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Le courage de l'amour face à la haine de la foule (Actes 19.9-40)

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Publié le

23 oct. 2024

Que ce soit dans votre travail, votre famille, ou votre environnement social, comment réagissez-vous face à l'opposition, à l’incompréhension, à la pression, voire à l’hostilité? Dans cette prédication, nous allons plonger dans l’exemple de l’apôtre Paul à Éphèse, pour voir comment, en pleine adversité, il a puisé dans l’amour de Christ le courage de rester fidèle. Ce récit nous encourage à affronter les défis et les pressions de la vie chrétienne avec foi et persévérance.

Màj le 22/10/2024: Prédication publiée pour la première fois le 15 mars 2023. Remise en avant suite à l’ajout de la vidéo YouTube et de la transcription.


Transcription de la prédication

Cette transcription a été générée automatiquement, n’hésitez pas à nous signaler toute erreur ou incohérence qui nous aurait échappé.

Je voudrais commencer par poser une question: qui a le pouvoir de rendre l'intelligent complètement fou?

Je me suis dit, il y en a forcément un qui va répondre: "ma belle-mère", mais ce n'est pas ça. Qui a le pouvoir de rendre le timide courageux? La foule.

Pensez aux événements qu'on a pu observer ces dernières années. Que ce soit pour des causes qui étaient peut-être bonnes, tout à fait justifiables au début, et voyez les événements qui ont pu suivre parallèlement à ça.

Je me souviens, à la fin de l'année 2020, on se disait: “Quelle année complètement folle!” Le début de 2021 commence avec ces images du Capitole où l'on voit même un homme déguisé en bison. Et je me suis dit: “Oui, on est vraiment... on est vraiment fous.”

J'y étais passé quelques mois auparavant. Et je me disais: "C'est complètement fou quand les passions et les haines prennent le dessus."

Le récit d'aujourd'hui nous montre comment une émeute contre l'apôtre Paul a éclaté à Éphèse. Nous avions laissé Paul la semaine dernière, et nous avions vu son ministère. Au travers de l'enseignement de l'Évangile et des actes miraculeux que Dieu accomplissait par son intermédiaire, des personnes étaient délivrées de leur peur du monde spirituel et des vies étaient transformées.

J'en arrive au texte d'aujourd'hui où, après ces événements que nous avons vus la semaine dernière, Paul forma le projet d'aller à Jérusalem en traversant la Macédoine et l'Achaïe. "Quand j'y serai allé," disait-il, "il faudra aussi que je me rende à Rome."

Il envoya en Macédoine deux de ses aides, Timothée et Éraste, et resta lui-même encore quelque temps en Asie. La ville d'Éphèse était stratégique pour l'Empire romain et pour la mission de l'apôtre Paul après Jérusalem.

Après Antioche, Éphèse est devenue la troisième ville stratégique pour la propagation du message de l'Évangile à toutes les nations. Cette ville était la capitale de la province romaine d'Asie, un carrefour des grandes voies commerciales. Une ville qui rayonnait par sa culture et où le temple de Diane était très important.

Nous allons voir qu'on ne peut négliger l'importance de cette ville dans tout l'Empire. Durant les trois années où Paul se trouve à Éphèse, il écrit une lettre très connue, celle que l'on appelle la première lettre aux Corinthiens. Dans le chapitre 16, Paul dit ceci à ses amis à Corinthe:

Je resterai à Éphèse jusqu'à la Pentecôte, car une porte m'y est largement ouverte pour un travail efficace, et les adversaires sont nombreux.

Paul a profité de cette grande opportunité pour rester trois ans, enseigner et fortifier l'Église. Grâce à son travail, et bien sûr à celui de ses collaborateurs et des chrétiens, l'Évangile s'est répandu dans toute cette province. Paul a formé des personnages que l'on retrouve ailleurs dans la Bible.

Depuis cette ville d'Éphèse, on peut penser à Épaphras, à Philémon, probablement aussi de l'Église de Colosse, qui s'est converti auprès de Paul à cette époque. On peut penser aussi à Aquilas et Priscille. Grâce à Paul, à son ministère, et à l'Église d'Éphèse, l'Évangile a rayonné dans toute la province.

On peut compter parmi les Églises influencées par Paul celle de Laodicée, de Colosse, d'Hiérapolis, et bien d'autres mentionnées dans le livre de l'Apocalypse, comme Smyrne, Pergame, Thyatire et Philadelphie. Ce sont des Églises qui sont nées grâce au ministère de Paul à Éphèse.

On voit donc comment Paul a tiré parti de cette ville stratégique et de ce temps de paix pour permettre à l'Église d'Éphèse de rayonner dans toute la province et de se multiplier.

Puis, Paul pense que son travail à Éphèse est terminé et envisage son prochain objectif: Rome, une autre ville hautement stratégique. C'est alors qu'une émeute éclate, comme Luc nous le raconte.

À cette époque, il se produisit un grand trouble au sujet de la voie du Seigneur. Un orfèvre du nom de Démétrius fabriquait des temples d'Artémis en argent, procurant un gain considérable aux artisans. Il les rassembla avec ceux qui exerçaient une activité similaire et leur dit:

Vous savez que notre prospérité dépend de cette industrie. Or, vous voyez et entendez dire que non seulement à Éphèse, mais dans presque toute l'Asie, Paul a persuadé et détourné une grande foule, en disant que les dieux fabriqués par les mains de l'homme ne sont pas des dieux.

Cela risque non seulement de discréditer notre activité, mais aussi de réduire à néant l'importance du temple de la grande déesse Artémis et même de dépouiller de sa majesté celle que toute l'Asie et le monde entier vénèrent.

Effectivement, les habitants du monde entier, et de toute l'Asie, venaient dans la ville d'Éphèse pour le temple de Diane, ou Artémis selon son nom grec. C'était l'une des sept merveilles du monde antique.

Et quand on parle de merveille, c'est vraiment le mot adéquat. Ce temple était plus grand que le Panthéon à Athènes, quatre fois plus grand. Il était soutenu par 100 colonnes faites d'un seul bloc de marbre, chacune mesurant 16 mètres de hauteur.

Des œuvres des plus grands artistes de l'Antiquité étaient exposées à l'intérieur du temple. Et dans ce temple magnifique, où se tenaient de grandes festivités, se trouvait la statue de Diane, cette déesse qui était perçue comme la bienfaitrice des hommes.

Plusieurs fois par an, les Éphésiens organisaient d'immenses festivals et célébrations en l'honneur d'Artémis. Des personnes venaient de toutes les provinces, de tout l'Empire, et même d'ailleurs, pour participer à ces festivités: avec de la musique, du théâtre, des banquets... Il y avait même des compétitions sportives, et parfois des combats à mort en l'honneur d'Artémis.

Imaginez ces événements comme ceux autour d'une Coupe du Monde, avec toute l'activité économique générée autour des stades et pendant l'Euro. Tout cela était une véritable source de revenus.

Et tout commence avec un homme, Démétrius. Démétrius va devenir un peu comme le représentant syndical des artisans. C'est un peu leur Philippe Martinez à eux! Il rassemble toute la corporation des artisans et constate que, à cause des progrès de l'Évangile, toute la région est impactée. Il y a des effets collatéraux qui se font sentir: probablement moins de personnes viennent au temple, moins de personnes achètent des petites statuettes, et si le temple perd de son rayonnement religieux à cause des conversions à Jésus-Christ, c'est toute une économie régionale qui est menacée.

Démétrius, habilement, va donc rassembler tous les artisans mécontents. Le volet financier est très facile à utiliser, et nous allons voir comment tout cela va évoluer en véritable chaos dans la ville.

À ces mots, ils furent remplis de colère et se mirent à crier. Certains manuscrits précisent qu'ils se mirent à crier dans les rues: "Grande est Artémis des Éphésiens!" Toute la ville fut en agitation. Ils se précipitèrent tous ensemble au théâtre, en entraînant avec eux Gaïus et Aristarque, des Macédoniens, compagnons de voyage de Paul, donc des chrétiens. Paul voulait se présenter devant le peuple, mais les disciples l'en empêchèrent, et même quelques Asiarques, des hauts fonctionnaires de la ville, qui étaient ses amis, envoyèrent des messagers pour l'inviter à ne pas se rendre au théâtre.

Les uns criaient une chose, les autres une autre, car la confusion régnait dans l'assemblée. La plupart ne savaient même pas pourquoi ils s'étaient réunis.

Alors on fit sortir de la foule Alexandre, que les Juifs poussaient en avant. Alexandre fit signe de la main, montrant qu'il voulait parler au peuple. Mais quand ils reconnurent qu'il était Juif, tous crièrent d'une seule voix, pendant près de deux heures: "Grande est Artémis des Éphésiens!"

Je ne vais pas le répéter pendant deux heures, je vous épargne cela.

La principale préoccupation initiale de Démétrius, qui est un homme malin, était financière. Mais une fois dans la rue, avec des foules qui s'agrègent autour de lui, le slogan évolue: "Grande est Artémis des Éphésiens!" La manipulation des foules passe alors par une idée simple: la divinité.

Ce qu'il y a de plus précieux pour nous, nos plus grandes valeurs, sont attaquées, et nous devons nous liguer contre ceux qui les attaquent.

Finalement, quand la peur est au centre des motivations, il devient facile d'embraser les foules. Le théâtre devient alors un véritable cirque. Quand on parle du théâtre, il ne faut pas imaginer un petit théâtre de ville. Le théâtre d'Éphèse pouvait contenir plus de 24 500 personnes. C'était un lieu important dans la ville, et toute la foule s'y réunit. On voit ainsi la dynamique de folie dans cette foule.

Les gens attrapent Gaius et Aristarque, les amis de Paul, et Luc nous raconte que la plupart des gens ne savaient même pas pourquoi ils étaient là. Certains criaient une chose, d'autres une autre. C'était une confusion totale qui régnait.

Au milieu de cette foule, deux personnes sont prises en otage. Et même si beaucoup ne savent pas pourquoi, ils restent et participent. C'est un véritable témoignage de la folie collective.

Un Juif se présente devant eux. Il y avait un groupe de Juifs, et ils poussent leur représentant, leur propre Démétrius, leur "Philippe Martinez", pourrait-on dire, pour qu'il les défende devant la foule. Il ne pourra même pas dire un mot.

C'était un problème qui concernait les païens, pas les Juifs. Mais il y a un dicton: "les ennemis de mes ennemis sont mes amis". Certains Juifs s’étaient convertis à Jésus-Christ, mais d'autres avaient rejeté Paul, qui avait dû fuir de la synagogue. Ce sont probablement ces mêmes personnes qui veulent maintenant prendre la parole pour dire tout le mal qu'ils pensent de l'apôtre Paul et de son message de l'Évangile. Mais Alexandre ne pourra pas dire le moindre mot.

Cela m'a fait penser à ce qu'on appelle aujourd'hui la "cancel culture". Vous avez peut-être entendu parler de cette expression, qui désigne la culture de l'effacement, celle qui consiste à effacer quelqu'un. On voit cela, que ce soit dans des écoles, des universités, certaines entreprises ou associations, et bien sûr, de manière encore plus visible, sur les réseaux sociaux.

Lorsqu'une personne dit ou fait quelque chose qui va à l'encontre des préférences culturelles ou de la morale du moment, partagée par le plus grand nombre, cette personne se voit harcelée. Une campagne d'agression est alors menée contre elle.

Le but n'est pas de débattre ou de discuter, mais de la "tuer" socialement. Si c'est un artiste, on encourage tout le monde à ne plus aller à ses concerts ou acheter ses disques. On veut tuer sa carrière, tuer ce qu'elle représente. On ne cherche pas à comprendre, à critiquer, à réfuter ou à raisonner. Le but recherché est d'effacer la personne, qu'elle n'ait plus rien à dire. On va la boycotter, l'effacer.

Même si la terminologie est nouvelle, ce n'est pas quelque chose de récent, ni même propre aux réseaux sociaux, bien qu'ils l'amplifient. Les Éphésiens pratiquaient déjà cela largement.

Si tu n'es pas comme nous, si tu ne représentes pas nos valeurs, tu n'as même pas le droit de parler. Pendant deux heures, Alexandre entend: "Grande est Artémis des Éphésiens!" Effacé. Cela aurait pu très mal finir sans l'intervention providentielle qui ramène le calme.

Cependant, le secrétaire de la ville parvint à calmer la foule.

“Éphésiens, dit-il, quelle est la personne qui ignore que la ville d'Éphèse est la gardienne du temple de la Grande déesse Artémis et de sa statue tombée du ciel? C'est un fait incontestable. Vous devez donc vous calmer et ne rien faire avec précipitation.

En effet, vous avez amené ces hommes ici alors qu'ils ne sont coupables ni de sacrilège ni de blasphème envers notre déesse. Si donc Démétrius ou les artisans qui l'accompagnent ont à se plaindre de quelqu'un, il y a des jours d'audience et des gouverneurs: qu'ils portent plainte.

Et si vous avez d'autres réclamations, cela se réglera dans une assemblée légale. Nous risquons en effet d'être accusés de révolte pour ce qui s'est passé aujourd'hui, puisqu'il n'existe aucun motif qui nous permette de justifier cet attroupement. » Avec ces paroles, il congédia l'assemblée.

Le secrétaire de la ville dirigeait les assemblées citoyennes et faisait le lien entre l'administration romaine de l'Empire et celle de la ville. Son but était de maintenir la paix, car s'il ne le faisait pas, il risquait sa place.

L'Empire romain avait installé dans toutes ses provinces ce qu'on appelait la Pax Romana, la paix romaine. Ils avaient réussi à pacifier les régions et imposaient la cohabitation entre les différentes cultures et cultes, tant que le culte de l'empereur n'était pas menacé et que cela ne créait pas de troubles. Les Éphésiens, avec leur adoration de Diane, risquaient d'être en danger à cause des turbulences qui auraient pu éclater.

On voit comment Dieu a utilisé providentiellement cet homme, qui a su garder son sang-froid et rappeler les règles du droit, les lois à respecter et auxquelles les hommes devaient obéir pour que tout se termine bien pour eux.

Il est certain que s'il n'avait pas réussi à calmer la situation, les deux compagnons de Paul auraient probablement été lapidés ou tués. Heureusement, des hommes et des femmes de bien se lèvent parfois pour faire entendre la voix de la raison, ou, comme certains diraient, la voix de la justice et du bien.

Voilà pour le récit.

Premièrement, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Les problèmes d'aujourd'hui sont en réalité les mêmes que ceux d'hier et seront ceux de demain. On le voit dans la nature humaine, guidée par ses passions et ses peurs, qui la pousse toujours à l'excès.

La folie des masses, la folie des foules, la folie des groupes est toujours présente dans la Bible. On la voit maintes et maintes fois. C'est l'un des « personnages » les plus récurrents dans la Bible, mais peut-être l'un des moins identifiés. C'est un acteur essentiel. Pourquoi? Parce que derrière la foule, il y a la folie et la méchanceté de l'homme qui se révèlent.

Finalement, la foule fait un zoom sur la somme des individualités et leur folie. De Babel à la foule la plus tristement célèbre, celle qui a conduit l'humanité à la plus grande folie possible: celle de vouloir crucifier Jésus-Christ. C'était une foule qui se trouvait devant Ponce Pilate, criant: « Crucifie-le, crucifie-le! »

Si nous avions fait partie de cette foule, nous aussi, nous aurions été emportés. Nous aussi, nous aurions condamné Jésus à l'horreur de la croix.

La dynamique de la foule met en lumière la dynamique du péché. Elle est un symptôme, elle rend visible une réalité invisible: celle de la folie du péché en nous. Et quand nous regardons l'actualité, que nous voyons tout ce qui se passe dans nos pays, et que nous disons que le monde est fou, en réalité, nous nous jugeons nous-mêmes. Nous sommes fous, nous sommes mauvais.

Et ce monde qui va mal est la conséquence d’un monde qui a rejeté Dieu. Les hommes devaient vivre en harmonie et, finalement, ils vivent dans le chaos. Et Jésus, lui, quand cette foule a scandé son nom pour qu'il soit crucifié, eh bien, il ne s’est pas soustrait.

Il s’est offert en sacrifice à la foule. Il est mort pour nous pardonner la folie de notre péché, et par son sacrifice, il offre à quiconque croit en lui d’être délivré de la folie de son péché.

Et ce que fait Jésus quand il sauve, c’est qu’il rachète et se construit un peuple, un peuple nouveau, un peuple qui est délivré et transformé, et qui doit vivre à son image. L’Église doit être une assemblée où règnent la paix, l’unité et l’amour.

Et quand le monde s’embrase autour de nous, en tant qu’Église, en tant que peuple, nous avons un rôle à jouer. Et je crois qu’il nous faut éviter deux écueils. Le premier serait d’oublier notre citoyenneté terrestre, de ne pas nous sentir du monde, de rester dans un vase clos, entre nous, en oubliant notre rôle de témoins de paix dans ce monde.

Là où l’Église doit manifester une communauté où règnent la réconciliation et la paix, se retirer et adopter une attitude de jugement ou de mépris vis-à-vis du monde, c’est oublier notre rôle de témoignage. Car à cause de la Bonne Nouvelle, l’Église doit rechercher à rayonner délibérément dans l’espace public. Elle doit chercher à le faire d'une manière qui honore l’Évangile, en manifestant cette paix, cet amour et la compassion de Dieu envers un monde brisé, qu’il appelle à se tourner vers lui.

L’autre écueil, c’est d’oublier notre citoyenneté céleste. Le fait que nous sommes dans le monde, mais que nous ne sommes pas du monde. Et c’est affligeant de voir parfois comment certains chrétiens, sur les réseaux sociaux, étalent leur haine, leur colère, que ce soit contre des personnes qui croient différemment, que ce soit contre le gouvernement, ou en réaction à des faits de société, etc.

Finalement, ils adoptent le même comportement que la meute, criant leur désaccord et leur colère. Il faut se rappeler que les vendeurs d’idoles à Éphèse ne se sont pas révoltés parce qu’ils se sentaient attaqués par des chrétiens. Non, ils se sont révoltés à cause de la propagation de l’Évangile et de vies transformées par celui-ci.

Il y a une petite phrase, au milieu de tout ce qui se passe, qui attire mon attention.

Paul voulait se présenter devant le peuple, mais les disciples l’en empêchèrent. (verset 30)

Dans sa providence, Dieu a empêché Paul, cette fois-ci, de se rendre devant les foules, lui qui était si hardi. Dieu avait prévu un autre moyen de délivrance, et il avait appelé Paul à aller plus loin, à Rome. Son travail à Éphèse était terminé.

Paul avait déjà été plusieurs fois molesté, lapidé, même laissé pour mort. Et quand on sait l'impact psychologique que peut avoir une agression, les traces que cela laisse, on mesure d’autant plus le courage dont il faisait preuve. Car en allant là-bas, il savait ce qui allait se passer. Mais il ne voulait pas abandonner ses deux frères, Gaïus et Aristarque, et il était prêt à se rendre à la foule, à tout faire pour essayer de les sauver, quitte à mourir avec eux, s’il le fallait.

Ce courage et cette audace de l’apôtre Paul, de faire face une fois de plus à la foule…

Je vous disais tout à l’heure que c’est à Éphèse que Paul a écrit la première lettre aux Corinthiens. Et voici ce qu’il leur dit: « Chaque jour, je risque la mort, aussi vrai, frères et sœurs, que vous faites ma fierté en Jésus-Christ, notre Seigneur. Si c’est dans une perspective purement humaine que j’ai combattu contre les bêtes à Éphèse, alors, si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. »

Si les morts ne ressuscitent pas, tenir ferme contre la multitude aurait été inutile pour Paul. S’il n’y avait rien après, cela n’aurait pas eu de sens. Mais Paul connaissait Dieu, il connaissait Jésus-Christ, son Sauveur, et il l’aimait plus que tout. Il aimait aussi son message plus que tout, et il savait qu’il avait pour lui l’assurance de la résurrection et de la vie éternelle. Et c’est cela qui le motivait dans tout ce qu’il faisait.

Christ valait tous les combats et tous les sacrifices pour Paul.

À cause de sa foi, il était donc libre de faire face à la foule et aux conséquences, comme il l'a fait de ville en ville et de persécution en persécution. Même la folie et l'hostilité de la foule préparaient la manifestation de cet amour. Paul était le révélateur de combien lui et les chrétiens vivaient pour des choses totalement différentes. Ils vivaient en cherchant à imiter Jésus-Christ, qui les avait sauvés, avec un comportement dans la société radicalement différent.

Jésus leur avait dit: « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15, verset 13). Je trouve cela vraiment émouvant de voir à quel point Paul était prêt à s'offrir, à mourir par amour pour Christ et pour ses frères et sœurs.

Peut-être viendra bientôt un temps où les chrétiens, nous, en Occident, vivrons les mêmes oppositions et serons traités comme la plupart des chrétiens l'ont été dans l’histoire de l’Église, et comme ils le sont aujourd’hui dans d'autres parties du monde. Si notre Dieu nous y appelle, ce sera à cause de Christ et de l’Évangile.

Mais ce qui est sûr, c'est que, comme pour Paul, seul l'amour de Christ peut nous donner le courage de faire face à l'opposition. Les chrétiens ne trouvent pas le courage en eux-mêmes, et Paul n’a jamais mis en avant son propre courage. Ce qu’il mettait en avant, c’était sa foi. Nous sommes tous des lâches en puissance, moi le premier. Quand nous voyons, au quotidien, des opportunités de témoigner de notre foi et que nous n’osons pas les saisir, que ferons-nous un jour quand l'hostilité à cause de notre foi se présentera?

Ce que nous aurons comme courage, viendra de notre foi et de notre amour. Seuls ceux qui ont développé un amour débordant pour Christ et pour l’Évangile pourront tenir. Seuls ceux qui aimeront le peuple de Dieu pourront le faire.

Seuls ceux qui auront appris à vivre en ayant à l’esprit que ce monde et cette vie ne sont pas la fin en soi, mais que nous sommes appelés à la gloire éternelle, pourront tenir face à l’opposition. Seuls ceux qui auront foi en la souveraineté de Christ pourront le faire.

Prions pour que, comme Paul à Éphèse, la folie des foules rencontre l’amour de l’Église, la sagesse de l’Église et le courage de rester fidèle à l’Évangile.

Seul l'amour de Christ peut nous donner du courage pour faire face à l'opposition.

Que notre temps de prière et nos louanges nous nourrissent maintenant. Amen.