Découvrez comment la rencontre de Paul avec Jésus sur le chemin de Damas a transformé sa vie à jamais. De persécuteur impitoyable à apôtre engagé, son histoire illustre la puissance de la grâce, la nécessité de vivre pour Christ, et le prix parfois difficile mais vital de suivre l’appel de Dieu.
Transcription de la prédication
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Nous allons voir un récit très connu, peut-être le récit qui parle de la conversion au christianisme la plus célèbre de toute l'Histoire. C'est la plus célèbre, mais c'est également la plus inattendue et la plus inespérée, la plus improbable j'ai envie de dire. Elle a tellement marqué l'histoire qu'elle a été mise en tableaux par les plus grands peintres dans toute l'histoire, tellement improbable que lorsqu'elle a eu lieu, il a fallu à l'Église des années pour croire en son authenticité.
Elle concerne l'homme le plus important dans l'histoire du christianisme après Jésus, celui qui a influencé les plus grands de ce monde depuis plus de 2000 ans, celui qui a écrit une bonne partie du Nouveau Testament. Tous les grands philosophes, les penseurs de l'histoire ont tenté d'expliquer comment le Ben Laden de l'époque a pu se transformer en l'Abbé Pierre de l'époque. Incompréhensible. Et donc je vous propose de découvrir avec moi – je pense que vous l'avez deviné – l'histoire de la conversion de l'apôtre Paul, qui se trouve donc dans Actes au chapitre 9. Et pour ceux qui utilisent la Bible S21, c'est la page 714. Je vais lire tout d'abord les deux premiers versets.
Quant à Saul [– alors Saul est le nom que l'on donne à Paul dans le contexte juif, et ensuite, quand il passe dans un contexte grec, l'étape est Paul. Je l'appellerai Paul tout du long, sinon je vais mélanger les pinceaux], il respirait toujours la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur. Il se rendit chez le grand prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas afin de pouvoir arrêter et mener à Jérusalem les partisans de cet enseignement qu'il trouverait, hommes ou femmes.
Première question que je me pose en lisant ce texte et que je nous pose: pourquoi tant de haine? Pourquoi tant de haine de la part de Paul? Eh bien, je crois que la meilleure personne qui peut nous l'expliquer, c'est Paul lui-même. Un petit peu plus loin, dans le livre des Actes, au chapitre 26, Paul explique les motifs de sa haine envers les chrétiens. Au verset 9 du chapitre 26, il explique:
Pour ma part, j'ai cru devoir agir vigoureusement contre le nom de Jésus de Nazareth. C'est ce que j'ai fait à Jérusalem: j'ai jeté en prison beaucoup de chrétiens, car j'en avais reçu le pouvoir des chefs et des prêtres. Et quand on les condamnait à mort, je votais contre. Dans toutes les synagogues, je les ai souvent fait punir et je les forçais à blasphémer. Dans l'excès de ma fureur contre eux, je les ai même persécutés jusque dans des villes étrangères.
Dans la lettre aux Galates, Paul explique aussi qu'il était animé d'un zèle excessif pour les traditions de ses ancêtres, et que c'est pour cette raison qu'il persécutait les chrétiens. Paul était un pharisien. Un pharisien, il faisait partie de l'élite de ce parti religieux qui était le plus légaliste, le plus conservateur, le plus fondamentaliste, on pourrait dire aujourd'hui, des partis religieux du judaïsme.
Paul voyait grandir ce nouveau mouvement religieux, qu'on avait du mal encore à définir, issu du judaïsme, qui affirmait que le Messie promis par les prophètes – ce Messie que l'on attendait, qui devait délivrer le peuple d'Israël, ce Messie annoncé par Moïse – était ce Jésus de Nazareth. Ce Jésus que lui et ses pairs, plus tôt, les pharisiens, avaient précisément fait crucifier.
Et ces chrétiens, ces personnes, ce nouveau mouvement religieux affirmait que Jésus était réellement le Fils de Dieu, et qu'il était réellement le Messie promis, et qu'il était ressuscité, qu'il vivait encore. Et depuis que cet événement de la résurrection était annoncé, eh bien, ce mouvement se répandait comme une traînée de poudre. Et Paul pensait sa religion en grand danger. Il avait peur du grand remplacement, et son zèle extrême pour défendre l'honneur de son Dieu l'a poussé à persécuter les chrétiens.
Paul a participé au premier meurtre d'un chrétien, en la personne d'Étienne, vous l'avez vu. Et c'est pour ça qu'au chapitre 9, il est dit:
Il respirait toujours la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur.
Quand on lit le récit de la vie de l'apôtre Paul et de sa conversion, on a beaucoup de mal à s'identifier à lui, n'est-ce pas? Nous n'avons pas participé à des assassinats et des déportations, n'est-ce pas? Je, pour ma sécurité, je pars du principe que non.
L'exemple de Paul pousse beaucoup de personnes à croire qu'effectivement, pour se tourner vers le christianisme, pour se tourner vers ce Jésus, pour avoir besoin de son salut, il faut avoir fait des choses vraiment graves. Il faut en avoir lourd sur la conscience. Honnêtement, c'est vrai que ça aide: quand on est conscient qu'on a besoin d'un pardon, ça aide à aller chercher ce pardon. Mais c'est ce qui pousse aussi beaucoup de chrétiens à penser que si eux avaient eu le passé de l'apôtre Paul, eh bien aujourd'hui, ils vivraient une vie chrétienne beaucoup plus zélée qu'ils ne la vivent.
Mais je pense que c'est prendre le récit par le mauvais bout, c'est se tromper de question. Il ne faut pas s'attarder à ce que Paul avait fait de grave, quel était son comportement, mais à pourquoi il a fait ce qu'il a fait. Et là, nous avons un point commun avec Paul qu'il est plus facile de trouver.
Comme lui, nous voulons vivre pour un idéal. Nous défendons quelque chose qui nous dépasse, quelque chose qui donne un sens à notre vie, quelque chose qui est plus grand que nous. Et nous sommes prêts à nous battre et à nous défendre pour ce qui a de l'importance. Paul était prêt à tout pour défendre ce qu'il y avait de plus précieux à ses yeux: sa religion. Il croyait que c'était bien et juste de le faire, et c'est ce qui donnait un sens et un but à sa vie, et ça le rendait fier.
Nous voulons tous vivre pour quelque chose qui nous dépasse. Nous avons un moteur intérieur qui nous pousse. Et de tout temps, les hommes se battent pour des causes qu'ils ont à cœur et qui les transcendent. C'est pour cela que certains s'engagent en politique, au service d'une certaine vision du monde et de leur pays. Certains s'investissent dans des associations ou dans des entreprises qui vont refléter leurs valeurs. Certains se battent pour défendre des causes sociales ou sociétales, parce qu'ils les ont particulièrement à cœur.
Et nous voyons à notre époque beaucoup, sur les réseaux sociaux notamment, de ces causes-là, comme les mouvements MeToo, Black Lives Matter aux États-Unis, la sauvegarde de la planète et le souci de l'écologie, ou même actuellement si on regarde, la souveraineté de nos pays. Et les religieux font de même. Et pour défendre une cause qui est importante, on peut être prêt à sacrifier sa propre vie, ou, pour les plus extrémistes, même à tuer, car la fin justifie les moyens.
Peut-être que vous ne vous reconnaissez pas non plus dans ces exemples. Vous vivez en tout cas forcément pour quelque chose qui compte vraiment à vos yeux. Tout comme moi, nous vivons tous pour un projet d'épanouissement qui nous rendra heureux et fiers si nous y parvenons. C'est peut-être les études, c'est peut-être un idéal d'appartenance, un idéal d'apparence physique ou une réputation. Peut-être est-ce une avancée dans sa carrière professionnelle, ou la réussite absolue de sa vie de famille, le succès de ses enfants.
Pourquoi vivons-nous...? Pourquoi vivons-nous réellement? Et voici maintenant la question qui tue: et si vous vous rendiez compte que d'avoir fait de cette chose la chose la plus importante de votre vie, ce qui compte le plus, était en fait la plus grave erreur de votre vie?
C'est ce qui est arrivé à Paul. Je poursuis la lecture à partir du verset 3:
Comme il était en chemin et qu'il approchait de Damas, tout à coup une lumière qui venait du ciel resplendit autour de lui. Il tomba par terre et entendit une voix lui dire: « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? » Il répondit: « Qui es-tu, Seigneur? » Et le Seigneur dit: « Moi, je suis Jésus, celui que tu persécutes. Lève-toi, entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire. »
Les hommes qui l'accompagnaient s'arrêtèrent muets de stupeur. Ils entendaient bien la voix, mais ils ne voyaient personne. Saul se releva de terre; malgré ses yeux ouverts, il ne voyait rien. On le prit par la main pour le conduire à Damas. Il resta trois jours sans voir et ne mangea ni ne but rien.
Or, il y avait à Damas un disciple du nom d'Ananias. Le Seigneur lui dit dans une vision: « Ananias! » Il répondit: « Me voici, Seigneur. » Le Seigneur lui dit: « Lève-toi, va dans la rue qu'on appelle la Droite, et dans la maison de Judas, demande un dénommé Saul de Tarse. En effet, il prie, et il a vu en vision un homme appelé Ananias entrer et poser les mains sur lui afin qu'il retrouve la vue. »
Ananias répondit: « Seigneur, j'ai appris de beaucoup tout le mal que cet homme a fait à tes saints à Jérusalem, et ici il a plein pouvoir de la part des chefs des prêtres pour arrêter tous ceux qui font appel à toi. » Mais le Seigneur lui dit: « Vas-y, car cet homme est un instrument que j'ai choisi pour faire connaître mon nom aux non-Juifs, aux rois et aux Israélites. Je lui montrerai tout ce qu'il doit souffrir pour moi. »
Ananias partit. Une fois entré dans la maison, il posa ses mains sur Saul en disant: « Saul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t'est apparu sur le chemin par lequel tu venais, m'a envoyé pour que tu retrouves la vue et que tu sois rempli du Saint-Esprit. » Aussitôt, il tomba comme des écailles de ses yeux. Il retrouva la vue, se leva et fut baptisé.
Nous venons de lire donc la conversion de Paul, l'événement qui a définitivement transformé sa vie. Et quand on le voit par la suite, quand on lit ses écrits, on voit que Paul n'est pas devenu fou et qu'il n'a pas fait semblant de se consacrer totalement à Jésus. Et si ce récit n'est qu'un mythe, comment expliquer la suite de sa vie? Comment expliquer que celui qui était connu du monde entier pour être un persécuteur est devenu le plus grand des serviteurs de Jésus? Si ce récit n'est pas véridique, on a vraiment du mal à comprendre ce qu'il s'est passé.
Mais que nous dit le récit qu'a vécu Paul? Paul a fait l'expérience d'une révélation divine irrésistible. Jésus n'a pas frappé à la porte du petit cœur de Paul en lui disant: « Toc toc toc, je me tiens à la porte. Est-ce que tu veux bien me laisser entrer dans ton cœur? Promis, je ne prendrai pas beaucoup de place. Tu continueras ta vie, je vais me mettre dans un coin et je ne te dérangerai pas. » Non! On voit que Jésus a terrassé Paul. Jésus l'a pris par la main et a pris sa vie entre ses mains. Il l'a terrassé, littéralement, il l'a mis à terre en se révélant à lui.
Et nous voyons avec cet exemple-là un grand rappel d'une grande vérité biblique: ce n'est pas nous qui faisons Jésus le Seigneur de nos vies. Il l'est, et nous sommes plutôt appelés à le reconnaître. Il l'est car il est le Roi des rois, qui soumet toute chose à sa volonté. Il l'est car il a obtenu, par son triomphe à la croix, d'inaugurer le royaume de Dieu. Et Jésus voulait sauver Paul, et il a décidé de le sauver, et il l'a fait.
Et je trouve que cela me donne à moi, en tant que père, en tant que chrétien qui a des membres de sa famille qui ne sont pas chrétiens, qui a des amis qui ne sont pas chrétiens, un immense espoir pour tous mes proches. Parce qu'en définitive, je sais que leur salut dépend de Christ, qui est souverain. Si ça dépendait d'eux, comme si ça devait dépendre de Paul ou de moi, je n'aurais aucun espoir. Mais c'est Jésus, et ce n'est pas eux. C'est Jésus qui peut les sauver, c'est lui qui peut le faire et qui en a le pouvoir. Et je pense que ça nous encourage, nous tous qui avons des proches qui ne sont pas encore à Christ.
Paul a fait l'expérience d'une révélation divine irrésistible, mais également l'expérience d'une révélation divine tellement personnelle et intime. Chaque mot que choisit Jésus est à bon escient, est à dessein. Jésus l'appelle d'abord par son prénom: « Saul, Saul. » Il ne dit pas: « Hé, le pharisien, là. » Il l'appelle Saul. Et qu'est-ce que c'est touchant! C'est un rappel, une démonstration, quand il vient à sa rencontre, que si Paul ne le connaît pas, lui le connaît déjà. Il le connaît personnellement, intimement. Et Jésus sait tout de lui, absolument tout.
Nous ne sommes pas des anonymes devant Christ. Lui nous connaît, même si nous, nous ne le connaissons pas encore personnellement. Il connaît tout de nous, rien ne lui échappe. Il connaît tout de Paul: c'est son ennemi, et pourtant il vient à sa rencontre pour le sauver. Ça, ça nous démontre le cœur de Jésus, n'est-ce pas?
Jésus se présente ensuite à lui par son prénom. Il ne lui dit pas: « Je suis le Messie promis. » Il ne dit pas: « Je suis le Christ. » Il ne dit pas: « Je suis le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs. » Il dit: « Je suis Jésus. » Je suis Jésus. Je crois que par là il veut l'authentifier, qu'il est bien le personnage historique qui a été crucifié: le Jésus qui est mort, le Jésus de Nazareth qui est mort. Il est bien ressuscité. Il se présente devant toi dans sa gloire, le Fils de Dieu devenu homme, qui a vécu à son époque. C'était bien ce Jésus de Nazareth.
Et là, Jésus va lui poser une question, mais qui est terrible pour Paul et qui va complètement transformer sa vie: « Paul, pourquoi me persécutes-tu? » Et cette question, je trouve, par rapport à l'imagerie que l'on a de cette scène – Jésus dans sa lumière, dans sa gloire, qui se présente à lui, terrassé, tombé par terre –, révèle quelque chose d'extraordinaire: « Pourquoi me fais-tu du mal? Pourquoi me persécutes-tu? » C'est tellement dissonant. Il y a un tel contraste. Ça expose une espèce de vulnérabilité à laquelle on ne s'attendrait pas, n'est-ce pas?
Pourquoi « me persécutes-tu »? Pourquoi une telle question? Pourquoi une telle question? Il aurait pu venir par une affirmation et expliquer le sens des choses. Mais il lui pose une question. Si c'est Jésus qui se présente à lui, alors Jésus est vivant. Ça veut dire qu'il est ressuscité. Si Jésus est ressuscité, alors il est le Messie promis, il est le Dieu qui s'est fait homme, le Dieu de Moïse, son Dieu à lui. Et ce Dieu-là, qu'ils ont participé à crucifier, et en persécutant les chrétiens, c'est son Dieu en personne qu'il attaquait.
Parce que Jésus veut lui faire comprendre que le peuple de Dieu est uni à lui, en Christ. Les chrétiens sont sauvés par Jésus et sont unis à lui, ils sont en lui. Et Jésus s'identifie donc totalement: « Tu as fait du mal à mon peuple, tu me fais du mal à moi. Pourquoi me persécutes-tu? »
Je pense qu'on ne peut pas imaginer, on peut peut-être à peine effleurer, à quel point c'est un choc pour Paul. Lui qui voulait servir Dieu plus que tout, qui avait consacré sa vie à ça, lui qui était fier de ce qu'il faisait en son nom, qu'il pensait être profondément juste, et là son monde s'effondre.
Et que s'est-il passé pendant trois jours? On aimerait bien savoir. On aimerait bien être dans cet état, n'est-ce pas? Qu'a-t-il fait pendant cette période de trois jours où il a été aveuglé? Le texte est très sobre. Il nous dit, verset 11: « Il priait, il ne mangeait rien, il ne buvait rien. » Ça ressemble à une espèce d'état de choc. Toute sa vie s'effondre, et il prend la pleine mesure de son péché, de ses actes.
Il a dû repenser à Étienne, penser à la famille d'Étienne, penser aux autres victimes. Il réalise les conséquences de sa folie, de sa mauvaise compréhension des Écritures, de son aveuglement spirituel. Et c'est toute la compréhension du plan de Dieu qui est complètement à revisiter. Et pendant ces trois jours dans les ténèbres, il découvre le cœur de Jésus. Il découvre son amour, son pardon, sa grâce envers lui: « Ce Jésus aurait dû me détruire, vu ce que j'ai fait. Mais au contraire, il me sauve. »
Je pense que pendant ces trois jours dans les ténèbres, sans en savoir l'issue, il a compris lui aussi ce que voulait dire être uni à Jésus: uni dans sa mort et dans sa résurrection. Et après trois jours, il recouvre la vue et la vraie lumière. Il quitte les ténèbres de son passé pour rentrer vraiment dans la lumière (symboliquement).
Paul est passé de la mort à la vie. L'ancien Paul est mort, crucifié avec Jésus, et maintenant il vit pour lui, dans la foi. C'est merveilleux, n'est-ce pas? C'est un récit qui est extraordinaire, la beauté du salut en Jésus-Christ.
Mais là encore, il nous est vraiment difficile de nous identifier à Paul, parce que nous n'avons probablement pas vécu une expérience aussi extraordinaire que la sienne. En tout cas, je n'ai pas vu une lumière blanche, je n'ai pas entendu des anges chanter et tout ça lors de ma conversion. Si ça vous arrive, c'est super, mais je pense qu'alors, pour la plupart d'entre nous, on ne fait pas une expérience aussi extraordinaire. Et on aimerait vivre une expérience aussi saisissante que celle de Paul. Et peut-être qu'on l'attend encore.
La conversion de Paul est unique, je le crois, parce que Paul est unique, parce que Paul était appelé à une mission particulière, parce que Paul a été revêtu d'une charge, d'une autorité particulière dans l'Église pour poser les fondements de l'Évangile parmi les non-Juifs. Et Paul, comme les autres apôtres, devait avoir vu Jésus-Christ. Et il l'a vu.
Mais en fait, quand on y réfléchit, chaque conversion, chaque témoignage de conversion est unique. Il n'y en a pas deux qui se ressemblent. Et regardez dans le livre des Actes, comme juste avant au chapitre 8: nous avons la conversion de l'eunuque. Comment elle s'est passée, cette conversion? Une étude biblique: il se pose des questions, on lui explique la Bible, allez, on y va, on le baptise, il a compris l'Évangile, il a cru, il est baptisé. Ça ressemble beaucoup plus à ce que la plupart d'entre nous vivent.
Donc chaque conversion est unique. Et si nous envions parfois les expériences des autres, nous devons nous rappeler que Dieu, lui, sait de quoi nous avons besoin, qu'il nous prend là où nous en sommes, qu'il se révèle à nous selon les besoins que nous avons pour nous conduire au pied de la croix. Et c'est ça qui est important, n'est-ce pas?
Chaque conversion est unique dans les circonstances où elle se produit, mais elles ont toutes la même nature que celle de Paul: elles sont une révélation divine, une expérience spirituelle qui est surnaturelle, qui vient de Dieu, dont Dieu est à l'origine. Elle est la rencontre avec Dieu en Jésus par l'Esprit. La conversion chrétienne, telle qu'elle est présentée dans la Bible, n'est pas simplement une adhésion à une religion, mais une rencontre décisive, personnelle, réelle, surnaturelle avec Jésus-Christ, le Jésus historique qui se révèle à nous et nous terrasse.
Le Jésus que l'on rencontre par la foi, qui nous fait réaliser notre aveuglement spirituel et notre folie de vouloir vivre pour nous-mêmes, de vouloir vivre pour autre chose que lui, pour notre idéal personnel. Ce Jésus qui nous terrasse pour nous faire réaliser qu'il a pris notre place à la croix pour subir la condamnation de nos fautes, et il nous offre en échange sa justice.
Et nous devons réaliser que seul son amour et sa grâce peuvent nous sauver. Et cette rencontre avec Jésus, il nous la révèle. Il veut nous révéler également, quand il nous rend compte que nous devons vivre pour celui qui nous a sauvés.
Nous n'avons pas besoin d'une expérience spirituelle extraordinaire, spectaculaire au sens de Paul, mais authentiquement spirituelle, réelle. Nous avons besoin de rencontrer Jésus par la foi, qui se révèle par la parole de l'Évangile qu'il nous a laissée.
Et je voudrais spécialement m'adresser aux amis ici, qui fréquentent peut-être les cultes de cette Église depuis longtemps, ou celles et ceux qui sont de passage. Vous venez peut-être régulièrement, depuis certains d'entre vous des années, parce qu'un de vos proches est chrétien, vous l'accompagnez, ou parce que vos parents sont chrétiens, et vous venez ici, dimanche après dimanche, participer à diverses rencontres. Et vous entendez le message de l'Évangile, mais vous vous accrochez encore à votre idéal, vous vous accrochez à votre raison de vivre, et vous voulez encore tenir les rênes de votre vie.
Peut-être que si vous réalisiez que chaque moment où vous êtes exposés à ce que dit la Bible, vous faites une rencontre comme Paul sur le chemin de Damas, où Jésus vient à votre rencontre pour se révéler. Jésus vous rencontre encore et encore, par le message de l'Évangile, par les prédicateurs qui s'adressent à vous, par les paroles des cantiques qui sont chantés, par les prières et les encouragements des personnes autour de vous, les membres de l'Église qui vous encouragent à vous abandonner à Jésus. Vous aussi, vous passez sur la route de Damas, encore et encore. Et le Jésus qui a terrassé l'apôtre Paul vous appelle, vous aussi, à vivre pour lui.
Arrêtez, arrêtez de résister. Et je tiens à vous dire ceci avec la plus grande bienveillance et la plus sincère des motivations: Jésus vous terrassera tôt ou tard. Tôt ou tard. Aujourd'hui, par sa grâce, par son amour, par sa douceur, ou, si vous décidez de résister encore et encore et que vous le rejetez, un jour vous ferez face à lui, et ce sera alors par son jugement. Il n'y a pas de neutralité face au message de l'Évangile.
Alors je vous encourage vraiment à prier pour que, pour vous aussi, il fasse comme ce qu'il a fait pour Paul. Demandez-lui de faire tomber les écailles de vos yeux qui vous empêchent de le voir. Apprenez à le découvrir par vous-mêmes, par les Écritures, et demandez de l'aide pour ça. Dites-lui que vous voulez être sauvés et que vous voulez vivre pour lui.
On va voir maintenant comment ça s'est traduit, ce que Paul a compris de Jésus: qu'il avait été sauvé par lui et qu'il devait vivre pour lui. Et on va lire la fin de notre texte.
Après avoir pris de la nourriture, il retrouva des forces. Il resta quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas et se mit aussitôt à proclamer dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu. Tout ce qu'il entendait, les gens étaient stupéfaits et disaient: « N'est-ce pas l'homme qui persécutait à Jérusalem tous ceux qui font appel à ce nom-là? » « N'est-il pas venu ici pour les arrêter et les conduire devant les chefs des prêtres? »
Cependant, Saul se fortifia de plus en plus, confronté aux Juifs qui étaient à Damas, en démontrant que Jésus est le Messie. Au bout d'un certain temps, les Juifs se concertèrent pour le supprimer, mais leur complot parvint à la connaissance de Paul. On garda les portes jour et nuit afin de pouvoir le tuer.
Cependant, une nuit, les disciples le prirent et le descendirent le long de la muraille, assis dans une corbeille. Arrivé à Jérusalem, Saul essaya de se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne croyaient pas qu'il était un disciple. Alors Barnabas le prit avec lui, le conduisit vers les apôtres et leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et avec quelle assurance il avait prêché à Damas au nom de Jésus.
Saul allait et venait avec eux dans Jérusalem, et il s’exprimait en toute assurance au nom du Seigneur. Il parlait aussi et discutait avec les Hellénistes, mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. L'ayant appris, les frères l'amenèrent à Césarée et le firent partir pour Tarse.
On voit qu'immédiatement après sa conversion, Paul vit ce à quoi Jésus l'avait appelé. Je les choisis, dit Jésus, pour faire connaître mon nom aux non-Juifs, aux rois et aux Israélites. Je lui montrerai tout ce qu'il doit souffrir pour moi. Paul a un appel unique, et nous voyons qu'il fut équipé de manière unique pour cela. Jésus dit de Paul qu'il est cet instrument qu'il a choisi pour faire connaître son nom et qui lui montrerait tout ce qu'il doit souffrir pour lui.
Au verset 2, on voit qu'il voulait aller dans les synagogues à Damas. Il y va, mais il n'y va pas pour persécuter. Au contraire, il y va pour annoncer à tous que Jésus est bien le Messie de Dieu. Personne ne comprend ce qui se passe, mais Paul a tellement compris l'amour de Jésus, et Paul aime tellement Jésus qu'il veut vivre pour lui et qu'il annonce le message dont il a été bénéficiaire à tous immédiatement.
Et Jésus n'a pas caché le prix à payer pour Paul: « Je lui montrerai tout ce qu'il doit souffrir pour moi. » Et effectivement, quand on connaît la vie de Paul par la suite, on voit déjà là, tout de suite, qu'il est immergé dans la souffrance et le rejet, et combien de persécution il recevra, mais également combien de soucis avec les Églises: les chrétiens, les hérésies, les divisions, l'immaturité de l'Église, son manque de constance. Paul a souffert.
Et encore une fois, peut-être que nous ne souffrirons pas autant que Paul dans nos vies. Nous ne vivrons pas tous la même vie que lui. Paul était unique, il a eu un ministère qui était unique. Mais si nous voulons vraiment vivre pour celui qui nous a sauvés, eh bien, nous devons savoir que les souffrances seront inhérentes. Il y a un prix à payer pour l'intégrité de notre témoignage.
Ce sera peut-être le rejet, les moqueries, mais nous devons être prêts à payer le prix. Et nous voyons, avec l'exemple de Paul, qu'il n'y a pas non plus de conversion authentique qui ne soit pas synonyme de changement et de difficultés à surmonter pour vivre pour celui qui nous a sauvés. Dire que Jésus nous a sauvés sans que cela nous change, c'est comme dire qu'en venant ici ce matin à l'Église, on s'est fait renverser par un camion et que ça ne nous aurait pas changé! Ce n'est pas possible! Ce n'est pas possible!
Certains changements prennent du temps, bien évidemment, et Paul lui-même a enseigné à l'Église que la transformation progressive de notre caractère, de notre identité à l'image de Jésus prend du temps. Qu'elle soit progressive, mais l'engagement à vouloir obéir à Jésus ne peut attendre. L'engagement à vivre pour celui qui nous a sauvés ne peut attendre. Il n'y a aucune bonne excuse à un refus d'obéir au Seigneur, qui nous a tant aimé et qui nous a offert un salut si merveilleux.
Alors finalement, qu'est-ce que nous pouvons tirer pour nous de ce récit? Pourquoi Paul, et pourquoi lui, qui a écrit le livre des Actes, nous parle tant de sa conversion? Luc raconte ici, et vous verrez, elle revient encore et encore à la fin du livre des Actes. Paul y parle aussi.
Pourquoi parler autant de cet événement de sa conversion, alors que d'autres événements très importants de l'histoire du christianisme sont presque passés sous silence? Parce que Paul, et Luc, qui a écrit le livre des Actes, nous montrent que celui qui a compris le salut dont il est bénéficiaire, celui qui a compris qui était Jésus, veut vivre pour lui. Nous devons vivre pour celui qui nous a sauvés.
Et regardons ce que dit Jésus à Ananias à propos de Paul, que je trouve vraiment éclairant. Jésus ne dit pas: « Je vais montrer à Paul tout ce qu'il devra souffrir pour faire progresser les Églises, tout ce qui devra s'ouvrir pour enseigner les vérités de la Parole. » Mais Jésus dit: « Je lui montrerai tout ce qu'il devra souffrir pour moi. » Et il dit plus loin: « Il fera connaître mon nom. »
Nous ne sommes pas appelés à vivre pour une cause que nous choisissons, mais pour une personne que nous servons et que nous suivons, qui s'est révélée à nous pour nous sauver. Certes, nous voulons être sauvés, mais voulons-nous vraiment vivre pour celui qui nous a sauvés? Est-ce que notre vie quotidienne manifeste cela? Est-ce que notre idéal, c'est Jésus-Christ? Est-ce que celui pour qui nous vivons, c'est lui?
Et c'est vrai que, quand on réfléchit, nous sommes tous prêts à faire des efforts et des sacrifices. On est prêt à faire des efforts et des sacrifices pour poursuivre ce qui est important pour nous. On fait des sacrifices pour notre carrière, pour notre avancement professionnel, on fait des sacrifices pour être plus beau, plus belle, plus mince, on fait des sacrifices pour tout plein de choses.
Mais Jésus, nous sommes pour lui. Pour que notre vie lui appartienne. Et il devient alors lui-même notre plus grand trésor. Si Jésus est notre Sauveur, notre idéal, est-ce que cela se traduit par notre consécration? Paul a consenti à tous les sacrifices dans sa vie pour Jésus. Pourquoi? Parce qu'il l'aimait plus que tout. Il désirait être avec Jésus plus que toute autre chose. Paul voulait vivre pour celui qui l'a sauvé.
Certes, nous ne sommes pas Paul, bien évidemment, mais nous sommes appelés à vivre pour Jésus, le servir, l'honorer là où une place nous est donnée dans notre contexte ordinaire, à être ses témoins, même à en payer le prix là où nous vivons. Comment cela doit-il se traduire dans nos vies? Comment vivre pour Jésus se traduit-il dans nos vies? C'est la question que nous devons nous poser.
Et je voudrais conclure en nous posant la question: nous échouons. Si nous échouons à vivre pour Jésus – c'est mon cas quotidiennement – je connais des échecs quotidiens où je ne fais pas passer Jésus en premier dans mon comportement.
Et si nous échouons, je vois dans ce texte l'aide d'Ananias, l'aide de Barnabas, l'aide des apôtres et des disciples. Sans eux, Paul ne serait pas allé bien loin. Mais la vie chrétienne ne se vit pas seul. L'appel qui nous est adressé à vivre pour Jésus ne se vit pas seul. Et je crois que l'Église a ce rôle: d'aider ceux qui sont sauvés par Jésus, de veiller sur eux, de les aider à grandir dans leur foi et à rentrer dans leur appel à servir Jésus.
L'Église, c'est une communauté de disciples qui sont défaillants à obéir à Jésus, mais qui s'entraident et qui doivent veiller les uns sur les autres. Et Jésus n'appelle à son service que des bras cassés, que des personnes incompétentes, que des personnes défaillantes, que des pêcheurs.
Et Paul dit à Timothée, dans 1 Timothée 1:16:
Il m'a été fait grâce afin que Jésus-Christ montre en moi le premier toute sa patience, et que je serve ainsi d'exemple à ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle.
Je crois que nous avons cet exemple. L'apôtre Paul nous dit: Jésus-Christ a eu tant de patience envers lui, il aura autant de patience envers moi.
Cette grâce qui a été faite à Paul, et qui nous est faite à notre conversion, la compassion que Jésus nous accorde, sa patience, il la renouvelle chaque jour. Et c'est cette même grâce qui nous a sauvés qui nous transforme au quotidien. Et ce n'est pas parce qu'on a été en échec que nous devons le demeurer. Ce n'est pas parce que nous avons été défaillants que nous devons nous résigner. Parce que nous sommes en Jésus, nous aussi, nous pouvons changer par sa puissance qui agit en nous.
Et la transformation qu'a vécue Paul est la transformation que nous pouvons vivre, si nous renouvelons notre engagement à vivre pour lui. Jésus a transformé la vie de Paul, et c'est ce qu'il veut faire pour nous également. Amen.