La relation entre la France et la vaccination est une vieille histoire. Le dernier remous est apparu il y a quelques temps lors de l'élargissement des obligations vaccinales chez les enfants. Aujourd'hui, le climat social et politique est différent et surtout, il n'y a pas actuellement d'obligation vaccinale au moment où j'écris ces lignes.
Cependant, je me suis fais vacciner assez tôt (en avril-mai) non que je me suis sentie obligé par les politiques, mais convaincu en tant que chrétien. La question éthique était intéressante à prendre en compte surtout avec les avis très polarisés de part et d’autres. Cependant, ma conviction n’a pas été ébranlée depuis et j’aimerais vous partager les différentes réflexions que j’ai pu avoir.
Bien sûr, cet argument ne pourrait être valide seul. La Bible n’est pas un traité de toutes les questions éthiques que nous pouvons nous poser aujourd’hui. Mais, à mon avis, c’est déjà un bon point de départ. Au-delà du pour ou contre, nous constatons que dans l’Ancien Testament, un certain nombre de lois étaient là pour préserver la collectivité de certaines maladies (vénériennes) ou de possibles infections (faire ses besoins hors du camp). Dieu s’intéresse à notre santé. Il est le Dieu de la vie et lorsque l’éthique semble adéquate, alors je crois que les traitements sont des bénéfices de la grâce commune de Dieu.
À ce stade de ma réflexion, certaines personnes m’ont envoyé un article sur la conception des vaccins à partir d’embryons avortés (deux d’après mes recherches, mais peut être y en a-t-il eu plus. Je parle des HEK-293 et PER.C6, pour ceux qui voudraient approfondir cela). Après quelques réflexions, j’ai pu constater que d’une part, il n’y a bien évidemment aucune cellule fœtale dans les vaccins, mais qu’en plus, nous parlons ici de ligne cellulaire qui remonte à des décennies, voire un demi-siècle, effectué par prélèvement. Je suis bien sûr contre l’avortement, mais le prélèvement sur des personnes décédées ne me pose pas de problèmes particuliers.
Quant à l’éthique de la conception, il suffit de regarder les étiquettes de nos vêtements: la plupart sont réalisés dans des manufactures en Asie du sud-est dans lesquelles le droit du travail des enfants et les conditions de travail me révolte. Je n’ai pas les moyens d’acheter autre part, cependant, j’ai une responsabilité dans la manière dont je prend soin mes vêtements, dont je les utilise et dans la fréquence de mes achats.
C’est exactement la même chose pour les mines de Cobalt, un élément utilisé pour nos téléphones, télévisions, moteur de véhicule (si vous n’avez aucun des trois, bravo à vous) et dans presque tous nos outils électroniques. Pour ce sujet, il suffit de voir qui sont ceux qui récupèrent ces composants dans les mines notamment en République Démocratique du Congo (je vous laisse là aussi le soin de chercher) pour comprendre que l’éthique de la conception pose problème.
Je crois que dans ces deux exemples, Dieu attend de nous une responsabilité particulière dans l’utilisation et l’achat. Changer de téléphone tous les ans ou acheter des vêtements toutes les semaines (ou mois…) devraient susciter des réflexions éthiques. Concernant le vaccin, je crois que notre responsabilité est d’en comprendre la conception et à titre personnel après quelques recherches, il m’est apparu que son éthique ne posait pas de problématique.
J’ai eu également la réflexion de la balance bénéfice/risque. En effet, un vaccin n’est pas anodin. Il y a des effets secondaires qui peuvent parfois être conséquents. Il suffit d’en regarder la liste sur les vaccins que nous administrons. Moi-même lorsque j’ai eu ma première injection, j’ai eu un sentiment d’appréhension réel, nourri notamment par une ambiance délétère à ce sujet. Cependant, deux motivations m’ont déterminé:
La première est celle de la souveraineté de Dieu. Qu’est-ce qu’il pourrait m’arriver qui soit en dehors de la volonté pleine et souveraine de Dieu? Absolument rien. J’avais la conviction éthique de le faire et par conséquent, je savais également que si je devais subir des conséquences, même durables, elles auraient été soupesées par Dieu. Je me sentais intègre dans ma vaccination et par conséquent, je me sentais intègre vis à vis de Dieu et dans les épreuves qui pourraient être devant moi.
Je suis un ancien gendarme volontaire. En tant que chrétien, j’ai une vocation particulière vis à vis de la vie en elle-même. Dieu nous appelle à nous sacrifier pour les autres. En tant chrétien, allais-je laisser les païens avoir un meilleur témoignage collectif que moi-même? Absolument pas. Dieu veut que nous nous investissions dans nos sociétés. Devrais-je prendre des risques pour des non-chrétiens? J’en suis convaincu. Devrais-je me soucier davantage de ma vie, alors que je sais où je vais, alors qu’un non-chrétien qui meurt sera à toujours éloigné de Dieu? A cette question, il y a beaucoup de réponses qui nous viennent à l’esprit, mais cela montre malheureusement que je suis très attaché à cette vie éphémère terrestre. Ces attaches sont pour beaucoup bonnes et voulues par Dieu, mais elles ne devraient pas nous détourner de notre vocation terrestre: aimer Dieu et aimer les autres.
Jésus-Christ nous donne l’exemple parfait d’une vie terrestre: il est venu parmi les païens et le peuple qui l’a rejeté. Il a vécu et a partagé les joies, les souffrances et les combats. Je ne me sentirais pas intègre devant lui au jour du jugement s’il devait me dire: « Hey Samuel, tu as préféré que des païens prennent des risques à ta place, tu as préféré les laisser mourir pour ton confort et ta sécurité personnels. Qu’en penses-tu? »
J’ai déjà pris par le passé ce genre de décision où j’ai préféré conserver ma sécurité plutôt que de risquer un peu de mon confort. Sans doute le ferais-je encore dans mon imperfection, mais autant que possible, je veux faire preuve de courage comme Jésus a fait preuve d’un courage incomparable.
Vous prenez la voiture? Regardez les statistiques, il y a une balance bénéfice/risque non négligeable. Vous buvez du soda tous les jours? Vous fumez? Vous ne dormez pas assez? Vous faites du sport? Regardez encore une fois les statistiques et vous verrez une balance bénéfice/risque.
Cela concerne notre vie entière. Devenir chrétien comprend une balance bénéfice/risque: celui du rejet, de la persécution, de la moquerie, du sacrifice, du renoncement à certains plaisirs, de la redevabilité vis à vis de Dieu et d’une église locale… Mais peut-être que nous ne mesurons pas assez cette balance dans notre quotidien alors qu’elle est là en permanence.
Qu’est-ce que cela veut dire? Que cette balance n’est rien lorsque nous comprenons et acceptons la souveraineté absolue de Dieu. Vous pouvez mourir dans votre lit, sous la douche ou en traversant la route. Dieu ne nous demande pas de nous préoccuper de notre mort, mais de notre vie. La manifestation de la sagesse de Dieu devrait illuminer chaque espace de notre existence, mais lorsque je regarde mon quotidien et les statistiques de mes différentes activités, alors je réalise qu’avoir été vacciné a été bien moins dangereux que la majorité de ma vie.
Par conséquent, je crois que cette balance arrange quand elle arrange. Lorsque vous regardez vos vies, lorsque je regarde la mienne, alors je réalise que cette balance n’a aucun sens. Ce qui prévaut demeure essentiellement dans nos désirs, nos émotions et notre motivation.
C’est un argument très présent en France notamment avec l’arrivée du pass sanitaire. Il se décline de plusieurs sortes:
Je ne cherche pas à discuter de ces arguments. Est-ce que des entreprises ont « bénéficié » de la pandémie? Évidemment. Mais est-ce que pour les autres domaines de notre existence, cela pose un problème? Est-ce que nous regardons sans cesse les résultats des entreprises autour de nous? Celles du sport? Celles des nouvelles technologies? De l’industrie? De l’habillement? …
Nous sommes dans un monde essentiellement concentré sur la croissance matérielle et financière, nous ne devrions pas être étonnés de tout cela. Rappelons que le cœur humain est corrompu et que nous devrions le considérer comme tel.
De même les questions du complotisme (y compris sataniste) ont émergé fortement durant ces deux dernières années. Mais est-ce qu’en tant que chrétien nous devrions nous attarder sur cela? Est-ce qu’un monde sans Dieu devrait se comporter différemment que dans ses propres intérêts? Je ne sais pas s’il y a complot ou non, mais j’ai la conviction que Dieu me demande de ne pas m’y intéresser. Quant à la marque de la bête, n’est-ce pas un signe de la fin des temps? Ne devrions pas être excités par le retour de Jésus-Christ?
Enfin concernant les libertés individuelles, crédo de notre chère France. Je ne vais pas me cacher derrière mes origines asiatiques. J’ai été éduqué en France dans la culture française: la question des libertés est un principe fort dans notre pays. Il est un principe fort chez moi également. Cependant, lorsque je regarde le monde autour de moi, cela me fait redescendre sur terre.
Lorsque j’étudie le monde dans lequel les femmes et les hommes de la Bible ont vécu, je redescends également sur terre. Les libertés individuelles sont des grâces que Dieu nous accorde pour vivre plus confortablement, mais la Bible ne s’attache pas vraiment à elles. Il suffit de voir comment Dieu considère le gouvernement civil et les magistrats, pour y réfléchir fortement. Je vous recommande par ailleurs le dernier chapitre de « l’institution chrétienne » de Jean Calvin, vous y trouverez toutes les références bibliques à ce sujet, ainsi que la pensée de l’auteur. Là encore, Dieu nous appelle à avoir confiance en sa souveraineté. Notre but n’est pas d’instituer un royaume chrétien dans ce monde déchu, mais de trouver ceux que Dieu a appelés à rejoindre son royaume céleste.
Je suis de nature assez curieuse et je m’intéresse à pas mal de domaines. Je vous renvoie au principe de Duning-Kruger concernant l’apprentissage et sa représentation de la connaissance d’un sujet. Je crois que Dieu nous donne la responsabilité de ne pas dire n’importe quoi à n’importe qui. C’est peut être même une partie de la définition même de la sagesse.
Comme je l’ai dit précédemment, je suis relativement méfiant et j’aime bien approfondir des sujets par moi-même afin de forger mon propre point de vue autant que possible. Il n’y a jamais eu un tel engouement autour d’un sujet de santé que sur le Covid19 et la vaccination. Tout d’un coup, tout le monde est devenu immunologue. La plupart d’entre ne sommes pas médecin. Pour autant, nous avons accès aujourd’hui à une information beaucoup plus précise qu’il y a ne serait-ce qu’un demi-siècle, lorsque nous devions chercher le savoir dans de grandes bibliothèques. Aujourd’hui, quelques mots clés dans des moteurs de recherche suffisent à avoir plus d’informations que ce que nous pourrions lire pendant toute une vie.
De part les nombreuses questions que je recevais, et notamment dans le domaine professionnel, j’ai dû me renseigner d’une manière beaucoup plus sérieuse et ce que j’ai pu lire et étudier m’a également convaincu de la vaccination. Mon point de vue est forcément biaisé par les auteurs que j’ai lu, par ma propre perception de la maladie et de la vaccination et par les points évoqués au-dessus. Cependant, ces heures de recherches m’ont permis d’acquérir une certaine intégrité vis à vis de Dieu. Je peux peut être me tromper, mais au moins j’ai essayé de développer un point de vue selon une éthique et une sagesse chrétiennes.
Je ne suis pas médecin. À tel point que je ne sais pas exactement comment fonctionne le doliprane. Cependant, je sais que plusieurs critères m’ont convaincu de mon action: la souveraineté de Dieu, mon amour pour les non-chrétiens et le témoignage à leur égard. Je veux me souvenir que cette vie sur terre n’est qu’éphémère et qu’à vouloir sauver sa vie ici bas, on finit par la perdre.
webinaire
Bien ou mal? L’éthique biblique dans un monde compliqué
Ce replay du webinaire du Dr. Vincent Rébeillé-Borgella et de Florent Varak a été enregistré le 27 janvier 2017.
Orateurs
F. Varak et V. Rébeillé-Borgella