La parentalité pour les nuls

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Si vous vous êtes déjà senti inapte en tant que parent, cet article est pour vous. Pour ma part, je me suis souvent sentie comme une nouille parentale. (LOL!) Et ce n’est pas faute d’avoir lu, prié et essayé! C’est juste que ça ne me vient pas naturellement.

Certains pourraient dire que toutes les femmes sont nées avec un don naturel pour prendre soin de précieux petits êtres. Mais malheureusement, je suis née sans l’instinct d’être une mère naturellement fantastique! Heureusement, mon mari Dan est par nature tendre, compatissant et attentionné. Dieu savait ce qu’il faisait!

Dieu, l’ultime nourricier

Je suis convaincue que la tendresse n’est pas une qualité féminine en soi. C’est une qualité que l’on trouve en Dieu, qui prend soin de nous avec douceur, compassion et patience. En fait, les meilleures mères terrestres sont celles qui reflètent les soins et l’attention dont notre Père céleste est le modèle. Après tout, c’est lui qui « guérit les cœurs brisés et panse leurs blessures » (Ps 147.3). De plus, l’Éternel se compare à une mère qui console et allaite son enfant (Es 66.13; 49.15).

Notre modèle par excellence de parentalité est l’Éternel. Et tout au long de son ministère terrestre, Jésus prend soin de ses disciples et des multitudes comme un parent aimant. Il appelle « mon enfant » des personnes qui ne sont en aucun cas assez jeunes pour être nées de lui (Mc 2.5; 5.24). Il se décrit avant tout comme « doux et humble » (Mt 11.29), et il traite ses disciples comme ses propres enfants en les « instruisant selon la voie qu’ils doivent suivre » (Pr 22.6), de l’immaturité à la maturité, à la lumière de sa connaissance.

Le problème des livres sur la parentalité

Il y a quelques semaines, j’écoutais un podcast intitulé « Happy Rant » coanimé par le fils de John Piper, le pasteur Barnabas Piper. En réponse à la question « Quel conseil donneriez-vous aux jeunes parents? », il a répondu: « Prenez tous les livres chrétiens populaires sur la parentalité et jetez-les à la poubelle! ».

Selon lui, les chrétiens lisent ces livres et repartent en pensant qu’ils fournissent une formule magique. Suivez tous leurs conseils, et vous êtes assurés d’élever des enfants pieux. Le problème est que cela ne fonctionne pas du tout comme ça. Nous connaissons tous sûrement des chrétiens pieux dont les parents étaient épouvantables. Et nous connaissons des parents qui ont « tout fait correctement » et dont les enfants adultes se sont éloignés de la foi.

Bien que je n’aie pas immédiatement jeté tous mes livres sur l’éducation chrétienne par la fenêtre de mon bureau, le fait est que nous devons nous rappeler la grâce de Dieu. Il est l’auteur du salut. Nous devons rester humbles et dépendants du Seigneur, lui demander chaque jour la sagesse et la force de suivre son exemple et d’aimer nos enfants comme il nous aime. En gardant cela à l’esprit, nous pouvons glaner de la sagesse dans de nombreux livres chrétiens sur l’éducation des enfants. Et nous pouvons partager ces leçons avec les autres. Mais pas de façon mécanique.

Les enfants: nos premiers disciples

Nos enfants sont nos premiers disciples, que nous soyons mères ou pères, et que nous exercions un ministère professionnel à plein temps ou que nous soyons laïcs. Par conséquent, le but de la discipline est de faire des disciples. Il ne s’agit pas simplement d’obtenir la conformité. Il existe plusieurs méthodes pour amener nos enfants à nous obéir d’une manière extérieure. Mais si nous voulons atteindre leurs cœurs, alors nous devons discipliner nos enfants pour les aider à devenir plus semblables à Jésus.

Enseignez-leur la grâce

Nous devons offrir à nos enfants la même grâce que celle que nous avons reçue. Cela ne signifie pas que nous ne devons pas appliquer des conséquences en cas de désobéissance. Nous voulons qu’ils comprennent que la discipline n’est pas le contraire de l’amour. C’est une forme d’amour, comme l’indique la discipline que notre Père céleste nous réserve (Hé 12.5-7). Notre objectif est de leur apprendre à rejeter la folie et à marcher dans la sagesse.

Les enfants ne se prennent pas en charge eux-mêmes

Nous n’avons pas d’enfants qui s’auto-éduquent! Dieu nous les a confiés dans leur forme immature et insensée. Après tout, il existe différents termes dans la Bible pour désigner la folie – certains décrivent le cœur endurci de celui qui refuse de se détourner du péché. Mais un autre terme fait référence au naïf, au simple, à celui qui manque de compréhension et qui a besoin d’être instruit. Cela décrit nos enfants ainsi que la tâche que le Seigneur nous a confiée. Ce n’est pas facile, mais lorsque nous sommes témoins de leur croissance lente et progressive en sagesse, c’est une immense source de joie!

Une chose à la fois

Si nous critiquons constamment nos enfants sur chaque petite chose mal faite, ils se décourageront rapidement et ne nous écouteront plus. Et nous ferions la même chose si nous avions un patron qui nous corrigeait chaque fois qu’il passait devant notre bureau! Nous devrions plutôt choisir une chose sur laquelle nous concentrer et donner à notre enfant un peu de grâce dans les autres domaines. Je ne dis pas nous lui permettions de désobéir. L’idée est plutôt de lui accorder de la grâce au lieu que de le harceler et de provoquer sa colère.

N’irritez pas vos enfants

La Bible contient un certain nombre de proverbes et de récits qui donnent des exemples d’éducation, mais cet impératif est l’un des rares qui s’adresse directement aux parents:

Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur.

Ép 6.4

Une façon de les provoquer à la colère est d’être dur et exigeant, en attendant quelque chose d’eux au-delà de leur niveau de maturité. Ainsi, qu’il s’agisse de leur compréhension de concepts compliqués ou de leur capacité à effectuer certaines tâches, nous devons adapter nos attentes. Par exemple, nos filles sont chargées de nettoyer les comptoirs et de faire la vaisselle tous les soirs. Elles ne font peut-être pas un aussi bon travail que Dan et moi le ferions. Mais si nous nous énervons parce qu’elles ne font pas leur job aussi bien que nous, nous ne sommes pas réalistes. Nous devons nous assurer qu’elles font un travail suffisamment bon, et pas nécessairement un travail « aussi bon que maman ou papa ».

D’un autre côté, un manque de discipline peut aussi provoquer la colère de nos enfants. Le fait d’être incohérent et de ne les tenir responsables de leurs actes qu’une partie du temps peut créer de l’insécurité et de la frustration. Et si l’un des parents est plus strict que l’autre, cela ne fait qu’empirer les choses. Nous devons être unis en tant que parents. Et ce n’est pas tout, nous devons aussi être unis en tant que famille. Chaque fois qu’il y a un conflit entre nos filles, nous essayons de leur rappeler que personne ne gagne quand il y a de la discorde. Nous sommes une équipe, l’équipe Thornton!

Impliquez vos enfants dans le ministère

Plus tôt ils apprennent que servir n’est pas réservé aux adultes, mieux ils en profitent. Lorsqu’il y a une journée de nettoyage à l’église, allez-y en famille. Lorsque des occasions de faire du bénévolat dans une organisation communautaire se présentent, emmenez-les avec vous. Dès qu’ils atteignent l’âge où ils sont autorisés à aider à la pouponnière de l’Église ou aux classes de l’école du dimanche pour les plus jeunes, encouragez-les à le faire. J’ai lu qu’un enfant sur trois reste dans l’Église après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires. Mais les probabilités augmentent en notre faveur si nos enfants sont impliqués dans l’Église, s’ils ont des amis chrétiens et s’ils considèrent le ministère comme quelque chose dont ils font partie plutôt que d’en être des spectateurs.

Donner la priorité aux amis chrétiens

Je veux aider mes enfants à tisser des relations durables avec des croyants, en particulier avec ceux qui sont impliqués dans notre église locale. Lorsqu’elles atteindront la fin de leur adolescence et l’âge adulte, je veux que mes filles restent dans l’Église parce qu’elles y ont construit des amitiés authentiques. Et il ne s’agit pas seulement de camarades. Il peut s’agir de saints plus âgés qui sont devenus comme des grands-parents ou des oncles et tantes adoptifs pour elles.

Demandez pardon de vos enfants

Nous devons fréquemment demander pardon à nos enfants. Cela exige beaucoup d’humilité, surtout si nos propres parents ne nous l’ont pas appliqué. Ma meilleure amie Grace a partagé une manière élaborée de s’excuser, que mes enfants ont trouvée étrange au début:

  1. Je suis désolée.
  2. Peux-tu me pardonner pour ___________? (Sois précis.)
  3. C’était injuste parce que ___________. (Citez un verset biblique ou un principe biblique qui enseigne sur ce sujet).
  4. À l’avenir, je vais ____________. (Donnez des mesures spécifiques que vous allez prendre pour éviter de répéter la même offense à l’avenir).

Ma coach Valérie a ajouté que nous devons aller au-delà de la manifestation superficielle du péché, comme « Pardonne-moi de t’avoir crié dessus ». La vraie question est la suivante: pourquoi t’ai-je crié dessus? Quel désir sous-jacent poursuivais-je, qui m’a fait perdre mon sang-froid lorsque je ne l’ai pas atteint? Si tu t’es mis en travers de ma paix, de ma productivité, de mon épanouissement personnel, et que j’ai répondu par de la colère, alors le vrai péché est là: j’ai fait de mes propres désirs une idole. Cette formule s’applique également à la façon dont mes enfants s’excusent, bien sûr.  Mais nous sommes le modèle.

Modéliser la résolution des conflits

Nos enfants doivent recevoir de nous un modèle de résolution des conflits. Sinon, comment vont-ils apprendre? Dans un autre épisode du podcast Happy Rant, Barnabas Piper raconte qu’il n’a jamais vu ses parents se disputer. Et avec le recul, il aurait aimé que ce soit le cas, car il aurait pu apprendre de leur exemple. Ses co-animateurs ont ajouté que c’était également le cas de leurs parents et que c’était peut-être une question de génération. Quelle qu’en soit la raison, je crois que nous devrions enseigner à nos enfants comment gérer nos différents afin qu’ils apprennent de nous certaines compétences relationnelles, qu’ils se marient ou non un jour.

Un mot sur les fessées

La plupart, sinon la totalité, des livres chrétiens sur l’éducation des enfants que j’ai lus enseignent que la fessée est une forme de discipline prescrite par la Bible. Certains insistent sur le fait que c’est la seule. Mais Dan et moi avons constaté que cela ne faisait que les mettre encore plus en colère. Puis j’ai écouté une interview de Matthieu Caron qui nous a énormément aidés. Il possède un ensemble unique de compétences, car il est à la fois expert en hébreu biblique et en counseling biblique. Il soutient que la Bible utilise la verge comme une image, qui ne doit pas être prise au pied de la lettre.

Par conséquent, si des parents chrétiens veulent donner la fessée à leurs enfants, c’est leur décision, mais ils ne devraient pas le faire en croyant que les Écritures l’exigent. Cela nous a permis, à Dan et à moi, de choisir des formes de discipline efficaces et adaptées à la personnalité de nos enfants.

N’ayez pas peur des livres sur la parentalité écrits par des non-croyants

Mon ami John, un travailleur social chevronné, m’a recommandé un livre intitulé La discipline sans drame: calmer les crises et aider votre enfant à grandir de Daniel Siegel et Tina Payne Bryson. Il nous a beaucoup aidés! Siegel est un médecin et un psychothérapeute dont l’expertise dans le domaine de la neurobiologie, ou science du cerveau, est quelque chose que nous voyons rarement dans les livres sur l’éducation des enfants écrits par des pasteurs et des conseillers bibliques.

Les auteurs exposent en termes simples des faits scientifiques avérés. Ils proposent des stratégies qui permettent aux parents d’aider leurs enfants à connecter le cerveau gauche (logique) et le cerveau droit (émotionnel). Ils parlent également du cerveau « d’en haut », qui est sophistiqué et analytique, et du cerveau « d’en bas », qui est primitif et réactif.

Imaginez donc que l’un de vos enfants pique une colère et crie de façon irrespectueuse. La plupart d’entre nous ont appris que nous ne devons pas permettre à notre enfant de nous manquer de respect, car cela représente une rébellion contre Dieu. Ainsi, dans un tel scénario, il peut être tentant d’appliquer immédiatement des conséquences. Mais comme votre enfant pense avec son cerveau primitif « d’en bas », les conséquences ne signifient rien pour lui. Et ajouter des conséquences à la conversation ne fait qu’aggraver une situation déjà tendue.

Au lieu de cela, expliquent les auteurs, nous devons employer des stratégies calmantes et apaisantes pour aider notre enfant à passer de son cerveau primitif à son cerveau analytique et sophistiqué « d’en haut ». Les conséquences viennent, bien sûr, mais ce n’est qu’après l’avoir aidé à gérer ses émotions et à trouver la clarté que nous les appliquons.

Conclusion

J’espère que cet article vous a encouragés à poursuivre votre tâche essentielle de parent. Êtes-vous entourés d’amis qui semblent tout avoir en main, qui ne semblent jamais se planter, dont les enfants semblent parfaits et qui rayonnent toujours de patience et de gentillesse? Si oui, je suis là! Il y a donc au moins un autre parent qui lutte, qui se bat pour être un bon parent, qui échoue certains jours et réussit d’autres, et qui crie à Dieu chaque jour pour avoir la grâce d’être un parent comme notre Père céleste.


Découvrez 2 épisodes de notre podcast en lien avec cet article:

Angie Velasquez Thornton

En équipe avec son mari Daniel, Angie a servi le Seigneur au Sénégal pendant 10 ans, dans la formation des leaders. Installés à Montréal avec leurs 2 filles depuis août 2017, ils servent à l'Église Baptiste Évangélique Emmanuel et dans l'AEBEQ. Angie est titulaire d'un MDiv de Moody Theological Seminary. Depuis mai 2021, elle coanime le podcast Chrétienne, avec Aurélie Bricaud. Elle est également Responsable du ministère féminin de SOLA (TGC Québec) et blogueuse sur le site The Gospel Coalition Canada.

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