nous n’aurions pas besoin de grâce. Et nous n’aurions pas besoin de Dieu.

Prenons courage, nous qui sommes imparfaits: Dieu se sert de bâtons tordus pour tracer des traits droits.

La deuxième leçon de ce texte sera un peu plus courte.

2. La naissance de Jésus nous rappelle que Dieu est le Roi de la terre

Il faut reconnaître que, quand on lit cette liste de noms, on se plonge dans l’histoire du peuple juif. Si nous connaissons peu ou pas l’Ancien Testament, la première partie de la Bible, tout cela peut nous sembler étrange.

Et il faut reconnaître aussi que cet évangile de Matthieu s’adresse à des Juifs. C’est donc normal que Matthieu commence son évangile avec cette généalogie du peuple qui a conduit jusqu’au Messie.

Encore une fois, Matthieu veut montrer que Jésus est la fin de l’histoire du peuple et son accomplissement.

Mais on peut se demander: en quoi cette généalogie nous concerne-t-elle? Quel rapport y a-t-il entre un habitant de Montbéliard aujourd’hui et un bébé juif né il y a 2000 ans? Est-ce que, finalement, ce n’est pas un peu anachronique de lire cette histoire, écrite il y a si longtemps, à propos d’un peuple qui nous semble si lointain?

Quel est le rapport?

Dans cette généalogie, Matthieu nous a laissé des indices. Des indices qui nous montrent que Dieu est le Roi de la terre – et donc que cela concerne chacun de nous.

Dès le début, Matthieu veut nous montrer que nous avons affaire à un nouveau commencement.

Quand on lit le mot « généalogie » dans les mots originaux – dans le grec – Matthieu emploie un terme particulier. En réalité, il utilise les mots employés au début de la Bible, en Genèse 2, pour parler des origines du ciel et de la terre. Ces mots sont aussi utilisés en Genèse 5 pour parler de la postérité d’Adam.

C’est clair: si Matthieu emploie ces mots ici, c’est pour nous dire qu’avec Jésus, et tout ce que vous lirez juste après, Dieu est en train d’inaugurer une nouvelle création.

Dieu est en train de faire de Jésus le début d’une nouvelle humanité.

Il est question d’un nouveau commencement – pas juste pour le peuple juif, mais pour la terre entière.

Jésus ouvre une nouvelle création. Il crée une nouvelle humanité.

D’ailleurs, on le voit dès le premier verset:

Voici la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.

C’est intéressant de noter que Matthieu a mis les choses dans cet ordre: d’abord fils de David, ensuite fils d’Abraham.

Il veut d’abord souligner la filiation de Jésus avec David, le roi, pour montrer que Jésus est le roi promis.

Mais il veut aussi montrer que Jésus est le roi promis en qui toutes les nations sont bénies.

Fils d’Abraham

Dieu avait fait cette promesse à Abraham:

Pour moi, voici mon alliance avec toi: tu deviendras le père d’une foule de nations. On ne t’appellera plus du nom d’Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te rends père d’une foule de nations.

Dieu, à plusieurs reprises dans le livre de la Genèse, rappelle l’alliance qu’il a faite avec Abraham. Et au chapitre 22, chose intéressante, Dieu nous dit qu’Abraham sera le père de toutes les nations.

Dans la version grecque de la Bible, c’est exactement la même expression que Matthieu emploie à la fin de son évangile, quand Jésus envoie ses disciples faire de toutes les nations des disciples.

Quand Matthieu nous rappelle cette promesse au début de la généalogie, il nous dit d’emblée: c’est en Jésus que s’accomplit la promesse faite à Abraham. C’est en lui que seront bénies toutes les nations. C’est en lui que la postérité d’Abraham sera nombreuse. C’est en lui que la postérité d’Abraham sera constituée de membres de tous les peuples. Comment?

Parce qu’ils deviendront ses disciples par la foi en lui.

Au tout début de son évangile, Matthieu est en train de nous donner un indice: c’est en Jésus que Dieu va accomplir son plan de bénir toutes les nations. Et à la fin de son évangile, il nous montre comment il va le faire, en envoyant ses disciples proclamer son évangile, pour que, par la foi, ces disciples deviennent les membres de ce nouveau peuple.

Mais il y a un autre indice qui nous montre l’universalité de la bénédiction dans ce texte.

Une chose assez étonnante dans cette généalogie, c’est la présence de ces femmes. Il faut dire qu’à l’époque, dans les généalogies, il s’agissait généralement de généalogies masculines. Il était extrêmement rare de voir des femmes mentionnées.

Il est vrai que Matthieu ici reprend des généalogies que l’on retrouve dans le livre des Chroniques, aussi dans le livre de Ruth, et que déjà dans la Bible ces femmes sont nommées. Ces femmes font déjà partie de l’histoire du peuple d’Israël et sont reconnues comme des jalons dans cette histoire.

Mais la question demeure: pourquoi Matthieu a-t-il choisi de les inclure? Pourquoi Matthieu a-t-il choisi de les inclure à une époque où, comme on l’a dit, les généalogies étaient plutôt masculines?

Et je pense que c’est là encore un signe de l’inclusion des nations. Tamar, Rahab, Ruth étaient des étrangères. Bath-Shéba, la femme d’Urie, était mariée à un étranger.

Donc, toutes, ou presque toutes, ces femmes étaient étrangères. Et Matthieu veut nous montrer… et il écrit à des Juifs, rappelons-nous… que Jésus est le Messie. Le Messie qui rassemble toutes les nations autour de lui.

C’était là une des attentes du Messie: il devait bien sûr rassembler le peuple juif, mais aussi ouvrir la bénédiction de Dieu à toutes les nations.

Les prophètes annoncent qu’avec le Messie, ce sont toutes les nations qui afflueront dans la nouvelle Jérusalem pour venir adorer Dieu.

Et mes amis, si nous avons ce matin, et si dimanche après dimanche nous venons répondre à la convocation de Dieu, à l’appel de Dieu qui nous est adressé, et nous avons lu dans le Psaume 98 tout à l’heure cet appel à le louer, si nous nous rassemblons, nous qui, pour la plupart d’entre nous, ne sommes pas juifs d’origine, si nous répondons à cet appel, c’est parce que nous sommes, en Jésus, une nouvelle humanité, constituée de peuples, de tribus, de nations, par la foi et par la grâce de Dieu.

Pour conclure, la naissance de Jésus nous rappelle que Dieu est le Roi de l’histoire. Elle nous rappelle que Dieu est le Roi de la terre. Et j’ai dit que ces vérités donnent une saveur particulière à Noël.

Alors comment? Eh bien, d'abord, si Dieu est le Roi de l’histoire et qu’il conduit l’histoire de son peuple à travers ce qui nous semble, bien souvent, des détours, nous avons lu certains de ces noms qui nous apparaissaient même comme des impasses. C’est Dieu qui conduit l’histoire à travers eux.

Alors, il conduit notre histoire jusqu’à la fin. Dieu ne s’est pas arrêté de conduire l’histoire quand Jésus est arrivé. Dieu continue de conduire l’histoire jusqu’à la fin. Il a conduit l’histoire jusqu’à la première venue de Jésus. Il continue de conduire l’histoire jusqu’à sa seconde venue. On en parlera le 22 janvier à 9h pour notre prochaine formation. L'instant pu est passé.

Dieu conduit l’histoire jusqu’à la fin. Noël est l’occasion de se rappeler que la providence de Dieu conduit toute chose, que les circonstances, et nos circonstances, sont dans sa main. Au milieu de tout ça, Dieu prend soin de nous.

Je vous relis une citation de Jean Calvin que j’aime beaucoup. C’est justement dans son chapitre sur la providence, et je crois que, peut-être pour certains en particulier, mais pour nous tous ici ce matin, cette citation s’applique d’une manière merveilleuse. Il dit:

Quand de gros nuages noirs brouillent le ciel et qu’une tempête se met à souffler, et qu’il n’y a qu’obscurité devant nos yeux et le bruit du tonnerre dans nos oreilles, au point de nous terrasser de frayeur, il nous semble que tout est bouleversé et confus. Mais au ciel, tout est calme et paisible. Soyons donc certains que, lorsque les choses sont troublées dans le monde au point de nous faire perdre raison, Dieu, qui est loin de nous dans la clarté de sa justice et de sa sagesse, dirige bien ces confusions et les conduit jusqu’à une bonne fin.

La fin d’année rime avec fête, retrouvailles, joie, lumière, bûche… on l’a dit: réjouissance. Mais aussi, pour beaucoup, tristesse, mélancolie, solitude. Je sais que, pour certains d’entre nous, c’est une période particulièrement difficile et ce, pour plusieurs raisons.

Dieu est là. Et lorsque nous sommes au milieu de la tempête, au milieu de ces nuages noirs, au milieu de ce bruit de tonnerre, Dieu est là. Il conduit l’histoire, il prend soin de nous.

Le soir de la naissance de Jésus, c’est assez extraordinaire à imaginer. Qui savait que le Messie était en train de naître? Qui, sur toute la terre, était au courant de l’événement le plus extraordinaire de toute l’histoire de l’humanité? Ses parents, une poignée de bergers, les cousins de Marie…

Le Messie, le roi tant attendu, le cumul de l’histoire, l’accomplissement des prophéties, est né dans l’anonymat le plus total.

L'événement le plus extraordinaire est passé complètement inaperçu. Je dis souvent que je compare la naissance de Jésus avec la naissance d'Archie, le fils de William... c'est ça, à chaque fois j'oublie Harry, voilà. Je ne suis pas très au courant des tabloïds anglais. Il est né le 19 mai 2019. Je le sais parce que c'est la même date de naissance que Léon, qui, en passant, est aussi passé complètement inaperçu, sauf pour une poignée de personnes, dont ses parents. Il n’y avait pas de bergers.

Rappelez-vous de tout le battage médiatique autour de cette naissance royale. C’était un héritier tant attendu. Et quand on lit dans les évangiles la manière dont Jésus est né, le Roi de l'Univers, on se demande: mais pourquoi, Seigneur, pourquoi cette naissance dans l’anonymat? Et bientôt, celui qui est né dans l’anonymat le plus complet, son nom est devenu le plus connu de toute l’histoire de l’humanité.

Dieu a conduit l’histoire pour que Jésus naisse à cette époque, dans cette période, dans ces conditions, et aujourd’hui, Dieu continue de conduire l’histoire.

Deuxièmement, si Dieu est le Roi de la terre, alors Noël est aussi l’occasion de se rappeler que Dieu appelle à lui toutes les nations. Ces lumières que nous allumons dans nos foyers, ce sont des lumières que nous voulons voir resplendir dans le cœur de tous ceux qui ne connaissent pas encore Dieu. C’est de cette lumière dont nous voulons briller, comme des flambeaux dans une génération en ténèbres. Nous dit Paul, c’est de cette lumière dont nous voulons briller.

Et c'est l’occasion de proclamer encore une fois que Dieu est ce Dieu de grâce qui appelle à lui toutes les nations, tous les peuples, toutes les tribus. Que Dieu a envoyé son Fils pour nous réconcilier avec lui.

Je vais prier.

Père céleste, cette généalogie, à première lecture, nous laisse souvent perplexes, comme bien des généalogies. Mais merci de nous montrer la manière dont Matthieu l’a agencée pour nous dire que Jésus est le Messie promis en qui toutes les nations sont bénies.

Seigneur, nous voulons nous préparer à cette fête de Noël en nous rappelant que tu as conduit l’histoire pour qu’un soir, dans la plus petite des villes d’un pays lointain, dans l’obscurité, brille la lumière la plus forte et la plus glorieuse que le monde ait connue: la naissance de ton Fils. Merci de nous rappeler que tu conduis les circonstances, les temps et l’histoire pour que s’accomplisse ton plan.

Seigneur, donne-nous la foi, renouvelle notre foi, pour que nous ne nous laissions pas abattre par les circonstances et ce que nous voyons autour de nous, mais que nous soyons renouvelés dans la confiance que tu conduis toute chose. Pour que nous ne nous laissions pas accabler, peut-être, par la tristesse de ce que nous vivons en cette fin d’année, ce temps particulier, et que nous puissions goûter d’une manière si particulière la saveur de ta bonté, de ta miséricorde et de ton soin paternel au milieu de toutes ces choses que nous avons à traverser.

Pour certains, tu nous conduis, tu nous tiens par la main, tu nous fais goûter le bonheur et la joie d’être en ta compagnie, porté par toi. Seigneur, tu es le Roi de la terre, et cette nouvelle, nous voulons la proclamer autour de nous. Donne-nous alors que beaucoup d’entre nous allons passer les fêtes en famille, et que beaucoup d’entre nous sont de familles qui ne te connaissent pas, des occasions d’échanger et de redire avec joie et simplicité que tu es le roi, le roi de toute la terre, et que tu appelles tous les hommes à te reconnaître comme tel, à suivre le Messie que tu as envoyé.

Merci, Seigneur, pour cette généalogie qui nous montre que Jésus est le point culminant de l’histoire, non seulement du peuple d’Israël, mais de l’histoire de l’humanité. Oh Seigneur, fais que, dans nos cœurs, il soit aussi le point culminant de nos vies et qu’il ait la première place en tout. Amen.